Les héros de l’ascèse et la Très Sainte Mère de Dieu (2)

Le texte ci-dessous est la seconde partie de la traduction en deux parties d’un original russe préparé par Madame Olga Orlova et mis en ligne le 25 septembre 2018 sur le site Pravoslavie.ru sous le titre Будем как дети у Пресвятой Шесть рассказов о том, как подвижники чтили Божию Матерь (Devant la Très Sainte Mère de Dieu, soyons comme des enfants. Six récits de la vénération de héros de l’ascèse envers la Très Sainte Mère de Dieu).

Les parents de la Très Sainte Mère de Dieu.
L’Archimandrite André (Lemechonok), père spirituel du Monastère Sainte Élisabeth de Minsk parle du Starets Nicolas Gourianov.

Starets Nicolas Gourianov

Le Père Nicolas Gourianov était incapable de passer simplement dans une église devant une icône de la Très sainte Mère de Dieu sans s’arrêter pour la vénérer… C’était avec un grand tremblement de crainte sacrée qu’il faisait une métanie devant l’icône de la Toute Sainte.
Je me souviens qu’à l’époque à laquelle je commençais seulement à aller auprès de lui, je vécus un conflit. Le recteur de notre église interdit les voyages à l’Île de Talabsk [Où résidait le Starets Nicolas. N.d.T.] J’en parlai au Père Nicolas, qui me répondit : «Tu viendras! Va auprès de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Minsk, prends Sa bénédiction et viens». Voilà. Le Starets, dans sa foi à la pureté enfantine selon laquelle c’est la Providence Divine qui dirige le monde, et la Très Sainte Mère de Dieu dispose de tout, il put me conseiller de prendre directement Sa bénédiction à Elle.
Il existe dans la vie spirituelle une incroyable liberté de l’esprit et l’étendue paradoxale de la proximité du Monde Céleste. C’est le Seigneur Qui nous a apporté cette liberté (Jean 8;32).
Quand on voit un homme comme Batiouchka Nicolas, c’était un ange, une lumière visible émanait de lui, alors, on se souvient des paroles que la Très Sainte Mère de Dieu prononça au sujet de Saint Seraphim de Sarov : «Celui-là, il est de Notre lignée».
La Très Sainte Mère de Dieu est arrivée
Alexandre Ivanovitch Panfilov, médecin émérite de la Fédération de Russie et Médecin en Chef de l’hôpital central du District de Rybinsk parle de la Moniale du grand schème Théodosia (Kosorotikhina)
On sait que les premières paroles que prononça Matouchka Théodosia quand elle sortit du coma, à l’âge de dix-neuf ans et demi furent : «Pourquoi ne m’avez-vous rien donné à manger? La Très Sainte Mère de Dieu m’a nourrie». Cette relation directe avec la Très Sainte Mère de Dieu, Qui comme une maman, vient nourrir ses enfants à la cuillère, Matouchka Théodosia la conserva jusqu’à la fin de sa vie terrestre, mais peut-on nommer pareille vie «terrestre»? Parfois, alors qu’elle était alitée, on lui apportait jusqu’à sa couche une icône miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu. On lui laissa par exemple toute une nuit l’icône miraculeuse «Bogolioubski». Après, elle raconta que toute la nuit, elle avait conversé avec la Mère de Dieu. Après être sortie de son coma, elle connaissait beaucoup de prières par coeur, malgré le fait qu’avant son coma, dans le monde soviétique, elle n’avait pu en prendre connaissance nulle part. La cellule de Matouchka était couverte d’icônes du sol au plafond; partout des icônes du Seigneur, de Sa Mère Toute Sainte, et des Saints.
