Rares
furent
en tous temps
les authentiques
vénérateurs de Dieu.
(Métropolite Innocent de Penza)

Entre le 1er janvier et le 15 mars 2021, fut proposée sur le présent site la traduction de dix extraits du livre «Le Chemin de Croix de l’Higoumène Boris». L’année 2022 commence avec la traduction de quelques pages du même livre. Aujourd’hui encore, nous ne réalisons pas combien nombreux furent les justes et les saints dans la Russie du XXe siècle. Certains sont glorifiés par l’Église, le podvig des autres restera connu seulement d’un cercle restreint, plus local. Le texte ci-dessous est donc la relation de moments de la vie d’un de ces héros de l’ascèse très peu connus en Occident : l’Higoumène Boris (Khramtsov) de bienheureuse mémoire. L’original russe est accessible librement sur l’internet, mais il fut également publié en 2005 sous forme de livre intitulé «Крестный Путь Игумена Бориса» (Le chemin de croix de l’Higoumène Boris) aux éditions Palomnik. Les dix parties déjà publiées traduisent les pages de 8 à 77 du livre précité. Elles se trouvent ici.

Souvenirs de la Servante de Dieu Nina
C’est en juin 1992 que je vis le Père Boris pour la première fois, à la Skite de Tchernigov. C’est le Père Naum qui m’avait envoyée là-bas, pour l’office de l’onction, une fois que j’étais allée le voir à la Laure de la Trinité-Saint Serge.Initialement je pensais (selon ce que m’avait dit maman) avoir été baptisée. Par la suite, je m’informai et appris qu’une vieille femme croyante m’avait simplement aspergée d’eau sainte en priant, pour que je puisse aller à l’église, me confesser et communier, et jamais personne ne m’arrêta. Mais quand j’allai chez le Père Boris, il me dit : «Je ne peux pas te faire l’onction… Tu n’es pas baptisée». Il me baptisa le jour-même. Avant cela, il me confessa, et il fallut que je me souvienne de tous mes péchés depuis l’âge de sept ans. Ceux dont je ne me rappelais pas, il m’en faisait souvenir. Il savait ce que depuis longtemps j’avais oublié.
Pendant les neuf ans au cours desquels je connus Batiouchka, mes proches et moi nous fûmes à maintes reprises épargnés par le malheur. Un jour, une de mes petites-filles, âgée alors de deux ans, avala une ampoule, en verre, de novocaïne. Les médecins annoncèrent que c’était un danger mortel. Nous demandâmes les prières de Batiouchka, et nos trois petits-enfants eurent soudain une forte fièvre. Ils restèrent trois jours au lit, sans aucun autre symptôme. Et ensuite, ils se rétablirent tous les trois. Une autre des petites-filles eut plus tard une tumeur de la taille d’une pièce de cinq kopecks, sur la tête. Nous voulions allez chez un chirurgien, mais auparavant, nous téléphonâmes à Batiouchka. Il nous qu’il n’était pas nécessaire d’aller où que ce soit. Il fallait juste masser la tumeur avec du petit-lait. Nous le fîmes et le lendemain matin, il ne restait plus de trace de tumeur. Nous avons évidemment compris que l’aide ne provenait pas du lait mais des prières de Batiouchka.
Un des enfants de mon amie Olga, de Rostov, âgé de cinq ans, se renversa un seau d’eau bouillante sur lui-même. Plus de 90% de la surface de la peau furent brûlés. L’enfant fut placé en soin intensif, les médecins disaient toutefois que c’était sans espoir. Olga partit auprès de Batiouchka à Varnitsy. Tout le long du chemin, elle cria: «Batiouchka, aide, Sacha est en train de mourir!». A l’approche du Monastère de Varnitsy, elle roula plus lentement et cessa de crier. Batiouchka vint à sa rencontre à l’entrée du monastère et lui dit: «Pourquoi cries-tu ainsi, ton Sacha vivra!» Trois semaines plus tard, l’enfant put sortir de l’hôpital en parfaite santé. Une nouvelle peau apparut. J’ai moi-même vu les médecins des soins intensifs venir chez Batiouchka pour faire sa connaissance.
Au moment où Batiouchka était déjà malade, on me prévint d’Ukraine qu’on avait découvert chez maman une tumeur cancéreuse au visage. Une semaine plus tard, Batiouchka n’était plus de ce monde. Au bout de quelque temps maman subit une opération, la tumeur fut extraite. Les examens ne montrèrent aucune trace de cancer.
