Père Valerian : l’histoire de l’humanité a un sens spirituel (3/3)

Le Père Valerian Kretchetov

Le texte ci-dessous est la troisième partie de la traduction de l’entretien tenu le 17 juillet 2019 par Madame Olga Orlova avec le Père Valerian Kretchetov. Le texte original est précédé de l’introduction suivante. A l’occasion du jour lors duquel nous fêtons la mémoire des Saints Strastoterptsy impériaux, nous nous sommes entretenus de la fidélité au Christ et de la démarche par laquelle nous nous faisons héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, avec l’Archiprêtre mitré Valerian (Kretchetov), Recteur de l’église du Pokrov de la Très Sainte Mère de Dieu et de l’église des Néomartyrs et des Confesseurs de la Foi, à Akoulovo. Les deux premières parties de la traduction se trouvent ici.

Vladika Alexis (Frolov) disait que dans chaque situation qui nous est envoyée, nous devons justifier Dieu, c’est-à-dire les gens qui nous font du mal, jusqu’à la mort, même la mort sur la croix, comme dans le cas du Tsar et de sa famille, et de tous les nouveaux martyrs. Se condamner soi-même et justifier autrui. Concrètement, cela veut dire tout le monde, depuis le monstre révolutionnaire jusqu’à Dieu?
Que signifie «justifier»? Le mot «jugement» doit être analysé, approfondi. «Enseigne-moi Tes jugements». La justice De Dieu. Comment la comprendre, envers soi-même? Ce qui se passe avec chacun est lié à la personnalité de chacun. Ceux qui souffrent, pour une raison quelconque, ont chacun une souffrance différente. Mais tout ne se résume pas simplement à cela. Il est dit, rappelez-vous: l’arbre de la Croix pousse dans le terreau du cœur. «L’arbre près des eaux courantes», ces passions qui bouillonnent dans notre cœur. Aussi lourde soit notre croix, le bois dont elle est faite, nous l’avons fait croître nous-mêmes. À celui qui s’adonne le plus au labeur, on envoie en conséquence. Lire la Suite

Père Valerian : l’histoire de l’humanité a un sens spirituel (2/3)

Le texte ci-dessous est la deuxième partie de la traduction de l’entretien tenu le 17 juillet 2019 par Madame Olga Orlova avec le Père Valerian Kretchetov. Le texte original est précédé de l’introduction suivante. A l’occasion du jour lors duquel nous fêtons la mémoire des Saints Strastoterptsy impériaux, nous nous sommes entretenus de la fidélité au Christ et de la démarche par laquelle nous nous faisons héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, avec l’Archiprêtre mitré Valerian (Kretchetov), Recteur de l’église du Pokrov de la Très Sainte Mère de Dieu et de l’église des Néomartyrs et des Confesseurs de la Foi, à Akoulovo. La première partie de la traduction se trouve ici.

Le Père Dimitri Smirnov a raconté comment un agent du Nkvd, réalisant ce qui se passait dans le système, est simplement entré et a remis sa carte du parti sur la table. Et on ne lui a rien fait. Donc, peut-être que si tout le monde agissait toujours ainsi, on ne ferait rien à personne? Peut-être, a-t-on juste besoin de ceci: dans la société, une position citoyenne et dans l’Église, une position conciliaire?
Peut-être. Le Père Euphrosin (Danilov) passa dix ans à la kolyma, s’enfuit et se réfugia dans la taïga. En vain, à cause du gel, de l’absence de nourriture, et aucun endroit pour se cacher. Il fut capturé et gardé en cellule d’isolement pendant trois semaines, dans le froid glacial. Le Père Arseni, ils l’y ont gardé pendant deux ou trois jours, et le Père Euphrosin vingt-deux jours, et il y avait été jeté pour qu’il y meure. Mais il resta en vie! Le chef du camp s’exclama: «Ce n’est pas possible qu’il soit encore vivant!» Il le lui montrèrent, puis ils le transférèrent de la cellule carcérale vers une grande cellule : qu’il y meure. On ne lui donna rien à manger, il ne gagnait rien parce qu’il ne pouvait pas travailler. Des criminels de droit commun le prirent sous leur protection, respectant ses règles, et ils l’ont nourri. Ils lui disaient: «Vasilli Adrianovitch (il s’appelait ainsi dans le monde), si tout le monde était comme toi, nous ne serions pas assis ici!» Lire la Suite

Père Valerian : l’histoire de l’humanité a un sens spirituel (1/3)

Le Père Valerian Kretchetov

Le texte ci-dessous est la traduction en plusieurs parties de l’entretien tenu le 17 juillet 2019 par Madame Olga Orlova avec le Père Valerian Kretchetov. Le texte original est précédé de l’introduction suivante. A l’occasion du jour lors duquel nous fêtons la mémoire des Saints Strastoterptsy impériaux, nous nous sommes entretenus de la fidélité au Christ et de la démarche par laquelle nous nous faisons héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, avec l’Archiprêtre mitré Valerian (Kretchetov), Recteur de l’église du Pokrov de la Très Sainte Mère de Dieu et de l’église des Néomartyrs et des Confesseurs de la Foi, à Akoulovo.