Matouchka aimait beaucoup qu’on lise dans sa cellule l’Acathiste à la Très Sainte Mère de Dieu, et les acathiste à Ses différentes icônes. Elle vénérait particulièrement l’icône de Kazan ; l’anniversaire de sa naissance était fêté le quatre novembre, jour de la fête de cette icône (Bien que la date précise de la naissance de Matouchka Théodosia ne soit pas connue avec certitude). La Staritsa avait l’habitude de ne recevoir aucun pèlerin ni visiteur les jours de fête de la Très Sainte Mère de Dieu : c’étaient à ces occasions que les batiouchkas venaient chez elle. Un groupe allant jusqu’à vingt prêtres, moines ou mariés, se rassemblaient dans sa cellule pour y célébrer le moleben de la sanctification de l’eau. Le jour où je m’y retrouvai pour la première fois, je ressentis une grâce incommunicable. Les batiouchkas célébraient le moleben, les chantres psalmodiaient… Il y avait tant de monde dans cette minuscule cellule, et malgré tout, tous s’adaptaient et trouvaient place. Comment était-ce possible de faire entrer tout ce monde dans un lieu aussi exigu? Mais le plus extraordinaire était qu’à minuit, le cierge placé devant l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu s’allumait spontanément et Matouchka disait : «Oh, la Très Sainte Mère de Dieu est arrivée!».
Avez-vous demandé la bénédiction de la Très Sainte Mère de Dieu pour votre chemin de vie?
Iraïde Sokolov parle de son oncle l’Archimandrite Hermogène (Mourmazov), dans le schème, Tikhon.
Le Père Hermogène aimait beaucoup la Très Sainte Mère de Dieu. Quand il parlait de la Toute Sainte à quelqu’un les larmes se mettaient toujours à couler de ses yeux.
Je me souviens comment Batiouchka m’apprit à tirer au sort. A une certaine époque, je ne savais pas où il valait mieux que je vive : près d’Optino Poustin’, à Kozielsk, ou à Pskov? Il me dit : «Commence par prier l’Acathiste à la Très Sainte Mère de Dieu, et ensuite, tire au sort». Sur un bout de papier, j’écrivis: «Très Sainte Mère de Dieu, me bénis-Tu pour habiter à Kozielsk?», et sur l’autre: «Très Sainte Mère de Dieu, me bénis-Tu pour habiter à Pskov?». Je pliai ces papiers et les plaçai dans l’évangéliaire. Je lus l’Acathiste à la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu trois jours de suite. Tout cela se déroula lors de cette fête. Après, chaque fois,je lus l’Évangile. Le troisième jour je me signai, traçai ensuite le signe de croix sur les papiers, comme Batiouchka me l’avait prescrit, et je tirai au sort. La bénédiction pour Kozielsk me fut ainsi donnée. Je n’avais pas encore eu le temps de me relever de la position agenouillée que le téléphone sonnait. «Votre appartement, vous ne l’avez pas encore vendu?». Avant cela, quand de mon propre chef, je m’apprêtais à partir à Pskov, je n’étais pas parvenue à vendre mon appartement! Mais dès que fut déterminée la bonne destination, avec la bénédiction de la Très Sainte Mère de Dieu, je reçu cet appel d’un correspondant que me dit alors «J’achète votre appartement!». Imaginez qu’ainsi, mon appartement fut vendu en un jour…
Batiouchka m’avait donné pour instruction de réciter vingt-quatre fois par jour : «Mère de Dieu et Vierge…», afin, expliqua-t-il, que chaque heure de la journée fut bénie. Si j’oubliais, il rappelait «Récite la prière à la Très Sainte Mère de Dieu!». «Batiouchka, je l’ai récitée douze fois…» «Non, tu dois la réciter vingt-quatre fois!». De plus il convient de la réciter vingt-quatre fois de plus pour les enfants et les proches. Alors, on commence à se souvenir et à commémorer tout le monde. Et ainsi, il est possible de persévérer, jusqu’à la règle de la Très Sainte Mère de Dieu, … ainsi le cœur s’élargit dans la prière. Très Sainte Mère de Dieu, sauve nous!
