Journal du novice Nicolas (Saint Nikon) d’Optina (95)

Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.

(…) Pour autant que je me souvienne, le dix-neuf, j’ai vu, assis dans ma cellule, qu’un arbre tombait. J’ai commencé à regarder attentivement et j’ai constaté que cet arbre était attaché à une corde tirée par l’auxiliaire du père économe et des ouvriers. C’est comme si la fièvre montait en moi; je venais d’entendre le matin Batiouchka affirmer : «Pendant que je suis à la Skite, je ne permettrai pas que l’on coupe fût-ce une seule branche».
J’ai donc pensé que cela se faisait à l’insu de Batiouchka. Et ce, d’autant plus que Batiouchka m’avait parlé de ces arbres, en été lors d’une promenade en soirée. «Ici, il y a deux ou trois arbres (des tilleuls). Peu de temps avant mon arrivée, Batiouchka Ambroise, pointant vers ces arbres (alors il y en avait beaucoup ici, tout un bosquet), ordonna de les préserver, disant: «Le maître viendra et vivra ici, et dans ce bosquet il boira le thé…» Peu de temps plus tard, je suis arrivé, et j’ai été placé justement dans ce bâtiment, et j’aurais probablement pris le thé dans le bosquet, mais ils avaient presque tout coupé; il restait ces deux ou trois arbres… (C’est derrière le côté Sud de la nouvelle église entre les deux bâtiments)». Et voilà que je voyais qu’on abattait ces arbres; maintenant, il n’en restait plus un seul là-bas. Je suis allé le dire à Batiouchka. L’ayant appris, Batiouchka appela l’auxiliaire du père économe et le réprimanda, il lui ôta son rason et lui ordonna de faire des grandes métanies dans le réfectoire. Batiouchka m’a couvert, mais ils devineront toujours que c’est moi qui l’ai dit. Peut-être que je devrais endurer des afflictions à cause de cela, mais je ne pouvais pas me taire. Que la volonté de Dieu soit faite en toutes choses!..
Quand j’étais dans le magasin, pour y acheter de l’huile, il y avait là Dariouchka, qui avait été tonsurée par le Père Ambroise, une moniale en secret dans le monde. Ce qu’elle a dit, je ne le transmettrai pas, seulement elle m’a demandé de prier, elle a dit qu’elle allait à Moscou pour auprès de la Sainte Icône de la Très Sainte Mère de Dieu des Ibères, car elle allait mourir bientôt.
Mardi 24 novembre
Aujourd’hui, pour la deuxième fois, l’auxiliaire de cellule du Père Hilarion, l’auteur du livre «Sur les Monts du Caucase», est venu voir Batiouchka. Il a amené un garçon de 18 ans avec lui et a demandé qu’il soit accueilli dans notre monastère.
Aujourd’hui, pendant la bénédiction, j’ai dit à Batiouchka que des pensées m’ont attaqué, surtout pendant la prière, diverses pensées, en particulier de vanité, de jugement et d’autres.

Saint Nikon (Fragment de la Synaxe des Saints Startsy d’Optina. T.A. Mouchketov)

