Cinquième texte de la série traduisant la conférence “La Ville est Tombée”, mais elle demeure en vie,  donnée à Patras enIEROTHEOS_MHT_NAYPAKTOY 2002 par Son Éminence le Métropolite Hiérotheos de Naupacte, à propos de la chute de Constantinople. Les précédents se trouvent ici.                                                        Maintenant je vais m’attarder sur la vision et le rêve des Romains à propos de la libération de Constantinople y compris après 1821 et l’arrivée du premier État grec. Et il faut se rappeler que cette vision a toujours été celle du véritable Romain, en ce qui concerne la libération de la Ville, elle qui fut la capitale.
Dans son livre «Le Royaume modèle et la Grande Idée», Elli Skopeata fournit, à l’aide de matériaux d’archives, une analyse détaillée de la démarche des grandes puissances qui ont orienté l’intégration d’un «Royaume modèle» sur base de deux éléments fondamentaux. Le premier était l’orientation vers l’Europe et ses traditions, et le second, le développement de son héritage antique, c’est-à-dire, la connexion avec la Grèce antique. Par tous les moyens ils cherchèrent à développer une conscience neuve dans le Royaume naissant, avec l’Europe comme tuteur. Mais pendant ce temps, le rêve et l’idée de la Ville ne s’estompèrent jamais dans l’esprit des gens. Nous allons approfondir ce point.
Elli Skopeata estime la paternité de la Grande Idée revient à Ioannis Kolettis, qui développa cette Grande Idée de la Nation lors d’un monumental discours devant l’Assemblée Nationale le 14 janvier 1844.De façon générale il était proclamé que la révolution nationale de 1821 devait être achevée par la libération de Constantinople, dont le centre était Sainte Sophia, et de sa tradition toute entière.
MEGALH IDEALa Grande Idée traversa trois phases. La première, cultivée par Ioannis Kolettis, mais surtout par le Roi Othon, consistait à regarder Constantinople comme le centre de la Nation. Le rêve était celui d’un Empire Grec d’Orient. C’est ainsi que Kolettis proposa que le nouvel État grec n’ait pas de capitale officielle, la véritable capitale étant Constantinople.

La seconde phase de la Grande Idée coïncida avec l’accession du Roi Georges au trône de Grèce. Elle s’exprimait à travers l’élargissement du Royaume et fut stimulée par l’union des Iles Ioniennes à la Grèce. Dans cette phase, Athènes était considérée comme la capitale, mais il s’agissait de repousser les frontières.
Autour de 1870 se développa la troisième phase de la Grande Idée, qui s’articulait sur un compromis ente les deux centres, Constantinople et Athènes, «sous la bannière de l’Ottomanisme Grec». L’Ottomanisme Grec est associée à la doctrine de l’intégrité de l’Empire Ottoman autour d’une forte présence grecque en son sein. Dès lors, en réalité «l’Ottomanisme Grec» «fit émerger un potentiel prérévolutionnaire phanariote», c’est-à-dire la décomposition interne de l’Empire Ottoman. Toutefois, dans cette nouvelle version, on n’œuvrait pas par l’intérieur à l’érosion de l’Empire, mais bien à l’intégration de Grecs dans l’appareil d’État Ottoman ».
Bien sûr, la Grande Idée de la Nation, associée à la fois avec la libération de Constantinople et la reconstitution de l’Empire Romain, fut pulvérisée par la Catastrophe d’Asie Mineure, qui fut bien pire que la chute de Constantinople le 29 Mai 1453. Toutefois, l’esprit de la Romiosini continue à vivre en nos cœurs, et à travers le monde. (A suivre)

Le texte original grec a été traduit avec l’appui de la traduction anglaise proposée sur l’excellent blogue Mystagogy.