Pour elle, la Très Sainte Mère de Dieu était tout simplement «Maman»
L’Higoumène Mikhaïl (Semionov), Supérieur du Désert de l’icône du Sauveur «non-faite de main d’homme», dans le village de Klykovo, parle de la Moniale du grand schème Sefora (Chniakine).
Matouchka Sefora possédait une prière très ardente à la Très Sainte Mère de Dieu. Il est très difficile de parvenir à ce niveau avec le seul esprit. Elle avait préservé cette expérience de la pureté du cœur depuis son enfance. Elle s’adressait au Seigneur et à la Mère de Dieu simplement et directement, comme un enfant. Pour autant qu’il me fut donné d’observer sa prière, j’en ai toujours été étonné: c’était une femme de quasi cent ans, mais son espoir était celui d’un petit enfant qui n’a plus personne d’autre de qui attendre de l’aide : «Très Sainte Mère de Dieu, aide!». Seuls les petits enfants appellent au secours leur mère avec une telle franchise et sans une goutte d’hésitation. Pour elle, la Très Sainte Mère de Dieu était tout simplement «Maman». Et pour cette sincérité dans la foi, Elle ne l’abandonna pas. Il est bien connu que Matouchka rêva du monachisme dès ses jeunes années. Mais les circonstances de la vie ne permirent pas que cela se réalise : il y eut le mariage, les enfants et ensuite les petits-enfants. Et même, après qu’elle fut tonsurée, et surtout après qu’elle ait reçu le grand schème, elle ne voulut pas rester moniale dans le monde et finir par reposer dans un cimetière urbain ou villageois. Elle pria la Protectrice des moines et moniales.
Alors, en 1993, la Très Sainte Mère de Dieu lui apparut : «Ne t’inquiète pas, tu ne mourras pas dans le monde. Les prêtres de Klykovo viendront te chercher». Nombreux furent ceux qui proposèrent à Matouchka Sefora de venir chez eux, même l’Archimandrite Benedikt (Penkov), d’Optino Poustin’ lui proposa de lui construire une petite maison, lui promis une auxiliaire de cellule. D’autres encore essayèrent. Mais la Staritsa, que l’âge avait déjà rendue aveugle de ses yeux corporel, lui demanda : «Mais, êtes vous de Klykovo ?…».
Je me souviens que lorsque je fis connaissance de Matouchka, je n’étais pas encore à Klykovo. Mais elle me dit déjà : «Je vais aller vivre chez toi». Je ne compris pas. Mais elle me tapa sur l’épaule et dit «Bon, eh bien, file, c’est l’heure!». Plus tard, après plusieurs années, alors que j’étais à Klykovo, je vins chez elle. Elle avait reçu cette prophétie-bénédiction de la Très Sainte Mère de Dieu, et elle voulut se hâter : «Dépêchez-vous de construire une maison, et je viendrai vivre chez vous! J’accomplirai ainsi une bénédiction de la Mère de Dieu». Elle chérit toujours cette faculté de vivre dans l’obédience à la Très Sainte Mère de Dieu, ne faisant rien par sa propre volonté. Vous m’avez interrogé au sujet de sa «vénération», mais je pense que pour elle ce mot n’existait même pas! La Très Sainte Mère de Dieu, le Seigneur, les saints, c’était ses parents. La vénération implique une certaine distance alors qu’elle vivait au milieu d’Eux!
Je me souviens que pour moi, à vingt-deux ans, après mon quotidien des komsomols, cette expérience fut une vrai «explosion» de mon cerveau! Je ne savais même pas que c’était possible. Et pourtant, la Très Sainte Mère de Dieu lui apparut à plusieurs reprises. Elle la consola quand elle fut chassée de sa maison, elle la guida, lui apprit bien des choses. Matouchka Sefora fut une enfant profondément obéissante de la Toute Sainte, comme nous sommes tous appelés à l’être, nous les Chrétiens.
Traduit du russe
Source