– Oui, bien sûr, elles attaquent, dit Batiouchka, toute la vie d’un moine est une lutte contre les pensées, c’est pour cela que la prière de Jésus est nécessaire…
Au fait, je vais écrire les paroles de Saint Siméon Le Nouveau Théologien à propos de la prière de Jésus: «Si quelqu’un ne s’unit pas au Seigneur Jésus ici sur terre, il ne s’unira jamais à Lui.» Cela, Batiouchka et moi l’avons lu dans le livre «Sur les Monts du Caucase» le 15 novembre à l’endroit où est expliquée la nécessité de la prière de Jésus.
– Ce sont des paroles terribles, dit Batiouchka. Quand j’ai lu cela, j’étais encore novice et j’ai commencé à en chercher la confirmation, car un seul saint, Saint Siméon, l’affirme. Je me suis alors souvenu du texte de l’Évangile, dans les Béatitudes : bienheureux les cœurs purs, car ils verront Dieu. Si vous réorganisez les mots, il s’avère que «seuls les cœurs purs verront Dieu». Et la prière intérieure de Jésus est l’union de l’esprit et du cœur dans leurs aspirations à Dieu…
Je ne me souviens plus exactement des mots de Batiouchka, et j’ai donc peur d’écrire trop hardiment, car je pourrais écrire quelque chose d’incorrect.
Jeudi 26 novembre
Hier soir, nous sommes restés longtemps assis à converser, Batiouchka et moi, jusqu’à minuit. Et nous avons travaillé. Ce n’est qu’à la fin que Batiouchka m’a raconté comment le Seigneur l’avait protégé de la gent féminine dans le monde, comment Il ne l’avait pas laissé se marier, bien qu’il y ait eu beaucoup de prétendantes.
«Comme des mouches sur le miel, elles avançaient vers moi. Je n’ai jamais été beau, vraiment, mais je n’ai pas été monstrueux non plus. C’est pourquoi j’attribue donc cela au fait que le malin les a lancées sur moi. Il a un bon flair, et il a senti qu’il y avait quelque chose en moi, c’est-à-dire une propension au monachisme, et il voulait l’éliminer, mais le Seigneur m’a sauvé…»
Vendredi 27 novembre
Je suis allé à la Liturgie; je me suis levé pour y aller dès qu’on a sonné. De façon générale, ces derniers temps, j’ai tendance à être vaincu par le sommeil. J’ai bu le thé avec Ivanouchka, puis suis allé chez Batiouchka, mais je ne l’a pas trouvé chez lui: Batiouchka était allé chez le Supérieur pour affaires. Hier, pendant les vigiles, Batiouchka nous a lu le « Paterikon » de l’Évêque Ignace. Hier après les vigiles, j’ai écrit une lettre à la maison.
Le 25 novembre, Batiouchka et le Père Nikita ont mangé ensemble, après la bénédiction, je me suis joint à eux, et nous avons parlé. Je pensais que si les esprits malins peuvent nous inspirer des pensées et si l’âme peut entendre les paroles des esprits mauvais, alors ceux-ci voient et entendent nos pensées.
Batiouchka a dit que ce n’était pas le cas:
– Les esprits mauvais peuvent nous inspirer des pensées, mais ils ne peuvent pas savoir si nous les avons acceptées ou non. C’est pourquoi ils font ceci: ils nous inspirent la pensée et nous regardent en face, voulant par l’expression de notre visage savoir comment nous avons réagi à ces pensées.
Cela m’a ouvert et éclairci beaucoup de choses. (A suivre)

Traduit du russe
Source :

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.

Journal du novice Nicolas (Saint Nikon) d’Optina (94)

Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.

