La Bienheureuse Staritsa Théodosia : Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu ! (1)

L’original russe de ce long texte a été préparé par Madame Olga Orlova et publié le 15 mai 2017 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Vivez en paix, restez avec le Seigneur Dieu! Souvenirs de la Moniale du grand schème Théodosia (Kossorotikhina)». («Живите в мире,оставайтесь с Господом Богом!» Памяти схимонахини Феодосии (Косоротихиной)). Voici l’introduction de Madame Orlova.(…) Nous nous souvenons de Matouchka Théodosia, la staritsa qui décéda le 15 mai 2014. Matouchka priait sans relâche, clairvoyante, elle jouissait de nombreux dons spirituels. Physiquement, elle était non seulement invalide, mais immobile. Elle demeura allongée, paralysée, presque soixante ans, dont quasiment vingt dans une sorte de coma. Mais en esprit, Matouchka demeurait vive, elle était toujours avec Dieu. Elle resta toujours une travailleuse. Maintenant, elle travaille dans le champ spirituel ; elle console, encourage et aide par ses conseils et ses prières une foule de gens toujours grandissante.

«Le bébé grandira!»
1923. Le pays était sur le Golgotha. Dans le petit village de Vélémia, dans la région de Riazan, naquit une fillette qu’on appela Nataliouchka. Dans la famille de Nicéphore et Euphrosine Kossopotikhine, il y avait déjà trois enfants : les soeurs aînées, Thècle et Ania (que tout le monde appelait Onia), et leur frère Tikhon. Après Natalia vint au monde la soeur cadette, Olienka. D’autres enfants naquirent, mais ils moururent en bas-âge. Matouchka Théodosia (ainsi fut nommée Natalia lors de sa tonsure monastique), disait de ces derniers : «Ce sont des anges!. Ils sauveront toute la lignée par leurs prières. Mais surtout, il ne faut pas les tuer». Matouchka pleurait abondamment quand elle apprenait qu’un avortement avait été pratiqué. Une habitante du village se souvient que Matouchka l’avait accueillie en disant : «Mais pourquoi t’es-tu laissée aller à un tel malheur?». Cet avortement avait occasionné des complications ; une infection du sang qui provoquait un décollement de la peau des jambes, comme des bas. Matouchka pria et la villageoise promit de ne plus recourir à cette pratique. Le gynécologue commenta : «Vous n’accoucherez plus!». Mais deux mois plus tard, raconta cette femme, j’étais de nouveau enceinte. Son mari buvait. Matouchka disait des «petits ivrognes», comme elle les appelait, que «La Très Sainte Mère de Dieu S’est détournée d’eux. Elle ne veut plus les regarder». Le fils aîné de cette femme allait déjà à l’école, mais elle lui donnai toujours le bain et le portait dans ses bras. Un jour, elle alla, accompagnée de sa mère, auprès de Matouchka. Celle-ci la regarda d’un air très attristé… D’habitude elle l’accueillait par un gentil surnom, mais cette fois elle utilisa son patronyme et dit : «Mais à quoi penses-tu? Tu n’arriveras à rien de bon». La mère, assise à côté de la femme, pria Matouchka pour celle-ci, qui était pétrifiée, et l’interrogea, apprenant alors que sa fille était à nouveau enceinte. Quand elle sortirent, la femme garda le silence, mais la mère s’écria en pleurant : «Seigneur! Mais pourquoi ne dis-tu rien à ta propre mère ?! Qu’as-tu encore manigancé?» La femme raconta tout à sa mère, qui lui répondit «Mon Dieu! Mais pendant la guerre, on élevait jusqu’à huit enfants. Ton bébé, tu vas l’élever!». Bien plus tard, nous nous trouvions dans la maisonnette de Matouchka, décédée déjà depuis longtemps, et cette femme héla son fils : «Kolienka, viens donc!». Approcha un fringant et beau jeune homme, qui sourit. Il s’avère qu’il amenait ici en voiture des gens âgés, les aidait pour la visite et les ramenait chez eux. Sa maman déclara : «Je suis comme Matouchka m’a bénie. J’ai cessé d’aller à l’hôpital pour des analyses. Je suis juste venue ici et Matouchka m’a dit : «Ne pleure pas! Tout ira bien» Je travaillais dans la production de produits nocifs. Et au sujet de mon prochain accouchement, elle dit : «Tout le monde trouvera ce petit merveilleux».
Cette génération qui suivit la révolution, la génération de la guerre, vit tellement de morts qu’elle savait apprécier la vie. Le pays dégrisé des rouges par le sang des néomartyrs et des héros-défenseurs de la Patrie, même en ces années effroyables, resplendissait d’une splendeur pascale, qui est restée dans la mémoire de ceux qui demeurèrent fidèles au Christ.
«Le Seigneur aime le labeur.»
En, 1937, année que l’on désigne comme la plus sanglante dans l’histoire de notre pays, la maman Kossorotikhine décéda, non pas victime de répressions, de «dékoulakisation», ni de déportation, mais d’épuisement sous la charge inhumaine de travail, en la Terre bénie de Riazan. Elle mourut dans les bras de Natalia. Ils étaient nombreux à cette époque à pratiquer des travaux physiques : dans les kolkhozes, dans la construction, les travaux d’intérêt publics. A ce sujet, Matouchka Théodosia n’émit jamais le moindre murmure, la moindre insatisfaction : «Il faut travailler. Comment ne pas travailler?». Elle ne se fatiguait jamais de répéter : «Le Seigneur aime le travail. Il a dit «Vous, travaillez comme de bons serviteurs, et Moi, Je vous aiderai». Il fallait partir tôt aux champs dès que la terre avait séché, car il fallait semer. Toute cette désolation est due à notre négligence. Notre terre nourricière est délaissée, c’est pourquoi les âmes sont envahies par les mauvaises herbes. Il faudra répondre de tout cela devant le Dieu». Les parents qui affluaient vers elle avec des questions concernant leurs enfants s’affligeaient : «C’est vrai, nous n’avons pas la crainte de Dieu. Que demander aux enfants?» Avant, au milieu des durs labeurs, on élevait les enfants des familles nombreuses, dans l’esprit d’entraide. Dès l’aurore, on était dans les potagers, printemps comme été. Et il y avait encore l’une ou l’autre tête de petit bétail à nourrir, et la volaille. Et tout cela était grevé à l’époque, d’un impôt exorbitant. Comme aujourd’hui d’ailleurs, tous les hommes d’alors devaient aller travailler, et c’était le cas du papa Nicéphore Kossorotikhine, si bien que les labeurs de la maison et de l’agriculture reposaient sur les épaules de la maman. Bien entendu, les enfants aidaient ; ils avaient grandi dans la compassion, pas dans l’égoïsme. Il n’y avait pas de chauffage central en ces temps anciens, et après une éreintante journée de travail, il fallait encore s’enfoncer dans la forêt pour ramener du bois sec. Et puiser des seaux d’eau et les rentrer à la maison. Sans même rappeler qu’il fallait préparer la nourriture, laver la vaisselle, nettoyer, faire la lessive, recoudre les vêtements, ravauder, réparer. Sachant tout le labeur que cela requérait, les enfants vivaient de façon parcimonieuse, évitant toute dépense, toute avidité. Toujours, ils avaient un peu faim. Le pain était précieux. Matouchka l’appelait toujours un «don de Dieu». Elle disait qu’il fallait en chérir chaque croûton, ne pas le gaspiller. Souvenez-vous comment le Seigneur bénit les apôtres pour qu’ils récoltent les restes de pain, jusqu’à la dernière miette, par corbeilles entières (J.6;12). Les enfants grandirent dans la gratitude, c’est pourquoi chez eux, la vivacité de l’âme était joyeuse. «Avant, on vivait joyeusement! On avait froid, on avait faim, mais on partait travailler en chantant, se souvenait Matouchka. On se vêtait avec ce qu’il y avait. Personne n’avait de chaussures. Plus tard, apparurent les galoches. Là-dedans, les pieds gelaient pendant le travail. En tous lieu, on battait le sol en passant d’un pied à l’autre ; il faisait froid. Aujourd’hui, il y a de tout. Tout le monde est rassasié, habillé, chaussé. Comment donc être désespéré? L’âme doit être dans la joie! Tes pieds et tes mains sont entiers? De quoi d’autre as-tu besoin? Tu peux récolter des plantes sauvages!», s’étonnait-elle de ses contemporains prédisposés à la dépression. Elle-même se rappelait de son enfance, quand ils allaient à la cueillette des champignons et des baies. Et surtout, quand ils allaient communier à l’église.
«Rendez-grâce à Dieu!»
Ils étaient guettés et humiliés quand ils approchaient l’église locale, alors, ils allaient à pieds à l’église Saint Nicolas de la ville de Skopine, marchant entre deux et trois heures pour y aller à l’office. Ils communiaient, et puis prenaient le chemin du retour. Et le long de ce chemin, il y avait tellement de sainte sources où on priait. De nos jours, Matouchka donnait encore sa bénédiction pour qu’on aille nettoyer les anciennes saintes sources qu’elle connaissait depuis sa jeunesse. «Le Seigneur donne tout selon la prière», disait la Staritsa. (A suivre)

Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
Source

La Bienheureuse Staritsa Matouchka Théodosia (Skopinskaïa) . Résumé de sa vie (2)

Le texte ci-dessous est la deuxième partie de la traduction d’un original russe publié sur un site russe consacré à une staritsa contemporaine très attachante, émouvante et pourtant peu ou pas connue en Occident, mais largement vénérée en Russie, Matouchka Théodosia. La traduction du résumé de sa vie est proposée en deux parties. Ensuite, plusieurs textes viendront compléter le portrait de cette merveilleuse représentante de la maternité spirituelle en Russie.

«Si je meurs alors que je continue a accueillir des gens, c’est bon. C’est pour cela que je vis, et tant que je vivrai, j’accepterai de les recevoir». Et la pression continua à augmenter, avec parfois trois cents visiteurs par jour, mais elle continua à les accueillir, en disant : «Non! Je dois les accueillir tous!Je dois servir Dieu!».
L’amour qui émanait de Matouchka Théodosia était tellement vaste et puissant qu’il arrivait que les gens entrent dans la cellule et se mettent à pleurer. Quand ils en sortaient, tout était arrangé. Sans une parole. Et aujourd’hui encore, cela continue à se produire dans la chapelle où elle est inhumée. Cet amour était ressenti de façon tellement claire qu’on ne savait plus si on se trouvait sur terre ou au ciel.
Allongée pendant plus de quarante ans, elle endura tout, et accueillit humblement ceux qui venaient à elle, priant de manière ininterrompue dans le village d’Octobre de l’agglomération urbaine de Skopine, Oblast de Riazan.
Il y eut certains cas lors desquels les visiteurs virent la Très Sainte Mère de Dieu entrer dans la cellule de Matouchka alors que les portes étaient fermées.Plus tard, ces cas furent confirmés par Matouchka.
Se conseils étaient tout simples, exprimées dans un langage rural. Elle disait : mieux vaut chanter que désespérer! Et elle composait même des vers et des chansons. On regrette que le cahier dans lequel les enfants spirituels de Matouchka les consignèrent n’ait pas été retrouvé. Elle disait à ceux qui ne voulaient pas l’écouter : «Comme vous savez! Comme tu veux».
A tout le monde, elle donnait des chocolats en guise de bénédiction. Ses enfants spirituels amenaient les chocolats et les visiteurs les recevaient comme bénédictions et consolations de la part de Matouchka. Elle offrait également du thé et de la nourriture. C’est la raison pour laquelle, à côté de la chapelle est installée une table à laquelle, lors des jours de commémoration, on sert vraiment toutes les variétés de tartes couvertes, accompagnées de thé, de confiture et de confiseries.
Matouchka demandait toujours que l’on soit en paix avec tout le monde. C’était son commandement principal à ses enfants spirituels, de même, bien sûr, que la confession fréquente, la communion et la participation aux offices de l’Église. Elle ne comprenait pas comment il était possible de ne pas aller à l’église le dimanche. Les bus roulent, beaucoup de gens ont une voiture, alors, pourquoi on ne va pas à l’église, c’était incompréhensible.
«Bien sûr, je finirai par mourir, je ne serai pas éternellement ici avec vous. Mais ne vous affligez pas, là-bas, je prierai pour vous!». Un jour, Zénaïde Jdanov, qui fréquentait Sainte Matrone de Moscou, vint rendre visite à Matouchka. Tout le monde lui disait : «Vous en avez de la chance, de voir souvent Matronouchka!». Mais Zénaïde répondait : «Et vous en avez de la chance d’avoir près de vous Matouchka Théodosia! C’est une deuxième Matrone!»
Un jour, Matouchka Théodosia dit : «Patientez, endurez ! Moi, je suis carrément brûlée par le feu! Mais je supporterai cela! Une tentation? Endurez-la de toutes vos forces! Ne vous en émouvez pas! Ne murmurez pas, mais dites : Seigneur, donne-moi la force !. Vous voyez, je suis allongée depuis tant d’années! Apprenez à endurer un peu!»
«Comme Elle pleure, la Très Sainte Mère de Dieu! Et moi, je pleure avec Elle! Elle est venue, et Elle m’a dit que les femmes ne devraient jamais se montrer en pantalons. Ceux-ci sont un outrage à la femme!
Comme elle est pure, la Terre de Riazan, comme elle est bonne. Tant de saints y sont nés!
Serrez-vous les coudes dans les temps difficiles! Tous ensemble! Soyez en paix! Et souvenez-vous : vous devrez venir sur ma tombe et m’adresser vos demandes. Je vous aiderai toujours. Je n’abandonnerai aucun d’entre vous. Je n’abandonnerai personne. Souvenez-vous de cela! Celui qui, après ma mort, se souviendra de moi et m’appellera, je lui viendrai en aide.»
Jusqu’à sa fin, Matouchka Théodosia demeura allongée, immobile. Elle décéda le 15 mai 2014. La veille encore, elle avait accueilli des visiteurs. Le matin de ce dernier jour, elle reçut la Sainte Communion. Et ensuite, elle s’en alla vers le Seigneur. Toute la Russie participa à ses funérailles. On vint aussi de l’étranger, de tous les coins de la terre, gens du peuples, prêtres, métropolites, évêques, errants, moines du grand schème, fols-en-Christ, startsy, tous vinrent prendre congé de Matouchka. Un tel afflux de gens n’avait encore jamais été vu dans la petite ville provinciale de Skopine. Les gens marchaient en une foule de neuf kilomètres de long, derrière la voiture qui emmenait le cercueil contenant le corps de Matouchka Théodosia. Quand on sortit Matouchka de l’église, on chanta «Le Christ est ressuscité!». On souleva le voile du schème de Matouchka, et sur son visage, tous virent un sourire. La tombe de Matouchka devint le site d’un pèlerinage continuel. A l’initiative de ceux qui la vénèrent, à côté du cimetière du village, on acheta un lopin de terre et pour y ériger une église dédicacée à l’icône de la Très sainte Mère de Dieu de Kazan. La construction de l’édifice est en cours. Quand Matouchka dit qu’il fallait l’inhumer à Velemié, personne ne compris. Le cimetière était pratiquement à l’abandon. Sa soeur Olga dit : «Mais Matouchka, personne ne viendra nous voir là-bas!». Mais Matouchka répondit : «Il en viendra! Encore et encore!». Et effectivement, après les funérailles de Matouchka, il suffit d’une année pour que le cimetière prenne une toute autre allure. Beaucoup de gens avaient recommencer à y honorer leurs parents défunts. Aujourd’hui, il est impossible de savoir à quoi le cimetière ressemblait auparavant. En 2019, les autorités ont même fait construire une route asphaltée de Skopine à Velemié. La prédiction de Matouchka s’accomplit complètement.
«Je mourrai quand le jardin fleurira. Vous commencerez à fêter Pâques dans la joie et vous terminerez dans les larmes. Ma joie, ne pleurez pas, tout se passera bien! Le Seigneur aime ceux qui endurent patiemment. Venez me voir. Je viendrai comme un petit oiseau. Vous verrez un petit oiseau et vous saurez que c’est moi ! Vous me raconterez tout et je vous aiderai. Maintenant, je n’ai plus mal! Si vous saviez comme mon âme aspire à s’unir avec le Seigneur! Et le Seigneur m’écoute! Là où est la paix, là se trouve la grâce de Dieu. Je suis désolée pour les gens, ils sont comme des chatons aveugles, ne sachant où ramper. Mais il faut aller selon la vie! Vous ne pouvez pas baisser les bras, vous devez essayer! Pourquoi être découragé!? Il faut vivre! Auparavant, il faisait froid, on avait faim, mais nous vivions gaiement, avec des chansons, même s’il n’y avait pas de chaussures. L’essentiel est de n’offenser personne! Mes petits enfants, n’offensez personne! Il faut être patient! Restez avec le Seigneur! Avec Dieu!»
Matouchka alla en esprit dans de nombreux endroits et on pourrait en parler longtemps, de même que d’autres choses très inhabituelles, qui furent confirmées par Matouchka Théodosia, et de la grandeur de son podvig. Elle recevait des gens la nuit, priait le jour et ne dormait pratiquement pas, demeurant immobile pendant 57 ans. Elle vécut 92 ans. Dans toute la Russie, au Mont Athos, dans la CEI et dans de nombreux autres pays, on la connaissait. Elle avait un lien spirituel avec l’Archimandrite Pavel Grouzdev, avec le Starets Kirill Pavlov et bien d’autres.
Et le témoignage de sa sainteté, ce furent et ce sont les files interminables et le flux sans fin des pèlerins, qui coule non en un ruisseau, mais en un fleuve vers le lieu de son repos. Après tout, ce n’est pas pour rien qu’on dit: on ne va pas chercher de l’eau dans un puits vide!
Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
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La Bienheureuse Staritsa Matouchka Théodosia (Skopinskaïa) . Résumé de sa vie (1)