Les héros de l’ascèse et la Très Sainte Mère de Dieu (1)

Le texte ci-dessous est la première partie de la traduction en deux parties d’un original russe préparé par Madame Olga Orlova et mis en ligne le 25 septembre 2018 sur le site Pravoslavie.ru sous le titre Будем как дети у Пресвятой Шесть рассказов о том, как подвижники чтили Божию Матерь (Devant la Très Sainte Mère de Dieu, soyons comme des enfants. Six récits de la vénération de héros de l’ascèse envers la Très Sainte Mère de Dieu). Six serviteurs de Dieu racontent leur vénération de la Très Sainte Mère de Dieu, leur relation avec Elle de fils et de fille, qui fit d’eux Ses enfants, Ses proches, Ses disciples. .

«Priez la très Sainte Mère de Dieu, demandez-Lui en toute simplicité»
L’Higoumène Ekaterina (Tchaïkova) est la Supérieure du monastère stavropégique pour femmes de l’Exaltation de la Croix à Jérusalem. Elle parle de l’Higoumène du grand schème Savva (Ostapenko).

Higoumène du grand schème Savva (Ostanienko)

Mon père spirituel, l’Higoumène du grand schème Savva (Ostapenko), mena son podvig au Monastère de Pskov-Petchory. Il commandait toujours à ses enfants spirituels de lire chaque jour la règle de la Très Sainte Mère de Dieu, obligatoirement avec les tropaires. «Celui qui lit la Très Sainte Mère de Dieu bénéficiera de son intercession au Jugement Dernier», m’a-t-il dit. Lui-même était animé, comme Saint Seraphim de Sarov, d’un ardent amour pour la Très Sainte Mère de Dieu. Ils nous bénissait toujours pour communier lors de toutes les fêtes de la Très Sainte Mère de Dieu et de Ses principales icônes. «Kazan, est puissante! Contemplez ! Communiez ! Et ne chagrinez en rien la Très Sainte Mère de Dieu!». Cela faisait partie de ses instructions. Et le Père Savva appréciait beaucoup les acathistes. Cette attirance pour les acathiste a été héritée par un fils spirituel du Père Savva, l’Archimandrite Antippe (Mikhaïlov), au sujet duquel Vladika Tikhon (Chevoukhounov) a écrit avec talent dans son livre «Les saints de tous les jours». Le Père Savva aimait beaucoup aussi les hymnes de louange et d’action de grâce au Seigneur et à la Très =sainte Mère de Dieu. Nous tous ses enfants spirituel avons hérité de son intense vénération de la Très Sainte Mère de Dieu. Moi-même, je dis souvent à mes soeurs : «Sœurs! Chantons chaque fois que c’est possible une hymne de vénération à la Mère de Dieu, sortons en procession avec les icônes de la Toute Sainte, récitons «Mère de Dieu et Vierge, réjouis-Toi…». Alors la Très Sainte Mère de Dieu Elle-même nous protégera». Une sorte de relation très simple, proche, avec la Mère de Dieu s’est installée en moi. Il m’arrive de m’approcher d’une de Ses icônes et de dire : «Toute Sainte Mère de Dieu, Tu es si belle !… Je T’aime. S’il-Te-plaît, aide-nous!». Ou encore : «Mère de Dieu, je T’aime tant! C’est Toi qui intercède pour nous, notre Avocate! Aide-nous!». Ou je viens tout simplement comme auprès de ma maman et j’explique : il y a ça et ça qui ne marche pas pour moi, que faire ?… «Très Sainte Mère de Dieu, je me suis fâchée sur telle ou telle soeur, comme vais-je m’en sortir maintenant?». Ou alors, je demande conseil : «Toute Sainte Mère de Dieu, je voudrais ceci, ou cela. Je ne sais pas si c’est la volonté de Dieu?» Et rapidement, d’une manière ou d’une autre, je reçois la réponse. C’est quelque chose d’humain, n’est-ce-pas, une relation sans formalisme. Un dialogue ininterrompu. Ainsi, j’ai encore une maman, et je m’adresse au Seigneur et à la Très Sainte Mère de Dieu. Ils sont vraiment ici et maintenant dans notre maison. Parfois, je vais auprès de l’icône du Sauveur et je dis : «Père!Un homme est venu me trouver pour me demander de l’aide.Comment donc puis-je l’aider? Aide-le Toi-même, s’il-Te-plaît!» Voilà un genre de relation très simple, et la Très Sainte Mère de Dieu accorde Son aide. Le Seigneur est proche. Il nous entend.
Notre âme guérit dans la prière
Youri Vladimirovitch Goumenny, Directeur d’une usine de matériel électrique parle du Starets Élie (Nozdrine).