(…) (…) Avant-hier, c’est-à-dire le 17 novembre, Batiouchka nous a dit au Père Nikita et moi, qu’il y a exactement 20 ans, le 17 novembre 1889, il était presque mort. En août 1889, le vingt-six ou le vingt-sept, Batiouchka était pour la première fois chez le Père Ambroise. Suite au désir de Batiouchka d’entrer dans un monastère, le Père Ambroise lui conseilla de servir à l’armée jusqu’à sa retraite, c’est-à-dire servir encore deux ans et ensuite entrer au monastère, et pour l’heure, vivre dans le monde d’une manière qui plaisait à Dieu et jusqu’au Carême de Noël, c’est-à-dire d’août au quinze novembre, jeûner quatre fois. Cela sembla étrange et incompréhensible à Batiouchka : pourquoi donc? Mais tout se déroula, ainsi. En effet, le dix-sept novembre, Batiouchka s’est soudainement senti mal le soir, et on fit venir le médecin et le prêtre. «Et mes pensées me disaient: tu vas mourir maintenant», ajouta Batiouchka. «Je priai Dieu pour une seule chose : pouvoir communier aux Saints Mystères. L’horreur de la mort me saisit. Finalement, un prêtre arriva. Il commença à me confesser, je ne pouvais rien dire, seulement: «Pécheur, pécheur». Le prêtre me posa quelques questions, me donna l’absolution et me fit communier aux Saints Mystères. Je me suis calmé, même si le médecin avait dit que je ne vivrais pas jusqu’au matin. J’étais couché sur le lit, recouvert d’une couverture et je suis resté seul. Soudain, j’entendis comme une voix venant du ciel: «D-don’». C’était la cloche qui sonnait pour les matines dans le monastère des femmes, et dans mon âme, quelqu’un a dit: «Tu vivras…» Je me suis senti heureux et je me suis endormi. Le lendemain matin, mon ordonnance arriva et souleva doucement la couverture de ma tête, pensant me voir déjà mort, et je lui dis: «Qu’est-ce que tu fais, Alexandre?» L’ordonnance se réjouit et dit: «Mais Vous êtes vivant, Votre Noblesse?!» «Oui, je suis vivant». Bien que je sois ensuite demeuré alité pendant deux mois, luttant contre la mort. Je commandai d’ouvrir l’Évangile du jour et de le lire. Alexandre prit l’évangéliaire et commença à lire la parabole du figuier stérile: l’été prochain, coupe-le, s’il ne donne pas de fruit. Je pensais que, en effet, j’étais un figuier stérile, même si auparavant je pensais que j’avais diverses vertus, car j’étais sain en apparence, et j’ai alors décidé de changer ma vie. J’ai attendu la mort l’année suivante, le même jour, mais je suis resté en vie; et maintenant vingt ans se sont écoulés depuis ce temps-là…»
Vendredi 20 novembre
Il est 11 heures. Je viens de revenir de chez Batiouchka: on a célébré les vigiles. Nous étions quatre: Batiouchka, le Père Koukcha, Frère Nikita et moi.
J’ai reçu une lettre de Moscou, demandant de prier pour une connaissance qui est dans une situation matérielle très critique. Gloire à Dieu, je ne suis pas dans le monde.
Aujourd’hui, c’est le jour anniversaire de la naissance du Père Macaire, le starets. Auparavant, il y avait un office religieux, puis en quelque sorte on l’oublia. Maintenant, il y a eu une discussion à ce sujet; Batiouchka dit qu’il est nécessaire de le restaurer.
«Nous ne pouvons rien diminuer, ni enlever dans ce que nos grands startsy ont établi…»
Samedi 21 novembre
Je suis allé au monastère pour la Liturgie tardive et le repas, et ensuite, sur les tombes des Startsy, comme toujours. À mon retour du monastère, je suis allé saluer Batiouchka et après, j’ai rejoint la petite salle où la communauté prend le thé, pour y aider Frère Nikita. Je ne suis quasi pas resté dans ma cellule. Maintenant, je reviens des vigiles. Je sens que ma santé est devenue plus faible. Le problème à ma gorge ne passe pas du tout, et ma jambe gauche aux veines enflées se fait un peu sentir, surtout après les vigiles et même dans la position debout en général. Mais cela ne me dérange pas beaucoup.
Dimanche 22 novembre
Je suis resté chez Batiouchka toute la matinée jusqu’au repas. Pour une raison ou une autre, Batiouchka est allé au monastère, chez le Père Archimandrite, il me semble. À son retour du monastère, Batiouchka m’a dit qu’il avait reçu une lettre d’une de ses plus anciennes filles spirituelles, Mme Samarina, de Moscou. Elle appartient à la haute aristocratie. Quand elle était chez Batiouchka, elle a dit qu’elle avait aux jambes une maladie incurable, que tous les médecins de la ville de Moscou avaient refusé de la soigner. Cela a duré, semble-t-il, huit ans. Batiouchka lui a conseillé d’aller vénérer Saint Tikhon. Elle y était allée et envoyait une lettre disant qu’elle avait été guérie en deux jours.
Lundi 23 novembre
Aujourd’hui, j’étais lecteur pour la journée. Batiouchka a célébré avec le Père Nectaire. Après la pannychide, Batiouchka a dit un mot pour nous rappeler l’élévation de notre rang monastique, en particulier en ce qui concerne le respect des commandements d’amour, d’obéissance, de pauvreté. En tant que grand exemple de l’acquisition de ces vertus, Batiouchka nous a rappelé nos grands Startsy, les Père Macaire et Ambroise, dont nous honorons aujourd’hui la mémoire (jour de l’ange de leur baptême), et une fois encore Batiouchka a béni de lire leur vie.
Je suis allé au monastère pour en ramener de l’huile pour les lampades de ma cellule. Alors que je passais devant les tombes des Startsy, je me suis souvenu qu’aujourd’hui, c’était la mémoire de Batiouchka Macaire et Batiouchka Ambroise, et je les ai vénérés, j’ai demandé leurs saintes prières et leurs bénédictions, et j’ai prié pour le repos de leurs âmes.
(A suivre)

Traduit du russe
Source :

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.

Journal du novice Nicolas (Saint Nikon) d’Optina (93)

Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.