Quand je vivais à Eliounino, une femme très déprimée s’y installa. Batiouchka dit qu’elle observait volontairement un jeûne strict et certains processus irréversibles s’étaient mis en œuvre dans le cerveau. Il a dit qu’elle devait être surveillée en permanence, sinon il y aurait du verre et du sang. Je n’ai alors rien compris. Un jour, j’ai dû m’absenter pour affaires, et à ce moment-là, cette femme se trancha le bout de sa langue avec du verre. Alors, j’ai réalisé que Batiouchka connaissait non seulement le passé, mais aussi l’avenir.
Quand je travaillais dans la banlieue de Moscou, j’ai eu une très forte commotion cérébrale. Il n’y avait pas de place en traumatologie et j’ai été renvoyée à la maison, pour m’y reposer au lit. Dix jours plus tard, je devais me rendre chez le médecin pour un nouveau rendez-vous. Je suis allée chez Batiouchka, bien que je marchais à peine. J’avais mal à la tête et j’avais de fortes nausées. Quand je suis arrivée à Varnitsy, je me suis sentie un peu mieux. J’ai dit à Batiouchka: «Je suis en congé de maladie, j’ai une commotion cérébrale». Batiouchka me donna une obédience qui aurait effrayé quelqu’un en bonne santé. Il m’a fait escalader une échelle étroite et haute sous le toit et je dus y travailler. Et lui-même disparut. J’étais un peu hésitante mais je me suis mise au travail; je ne sus jamais où disparut ma commotion cérébrale.
Quand j’étais à Varnitsy, une jeune fille nommée Galina, âgée de dix-huit à dix-neuf ans, très mince, y fut amenée. Elle ne pouvait ni marcher, ni manger, ni dormir. Les médecins ne parvenaient pas à en trouver la cause. Batiouchka confessa la jeune fille et ses parents, et il leur fit l’onction d’huile sainte. Le père de Galina se demandait : «Comment Batiouchka sait-il tout à mon sujet?». Les parents repartirent. Batiouchka garda Galina au monastère encore quelques temps. Le troisième jour, tout devint plus facile pour Galina. Elle sortit et regarda d’autres femmes qui, à l’aide de seaux, emportaient des déblais de l’église en cours de restauration. À ce moment-là, Batiouchka vint à passer et dit à Galina d’aider elle aussi. Elle pensa «Qu’adviendra-t-il de moi si je commence à porter des déblais dans des seaux?». Et Batiouchka lui dit alors: «Eh bien, si tu ne peux pas emporter des déblais dans des seaux, porte-les au moins dans un mouchoir». Elle eut honte, prit un seau et se mit au travail. Au début, elle ne mettait dans le seau qu’un peu de déblais, mais ensuite elle réalisa qu’elle avait à nouveau des forces et commença à travailler comme les autres. Peu de temps plus tard, elle rentra chez elle complètement guérie. Ensuite, avec la bénédiction de Batiouchka, ses parents se marièrent. Jusqu’alors, le père de Galina ne voulait rien entendre au sujet du mariage.
À Varnitsy chez Batiouchka, je fis la connaissance de Ludmila de Serguiev Posad. Elle me raconta comment elle était arrivée chez le Père Boris. Ludmila était gravement malade et les médecins ne pouvaient pas l’aider. Elle était à l’hôpital et perdait du sang. Et dans un rêve, Saint Seraphim de Sarov lui apparut. Il lui dit : «Un prêtre va te guérir». Le lendemain matin, le Père Boris entra dans la chambre. Il s’est assis sur la chaise à côté de son lit, a pris sa main, a palpé son pouls et a dit: «Tout ira bien
Bientôt, son état s’est amélioré et elle put quitter l’hôpital. Elle alla chez Batiouchka Boris, alors à la Skite de Tchernigov. Après s’y être confessée et avoir reçu l’onction d’huile sainte des mains du Père Boris, elle fut complètement guérie.
Des parents avec leurs enfants malades venaient souvent chez Batiouchka. Il disait que les enfants souffrent à cause des péchés de leurs parents. Il confessait les parents, leur appliquait l’onction et les enfants souffraient moins et ils guérissaient. (A suivre)
Traduit du russe