Le site internet du Saint Monastère d’Optina propose une bibliothèque en ligne fournie. On y trouve de nombreux ouvrages des startsy d’Optina et des recueils de leurs lettres et homélies. Parmi ces ouvrages on compte le recueil des lettres écrites par le Saint Starets et Confesseur de la foi Nikon d’Optina, dont le journal fait l’objet d’une traduction depuis des mois sur le présent blogue. Nous proposons ici la traduction du recueil de ces lettres de Saint Nikon. Il ne s’agit plus du Novice Nicolas, auteur du journal précité, mais déjà du Hiéromoine Nikon, qui a intégré et mis en pratique dans son podvig les enseignements de son starets Saint Barsanuphe d’Optina, héritier de la tradition du Désert d’Optina.
A Lydia Mejekova
Le Christ est ressuscité !
Mademoiselle Lydia, bien-aimée de Dieu !
Je te salue à l’occasion de la grande Fête de la Résurrection du Christ, et je te souhaite sincèrement de vivre ces jours de fête dans la paix et la joie en le Seigneur. J’appelle sur toi paix et bénédictions de Dieu. Je me souviens de toi dans ma prière. Que Dieu te garde.
Le pécheur Hiéromoine Nikon
11/24 avril 1924
J’écrirai à Mademoiselle N., mais je n’ai pas réussi à le faire aujourd’hui. J’appelle sur elle paix et bénédictions de Dieu.
Hiér. Nikon
A Lydia Mejekova
Le Christ est ressuscité !
Mademoiselle Lydia, bien-aimée de Dieu !
Paix à toi et bénédictions de Dieu!
Ta lettre du onze de ce mois d’avril (le jour de l’Ange de Batiouchka Barsanuphe) m’est bien parvenue. Elle a suscité en moi de nombreuses pensées. Je pourrais dire beaucoup de choses, mais il est nécessaire que je limite ce que j’écris. Je te remercie pour les félicitations et le colis. Que le Seigneur sauve ton âme.
Tu écris au sujet de tes tribulations et de ta vie extérieure, quant à ton âme, je compatis sincèrement avec toi. Que le Seigneur t’aide! C’est très bien de t’en remettre à la volonté de Dieu pour ta vie extérieure, pour les questions touchant à la suite lointaine de ton existence. Que la volonté de Dieu soit avec toi. D’une certaine manière, je t’ai promis de te permettre de lire une de mes lettres, que j’ai écrite à ma maman. Quand j’étais chez elle pendant le Grand Carême, j’ai trouvé cette lettre en sa possession et j’en joins une copie, en te demandant de me la rendre à la première occasion. Je n’ai rien contre le fait que tu donnes cette lettre à lire à Mademoiselle M. et à ta sœur Valentine. Je crois que cette lecture leur sera profitable, mais je demande qu’à l’avenir, mon nom ne soit pas prononcé en relation avec la lettre. C’est seulement pour maman que je l’ai écrite, évidemment…
Bien que tu aies été forcée de dire un mensonge au majordome, un mensonge reste un mensonge, surtout dans une affaire aussi importante, et donc purifie ta conscience de ce péché dès ta première confession.
A la question douloureuse, il est malaisé de répondre précisément. Endure patiemment et ne sois pas troublée. Endurer la calomnie est utile à l’âme, et dans ce cas encore plus, car bien que la calomnie reste une calomnie, sa cause et notre culpabilité restent la cause et la faute, bien que déjà pardonnées. Ne laisse ni la vengeance ni le mal affecter tes sentiments et tes pensées. Et si une ombre peut tomber sur toi à cause des propos oiseux des autres, supporte-la aussi avec humilité : l’humilité est toujours bénéfique. En ce qui concerne les diverses visites, laisse tout à la volonté de Dieu, mais prie comme le Sauveur a prié dans le jardin de Gethsémani, c’est-à-dire demande et remets-toi à la volonté de Dieu. Rappelle-toi que sans la volonté de Dieu, même un cheveu de notre tête ne périra pas.