(…) «Il y a deux monachismes: l’extérieur et l’intérieur», me dit un jour Batiouchka. «Le monachisme extérieur, comme on dit le «monachisme au klobouk», est facile à acquérir. Comme l’écrit Saint Jean Climaque, il est facile de se faire moine extérieurement, mais il est difficile de devenir moine intérieurement. Ce monachisme intérieur on peut le trouver même dans le monde, bien que ce soit seulement «une possibilité». Et du monachisme intérieur, on en parle maintenant si rarement, on ne le comprend quasi plus…»
J’aimerais consigner une des conversations avec Batiouchka au sujet de la prière de Jésus, qui a eu lieu le 26 octobre après le thé à 14 heures, l’après-midi.
Je me souviens quand je suis venu au près de Batiouchka sous l’impression de lire du livre «Sur les Monts du Caucase». <…>
Batiouchka dit aussi:
«Pendant longtemps, je ne pouvais comprendre ce que signifiait unir l’esprit avec le cœur. En substance, cela signifie que toutes les forces de l’âme sont réunies pour produire ensemble leur aspiration à Dieu, ce qui n’est pas possible si elles sont séparées. J’observe cette loi de l’union non seulement dans le cas de la prière de Jésus, mais partout. Par exemple, lorsque nous n’avons pas de cohésion des forces dans une guerre contre l’ennemi, alors l’ennemi, attaquant un détachement, puis l’autre, vaincra bientôt toute l’armée, détruisant un détachement après l’autre.
De même, le soleil, qui éclaire la terre, ne la brûle pas, car ses rayons se dispersent sur la surface de celle-ci et, en particulier sur une partie. Mais si nous prenons du verre (une loupe) et que ce verre concentre tous les rayons en un point donné, le bois, le papier ou quoi que ce soit d’autre placé là, va s’enflammer. La même chose peut être dite à propos de la musique. Quelle est la beauté des notes ou des sons pris isolément ou en désordre? On peut dire qu’il n’y en a aucune. Mais ces mêmes sons harmonisés dans les œuvres d’artistes-poètes géniaux revêtent une grande force et une grande beauté. Et je ne mentionne même pas la peinture et d’autres arts… Dans ces conversations avec vous, je ne me limiterai pas à cela, j’irai plus loin. C’est un nœud tel que peu importe combien vous le dénouez, il restera toujours un nœud.
La prière de Jésus n’a pas de limites… L’esprit, lorsqu’il s’exerce à lire les Saintes Écritures et à prier, etc., est purifié des passions et éclairé; lorsqu’il n’est immergé que dans les choses terrestres, il devient gris, et en quelque sorte incapable de capter et comprendre ce qui est spirituel.

