Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.
Dimanche 3 octobre
Hier, le Père Nikita est arrivé, c’est pourquoi, j’ai logé dans ma cellule. Je suis arrivés aux vigiles d’hier au moment de la litie ; j’avais été retenu par Batiouchka. Quand je suis sorti des vigiles, c’était une nuit merveilleuse illuminée par la lune, mais j’ai accordé peu d’attention à sa beauté. Mes jambes étaient fatiguées et il gelait. Je ne pensais qu’à rentrer le plus rapidement possible dans ma cellule. C’est mon voisin Grégoire qui m’a réveillé pour la liturgie, que le Seigneur le sauve, sans cela, j’aurais continué à dormir. Je suis entré dans l’église cinq minute avant qu’on ne fasse sonner les cloches. J’aime arriver dans l’église quinze ou vingt minutes avant la sonnerie des cloches, et m’asseoir pour dire la Prière de Jésus. J’ai remarqué qu’après cela, il est plus facile de dire la Prière de Jésus pendant l’office. Mais si je n’arrive pas suffisamment tôt, il est parfois très difficile, et pendant longtemps, de dire la Prière de Jésus. Quand je suis rentré de la liturgie, j’ai pris le thé et puis je me suis assis pour lire «Le Chemin vers le Salut». La lutte contre les passions est décrite par de si belles paroles. Pendant que je lisais, j’essayais d’appliquer cela à moi-même : comment agissent les passions en moi, comment lutter contre elles. Il y a beaucoup d’orgueil et de vanité en moi. Seigneur, aide-moi ! En soirée, je me suis promené un peu dans la Skite avec Batiouchka et tout en marchant, j’ai révélé mes pensées.
Lundi 4 octobre
J’ai dormi trop tard pour les matines. A six heures trente, le Frère Grégoire a frappé à ma porte. J’ai demandé :
– Qu’y a-t-il ?
– On dit que Batiouchka appelle pour un moleben.
Je me levai et me mis en chemin. Aucun des frères n’était là pour le moleben. Le Frère Grégoire me dit que Batiouchka n’avait pas donné l’instruction d’appeler tout le monde, c’était seulement une rumeur. Je fis le sacristain. Arriva alors le Père Serge Mozel. C’était un moleben à l’occasion de la fête des Saints Gouri et Barsanuphe, les thaumaturges de Kazan, mais ce n’était pas le jour de la fête onomastique de Batiouchka.
Mardi 5 octobre
Nous avons dit les vigiles chez Batiouchka, et lui célébrait au monastère. Je ne suis pas allé à la liturgie mais à six heures, je suis allé à la datcha de la Skite accomplir une mission pour Batiouchka. Tous ceux qui aiment vraiment notre saint monastère sont tristes… Pour l’instant, la Skite est encore tenue à l’écart. Mais en cette minute… une commission vient inspecter notre nouvelle église. Je ne sais le comment ni le pourquoi.
J’ai donné mon réveil à réparer au Père Nikita. Hier, j’ai reçu une lettre d’Ivanouchka. Un jour, Batiouchka m’a raconté que le Père Macaire, notre grand Starets a lu et relu tous les trois ans les œuvres de Abba Dorothée et Saint Jean Climaque, y trouvant sans cesse des choses nouvelles, car lui-même croissait spirituellement. Batiouchka m’a dit que je devais moi aussi les lire et relire tous les trois ans.
Dimanche 10 octobre
Ces jours-ci, le Père Archimandrite est rentré de Moscou. L’opération a été un succès.
Hier aux vigiles, j’ai commencé comme lecteur pour vingt-quatre heures. Je n’ai rien remarqué de particulier. Aujourd’hui, j’ai terminé de lire «Le Chemin vers le Salut» de l’Évêque Théophane. Certains passages de ce livre sont d’une profondeur incompréhensible pour moi.