Ensuite, tu écris au sujet des « souvenirs ». Oui, c’est fastidieux, mais c’est dans l’ordre des choses. C’est inévitable. Il s’agit d’un tribut douloureux involontaire au péché. Si auparavant, tu n’as pas souffert autant que tu le fais maintenant, c’est compréhensible. À l’époque, tu faisais l’expérience concrète du présent, et maintenant tu fais l’expérience des conséquences du passé. C’est une loi de la vie spirituelle. Endure cela et ne désespère pas. Le Saint Reclus Théophane de Vychensk a très bien décrit l’action du repentir : dans la période où on le vit, le repentir a une action, un pouvoir destructeur, l’âme du repentant est douloureuse, languit, brûle; mais elle détruit l’ancien et construit une nouvelle grâce de Dieu. Et il existe des enseignement des saints pères selon lesquels le repentir ouvre le yeux sur les péchés, l’homme commence à voir en lui-même sans cesse de nouveaux péchés, qu’il ne voyait pas auparavant, et les péchés eux-mêmes commencent à se montrer de plus en plus lourds. C’est pour cela que les anciens pleuraient leurs péchés, alors qu’ils étaient déjà devenus des saints, des thaumaturges. On trouve de nombreux exemples de cela dans les vies des saints et dans leurs écrits. On peut dire beaucoup de choses à ce sujet ; des livres entiers y ont été consacrés, car sans le repentir, il n’y a pas de salut. J’ajoute une petite note relative aux pleurs sur les péchés.
Mes paroles selon lesquelles je n’avais aucune affliction s’appliquaient à moi personnellement, c’est-à-dire que je n’ai pas été dans des circonstances douloureuses qui m’oppressaient et m’empêchaient d’avoir la paix de l’âme. Mais j’ai dû m’affliger pour des choses qui ne me sont pas arrivées à moi personnellement, mais à mes proches. En partie, je peux dire, et c’est pour cette raison que je l’ai dit plus d’une fois, que, à de rares exceptions près, toutes ces afflictions ne m’ont pas écrasé, ne m’ont pas privé de la paix de l’âme: le brûlure de l’affliction est passée peu à peu. Que le Seigneur apaise aussi par Sa consolation la brûlure de tes afflictions.
De tous les cas de péché au sujet desquels tu écris, il est nécessaire d’en parler en confession : la comparaison de tes souffrances avec les souffrances du Sauveur, à propos de l’icône de Kazan de la Très Sainte Mère de Dieu, à propos de la pusillanimité, des sentiments indus de méchanceté, de vengeance, etc. Pour l’icône, je te donne un épitimie : pendant six mois, tu diras la prière de l’icône trois fois par jour avec les métanies (trois métanies) qui conviennent, soit des enclins, soit des grandes métanies, par exemple, jusqu’à la Trinité, des enclins. Pour avoir oublié de te souvenir, lis matin et soir la dernières des prières à la Très Sainte Mère de Dieu, du matin ou du soir. Ne commence pas à négliger la règle de prière, ni le matin, ni le soir, mais si pour l’une ou l’autre raison tu ne peux les dire, surtout pour des raisons ne dépendant pas de toi, alors, ne te trouble pas, reproche-toi humblement ta faiblesse devant Dieu, car le reproche adressé à soi-même est une ascension invisible, mais le trouble, selon les paroles de Batiouchka Ambroise, n’est nulle part compté au nombre des vertus.
Tu demandes que je t’écrive des extraits de mes entretiens avec Batiouchka Barsanuphe à propos de la prière. C’est malaisé pour moi, avant tout par manque de temps. Mais je te dis que son enseignement, c’est l’enseignement des saints pères, conforme aux œuvres des évêques Ignace et Théophane.
Ensuite, tu demandes que j’éclaircisse le sens de la demande de l’Église dans les ecténies pour être « préservé de toute affliction, péril, colère et nécessité » et de leur répulsion : «Qu’il écarte de nous toute colère et tout fléau qui se lève contre nous et qu’il nous sauve de son redoutable jugement» . Avant tout, je précise que tu as copié ces demandes avec des erreurs, dont certaines en modifient le sens, surtout dans les mots suivants [N.d.T. : l’auteur énumère et explique les erreurs de copie.] Le sens de toutes les demandes de délivrance des afflictions réside dans l’abandon de soi à la volonté de Dieu. L’homme confesse qu’il mérite d’être puni à cause de ses péchés, qu’il mérite l’affliction, mais demande à en être délivré, étant pleinement convaincu que l’éloignement de l’affliction et la permission qu’elle s’abatte dépendent entièrement de la main du Seigneur, que personne d’autre que le Seigneur ne peut le délivrer des afflictions et des chutes. Le fondement de cela est l’humilité, et l’humilité est agréable à Dieu.
(A suivre)
Traduit du russe
Source 
Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.