Le site internet du Saint Monastère d’Optina propose une bibliothèque en ligne fournie. On y trouve de nombreux ouvrages des startsy d’Optina et des recueils de leurs lettres et homélies. Parmi ces ouvrages on compte le recueil des lettres écrites par le Saint Starets et Confesseur de la foi Nikon d’Optina, dont le journal fait l’objet d’une traduction depuis des mois sur le présent blogue. Nous proposons ici la traduction du recueil de ces lettres de Saint Nikon. Il ne s’agit plus du Novice Nicolas, auteur du journal précité, mais déjà du Hiéromoine Nikon, qui a intégré et mis en pratique dans son podvig les enseignements de son starets Saint Barsanuphe d’Optina, héritier de la tradition du Désert d’Optina.

(…) Le repentir, selon les enseignements des Saints Pères, ouvre les yeux, il ouvre la vue sur les péchés. Se repentant de certains de ceux-ci, le pécheur commence à en voir d’autres, etc., et il commence à considérer comme péché des choses qu’il ne considérait pas comme telles auparavant ; il se souvient de péchés dont il ne s’est pas repenti, commis depuis longtemps, oubliés depuis longtemps. C’est pourquoi je ne m’étonne pas que tu te souviennes d’eux de plus en plus. Je te conseille de te souvenir au mieux de tout et de ne pas hésiter à aller avec repentir à la confession. Tu écris entre autre, que ta conscience est torturée par tes actes lors du décès de ta petite maman, tu te sens coupable vis-à-vis d’elle. Tu devras prier pour ta petite maman pendant toute ta vie. Pour apaiser ta conscience, il est nécessaire de répéter tout cela lors d’une confession. Et si ta conscience ne se calme pas, il serait bon de recevoir l’une ou l’autre épitimie de la part du confesseur. Le repentir a une grande puissance !
Je reviens maintenant à ta première lettre. Dieu te pardonne, mon enfant, de ce que tu m’as causé de l’inquiétude par ton attitude lors du départ. Je ne suis pas irrité et je ne dirais rien de tout cela dans ma présente lettre, mais je veux t’expliquer que cela s’est produit suite à un manque d’humilité. Il faudrait immédiatement que tu rejettes l’idée orgueilleuse d’«imposer par la force» et de la «peur d’être un fardeau pour les gens» et que tu expliques tout, vraiment tout, humblement. Mais, gloire à Dieu pour tout. Je suis heureux que tout ait été clarifié.
Au sujet de la première lettre reçue de ta part, je n’écrirai pas grand-chose : ce n’est pas nécessaire, car j’ai déjà expliqué tout ce qu’il convient d’expliquer, mais je vais ajouter un élément. Sans aucun jugement (Dieu m’en garde!) je dois te dire que déformer le sens des Saintes Écritures, par exemple, sur les propriétés de l’amour, est un blasphème. Mais ne sois pas troublée par ces mots. Observe ta conscience, ta bonne conscience, pas la mauvaise. Observer notre bonne conscience est chose fort importante, et réfuter notre bonne conscience peut causer jusqu’à la perte de la foi, comme en témoigne le Saint Apôtre Paul dans son Épître à Timothée, chapitre 1, 5-6, et 19-20. Cette bonne conscience, c’est-à-dire illuminée par la lumière de l’enseignement de l’Évangile, aies-la toujours en toi lorsque tu discutes ou résous toutes les questions. Si, avec une telle conscience, tu m’as raconté dans une lettre l’histoire d’un homme «prêt à divorcer de sa femme et à abandonner son fils», tu n’es coupable de rien. Ici, tu ne dois garder qu’une seule chose à l’esprit : ne pas l’induire en erreur avec quoi que ce soit, même si c’est involontairement, par exemple, par le simple prolongement involontaire d’une rencontre ou d’une conversation ; en un mot, tu dois l’éviter et lui montrer que tu ne veux rien avoir à faire avec lui. Plus encore. Si quelqu’un t’a écrit, à toi et a écrit à d’autres, t’a fait des reproches, et porte contre toi des accusations et des calomnies, ne t’inquiète pas. A cause de tes péchés, tu dois patiemment endurer tout cela avec humilité. J’ai lu un jour, mais je n’ai pas retrouvé ce passage par la suite, que rien ne peut apporter à l’âme autant de bénéfice que l’humble patience face aux calomnies. Dieu te justifierait ! (Mais Il justifie à condition qu’on se repente.) Et ce que les gens disent, qu’est-ce que cela peut faire! Autre est le jugement de Dieu, autre le jugement des hommes. Pour ce qui concerne le petit groupe, je ne sais que répondre. Je ne peux donner ma bénédiction, patiente, comme l’a dit Batiouchka Nectaire, jusqu’à ce que tu te corriges de tes faiblesses. Il est possible que ces choses continuent sans aucun travail concret.. Mais pour le cas où un travail serait clairement contraire à ta conscience et à la foi, alors, bien sûr, tu dois partir. Que le Seigneur t’aide. Si c’est possible, détourne-toi des visites incessantes. Que le Seigneur t’enseigne l’humilité. «Soyez sage comme le serpent et simple comme la colombe» (Mat. 10,16). Ton âme vaut plus cher que le monde entier (Mat.16,26), et en tant que père spirituel, je dois me préoccuper de son salut, mais je sais comme il est difficile de vivre dans le besoin, dès lors évite de te mettre dans une situation difficile en te privant d’un lieu de résidence ; je donne une réponse conditionnelle. Je compatis de tout cœur avec tes tribulations et je prie pour toi à la mesure de mes forces. Je vous bénis, toutes les trois moniales de la Très Sainte Mère de Dieu, et en même temps, je vous place sous la protection de la Reine des Cieux. Qu’Elle soit ton Aide, ta Protectrice contre toutes les ruses du malin. Qu’Elle soit ton Intercesseur pour le Royaume des Cieux. Tu écris qu’après une conversation avec moi, le Starets Batiouchka Barsanuphe t’est devenu cher et proche. Oui, c’était un vrai moine, un moine priant. Il savait allumer un feu dans le cœur de l’homme, il savait relever l’esprit de l’homme qui était tombé, et relever l’esprit qui est tombé, cela signifie l’élever là où il n’était jamais allé. Ainsi s’exprima un jour mon défunt petit papa, dans une lettre qu’il m’adressait. Et c’était juste, ce qu’il écrivit… Tout à fait par hasard, ces derniers jours, j’ai trouvé un papier sur lequel au premier coup d’œil j’ai immédiatement reconnu une écriture chère et connue ; il se fait que c’était le brouillon d’un poème de Batiouchka Barsanuphe. Comme le papier était maculé et froissé, j’ai découpé ce qui était écrit. Il m’est venu à l’esprit de t’envoyer cette coupure en souvenir du Starets, d’autant plus que le contenu et le sens de ce projet de poème peuvent s’appliquer à toute personne qui a dévié du chemin du salut et s’est repentie par la suite, et qui vient déjà à la Lumière, à Dieu…
Je te souhaite sincèrement toutes les miséricordes de Dieu et tout bienfait, la paix de l’âme et son salut.
Le pécheur Hiéromoine Nikon
O.P.
31 janvier / 13 février 1924.
Je te remercie pour tout ce que tu as envoyé. Que le Seigneur sauve ton âme !
Traduit du russe
Source

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.