Le texte ci-dessous est la traduction d’un original russe publié sur un site russe consacré à une staritsa contemporaine très attachante, émouvante et pourtant peu ou pas connue en Occident, mais largement vénérée en Russie, Matouchka Théodosia, que certains appelaient «la deuxième Matrone». La traduction du résumé de sa vie est proposée en deux parties. Ensuite, plusieurs textes viendront compléter le portrait de cette merveilleuse représentante de la maternité spirituelle en Russie.

Matouchka Théodosia naquit en 1922. Elle considérait le quatre novembre comme jour anniversaire de sa naissance, au village de Velemia, dans le Raïon de Skopinska, Oblast de Riazan. Elle fut nommée Natalia, c’était une jeune fille simple, plutôt humble et bonne. Sa famille était pauvre. Tous travaillaient au village. Un accident de travail survint et Natalia tomba malade. Ensuite, lors d’un autre accident, l’arrière d’un camion la heurta, directement à la tête. Elle avait trente trois ans. Le diagnostique des médecins fut : commotion cérébrale. Avant tous ces événements, plus tôt, Natalia avait fait un songe dans lequel une femme venait vers elle en disant «Ne te marie pas, tu seras entourée de fleurs!». Lors de l’accident, Natalia fut hospitalisée. Ses sœurs pleuraient. Un jour un vieillard vint à elles, plus tard, il s’avéra que c’était Saint Nicolas le Thaumaturge, et leur dit: «Ne pleurez pas! Beaucoup de gens viendront chez vous. Vous ne serez pas seules».
Le mal de tête de Natalia était terrible ; elle pleurait et criait de douleur. Elle fut emmenée à Riazan où on la reconnut comme invalide. Plus tard, alors que Natalia avait perdu conscience, on la plaça dans une clinique neuro-psychologique. Natalia réclama avec insistance qu’on la sortît de là car on lui administrait des injections qui rendaient son état plus insupportable encore. Alors, sa soeur Olga la prit chez elle. La maladie causée par le traumatisme crânien se développa et fut qualifiée d’encéphalopathie traumatique avec changement de personnalité. L’invalidité reconnue fut élevée au degré le plus haut. Soudain, Matouchka s’endormit, non pour un jour, ni encore pour deux, mais pendant quasiment quatorze ans.
Après l’accident, Matouchka Théodosia se réveilla à Pâques 1971, le 18 avril. À l’Ascension, le 27 mai, elle ouvrit les yeux. Il fallut longtemps pour s’habituer à son nouvel état. Ses yeux ne s’ouvraient pas. Le premier mot qu’elle prononça fut «maman». Son sommeil s’était poursuivi depuis l’automne 1957, soit environ 13 ans et 5 mois. Quand elle s’est réveillée, elle avait quarante-huit ans. Pendant que Matouchka Théodosia dormit, elle ne vieillit pas. À la surprise de beaucoup, Matouchka sembla soudainement connaître tout l’Évangile, les psaumes, les prières, les acathistes, alors qu’elle était complètement analphabète.
Matouchka a dit plus tard: «Quand mes yeux se sont ouverts, ils étaient tout remplis de sang. On y mit des gouttes. Mes yeux ont commencé à briller et j’ai finalement vu la lumière. Et puis j’ai commencé à voir». Pendant qu’elle dormait, on la nourrissait de la tétine et à la cuillère. Si elle était rassasiée ou pas, on n’en savait rien. Quand elle se réveilla, elle dit: «J’étais rassasiée, la Mère de Dieu m’a nourrie. Ne vous inquiétez pas pour moi, ma joie! Et j’ai tout entendu pendant que je dormais, et les mouches m’ont mordu! Mais dans cet autre monde, ils lisent, ils chantent, et je répétait après eux. C’est là que j’ai appris! Je dois servir Dieu!» Le plus souvent, Matouchka parlait en paraboles et dévoilait tout de façon particulière.
A propos de la façon dont Matouchka dormit et où elle était pendant ce temps-là, elle ne l’a pas dit, mais elle a dit un jour: «Par exemple, l’une d’entre elles a dormi, a dormi… elle a dormi pendant une petite semaine. Elle a été conduite dans l’autre monde, et là, on lui a tout montré. Et non seulement ils ont montré qui d’entre les morts était où, mais même où les vivants vivront maintenant. Et puis ils lui ont dit : «ce que tu as vu, ne le dis à personne!».
Mère Théodosia dit alors: «Le Seigneur a tout préparé pour nous, il y a tout, et le paradis, et l’enfer, et nous répondrons de tout!».
Un jour, Matouchka nous raconta ce qui suit, pour nous affermir. Elle était fatiguée d’être tout le temps en position allongée, cela lui était pénible. Et elle se mit à pleurer : «Seigneur, je suis si fatiguée! Reprends-moi!». Et longtemps, elle pleura… Le toit de la maison s’ouvrit, dit-elle, les cieux s’ouvrirent, et un Ange apparut. L’Ange déposa un livre sur la table, l’ouvrit et dit «Lis!». Elle lut et se calma, la vision se dissipa. C’était le livre de sa vie. Alors, elle se résigna.
On appelait souvent Matouchka «notre petit soleil!». Elle rayonnait la lumière bien qu’elle accomplissait un podvig insupportable pour la majorité des gens, complètement immobile et dépendante de ceux qui s’occupaient d’elle. Pélagie, qui s’occupait de Matouchka, la rudoyait souvent, ne lui donnait pas à manger, ne laissait pas approcher les gens. Avec quelle humilité Matouchka supportait tout cela, ne se plaignant jamais, que du contraire, c’était elle qui plaignait Pélagie! Comment imaginer chose pareille?
Matouchka se révéla particulièrement à une certaine femme : en entrant dans la cellule, celle-ci vit toutes les icônes vivantes, tous les saints bougeaient et Matouchka leur parlait. Matouchka Théodosia dit alors : «Ce que vous avez vu, ne le dites à personne!». Et elle disait aussi: «Depuis longtemps, je suis prête à partir, mais vous ne me lâchez pas, vous priez tous pour moi!»
Pour Matouchka Théodosia, sa propre sœur a renonça à sa vie personnelle et lui sacrifia toute sa vie. L’amour pour ses sœurs infirmes (il y avait en plus la sœur Anna) était supérieur à l’amour pour l’élu qui voulait prendre Olga comme épouse. Ce podvig, Olga le porta jusqu’à la fin de sa vie. Matouchka aimait beaucoup sa sœur, elle disait qu’elle avait survécu grâce à elle. Des médecins de Moscou vinrent la voir; ils voulaient savoir quelle était cette maladie, ils demandèrent de la mettre à la disposition de l’institut pour la recherche, mais Olga répondu sévèrement: «Tant que je serai en vie, je ne donnerai pas Natasha pour l’envoyer où que ce soit!». Quand Olga mourut, Matouchka Théodosia souffrit de son départ. Elle sanglotait si fort que son lit en tremblait.
Matouchka fut également douloureusement éprouvée et pleura amèrement quand sur NTV dans l’émission «Maximum», elle fut déshonorée, comparée à Vanga, une sorcière diseuse de bonne aventure. Ils avaient envoyé des femmes alcooliques de la région dans la cellule de Matouchka, avec une caméra cachée. A la suite de cela, des enfants spirituels de Matouchka adressèrent une lettre au Président de la Fédération de Russie sur ce qui s’était passé et, bientôt cette émission fut interdite. (A suivre)

Bienheureuse Matouchka Théodosia, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
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Le Starets Kirill, les justes et le monde contemporain (2)

Le texte ci-dessous est deuxième partie de la traduction d’un original russe publié sous le titre «Sois forte, mère! Tu as vu quelqu’un qui a enduré plus et qui a eu le pouvoir d’aimer! L’Archimandrite Kirill (Pavlov) dans les mémoires de son auxiliaire de cellule, la moniale Euthymia (Axamentov)» («Крепись, мать! Ты видела того, кто терпел поболее и имел силы любить!»). Le texte a été mis en ligne sur le site pravoslavie.ru le 10 mars 2022. Il y est précédé de l’introduction suivante. La moniale Euthymia (Aksamentova) passa plus de deux décennies de sa vie, à commencer par sa jeunesse monastique, aux côtés de l’Archimandrite Kirill (Pavlov). Elle est son disciple, son enfant spirituel. Mais nous avons décidé de parler avec la moniale Euthymia non seulement du Père Kirill, mais aussi des justes et de ce qu’est être juste, de la façon dont c’est possible dans le monde moderne, ce qui nous manque pour au moins en approcher.

Dans mon petit livre de souvenirs du Père Kirill, publié récemment grâce aux éditions de la Métropole de Simbirsk, il y a cette dédicace : «A mes chers amis partis pour l’autre monde…». Cette dédicace est très importante pour moi, car ce sont eux, précisément, mes chers défunts, qui furent les modèles de la vie de juste dans les conditions réelles du monde contemporain. Le chemin parcouru par certains d’entre eux, qui vécurent dans des conditions de vie dramatiques, fut la voie, dirais-je, du martyr non-sanglant sur cette terre. Ce ne fut peut-être pas un chemin irréprochable, sans erreur, mais il fut grand par sa tendance décidée vers la justice d’En-Haut.
Oui, le Père Kirill fut une pépite, un homme rare, et de plus, un starets béni par la grâce… Toutefois, je dois préciser ce qui suit. Je vis maintenant au Monastère de l’Exaltation de la Sainte Croix de Jérusalem dans la périphérie de Moscou. Après la mort du Starets, je craignais un peu de vivre dans une communauté monastique, de plus, de façon générale, dans la vie, on s’habitue à ce qu’il y ait à côté de nous un homme parfait. Et quand il part pour l’éternité, on a peur de la froideur de la solitude… Et donc, je regardai autour de moi et observai que pratiquement toutes mes sœurs actuelles sont des justes et des héroïnes de l’ascèse, chacune à sa mesure!