Je me souviens qu’un jour, Boris Kortchevnikov a demandé quelque chose à Batiouchka Élie pour sa fille. On lui avait diagnostiqué un cancer. Elle se faisait soigner en Allemagne. Elle avait été opérée, on avait prélevé des cellules souches et la chimiothérapie avait commencé… Mais on ne constatait pas d’évolution favorable. Les médecins allemands décidèrent d’entreprendre une nouvelle tentative, à l’aide de cellules-souches du père, et ils se concertèrent avec des collègues des États-Unis, qui leur répondirent que cela ne servirait à rien, seul un pourcent des patients survit…». Et voilà que les parents de cette jeune fille téléphonèrent. Rencontrer le Père Élie, c’était leur dernier espoir… Mais à l’époque, Batiouchka voyageait et ce n’était pas facile de le trouver. Toutefois, je sentais que leur prière était tellement instante… «De toutes façons, on prend l’avion et on arrive!». J’étais mis devant le fait accompli. Ils arrivaient d’Allemagne avec leur fille. «Comme le Seigneur voudra». Ce fut tout ce que je pus dire. Mais que dire d’autre? Les voici donc qui arrivent et soudain, Batiouchka débarque de Dieu seul sait où! Je me souviens, nous étions dans une pièce, l’Archimandrite Élie, la maman, la jeune fille et moi. La maman expliqua brièvement la situation à Batiouchka et demanda s’il fallait faire une nouvelle opération. Le Starets était jusque là resté silencieux, la tête inclinée. Visiblement, il priait. Soudain, il dit : «Vous savez quoi ?!! Ne faites rien. Priez la Très Sainte Mère de Dieu. Elle est ici, vraiment tout juste ici!». Et il se tourna comme s’il tournait tout son être vers la Très Sainte Mère de Dieu qui Se trouvait entre la jeune fille et sa maman d’un côté et moi-même de l’autre… En moi, mon âme fut renversée! De façon très claire, je ressentis la présence de la Très sainte Mère de Dieu. Il est impossible d’expliquer le tremblement de crainte et de joie qui saisit l’âme en pareil moment. «Priez-La!», entendis-je répéter Batiouchka…
Ils obéirent au Starets. Une amélioration se produisit. Récemment, j’ai reçu un appel téléphonique. La jeune fille n’est pas guérie complètement, mais c’était un meilleur résultat que celui qu’aurait donné les traitements onéreux. Et l’essentiel, c’est l’expérience de la prière. Batiouchka a développé l’aspiration de leurs coeurs, ce « dernier espoir», le détournant des princes de ce monde et des fils des hommes vers la Souveraine des Cieux et de la terre Elle-même. Et dans cette expérience de la prière, notre âme guérit, c’est essentiel.
Les Servantes de la Reine des Cieux
L’Higoumène Sergia (Konkova), Supérieure du Monastère Saint Seraphim de Diveevo parle de Saint Seraphim de Sarov.
A Diveevo, nous sommes toutes des servantes de la Reine des Cieux. Et notre Abba, ici, c’est Batiouchka Seraphim. Il ne fait rien de sa propre volonté, même pas, selon ses propres paroles, bouger un petit caillou. De la même manière, nous devons vérifier si tout ce que nous entreprenons correspond à la volonté de l’Higoumène d’en-Haut. Rien qu’il soit ne peut être accompli par notre propre volonté dans l’Apanage de la Très Sainte Mère de Dieu. La règle de vie intérieure au monastère exige de chaque membre de la communauté, de la novice à l’higoumène, le respect de ce principe. C’est en cela, jusque dans notre prière, que se reflète avant tout notre amour et notre vénération pour la Toute Sainte.
Depuis 1991, nous avons réintroduit au monastère la procession annuelle sur la Kanavka, en priant la règle de la Très Sainte Mère de Dieu. En 1992, lorsque fut consacrée l’église de la Nativité de la Très sainte Mère de Dieu, on alluma une veilleuse permanente devant l’icône de la Nativité de Marie la Très Sainte Mère de Dieu et c’est là que furent célébrées les premières tonsures monastiques. Tout comme la Mère de Dieu fut consacrée à Dieu dès Sa naissance, dans la tonsure naissent les moniales servantes du Seigneur et de la Toute Sainte. En soi, le christianisme est renoncement à soi-même, et le monachisme d’autant plus. Jusqu’au bout de nos forces, nous respectons la règle et nous prenons ainsi conscience de notre infirmité. Respectant l’oustav du monastère, nous renonçons à notre volonté, et pour cela, le Seigneur donne de la joie et de la force, la Mère de Dieu nous favorise et Batiouchka Seraphim nous aide en toutes choses. (A suivre)
Traduit du russe
Source

