Le site internet du Saint Monastère d’Optina propose une bibliothèque en ligne fournie. On y trouve de nombreux ouvrages des startsy d’Optina et des recueils de leurs lettres et homélies. Parmi ces ouvrages on compte le recueil des lettres écrites par le Saint Starets et Confesseur de la foi Nikon d’Optina, dont le journal fait l’objet d’une traduction depuis des mois sur le présent blogue. Nous proposons ici la traduction du recueil de ces lettres de Saint Nikon. Il ne s’agit plus du Novice Nicolas, auteur du journal précité, mais déjà du Hiéromoine Nikon, qui a intégré et mis en pratique dans son podvig les enseignements de son starets Saint Barsanuphe d’Optina, héritier de la tradition du Désert d’Optina.

A la Servante de Dieu N.
N., Servante bien-aimée de Dieu !
Que la bénédiction de Dieu soit sur toi pour les siècles des siècles.
Je te transmets ma gratitude sincère pour tes félicitations et ton colis pour mon jour de l’Ange. Que le Seigneur te sauve! Que le Seigneur te récompense de toute Sa miséricorde.
Je complète ma lettre précédente. Quand je suis allé auprès de Batiouchka Nectaire, je lui ai demande ses prières et sa bénédiction. Il se souvient bien de toi. Pour ce qui concerne la poursuite de ta correspondance avec une certaine personne, Batiouchka a conseillé de cesser de correspondre, mais plutôt de prier pour son salut lorsque tu te souviens de cette personne.
A la question concernant la préparation à la communion, Batiouchka a répondu qu’il n’imposait pas le devoir de te préparer pour chaque jour de fête, mais il le conseille, car avec la communion relativement fréquente aux Saints Mystères du Christ, l’âme devient plus apaisée et plus légère. C’est pourquoi tu n’as pas commis un péché vis-à-vis du Starets en ne communiant pas aux Saints-Mystères, mais tu as agi de manière déraisonnable. Et je te le dis une fois encore, tu peux communier plus ou moins souvent, mais tu dois te confesser plus souvent, de sorte que ta conscience soit toujours pure, sans tache. Comme pour le corps. Nous nous efforçons de toujours nous laver, quand il est un peu sali. L’âme elle aussi doit toujours être maintenue propre, de sorte que ta conscience ne se reproche rien.
Maintenant en ce qui concerne ta lettre, je pourrais te dire beaucoup de choses, ma petite fille, mais par écrit je dois résumer mes pensées. Avant tout je dois te dire que tu ne m’as vraiment pas compris de façon juste. Voilà ton erreur. Au début tu as commencé à penser à moi exagérément, et ensuite, comme cela arrive toujours, la déception est apparue, le refroidissement. Je te le dis : je suis un homme ordinaire, je n’essaie pas de devenir quoique ce soit, j’essaie de vivre selon ma conscience, pour mon salut et celui de ceux qui viennent à moi. Ainsi mon attitude vis-à-vis de toi est réglée selon ma conscience. Même mon âme est bien disposée vis-à-vis de toi, car la douleur de ton âme a touché mon cœur. Chaque fois je t’ai accueillie avec amour et j’ai souffert pour toi, prié pour toi (et je prie maintenant pour toi), ne changeant rien à mes sentiments ni à ma relation avec toi. Jamais je n’ai nourri le moindre soupçon, la moindre aversion envers toi. En me révélant, en tant que père spirituel, ton âme, tes péchés, tu n’as pas commis d’erreur. C’est ainsi qu’il se doit. Et je n’ai fait que compatir avec toi, avoir pitié de toi.
Selon les enseignements des pères, nous devons haïr le péché (car le péché fut et est abjection), mais aimer le pécheur. Je n’ai pas péché contre ces paroles des saints pères. Je t’ai manifesté de l’amour, l’amour du Seigneur. Mais pourquoi tu as changé, je ne parviens pas à le comprendre. Par ta dissimulation tu m’as tenu dans l’ignorance, et j’en suis affligé, mais je remets tout entre les mains de Dieu, croyant que notre Seigneur veut tous nous sauver et permet tout ce qui nous est utile. Sachant que «Malheur à vous, quand tous les hommes diront du bien de vous» [Lc 6;26], comme le dit l’Évangile, je reste satisfait quand les avis à mon sujet son partagés, car bien que ce soit désagréable pour l’égoïsme, c’est très bénéfique pour notre salut. Et je te dis sincèrement qu’en action, je pense que je n’ai pas commis de péché contre toi, mais si tu vois des défauts en moi, alors j’en suis vraiment responsable: je les vois moi-même, et peut-être beaucoup plus qu’autrui, et je demande pardon au Seigneur. Tu ne dois pas perdre confiance en les gens parce que j’ai des défauts, et encore moins, tu ne dois tiédir vis-à-vis du bien, de ce qui plaît à Dieu. Tu me demandes pardon : je te pardonne avec amour et je te demande réciproquement pardon, et que le Seigneur nous pardonne tous. Je n’ai pas été en colère contre toi, mais si de toi-même tu t’écartes de moi, ce n’est pas un drame. Quand tu reviendras vers moi, «celui qui vient à moi, je ne le jetterai point dehors » (J.6;37) et mon cœur s’ouvrira de nouveau à toi. Ton erreur m’afflige. Pourquoi donc dissimuler, languir, pécher, murmurer, se décourager ?! Je suis affligé pour toi, j’ai compassion de toi, ma petite fille. Et que le Seigneur te pardonne et te raisonne. Je confirme mon plein accord d’entretenir une correspondance avec toi. Écris-moi. Je te répondrai à la mesure de la force de mon âme. A ma demande, on me dérange rarement maintenant le matin jusqu’au repas de midi. Je peux donc répondre plus complètement.
Pour ce qui concerne la confession, je crois t’avoir écrit tout ce qui était nécessaire, mais si quoi que ce soit te paraît peu compréhensible, écris-moi. Si tu n’as pas pleine confiance envers le confesseur qu’on t’a désigné, le connaissant peu, alors attends de te familiariser avec lui, et confesse-toi seulement en mentionnant tes péchés. L’avenir montrera comme cela pourra évoluer.
Que le Seigneur te garde. Je me hâte de terminer pour l’heure. De tout cœur je te souhaite toutes les miséricordes de Dieu. Paix et salut à toi.
Le pécheur Hiéromoine Nikon
Kozelsk
4/17 octobre 1924.

Traduit du russe
Source

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.