Moniale Euphémia, auteur du texte

Elles travaillent humblement de l’aube à l’aube, endurant les défauts les unes des autres, essayant de garder la paix et le bien dans l’âme; que faut-il de plus?! Parfois, je les admire toutes et je ne cesse de remercier Dieu pour le fait que j’ai encore le bonheur de voir de belles personnes autour de moi, des gens qui se sacrifient, gentils, sensibles!
Et je remercie mon précieux starets de m’avoir exaucée par ses podvigs et ses souffrances avant sa mort. Voici donc un regard sur le monde qui m’entoure:un regard reconnaissant.
J’entendis un jour des mots amers, de la bouche d’un célèbre hiérarque : «Dès ma jeunesse, j’ai reçu la tonsure monastique pour éviter les compromis moraux inévitables dans le monde, mais dans ma vie ecclésiastique, et en particulier épiscopale, ces compromis se sont révélés beaucoup plus importants que ce qu’ils auraient été dans le monde». De quoi cela dépend-il ? De ce que l’un est prêt à faire des compromis et que l’autre ne l’est pas pas? Est-ce exact que c’est inévitable? Est-ce que cela dépend de l’homme lui-même, ou des circonstances aussi? En termes simples: pourquoi le Père de Kirill a-t-il réussi à éviter les compromis avec la conscience chrétienne, et d’autres, apparemment aussi des gens bons et sincères, n’y parviennent pas?
J’ai connu des moines qui avaient du mal à vivre le fait que notre vie monastique moderne vous met parfois devant un choix qui, par définition, ne devrait pas surgir dans notre environnement… Oui, nous, comme on dit, n’atteignons pas la hauteur du podvig qui nous est destiné. Beaucoup d’entre nous ne voient même pas notre sécularisation et notre hypocrisie, ou celle-ci sont devenues la norme habituelle, ce qui est effrayant… Mais il y a aussi dans les monastères ceux qui souffrent profondément, réalisant à quel point nous sommes loin des idéaux d’une véritable solitude. Et maintenant, ces hommes et ces femmes qui souffrent, peu de gens les connaissent, même au sein de leur communauté. Ce sont les justes de nos jours. Souvent, ils sont étrangers parmi les leurs. Je pense que le Père Kirill ressentait profondément l’imperfection de ce monde et souffrait également intérieurement, et ne fut jamais vraiment satisfait de lui-même. Il n’avait aucune illusion sur la qualité de notre vie monastique. Mais il devait «porter les fardeaux» de tous ceux qui l’entouraient, et dans le rayonnement de sa bienveillance envers tout homme, il croyait en quelque sorte au meilleur, l’âme s’ouvrait à l’espoir que tout n’était pas perdu…
Pour être honnête, je n’en suis qu’à apprendre cette véracité intérieure. Et je me trompe, et je me mens à moi-même, et je suis hypocrite, très souvent. Mais j’ai remarqué une chose: la grande force motrice de la justesse de l’homme, c’est l’amour de Dieu. Seulement l’amour de Dieu! C’est tellement simple de se dire: «C’est fini, à partir de demain, l’intransigeance sera mon deuxième prénom!»… secousse d’air dans le vide. Devenir juste pour se prouver quelque chose est une motivation insignifiante. Et la grandeur du plan c’est de se tenir devant la Face de Dieu. Ensuite de Lui seul viennent et la force et le courage. Le Père Kirill était un homme qui aimait Dieu et l’Évangile… En disant cela, tout est sans doute dit…
Je me souviens de vos paroles au sujet du Père Kirill: «Jamais, même dans les conversations sur des sujets domestiques, il n’y avait un sentiment de glissement superficiel.» Pourriez-vous expliquer ce qui nous rend superficiels? Pourquoi glissons-nous l’un sur l’autre?»
Je pense que c’est parce que nous ne nous intégrons pas complètement à l’autre, à l’interlocuteur, pendant la conversation avec lui. Nous ne donnons pas à l’autre l’attention qu’elle devrait recevoir : à la périphérie de la conscience, nous réfléchissons déjà à ce que nous dirons en réponse, ou en général nous pensons à nos affaires… le Père était extrêmement attentif à chaque moment de sa conversation avec autrui. Et il priait. Par conséquent, toute situation devenait aux yeux de Dieu votre présence commune à vous et lui…
Vous écrivez que le Starets Kirill restera dans votre mémoire «non un clairvoyant, non le prédicateur visionnaire de certains événements du futur (bien que dans le trésor de la mémoire de mon cœur il soit tout cela), mais un bon maître qui, choisissant avec précision et délicatesse ses outils, fit de vous, avec chaleur et grande sagesse un être humain». Je ne suis pas la seule à jeter un regard en arrière sur ma vie et à voir à quel point j’ai manqué d’éducateurs intelligents… pourquoi un tel déficit? N’est-ce pas parce que seule l’attitude évangélique envers l’homme peut être à la base de la pédagogie morale?
Oui, nous manquions tous cruellement de maîtres intelligents et doués à cette époque. Ils manquent aujourd’hui, et les monastères ne font pas exception… Mais vous avez tout à fait raison de noter que seul l’exemple moral, l’exemple de l’attitude évangélique d’homme à homme, c’est la vraie pédagogie. Et il arrive que de tels exemples nous soient donnés par des gens qui ne sont ni particulièrement mécréants, ni vraiment religieux… En vérité, «l’âme humaine est par nature chrétienne». Je me souviens maintenant comment mon papa «mécréant» me fit honte, avec cœur, parce que j’avais agi de manière impolie et arrogante envers une fille malade mentale. L’âme de papa avait senti que «nous, les forts, devons supporter les infirmités des faibles plutôt que nous satisfaire» (Rom.15,1). Cela, je ne le comprenais pas encore à ce moment-là… Mais jusqu’aujourd’hui, je lui suis reconnaissante pour cette leçon. De même, au monastère, nous apprenons tous les uns des autres, une fois par des erreurs, une fois par des exemples très dignes du comportement de nos frères et sœurs. Dans le monastère, quand j’avais admis certaines erreurs, j’étais toujours fortement impressionnée par la non-sévérité, la clémence douce des autorités, la générosité, le pardon, une telle attitude secoue votre conscience et vous encourage à changer pour le mieux…
A propos de l’amour. C’est incroyablement difficile d’apprendre l’amour le plus élevé, d’ordre évangélique, pas l’amour-réaction («Ici avec cet homme, je suis bien; il me réchauffe, me soutient, me protège, m’inspire, c’est pourquoi je l’aime»), mais l’amour-compassion, l’amour-don. Vous essayez de le faire, mais vous vous fatiguez très vite des gens. Vous voulez pardonner, mais vous ne le pouvez pas. L’exemple du Père de Kirill est frappant; mais pouvez-vous dire qu’il a enseigné cela aux autres? Mais est-ce même possible de l’enseigner?
Non, évidemment! J’étais si proche de lui, mais je n’ai pas appris… Et ce n’est pas de la coquetterie. Mais combien il est encore important qu’un échantillon d’un tel amour et d’une telle considération pour autrui ait été devant vos yeux! Dans un moment d’extrême faiblesse, je peux me dire en toute responsabilité «Sois forte, matouchka! Tu as vu quelqu’un qui a enduré plus que toi et qui a eu la force d’aimer!» Et, qui sait, peut-être que cette mémoire me sauvera à elle seule d’un pas qui me perdrait. Mais, d’un autre côté, il n’est pas nécessaire d’être avec quelqu’un dans la même pièce pour apprendre de lui ses meilleures qualités. Et maintenant se promènent sur terre des gens qui ont rendu visite au Starets seulement deux ou trois fois, et qui ont gravé à jamais dans leur cœur l’exemple de son humilité et de sa bonté, et qui imitent cet exemple. Et Dieu leur donne Sa grâce. Et ils acquerront, le moment venu, l’amour dans lequel Dieu agit….
Le sacrifice le plus dur du Père Kirill fut ses treize ans de maladie, pénétrés de faiblesse, très difficile à accepter. Une question involontaire se pose «Pourquoi? Pourquoi ce tourment pour lui?..» Avez-vous eu des questions similaires? Si oui, qu’est-ce qui a aidé à trouver la réponse?
Aujourd’hui, je peux dire une chose : ce sont les voies de Dieu… et c’est la dernière gloire du Starets à son Créateur, si je peux le dire ainsi. Un homme n’est pas toujours noble et beau pendant les périodes de souffrance qui précèdent sa mort. Le Père Kirill était beau et noble pendant toutes ces treize années de tourments. Sa souffrance, comme si elle avait donné une taille particulière à la pierre précieuse de son âme, est devenue comme le sommet de son exploit monastique et pastoral. Voilà ce que je pense… (…)
Traduit du russe
Source