Pétouchki, terre promise.

Le texte ci-dessous est la traduction d’un court extrait du premier chapitre du livre «Петушки обетованные», intitulé «Рассказы старой монахини Монахиня Людмила (Золотова)» , titre qu’on peut traduire, approximativement, par Pétouchki, Terre Promise. Récit de la moniale Ludmila (Zolotova). Cette moniale se souvient d’un épisode qu’elle a vécut dans sa jeunesse, sans doute vers le début des années 1960′ du siècle dernier, dans la région de Vladimir. L’auteur du livre, qui a donc recueilli ce récit, est le hiéromoine Seraphim (Katychev). Le livre a été publié en 2018 par les éditions du Monastère Sretenski à Moscou.

La Sainte Souveraine
C’était la guerre. Alors, j’étudiais à l’école technique d’Orekhovo-Zouyevo. Les temps étaient si durs. Difficile d’expliquer tout cela aux générations actuelles. La faim, le froid, les privations de toutes sortes. On aurait dit que la vie elle-même vous obligeait à ne penser qu’au corps mortel. Notre sœur aînée travaillait à l’usine, à Ousad, la plus jeune n’était pas encore en âge d’école, et elle vivait avec maman à Novoselovo. Nous les étudiants, on recevait cinq cent grammes de pain par jour. Même pour une petite jeune fille, ce n’est pas une ration énorme et s’il y a un surplus, il est bien maigre, mais j’en gardais une part pour quand j’allais rendre visite à la maison; je voulais l’offrir à maman et à notre petite sœur. Ce n’était une mince affaire que de rentrer au village. Par Pokrov, cela faisait vingt kilomètre de route forestière, ou, depuis la gare de Sanino, douze. A travers la forêt, là aussi. Le chemin était donc moins long que l’autre, mais en cours de route, sur un kilomètre environ, il fallait traverser des marais sur un ponton à demi pourris. C’était déjà effrayant pendant la journée, mais bien plus encore au crépuscule ou pendant la nuit.
Un jour à la fin de l’automne, nous étions rentrées à trois au village, et chemin faisant, il avait été convenu de repartir tôt le lendemain matin. Notre maison se trouvait au bord du village, et les filles allaient passer me prendre. On ne peut vraiment pas dire qu’à l’époque j’étais croyante. Je me contentais de suivre maman. Je connaissais les prières de base, j’essayais d’observer les commandements, et les circonstances de la vie me forçaient à jeûner. Bien que nous n’allions pas à l’église, elles étaient toutes fermées, grâce à maman, nous sommes restées en Dieu. J’étais sans doute un peu différente de mes sœurs puisqu’on m’appelait «la merveilleuse»1. Et parfois, on se moquait un peu de moi à ce sujet. Et ce jour-la, les filles avaient décidé de plaisanter à mes dépends, de me faire marcher seuls sur ce chemin toute la nuit en tremblant de peur. Maman me poussa pour m’éveiller et me fit lever en disant que Vera et Zoïka étaient déjà partie. En me hâtant, je le rattraperais. Le temps de m’habiller et j’étais sur leurs traces. Maman vit mon état et me dit : «Ne crains rien. Prions et faisons trois grandes métanies à la Très Sainte Mère de Dieu. Après, mets-toi en route et je prierai pour toi».
Je sortis de la maison. Personne en vue. Tant bien que mal je retrouvai la route. Aujourd’hui, c’est la rue Gagarine. Après la mort de Youri Gagarine, ils ont asphalté le chemin à partir de Pokrov, mais au moment de mon histoire, il y avait seulement du remblais. J’avançais lentement, justement vers l’endroit où l’avion tomba. Mon cœur battait la chamade pendant que je pensais «Mais comment vais-je m’en sortir toute seule sur un tel chemin?» Soudain, j’entendis une voix féminine d’une exceptionnelle beauté : «Eh bien, ma petite fille, tu vas vers la gare?». Je n’avais absolument pas peur de cette inconnue. Que du contraire, je ressentais un bonheur rare. «Oui!» «Nous ferons la route ensemble, j’y vais aussi». Dans l’obscurité de la fin de nuit, je ne pouvais distinguer précisément ma compagne de route. Ce que je sais, c’est qu’elle était de haute taille, et habillée de vêtements sombres. Nous ne marchions pas, c’était comme si nous volions ; je me sentais tellement bien. Cette femme me parlait continuellement, avec une grande douceur, m’interrogeant, me réconfortant ; elle débordait littéralement de bonté. Je ne me souviens plus de cette conversation. Il me reste seulement une sensation de joie.