Père Valerian, qu’est-ce qui détermine l’irruption des cataclysmes révolutionnaires ?

Les Strastoterptsy de la Sainte Famille Impériale, icône du Père Lazare (Abachidzé)

La révolution du début du XXe siècle a été précédée par un certain processus de fermentation des esprits. Saint Nicolas Velimirovitch a écrit une œuvre qui s’intitule «Guerre et Bible». L’histoire de l’humanité a un sens spirituel, elle est déterminée de l’intérieur, et ce processus secret, sur lequel les âmes des hommes se penchent, n’est dirigé que par Dieu. Ce qui se passe extérieurement ne fait que refléter ce contenu profond de la vie, le choix des gens. L’un est intérieurement déterminé à souffrir pour le Christ, l’autre juge autrui. Les apôtres se préparaient au martyre, Judas à la trahison.
On m’a récemment posé une question: pourquoi maintenant même certains prêtres commencent à nouveau à s’indigner contre le Tsar. Ils demandent pourquoi il n’a pas utilisé la police? Il sentait qu’un coup d’État se préparait, etc. Et non seulement il le sentait, mais il le savait!
On dit que le Tsar Nicolas connaissait environ quarante prophéties, sur ce qui allait se passer.
Tout à fait. C’est pourquoi, quand on commence à accuser le Tsar de faiblesse, je dis: vous savez quoi? Si c’est le cas, alors l’Évangile doit être réécrit. Dieu l’a fait aussi. Et Lui, en tant que Dieu, savait tout. Lire la Suite

Paroles de Batiouchka (52)

Né en avril 1937, Valerian Kretchetov, prêtre de village, est le prédicateur le plus âgé de l’Éparchie de Moscou. Fils d’un prêtre, frère d’un prêtre, l’Archimandrite Valerian est père de sept enfants, dont un prêtre, et grand-père de trente quatre petits enfants. Il fut ordonné diacre en novembre 1968, et prêtre en janvier 1969. En 1974, il succéda au Père Sergueï Orlov, comme recteur de l’église du Pokrov, au village d’Akoulovo, dans la région de Moscou. Il fréquenta les plus grands starets pendant des dizaines d’années et accomplit dix-huit séjours sur l’Athos. Une quinzaine de livres ont été édités, reprenant prédications, entretiens multiples et interventions devant des groupes très divers. Celles et ceux qui apprécient les «Paroles de Batiouchka» pourront également se tourner vers le livre paru aux éditions Sofia en 2015 : «Le plus important. Toutes les façons de croire se valent-elles ?». Madame Laurence Guillon y a traduit en français une série d’entretiens et d’enseignements, toujours remarquables, du Père Valerian. Ce cinquante-deuxième texte met un terme, peut-être provisoire, à la série des «Paroles de Batiouchka».

«Réflexions avant la Confession», pages 147 & 148.

Le livre dont a été tiré l’extrait.

Le Seigneur demanda à Adam :
As-tu mangé du fruit de l’arbre dont Je t’avais interdit de manger ?
– La femme que Tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre. Je l’ai mangé.
(C’est-à-dire : ce n’est pas ma faute, ce n’est pas moi qui y est pensé)
Et Dieu demanda à la femme :
– Qu’as-tu fait ?
– Le serpent m’a séduite, et j’ai mangé.
Et chacun cherchait à se justifier. Il en fut donc ainsi dès le commencement, et cela continuera jusqu’à la fin : on essaie de se rejeter la faute l’un l’autre. Et même de la rejeter sur Dieu. Car enfin, c’est «la femme que Tu m’as donnée» ! Oui mais elle a été tirée de ta côte ! Dès lors sur qui rejeter la faute ? Sur toi-même !
Voilà en quoi notre disposition intérieure est incorrecte : sans cesse on veut trouver la faute ailleurs, pas en soi. Et on commence toujours par s’auto-justifier. Et cette autojustification nous rappelle notre indigence : nous aimerions être bon, mais nous ne le sommes pas. Et nous devons commencer par le reconnaître. Ainsi, nous pourrons nous corriger.

Traduit du russe

Paroles de Batiouchka (51)

Né en avril 1937, Valerian Kretchetov, prêtre de village, est le prédicateur le plus âgé de l’Éparchie de Moscou. Fils d’un prêtre, frère d’un prêtre, l’Archimandrite Valerian est père de sept enfants, dont un prêtre, et grand-père de trente quatre petits enfants. Il fut ordonné diacre en novembre 1968, et prêtre en janvier 1969. En 1974, il succéda au Père Sergueï Orlov, comme recteur de l’église du Pokrov, au village d’Akoulovo, dans la région de Moscou. Il fréquenta les plus grands starets pendant des dizaines d’années et accomplit dix-huit séjours sur l’Athos. Une quinzaine de livres ont été édités, reprenant prédications, entretiens multiples et interventions devant des groupes très divers. Celles et ceux qui apprécient les «Paroles de Batiouchka» pourront également se tourner vers le livre paru aux éditions Sofia en 2015 : «Le plus important. Toutes les façons de croire se valent-elles ?». Madame Laurence Guillon y a traduit en français une série d’entretiens et d’enseignements, toujours remarquables, du Père Valerian.