Saint Barsanuphe d’Optina

J’ai connu deux frères; l’un était alors médecin et l’autre professeur à l’Académie de Théologie (Aujourd’hui Métropolite Antoine de Saint-Pétersbourg). Ces deux frères choisirent des chemins différents et, après des années de séparation, ils se sont réunis et ont entamé une conversation. Bien sûr, la conversation a également touché le domaine spirituel. Tout ce que le médecin disait était clair pour le professeur de l’Académie, mais ce que le professeur disait ne pouvait être compris par le médecin; non pas qu’il ne voulait pas, non, il ne le pouvait pas, peu importe comment il essayait, et il finit par demander à son frère d’orienter leur conversation sur un autre sujet.
Par conséquent, il est nécessaire de s’exercer dans le domaine spirituel et de vaincre toutes les passions alors qu’elles sont encore peu profondes en nous. Les passions sont faciles à vaincre dans les pensées, mais quand elles se transforment en mots et en actes et prennent racine, cela devient très difficile, presque impossible…»
Et le Père a beaucoup parlé, mais comment me souvenir de tout, ou plutôt, comment tout transcrire?
Dimanche 15 novembre
Hier, j’ai essayé de chanter dans le chœur, mais je sens que ma gorge n’est toujours pas rétablie. Cela devient très long, car j’ai attrapé un rhume à Moscou, et nous sommes revenus de Moscou, il y aura un mois le dix-sept. Aujourd’hui, je n’ai donc à nouveau pas chanté à la Liturgie. Ivanouchka a également attrapé quelque chose: il n’est allé ni aux vigiles, ni à la Liturgie. Et on entend beaucoup dire que nous sommes nombreux à la Skite a avoir attrapé quelque chose.
Lundi 16 novembre
Hier soir, après la bénédiction, après avoir travaillé sur des choses très importantes, Batiouchka et moi avons repris la lecture. J’ai lu le petit périodique «Comportement et foi», composée par M. A. Novoselov, mais ni moi ni Batiouchka n’avons aimé ces feuillets, à cause de leur sécheresse et leur abstraction. Je n’ai ressenti aucune inspiration quand j’ai lu. Ensuite, nous avons sorti le livre «Sur les Monts du Caucase» et avons regardé les endroits que Batiouchka avait souligné. Après cela, nous avons parlé pendant un certain temps.
Batiouchka m’a raconté un rêve qu’il a fait, la vision d’un péage. Mais je ne peux pas tout transcrire.
Je me suis dit que j’allais tout de même noter l’une ou l’autre chose, mais je n’y suis pas parvenu. Ivanouchka est arrivé et m’a pris plus d’une heure de mon temps. Maintenant, je ne le comprends plus, d’autant plus qu’il ne dit pas ce qu’il ressent et pourquoi il pleure. Je suis le seul à avoir de l’importance pour lui. Il m’a dit que rien d’autre dans la Skite ne lui tenait à cœur, et que même quand il avait revêtu en même temps que moi le rason, il hésitait à le revêtir ou à quitter la Skite. Sauve-le, Seigneur, et aie pitié de lui.
Jeudi 19 novembre
Aujourd’hui, il y a eu une Liturgie, on commémorait quelqu’un, on a mentionné le repos de l’âme de la servante de Dieu Sofia. Chez Batiouchka, j’ai oublié de demander qui c’était. Après la Liturgie, je suis allé dans ma cellule, puis chez Batiouchka. Frère Kyrill est arrivé (hier). Il est affecté à l’état-major général et se rend là-bas, et sur la route, il fait une halte à Optina. Aujourd’hui, jusqu’au repas, je suis resté avec Batiouchka, mais il y avait beaucoup de monde, et tout ce temps j’ai lu les trois enseignements de Mgr Ignace «Sur la fin du monde». Ces enseignements sont bons, comme en général tous les écrits de ce Saint Évêque du Christ.
Hier soir, Batiouchka était tourmenté par diverses circonstances. Je suis allé faire les cinq cents dans l’oratoire, et le Frère Nikita a lu les prières du soir avec Batiouchka. Après les prières, nous avons travaillé un peu, puis nous avons discuté pendant environ une demi-heure, et je suis rentré dans ma cellule. (A suivre)

Traduit du russe
Source :

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.

Journal du novice Nicolas (Saint Nikon) d’Optina (92)

Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.

Mardi 10 novembre
Ce soir, Ivanouchka est venu me voir dans ma cellule, pour une raison ou une autre il ne se sentait pas bien. Il ne m’a pas révélé cette raison, mais il a dit que Batiouchka savait tout. Et nous sommes restés assis comme ça pendant plus d’une heure. Peut-être a-t-il ressenti un certain soulagement. Je compatis avec lui, mais je ne peux pas le comprendre, car moi de tels états, même si je dois en avoir, je n’en ai pas encore eu. Aujourd’hui, quand je suis allé révéler mes pensées, Batiouchka m’a dit, entre autres choses, que la révélation des pensées a une grande force et une grande importance. Read more

Journal du novice Nicolas (Saint Nikon) d’Optina (91)

Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.

(…) Batiouchka a rencontré des moniales quand nous sommes revenus à la Skite. Dès lors, je suis rentré seul dans la maison de Batiouchka. J’ai bu une tasse de thé et je suis revenu à ma cellule. J’ai fait une grande métanie devant l’ancienne église, ainsi qu’à l’entrée de ma cellule. Bientôt, on a sonné pour le repas, je suis allé au réfectoire. Read more

Journal du novice Nicolas (Saint Nikon) d’Optina (90)

Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.

27 octobre [ou 28 octobre]
Hier encore, Batiouchka et moi avons lu sur la prière de Jésus, nous sommes restés jusqu’à minuit.
À la fin de la conversation, Batiouchka m’a commandé de faire la prière de Jésus oralement, même pendant le service militaire, mais de garder cela secret, sans le révéler à personne, sans l’enseigner à personne, bien que, peut-être, rencontrerai-je de bonnes personnes: «Soyez le seul à le savoir».
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