Protection de la Très Sainte Mère de Dieu sur la Russie

Nous avancions à grande allure. Soudain me vint la pensée : «Comment ne pas être en retard pour le train?». Mais exactement à ce moment, la femme me dit : «N’aie pas peur, nous ne serons pas en retard». Et en effet, nous arrivions devant la gare. Si tôt le matin, elle était déserte. Je me mis à la recherche de mes compagnes parties avant moi, mais aucune trace d’elles nulle part. Mais où étaient-elles? Nous ne pouvions les avoir dépassées sans les voir, il n’y avait qu’une seule route. Je me retournai et les aperçus, ces jolis-coeurs, la langue pendante, sortir de la forêt. Je m’avançai vers elles alors qu’elles me regardaient, éberluées : «Mais comment as-tu fait pour te retrouver ici?». Je répondis que j’étais évidemment arrivée par la route, avec une compagne de chemin. Elles ne voulurent pas me croire. Je leur dis qu’elle était là dans la gare. Nous y entrâmes. Personne, il n’y avait personne à l’intérieur, et pas une âme dehors. Qui donc m’avait ainsi accompagnée? Ce ne pouvait être qu’Elle, la Très Sainte Mère de Dieu. Visiblement, elle était ardente, la prière de maman.
Traduit du russe

L’Icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Jérusalem (2/2)

Le texte ci-dessous est la suite de la traduction d’un original russe de Madame Galina Nikolaevna Nikolaev, publié le 25 octobre 2018 sur le site Proza.ru. L’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Jérusalem est fêtée le 12/25 octobre.

L’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Jérusalem à Gethsémani, est placée dans l’église orthodoxe de la Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu de Gethsémani, à Jérusalem. Elle a été peinte relativement récemment (il y a 100-120 ans) par une moniale russe, iconographe de l’un des monastères de Jérusalem. La Toute Sainte Vierge apparut à cette moniale et lui ordonna de peindre son icône. Elle le fit rapidement et la Très Sainte Mère de Dieu y est représentée telle qu’elle est apparue dans la vision. Cette icône se trouve à proximité du Jardin de Gethsémani, dans le tombeau de la Sainte Vierge Mère de Dieu, où son corps pur demeura pendant trois jours. Lire la Suite

L’Icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Jérusalem (1/2)

Le texte ci-dessous est la traduction d’un original russe de Madame Galina Nikolaevna Nikolaev, publié le 25 octobre 2018 sur le site Proza.ru. L’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Jérusalem est fêtée le 12/25 octobre.

Parmi les icônes de la Très Sainte Mère de Dieu, l’icône de Jérusalem est l’une des plus connues et vénérées, devant laquelle des chrétiens du monde entier prient et demandent de l’aide. De nombreux miracles furent accomplis par la grâce que porte cette icône, au cours de toute l’histoire du Christianisme. Elle protégea et préserva des gens, guérit des villes entières, et chassa diverses épidémies.
L’icône de Jérusalem est la première des saintes icônes de la Très Sainte Mère de Dieu, peinte de son vivant par le Saint Apôtre Luc. Cet événement est lieu en Terre Sainte, à Gethsémani, la quinzième année après l’Ascension de notre Sauveur au Ciel (48 après J.C.). L’icône était destinée à la communauté de Jérusalem. Selon certains témoignages, c’est cette image, qui se trouvait autrefois dans l’église de la Résurrection du Christ à Jérusalem, qui est devenue cette icône miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu, à partir de laquelle une voix s’adressa à Sainte Marie d’Égypte, et la détourna du chemin du péché. Lire la Suite

Saint Luc de Crimée. Homélie pour la fête du Pokrov.

«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
1

Homélie prononcée par Saint Luc de Crimée, le jour de la fête du Pokrov en l’année 1958. Le texte original russe est la 22e homélie dans le Tome 2 des Homélies de Saint Luc de Crimée, publiées par l’Éparchie de Simféropol.