«Réflexions avant la Confession», page 109.

Le livre dont a été tiré l’extrait.

Quelle ne fut pas l’élévation de l’Apôtre Paul! Et pourtant il dit : «C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n’a pas été vaine ; loin de là, j’ai travaillé plus qu’eux tous, non pas moi pourtant, mais la grâce de Dieu qui est avec moi» (1Cor.15;10). «J’ai persécuté l’Église» (1Cor.15;9). Il se rappelait sans cesse cela, et il en était pétri d’humilité.
Selon la Tradition, l’Apôtre Pierre se leva chaque nuit, pendant toute sa vie, et il pleurait parce qu’un jour, il avait parlé sous l’emprise de la lâcheté. Voilà comment l’homme se repentait de ses péchés!
Mais maintenant, nous oublions que nous avons vécu et continuons à vivre dans le péché. Si seulement, nous nous corrigions à l’instar de Sainte Marie l’Égyptienne!
Traduit du russe

Paroles de Batiouchka (50)

Né en avril 1937, Valerian Kretchetov, prêtre de village, est le prédicateur le plus âgé de l’Éparchie de Moscou. Fils d’un prêtre, frère d’un prêtre, l’Archimandrite Valerian est père de sept enfants, dont un prêtre, et grand-père de trente quatre petits enfants. Il fut ordonné diacre en novembre 1968, et prêtre en janvier 1969. En 1974, il succéda au Père Sergueï Orlov, comme recteur de l’église du Pokrov, au village d’Akoulovo, dans la région de Moscou. Il fréquenta les plus grands starets pendant des dizaines d’années et accomplit dix-huit séjours sur l’Athos. Une quinzaine de livres ont été édités, reprenant prédications, entretiens multiples et interventions devant des groupes très divers. Celles et ceux qui apprécient les «Paroles de Batiouchka» pourront également se tourner vers le livre paru aux éditions Sofia en 2015 : «Le plus important. Toutes les façons de croire se valent-elles ?». Madame Laurence Guillon y a traduit en français une série d’entretiens et d’enseignements, toujours remarquables, du Père Valerian.

«Réflexions avant la Confession», pages 87, 88, 89.

Le livre dont a été tiré l’extrait.

C’est en oubliant Dieu que l’humanité en est arrivée à faire de l’homme le législateur de sa propre moralité. Dès le XIXe siècle, nous avions été prévenus que cela allait arriver, par Dostoïevski, notre écrivain orthodoxe. Sur le Mont Athos, j’ai été très surpris d’entendre avec quelle vénération des gens de haute spiritualité, des Grecs, y parlent de lui. Quand notre groupe y est allé en pèlerinage, le Père Vassilios, Supérieur du Monastère d’Iviron, très respecté sur la Sainte Montagne, nous a donné tout un cours sur Dostoïevski. Nous ne nous attendions pas à ce qu’un représentant d’un peuple étranger connaisse aussi profondément notre littérature. Et donc, Dostoïevski a dit au monde entier (parce que malgré tout, on lit encore de la littérature profane) que l’homme s’était, malheureusement, choisi lui-même comme mesure morale : «Je suis mon propre législateur!». A notre époque, au XXe siècle, on appelle cela la morale autonome. Autonome signifie ici ‘indépendante’, celle que l’homme érige pour lui-même, osant décider ce qui est moral et ce qui est amoral. Et à quoi donc a conduit l’établissement d’une pareille morale ? A ce que tous ces ‘maîtres’ de leur propre moralité affirment que dès que quelque chose existe, cela signifie qu’elle a le droit d’exister. C’est-à-dire, que si on veut quelque chose, on peut y accéder ! Mais alors qu’on tenta de renverser la morale chrétienne et de la remplacer par cette nouvelle tendance, un des représentants de celle-ci (…) posa la question «Qu’est-ce qui est bon et qu’est-ce qui est mauvais?» (…) Et il se fait que ce n’est pas si simple de distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais. (…) Qu’est-ce que le bien, qu’est-ce que le mal ? Dans la Bible, il est écrit que quand Dieu eut créé le monde, «Il vit que cela était bon». Et quand arriva le péché, ce fut mauvais. S’écarter des commandements de Dieu, s’écarter de Dieu, voilà ce qui est mauvais. Cette question de la distinction entre le bien et le mal, les gens ne peuvent la résoudre, lorsqu’ils essaient de le faire sans Dieu.

Traduit du russe