Le cinq octobre, Batiouchka m’a béni pour que je lise la vie de Saint Nicodème du Lac de Kojé (3 juillet), et le 6 octobre, il m’a béni pour que je commence à étudier le typikon des offices. Ensuite, Batiouchka a ajouté que c’est nécessaire, même pour tous les novices. Pour éclaircir les poins que je ne comprendrais pas, il m’a béni pour m’adresser au Père Koukcha. Comme manuel, je dois prendre celui de Boulgakov qui se trouve à la bibliothèque, en omettant les passages concernant le prêtre. Batiouchka m’a béni pour que je lise lors des jours de fête, puisque c’est mon seul temps libre, mais il m’a aussi béni pour faire des promenades dans la Skite ou derrière la Skite, disant que cela m’aiderait. C’est ce que j’ai fait aujourd’hui, j’ai marché une demi-heure derrière la pépinière.
Dimanche 17 octobre
Le quinze, je suis allé à l’économat et j’ai acheté de l’huile d’olive. Aujourd’hui, à la liturgie, j’ai lu l’Apôtre. Ces journées se sont déroulées sans événements particuliers. Du moins, je ne me souviens de rien aujourd’hui. Je lis les lettres du Starets Macaire. Batiouchka m’a dit de ne pas lire des livres différents sur une même journée, mais de n’en prendre qu’un seul.
Mardi 19 octobre
Hier, Ivanouchka est arrivé à Optina pendant la journée. Il a logé chez Batiouchka. Aujourd’hui, je suis allé à l’office de la sanctification de l’eau dans la nouvelle église. Ivanouchka a passé quasi toute la journée chez moi. Nous somme allés ensemble jusqu’à la rivière Jelezenka. Et il a dormi à nouveau chez Batiouchka. Je ne sais que dire à son sujet. Sauve-le, Seigneur, par les jugements que Tu sais.
Vendredi 22 octobre
J’ai vécu les derniers jours tantôt avec Ivanouchka, tantôt avec Batiouchka, sans rien de particulier, me semble-t-il. J’étais aux vigiles du monastère. Batiouchka aussi. C’était dur de rester debout. Je me suis assis à certains moments quand il aurait fallu rester debout. Je suis allé à la première liturgie. Le temps est brumeux. Hier, il a plu et gelé au sol. Du verglas s’est formé. Batiouchka m’a donné la brochure «Avertissement à ceux qui lisent des livres spirituels et souhaitent passer à la prière de Jésus» et concernant l’humilité, du Starets Macaire. Batiouchka m’avait béni pour la lire le dix-neuf octobre, mais l’arrivée d’Ivanouchka m’a gêné, toutefois, j’ai commencé à la lire avec lui. Il m’a raconté, entre autres, certaines choses déplaisantes. Je rends grâces à Dieu d’avoir quitté le monde. Bien sûr, ce n’était pas par ma volonté, mais par la grâce de Dieu.
Lundi 25 octobre
Le vingt-trois, samedi, un certain E.N. Pogojev est venu chez Batiouchka. Batiouchka m’avait parlé de lui plus d’une fois. Et il lui a parlé de moi comme quelqu’un qui avait auparavant appartenu à l’intelligentsia, qui avait abandonné tout cela pour venir à la Skite.
Il a dès lors demandé à Batiouchka de me le présenter et de nous laisser discuter, ce que Batiouchka a fait, m’envoyant dans sa salle de réception (Batouchkine). C’était juste avant le repas, et nous n’avons pas pu parler. Puis il demanda à Batiouchka la permission de venir avant les vigiles. Batiouchka le permit. Au début de la sixième heure, je suis revenu, et nous avons parlé jusqu’à la sonnerie même des vigiles. Il m’a beaucoup interrogé quant aux raisons et circonstances de mon admission à la Skite. Nous avons abordé le monachisme, les écrits des Saints Pères et la vie spirituelle en général. Je n’ai pas retenu d’impression particulière de la conversation, mais elle ne m’a pas lassé non plus. E. N. a promis de m’envoyer son livre «Ascètes contemporains». Sauve-le, Seigneur ! (A suivre)
Source : 
Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.