Le Starets Kirill, les justes et le monde contemporain (1)

Le texte ci-dessous est la traduction (en deux parties) d’un original russe publié sous le titre «Sois forte, mère! Tu as vu quelqu’un qui a enduré plus et qui a eu le pouvoir d’aimer! L’Archimandrite Kirill (Pavlov) dans les mémoires de son auxiliaire de cellule, la moniale Euthymia (Axamentov)» («Крепись, мать! Ты видела того, кто терпел поболее и имел силы любить!»). Le texte a été mis en ligne sur le site pravoslavie.ru le 10 mars 2022. Il y est précédé de l’introduction suivante. La moniale Euthymia (Aksamentova) passa plus de deux décennies de sa vie, à commencer par sa jeunesse monastique, aux côtés de l’Archimandrite Kirill (Pavlov). Elle est son disciple, son enfant spirituel. Mais nous avons décidé de parler avec la moniale Euthymia non seulement du Père Kirill, mais aussi des justes et de ce qu’est être juste, de la façon dont c’est possible dans le monde moderne, ce qui nous manque pour au moins en approcher.

Matouchka Euthymia, il y eut beaucoup de justes dans votre vie, pas seulement le Père Kirill ; pourriez-vous parler brièvement de ceux d’entre eux qui jouèrent un rôle qui orienta votre vie?
Bien sûr, je pourrais commencer à énumérer des noms, connus de bien d’autres que moi, à commencer par l’Archimandrite Adrian (Kirsanov) qui me donna sa bénédiction quand j’étais encore toute jeune, pour entrer au monastère. C’était ma première rencontre avec un homme possédant le don de clairvoyance. A cette période de ma vie, je ne cherchais que timidement mon chemin, mais j’avais fermement compris une chose: je n’avais pas de place dans le monde qui m’entourait, je ne survivrais tout simplement pas. Et ce n’était pas dû à certaines situations socio-politiques, mais simplement une perception de moi-même… en Passant, au départ, je ne cherchais pas de «startsy clairvoyants» et, on peut dire que je me suis retrouvée par hasard aux grottes de Pskov-Petchory, faciles d’accès à l’époque déjà, depuis Leningrad.

Et voilà que, le Père Adrian, tout droit sorti des pages des anciens paterikons, s’est adressé à moi par mon nom, bien qu’il ne me connaissait pas du tout, puis, après m’avoir extraite de la foule des pèlerins, il m’a conduite dans la pièce où il recevait, et où je n’ai même pas eu le temps d’ouvrir la bouche. Tout mon chemin de vie était devant cet homme comme dans la paume de sa main, même le dernier souffle de ma vie… Et j’ai remercié le Seigneur de ce que mon désir de devenir moniale coïncidait avec Sa volonté toute bonne.
Une autre vraie femme juste rencontrée sur mon chemin fut l’higoumène Georgia (Chtchoukine), qui m’étonna, toute jeune novice, par son cœur miséricordieux et sa clairvoyance…Voici juste un épisode caractéristique: depuis décembre 1989, nous, les jeunes habitants de Pioukhtitsa, sous la direction de l’higoumène, avons travaillé à la restauration du Monastère de Saint-Jean à Saint-Pétersbourg sur la Karpovka. Pour tous les novices, vous savez, elles sont difficiles, les premières années de cette vie inhabituelle pour eux. L’higoumène nous surveillait avec sévérité, mais je n’oublierai jamais avec quelle tendresse sincère elle s’est excusée auprès de nous lorsqu’à notre demande d’aller au zoo (c’était un cadeau promis depuis longtemps pour notre travail acharné) elle a dû répondre par refus. Je me souviens de la première fois qu’elle m’a imposé des grandes métanies; il n’y en avait que sept! Mais à la première occasion, elle a compensé sa rigueur par des éloges publics. Et j’étais si heureuse de ces métanies; pour moi, c’était un signe que j’étais enfin moi-même parmi les miennes, et que je pouvais être réprimandée! Mais je voudrais faire remarquer que parfois dans la vie, ce sont pas seulement des «célébrités» ou des personnes de haut rang qui jouent un rôle d’orientation. Combien de soutien spirituel et humain inestimable ai-je reçu de gens merveilleux dont je suis peut-être la seule à avoir être témoin de ce qu’ils étaient des justes…
Avant d’entrer au monastère, je connaissais une famille de Saint-Pétersbourg, le père à moitié aveugle, un soldat de première ligne, «détenu» sur base de l’article 58, et un fils, un jeune homme solitaire qui se consacrait à son père, à prendre soin de lui. Ce jeune homme ne se permettait même pas de balayer la pièce, si pour quelque raison, son père en était gêné ou simplement irrité… En regardant leur existence simple, paisible, faite de respect mutuel, et à quel point ils la partageaient généreusement avec d’autres, je me disais: «Apprends! Voici de vrais moines!» Ces exemples et bien d’autres sont restés dans la mémoire de mon cœur, comme une grande miséricorde de Dieu, comme un don de la grâce…

