Le texte ci-dessous est la traduction d’un original russe publié sur un site russe consacré à une staritsa contemporaine très attachante, émouvante et pourtant peu ou pas connue en Occident, mais largement vénérée en Russie, Matouchka Théodosia, que certains appelaient «la deuxième Matrone». La traduction du résumé de sa vie est proposée en deux parties. Ensuite, plusieurs textes viendront compléter le portrait de cette merveilleuse représentante de la maternité spirituelle en Russie.

Matouchka Théodosia naquit en 1922. Elle considérait le quatre novembre comme jour anniversaire de sa naissance, au village de Velemia, dans le Raïon de Skopinska, Oblast de Riazan. Elle fut nommée Natalia, c’était une jeune fille simple, plutôt humble et bonne. Sa famille était pauvre. Tous travaillaient au village. Un accident de travail survint et Natalia tomba malade. Ensuite, lors d’un autre accident, l’arrière d’un camion la heurta, directement à la tête. Elle avait trente trois ans. Le diagnostique des médecins fut : commotion cérébrale. Avant tous ces événements, plus tôt, Natalia avait fait un songe dans lequel une femme venait vers elle en disant «Ne te marie pas, tu seras entourée de fleurs!». Lors de l’accident, Natalia fut hospitalisée. Ses sœurs pleuraient. Un jour un vieillard vint à elles, plus tard, il s’avéra que c’était Saint Nicolas le Thaumaturge, et leur dit: «Ne pleurez pas! Beaucoup de gens viendront chez vous. Vous ne serez pas seules».
Le mal de tête de Natalia était terrible ; elle pleurait et criait de douleur. Elle fut emmenée à Riazan où on la reconnut comme invalide. Plus tard, alors que Natalia avait perdu conscience, on la plaça dans une clinique neuro-psychologique. Natalia réclama avec insistance qu’on la sortît de là car on lui administrait des injections qui rendaient son état plus insupportable encore. Alors, sa soeur Olga la prit chez elle. La maladie causée par le traumatisme crânien se développa et fut qualifiée d’encéphalopathie traumatique avec changement de personnalité. L’invalidité reconnue fut élevée au degré le plus haut. Soudain, Matouchka s’endormit, non pour un jour, ni encore pour deux, mais pendant quasiment quatorze ans.
Après l’accident, Matouchka Théodosia se réveilla à Pâques 1971, le 18 avril. À l’Ascension, le 27 mai, elle ouvrit les yeux. Il fallut longtemps pour s’habituer à son nouvel état. Ses yeux ne s’ouvraient pas. Le premier mot qu’elle prononça fut «maman». Son sommeil s’était poursuivi depuis l’automne 1957, soit environ 13 ans et 5 mois. Quand elle s’est réveillée, elle avait quarante-huit ans. Pendant que Matouchka Théodosia dormit, elle ne vieillit pas. À la surprise de beaucoup, Matouchka sembla soudainement connaître tout l’Évangile, les psaumes, les prières, les acathistes, alors qu’elle était complètement analphabète.
Matouchka a dit plus tard: «Quand mes yeux se sont ouverts, ils étaient tout remplis de sang. On y mit des gouttes. Mes yeux ont commencé à briller et j’ai finalement vu la lumière. Et puis j’ai commencé à voir». Pendant qu’elle dormait, on la nourrissait de la tétine et à la cuillère. Si elle était rassasiée ou pas, on n’en savait rien. Quand elle se réveilla, elle dit: «J’étais rassasiée, la Mère de Dieu m’a nourrie. Ne vous inquiétez pas pour moi, ma joie! Et j’ai tout entendu pendant que je dormais, et les mouches m’ont mordu! Mais dans cet autre monde, ils lisent, ils chantent, et je répétait après eux. C’est là que j’ai appris! Je dois servir Dieu!» Le plus souvent, Matouchka parlait en paraboles et dévoilait tout de façon particulière.
A propos de la façon dont Matouchka dormit et où elle était pendant ce temps-là, elle ne l’a pas dit, mais elle a dit un jour: «Par exemple, l’une d’entre elles a dormi, a dormi… elle a dormi pendant une petite semaine. Elle a été conduite dans l’autre monde, et là, on lui a tout montré. Et non seulement ils ont montré qui d’entre les morts était où, mais même où les vivants vivront maintenant. Et puis ils lui ont dit : «ce que tu as vu, ne le dis à personne!».
Mère Théodosia dit alors: «Le Seigneur a tout préparé pour nous, il y a tout, et le paradis, et l’enfer, et nous répondrons de tout!».
Un jour, Matouchka nous raconta ce qui suit, pour nous affermir. Elle était fatiguée d’être tout le temps en position allongée, cela lui était pénible. Et elle se mit à pleurer : «Seigneur, je suis si fatiguée! Reprends-moi!». Et longtemps, elle pleura… Le toit de la maison s’ouvrit, dit-elle, les cieux s’ouvrirent, et un Ange apparut. L’Ange déposa un livre sur la table, l’ouvrit et dit «Lis!». Elle lut et se calma, la vision se dissipa. C’était le livre de sa vie. Alors, elle se résigna.
On appelait souvent Matouchka «notre petit soleil!». Elle rayonnait la lumière bien qu’elle accomplissait un podvig insupportable pour la majorité des gens, complètement immobile et dépendante de ceux qui s’occupaient d’elle. Pélagie, qui s’occupait de Matouchka, la rudoyait souvent, ne lui donnait pas à manger, ne laissait pas approcher les gens. Avec quelle humilité Matouchka supportait tout cela, ne se plaignant jamais, que du contraire, c’était elle qui plaignait Pélagie! Comment imaginer chose pareille?
Matouchka se révéla particulièrement à une certaine femme : en entrant dans la cellule, celle-ci vit toutes les icônes vivantes, tous les saints bougeaient et Matouchka leur parlait. Matouchka Théodosia dit alors : «Ce que vous avez vu, ne le dites à personne!». Et elle disait aussi: «Depuis longtemps, je suis prête à partir, mais vous ne me lâchez pas, vous priez tous pour moi!»
Pour Matouchka Théodosia, sa propre sœur a renonça à sa vie personnelle et lui sacrifia toute sa vie. L’amour pour ses sœurs infirmes (il y avait en plus la sœur Anna) était supérieur à l’amour pour l’élu qui voulait prendre Olga comme épouse. Ce podvig, Olga le porta jusqu’à la fin de sa vie. Matouchka aimait beaucoup sa sœur, elle disait qu’elle avait survécu grâce à elle. Des médecins de Moscou vinrent la voir; ils voulaient savoir quelle était cette maladie, ils demandèrent de la mettre à la disposition de l’institut pour la recherche, mais Olga répondu sévèrement: «Tant que je serai en vie, je ne donnerai pas Natasha pour l’envoyer où que ce soit!». Quand Olga mourut, Matouchka Théodosia souffrit de son départ. Elle sanglotait si fort que son lit en tremblait.
Matouchka fut également douloureusement éprouvée et pleura amèrement quand sur NTV dans l’émission «Maximum», elle fut déshonorée, comparée à Vanga, une sorcière diseuse de bonne aventure. Ils avaient envoyé des femmes alcooliques de la région dans la cellule de Matouchka, avec une caméra cachée. A la suite de cela, des enfants spirituels de Matouchka adressèrent une lettre au Président de la Fédération de Russie sur ce qui s’était passé et, bientôt cette émission fut interdite. (A suivre)

Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
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