La Très Sainte Mère de Dieu est apparue à de nombreuses reprises à des grands saints. D’habitude, en compagnie de l’un ou l’autre Apôtre. Et à Saint Seraphim de Sarov, elle apparut aussi seule. Mais nulle part, à personne, Elle n’apparut dans une gloire telle que la Sienne dans l’église des Blachernes à Constantinople, en cette grande fête de Sa Protection. Dans l’église, il y avait une énorme foule, et dans cette foule se trouvaient André, le Bienheureux Fol-en-Christ, et son disciple Épiphane. C’était pendant les vigiles. Le peuple priait ardemment pour être délivré de l’invasion des barbares qui étaient arrivés devant Constantinople elle-même.
Vers quatre heures du matin, le Bienheureux André vit soudainement sous les voûtes de l’église la Très Sainte Mère de Dieu, debout sur des nuages, entourée d’une foule d’anges, d’apôtres, de prophètes, de saints évêques et de nombreux grands saints. Le Bienheureux André demanda à Épiphane: «Vois-Tu la Souveraine, la Reine du Monde?». «Je la vois, Père spirituel, et je suis terrifié», répondit Épiphane. Sous leurs yeux à tous les deux, la Très Sainte Mère de Dieu descendit, entra dans l’autel et pria longtemps Dieu, à genoux devant le Trône. Puis Elle se leva, avança sur l’ambon, et ôta de Ses épaules Son grand voile resplendissant de lumière céleste et lançant des éclairs, et Elle l’étendit sur tout le peuple qui priait. Alors, la vision miraculeuse d’André et d’Épiphane se termina soudainement.
Dans la matinée, tout le monde apprit qu’à l’aube, les barbares avaient levé le siège de Constantinople et étaient partis.
Je pense que vous comprenez tous à quel point la différence est grande, entre cette manifestation glorieuse et miraculeuse de la Protection de la Très Sainte Mère de Dieu, et Ses nombreuses apparitions à certains grands Saints, en compagnie d’un ou deux apôtres, ou même seule.
Je voudrais attirer votre attention et l’arrêter sur trois caractéristiques très importantes qui distinguent son apparition miraculeuse dans l’église des Blachernes le grand jour de sa Protection.
Bien sûr, la différence est grande entre ce que nous croyons seulement par ouï-dire ou par écrit et ce que les yeux des hommes voient. Certes, dans l’église des Blachernes aussi,la vision merveilleuse du Pokrov de la Très Sainte Mère de Dieu ne fut pas perçue par tous les fidèles, mais seulement par André le fol-en-Christ et par son disciple Épiphane, mais le témoignage du bienheureux fol-en-Christ, qui observait dans une large mesure le premier commandement des béatitudes, sur la pauvreté spirituelle, est tout à fait convaincant pour nous, car un si grand saint, bien sûr, ne pouvait pas mentir ou inventer une fiction, et à sa vision, nous pouvons y croire, comme si elle avait été la nôtre.
Que personne ne doute de ce que virent les yeux humains du Bienheureux André et de son disciple Épiphane. La Très Sainte Mère de Dieu n’est plus jamais apparue dans une si grande gloire, avec tant d’anges, d’apôtres, de prophètes et de saints. Cette suite si grande et glorieuse que virent André et Épiphane ne pouvait accompagner que Celle qui est plus sainte que tous les saints, et la signification de ce témoignage de Dieu à propos d’Elle est énorme pour nous.
Dans nos cœurs, nous croyons que la Très Sainte Mère de Dieu prie toujours pour les Chrétiens et intercède pour eux devant Son Fils Divin, et de leurs yeux humains, le Bienheureux André et Épiphane purent s’en convaincre, quand Elle descendit de sous les voûtes de l’église à l’autel et y pria longtemps, à genoux. Rappelez-vous que l’Apôtre Paul appelle le diable le prince régnant dans les airs, et alors, avec une grande gratitude pour Elle et pour Son Divin Fils, nous comprendrons l’importance de la divine lumière étincelante du voile de sa Protection, étalé au-dessus de la tête de tous ceux qui priaient, et qu’Elle protégeait ainsi du prince des ténèbres, qui rôdait bas dans les airs, avec ses anges ténébreux qu’elle frappait par les éclairs de Ses prières sortant de Son voile.
Voyez-vous, gens de Dieu, combien la signification de la fête du Pokrov de la Très Sainte Vierge et Mère de Dieu est grande et sainte pour nous, comment la vision du Bienheureux André et d’Épiphanie affermit notre foi en Elle, en Sa qualité d’Intercesseur diligent en faveur de notre monde. Nous L’aimerons de tout notre cœur, comme les petits enfants aiment leur mère, et nous rendrons une grande gloire et un grand honneur à Son fils divin selon la chair humaine, le Seigneur et notre Dieu Jésus-Christ, avec son père Éternel et sans commencement et son Saint-Esprit. Amen
Traduit du russe.