Monastère de Pioukhtitsa

Et encore ceci. A la fin des années 1980, à Pioukhtitsa, il y avait une abondance de dignes moniales à la vie juste, de simples moniales à la spiritualité remarquable! Je ne doute pas qu’il y en avait aussi, et qu’il y en a encore, dans d’autres monastères, mais je mentionne ce que j’ai pu observer de mes propres yeux. Dommage que je vécus trop peu de temps à Pioukhtitsa pour apprendre de ces sœurs et acquérir semblable expérience… Les plus âgées de ces moniales décédèrent dans les années 1990′ déjà, mais aujourd’hui encore, là-bas, vivent celles qui continuent leur humble podvig. Dans le monde, elles sont évidemment inconnues, mais elles sont nos contemporaines.
Nous vivons aujourd’hui dans un monde turbulent et imprévisible. Chaque jour il y a des événements que nous ne pouvions même pas imaginer hier… Peut-être arrive-t-il que quelqu’un vous demande: «Et comment le Père Kirill réagirait à cela? Que dirait-il de ça?» Je comprends toute l’incorrection de ces questions: après tout, de cette façon, nous lui attribuerions nos propres pensées et opinions. Mais-pouvez-vous dire que vous avez reçu du père de Kirill une sorte de clé universelle pour toutes les situations possibles?
Question difficile… Je dirais plutôt que je sens que, grâce à certains conseils de mon père spirituel, j’ai ma propre clé particulière. C’est ma clé à moi. Non pas parce que je sois tellement unique, mais simplement parce que c’est comme ça que ça marche. La conscience de chacun doit ressentir quelque chose de semblable lorsqu’il prend des décisions. Vous pouvez appeler cela un diapason spirituel intérieur, probablement. Mais il n’y a pas de modèle commun. Je me souviens des craintes qui ont renversé les gens pendant la longue histoire du numéro d’identification fiscale: aucune de nos sœurs au Patriarcat, quand j’y accomplissais mon obédience, ne voulait donner son passeport, à cause de ces craintes. Je ne me souviens plus maintenant pour quelles procédures ces passeports étaient alors nécessaires, mais on m’a appelée, comme on dit, «à me rallier au peuple» et à ne pas le donner non plus. Je regimbai contre cet aiguillon; complètement indifférente à cette histoire de numéro d’identification fiscale, je me rendis directement dans le bureau du Patriarche et déposai tranquillement mon passeport devant lui. Il fut tellement ému, en ces jours sinistres, qu’il me serra dans ses bras en me disant : «Comme tu comprends bien!». Il y avait tant de remue-ménage autour du fait que le Père Kirill aurait été catégoriquement opposé au numéro d’identification fiscale, et tout cela introduisit même certaines tensions dans sa relation avec le Patriarche Alexis. C’est-à-dire que si nous étions plus attentifs aux hommes de Dieu, si nous écoutions de tout notre cœur et très sérieusement ce qu’ils veulent nous dire, nous vivrions, en effet, notre vie dans toute son authenticité: elle ne serait peut-être pas simple, ni facile, mais ce serait notre vie…
J’ai l’impression, peut-être ne serez-vous pas d’accord avec moi, que la vie de juste en tant que norme de vie est perdue aujourd’hui. C’est cette justice tranquille des obscurs et pauvres batiouchkas de village qui n’émerveillaient personne, qui n’attiraient personne… et dont nous lisons les nécrologies détaillées dans les «Feuillets Diocésains» d’avant la révolution. Justice et simplicité. L’homme moderne, même sincèrement croyant et aspirant au bien, est complexe, confus, contradictoire, tout en problèmes douloureux. La vie au multiples difficultés l’attaque de tous les côtés, le secouant et le retournant, l’épuisant et le dévastant. Il n’y a plus de silence en l’homme, il y a une cacophonie mentale-émotionnelle constante. Peut-on aujourd’hui revenir à la vie de juste, à la simplicité et au silence? Le Starets Kirill ne fut-il pas le «dernier des Mohicans»?
Ce monde, comme nous le savons vous et moi, se serait effondré il y a longtemps si les justes n’existaient plus du tout… «Il n’y a pas de village sans un juste», n’est-ce pas?.. Ils sont toujours là et, comme je l’ai dit plus haut, ils ne sont pas nécessairement largement connus. Ou, selon vous, personne ne va vers eux. Peut-être une telle obscurité les garde-t-elle de l’hypocrisie et du jeu d’acteur avec lesquels beaucoup masquent avec succès leur indifférence au podvig moral…
Les temps présents ne favorisent pas vraiment l’homme à se consacrer profondément et fondamentalement, par exemple, à l’examen de ses pensées et de ses actions à la lumière des commandements de l’Évangile. Beaucoup de tentations extérieures, de pièges… D’où cette cacophonie mentale-émotionnelle, comme vous le dites. Mais le choix nous appartient. Le chemin de beaucoup de chrétiens aujourd’hui est même tragique, mais si quelqu’un cherche Dieu, si pour lui la voix de la conscience n’est pas un son vide et si elle travaille sur son âme, cela sera payant. Peut-être que le silence et la paix souhaités seront rares, mais le cœur informera un tel travailleur de la justesse de son chemin. Et il sera heureux, je pense. (A suivre)
Traduit du russe
Source

Les héros de l’ascèse et la Très Sainte Mère de Dieu (2)

Le texte ci-dessous est la seconde partie de la traduction en deux parties d’un original russe préparé par Madame Olga Orlova et mis en ligne le 25 septembre 2018 sur le site Pravoslavie.ru sous le titre Будем как дети у Пресвятой Шесть рассказов о том, как подвижники чтили Божию Матерь (Devant la Très Sainte Mère de Dieu, soyons comme des enfants. Six récits de la vénération de héros de l’ascèse envers la Très Sainte Mère de Dieu).

Les parents de la Très Sainte Mère de Dieu.
L’Archimandrite André (Lemechonok), père spirituel du Monastère Sainte Élisabeth de Minsk parle du Starets Nicolas Gourianov.

Starets Nicolas Gourianov

Le Père Nicolas Gourianov était incapable de passer simplement dans une église devant une icône de la Très sainte Mère de Dieu sans s’arrêter pour la vénérer… C’était avec un grand tremblement de crainte sacrée qu’il faisait une métanie devant l’icône de la Toute Sainte.
Je me souviens qu’à l’époque à laquelle je commençais seulement à aller auprès de lui, je vécus un conflit. Le recteur de notre église interdit les voyages à l’Île de Talabsk [Où résidait le Starets Nicolas. N.d.T.] J’en parlai au Père Nicolas, qui me répondit : «Tu viendras! Va auprès de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Minsk, prends Sa bénédiction et viens». Voilà. Le Starets, dans sa foi à la pureté enfantine selon laquelle c’est la Providence Divine qui dirige le monde, et la Très Sainte Mère de Dieu dispose de tout, il put me conseiller de prendre directement Sa bénédiction à Elle.
Il existe dans la vie spirituelle une incroyable liberté de l’esprit et l’étendue paradoxale de la proximité du Monde Céleste. C’est le Seigneur Qui nous a apporté cette liberté (Jean 8;32).
Quand on voit un homme comme Batiouchka Nicolas, c’était un ange, une lumière visible émanait de lui, alors, on se souvient des paroles que la Très Sainte Mère de Dieu prononça au sujet de Saint Seraphim de Sarov : «Celui-là, il est de Notre lignée».
La Très Sainte Mère de Dieu est arrivée
Alexandre Ivanovitch Panfilov, médecin émérite de la Fédération de Russie et Médecin en Chef de l’hôpital central du District de Rybinsk parle de la Moniale du grand schème Théodosia (Kosorotikhina)
On sait que les premières paroles que prononça Matouchka Théodosia quand elle sortit du coma, à l’âge de dix-neuf ans et demi furent : «Pourquoi ne m’avez-vous rien donné à manger? La Très Sainte Mère de Dieu m’a nourrie». Cette relation directe avec la Très Sainte Mère de Dieu, Qui comme une maman, vient nourrir ses enfants à la cuillère, Matouchka Théodosia la conserva jusqu’à la fin de sa vie terrestre, mais peut-on nommer pareille vie «terrestre»? Parfois, alors qu’elle était alitée, on lui apportait jusqu’à sa couche une icône miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu. On lui laissa par exemple toute une nuit l’icône miraculeuse «Bogolioubski». Après, elle raconta que toute la nuit, elle avait conversé avec la Mère de Dieu. Après être sortie de son coma, elle connaissait beaucoup de prières par coeur, malgré le fait qu’avant son coma, dans le monde soviétique, elle n’avait pu en prendre connaissance nulle part. La cellule de Matouchka était couverte d’icônes du sol au plafond; partout des icônes du Seigneur, de Sa Mère Toute Sainte, et des Saints.
Matouchka aimait beaucoup qu’on lise dans sa cellule l’Acathiste à la Très Sainte Mère de Dieu, et les acathiste à Ses différentes icônes. Elle vénérait particulièrement l’icône de Kazan ; l’anniversaire de sa naissance était fêté le quatre novembre, jour de la fête de cette icône (Bien que la date précise de la naissance de Matouchka Théodosia ne soit pas connue avec certitude). La Staritsa avait l’habitude de ne recevoir aucun pèlerin ni visiteur les jours de fête de la Très Sainte Mère de Dieu : c’étaient à ces occasions que les batiouchkas venaient chez elle. Un groupe allant jusqu’à vingt prêtres, moines ou mariés, se rassemblaient dans sa cellule pour y célébrer le moleben de la sanctification de l’eau. Le jour où je m’y retrouvai pour la première fois, je ressentis une grâce incommunicable. Les batiouchkas célébraient le moleben, les chantres psalmodiaient… Il y avait tant de monde dans cette minuscule cellule, et malgré tout, tous s’adaptaient et trouvaient place. Comment était-ce possible de faire entrer tout ce monde dans un lieu aussi exigu? Mais le plus extraordinaire était qu’à minuit, le cierge placé devant l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu s’allumait spontanément et Matouchka disait : «Oh, la Très Sainte Mère de Dieu est arrivée!».
Avez-vous demandé la bénédiction de la Très Sainte Mère de Dieu pour votre chemin de vie?
Iraïde Sokolov parle de son oncle l’Archimandrite Hermogène (Mourmazov), dans le schème, Tikhon.
Le Père Hermogène aimait beaucoup la Très Sainte Mère de Dieu. Quand il parlait de la Toute Sainte à quelqu’un les larmes se mettaient toujours à couler de ses yeux.
Je me souviens comment Batiouchka m’apprit à tirer au sort. A une certaine époque, je ne savais pas où il valait mieux que je vive : près d’Optino Poustin’, à Kozielsk, ou à Pskov? Il me dit : «Commence par prier l’Acathiste à la Très Sainte Mère de Dieu, et ensuite, tire au sort». Sur un bout de papier, j’écrivis: «Très Sainte Mère de Dieu, me bénis-Tu pour habiter à Kozielsk?», et sur l’autre: «Très Sainte Mère de Dieu, me bénis-Tu pour habiter à Pskov?». Je pliai ces papiers et les plaçai dans l’évangéliaire. Je lus l’Acathiste à la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu trois jours de suite. Tout cela se déroula lors de cette fête. Après, chaque fois,je lus l’Évangile. Le troisième jour je me signai, traçai ensuite le signe de croix sur les papiers, comme Batiouchka me l’avait prescrit, et je tirai au sort. La bénédiction pour Kozielsk me fut ainsi donnée. Je n’avais pas encore eu le temps de me relever de la position agenouillée que le téléphone sonnait. «Votre appartement, vous ne l’avez pas encore vendu?». Avant cela, quand de mon propre chef, je m’apprêtais à partir à Pskov, je n’étais pas parvenue à vendre mon appartement! Mais dès que fut déterminée la bonne destination, avec la bénédiction de la Très Sainte Mère de Dieu, je reçu cet appel d’un correspondant que me dit alors «J’achète votre appartement!». Imaginez qu’ainsi, mon appartement fut vendu en un jour…
Batiouchka m’avait donné pour instruction de réciter vingt-quatre fois par jour : «Mère de Dieu et Vierge…», afin, expliqua-t-il, que chaque heure de la journée fut bénie. Si j’oubliais, il rappelait «Récite la prière à la Très Sainte Mère de Dieu!». «Batiouchka, je l’ai récitée douze fois…» «Non, tu dois la réciter vingt-quatre fois!». De plus il convient de la réciter vingt-quatre fois de plus pour les enfants et les proches. Alors, on commence à se souvenir et à commémorer tout le monde. Et ainsi, il est possible de persévérer, jusqu’à la règle de la Très Sainte Mère de Dieu, … ainsi le cœur s’élargit dans la prière. Très Sainte Mère de Dieu, sauve nous!
Pour elle, la Très Sainte Mère de Dieu était tout simplement «Maman»
L’Higoumène Mikhaïl (Semionov), Supérieur du Désert de l’icône du Sauveur «non-faite de main d’homme», dans le village de Klykovo, parle de la Moniale du grand schème Sefora (Chniakine).
Matouchka Sefora possédait une prière très ardente à la Très Sainte Mère de Dieu. Il est très difficile de parvenir à ce niveau avec le seul esprit. Elle avait préservé cette expérience de la pureté du cœur depuis son enfance. Elle s’adressait au Seigneur et à la Mère de Dieu simplement et directement, comme un enfant. Pour autant qu’il me fut donné d’observer sa prière, j’en ai toujours été étonné: c’était une femme de quasi cent ans, mais son espoir était celui d’un petit enfant qui n’a plus personne d’autre de qui attendre de l’aide : «Très Sainte Mère de Dieu, aide!». Seuls les petits enfants appellent au secours leur mère avec une telle franchise et sans une goutte d’hésitation. Pour elle, la Très Sainte Mère de Dieu était tout simplement «Maman». Et pour cette sincérité dans la foi, Elle ne l’abandonna pas. Il est bien connu que Matouchka rêva du monachisme dès ses jeunes années. Mais les circonstances de la vie ne permirent pas que cela se réalise : il y eut le mariage, les enfants et ensuite les petits-enfants. Et même, après qu’elle fut tonsurée, et surtout après qu’elle ait reçu le grand schème, elle ne voulut pas rester moniale dans le monde et finir par reposer dans un cimetière urbain ou villageois. Elle pria la Protectrice des moines et moniales.
Alors, en 1993, la Très Sainte Mère de Dieu lui apparut : «Ne t’inquiète pas, tu ne mourras pas dans le monde. Les prêtres de Klykovo viendront te chercher». Nombreux furent ceux qui proposèrent à Matouchka Sefora de venir chez eux, même l’Archimandrite Benedikt (Penkov), d’Optino Poustin’ lui proposa de lui construire une petite maison, lui promis une auxiliaire de cellule. D’autres encore essayèrent. Mais la Staritsa, que l’âge avait déjà rendue aveugle de ses yeux corporel, lui demanda : «Mais, êtes vous de Klykovo ?…».
Je me souviens que lorsque je fis connaissance de Matouchka, je n’étais pas encore à Klykovo. Mais elle me dit déjà : «Je vais aller vivre chez toi». Je ne compris pas. Mais elle me tapa sur l’épaule et dit «Bon, eh bien, file, c’est l’heure!». Plus tard, après plusieurs années, alors que j’étais à Klykovo, je vins chez elle. Elle avait reçu cette prophétie-bénédiction de la Très Sainte Mère de Dieu, et elle voulut se hâter : «Dépêchez-vous de construire une maison, et je viendrai vivre chez vous! J’accomplirai ainsi une bénédiction de la Mère de Dieu». Elle chérit toujours cette faculté de vivre dans l’obédience à la Très Sainte Mère de Dieu, ne faisant rien par sa propre volonté. Vous m’avez interrogé au sujet de sa «vénération», mais je pense que pour elle ce mot n’existait même pas! La Très Sainte Mère de Dieu, le Seigneur, les saints, c’était ses parents. La vénération implique une certaine distance alors qu’elle vivait au milieu d’Eux!
Je me souviens que pour moi, à vingt-deux ans, après mon quotidien des komsomols, cette expérience fut une vrai «explosion» de mon cerveau! Je ne savais même pas que c’était possible. Et pourtant, la Très Sainte Mère de Dieu lui apparut à plusieurs reprises. Elle la consola quand elle fut chassée de sa maison, elle la guida, lui apprit bien des choses. Matouchka Sefora fut une enfant profondément obéissante de la Toute Sainte, comme nous sommes tous appelés à l’être, nous les Chrétiens.
Traduit du russe
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