Histoires athonites du Père Savva

Dans le texte traduit récemment ici et intitulé «Les traces de Saint Seraphim dans la neige» l’auteur, Madame Olga Rojniova évoquait le récit du pèlerinage de moniales du Désert de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan-Saint Triphon auprès des reliques de Saint Seraphim à Diveevo. Ce désert précité est situé sur une colline de la région de Perm, la Colline Miteïnaïa. Madame Rojniova a écrit une série de textes relatifs à cette communauté monastique, qu’elle a intitulés «Histoires de la Colline Miteïnaia». Selon la tradition, en des temps lointains, on apercevait parfois le bienheureux ‘Miteïka’ en prière, la nuit sur la colline, qui a depuis adopté le nom du ‘bienheureux’. La traduction d’une série de ces textes est proposée sur ce blog. Celle qui se trouve ci-dessous, concerne le Père Savva (Roudakov), père spirituel de la communauté depuis les années ’80 (et qui participa aussi au pèlerinage auprès des reliques de Saint Seraphim). Le Père Savva fut le confesseur et père spirituel de Madame Rojniova elle-même, et il est aujourd’hui encore le Recteur de l’église de ce désert, et de deux autres églises paroissiales situées elles aussi sur cette colline. L’original a été publié initialement sur la page VK de l’auteur et fut mis en ligne sur le site du Monastère le 28 mai 2019.

Première nuit sur l’Athos
C’est en 2000 que j’allai pour la première fois au Mont Athos. A l’époque, la pensée que j’étais le père spirituel et le bâtisseur d’une communauté de moniales me troublait quelque peu. Même si le monastère avait été construit suite à la bénédiction de mon propre père spirituel, l’Archimandrite Ioann (Krestiankine), même si le Starets Archiprêtre Nikolaï (Ragozine) avait prédit sa fondation, j’étais torturé par la pensée suivante : «Mais que fais-je ici sur la Colline Miteïnaïa? Est-ce bien ma place? Peut-être devrais-je abandonner tout ça, car c’est un monastère pour femmes, pour des sœurs, abandonner toutes ces babouchkas et partir au Mont Athos? Mener mon podvig là-bas… Ou alors entrer dans un monastère d’hommes?»
Et puis voilà, c’était ma première nuit sur l’Athos… Je participais à l’office. Trois heures du matin. Le soir, je n’était pas parvenu à somnoler. Cela faisait plus de vingt-quatre heures sans sommeil… Dans l’église, il n’y avait pas d’électricité, les cierges brûlaient, on priait. Il faisait étouffant. La tête me tournait, je sortis dans le porche et m’assis sur un banc. Là, il faisait plus frais, l’air froid arrivait de la cour, mais le son de l’office me parvenait clairement de l’église. Je fermai le yeux et commençai à prier.
Soudain, j’entendis : un vieux moine du grand schème arrivait en traînant les pieds, tout courbé. Il approcha, s’assit dans un coin du porche, sur un banc de pierre. Je ne voyais pas son visage, seulement sa barbe blanche, et il était tout lumineux, il éclairait les ténèbres! Il se signa et me demanda à voix basse :
– Qui es-tu?
– Je suis un hiéromoine.
– Où sers-tu, depuis combien de temps?
– Dans un monastère pour femmes, depuis treize ans.
Il m’interrogeait d’une voix impérieuse, comme s’il disposait de tout pouvoir. J’en perdis le souffle. Je compris que dès ma première nuit sur l’Athos j’entendais ce pourquoi j’avais entrepris ce long voyage : pour que le Seigneur et la Très Sainte Mère de Dieu me dévoilent Leur volonté au sujet de la suite de mon chemin. Et ce moine du grand schème me parlait comme s’il connaissait mes pensées idiotes, comme s’il savait que je voulais quitter le monastère de moniales. Il me dit brièvement et très simplement :
– Eh bien, c’est là que tu vis, restes-y. Ne vas nulle part ailleurs. C’est là que tu dois mourir. Porte ta croix jusqu’au bout, et tu seras sauvé.
Il se leva en silence et s’éloigna lentement, de son pas traînant de vieillard. Je restai assis. Je ne lui avais rien demandé, je n’avais pas essayé d’engager la conversation. Et voilà que dès le premier jour de mon séjour sur l’Athos, le Seigneur me révélait Sa volonté.
Startsy athonites
Oui… Là, sur l’Athos, des startsy mènent leur podvig… Certains d’entre eux restent inconnus du monde entier… Dans le kondakion de l’office aux saint héros de l’ascèse de la Sainte Montagne, on dit : «Menant sur elle la vie angélique»…
On me raconta que dans les années ’70, un groupe de nos prêtres russes arriva sur l’Athos et s’arrêtèrent au Monastère Saint Panteleimon. Ils partirent ensuite en promenade dans les environs et tombèrent sur une skite abandonnée. Ils décidèrent d’y célébrer la liturgie, le lendemain. Ils interrogèrent les frères athonites au sujet de la skite et apprirent que cela faisait longtemps que plus personne ne vivait ni ne célébrait là. Le lendemain donc, ils commencèrent la liturgie, et au cours de l’office ils virent se faufiler dans l’église un petit moine, vieux, très vieux. Il était tellement vieux qu’il ne pouvait plus marcher ; il avançait comme il pouvait à quatre pattes. Même les moines les plus anciens de Saint Panteleimon ne le connaissaient pas. C’était manifestement un de ces moines d’avant la révolution. Il se traîna à sa place et dit d’une voix à peine audible :
– La Mère de Dieu ne m’a pas trompé. Elle m’a promis que je communierais encore une fois avant de mourir.
On lui donna la communion et il mourut sur place, dans l’église. Comment vivait-il? De quoi se nourrissait-il? Il avait reçu les Saints Dons et était parti tout droit vers Dieu et la Très Sainte Mère de Dieu, qu’il avait priés toute sa vie.
A pied sur l’Athos
Après mon premier séjour sur l’Athos et ma rencontre avec le starets, ma folle idée de partir dans un autre monastère, même à la Sainte Montagne, s’évanouit. Quelques années s’écoulèrent… Pendant tout un temps, il fit calme chez nous au monastère. Mais de façon générale, dans la vie monastique, le calme complet ne règne jamais. Si on mène son podvig correctement, si on mène la lutte spirituelle, alors les afflictions et les tentations sont les compagnes inséparables de ce combat. Commença une période de pénibles tentations, intérieures et extérieures. L’arme principale dans le combat spirituel, c’est la prière.Bien sûr, tous nous priions, tout le monastère. Mais il fallait admettre que nos faibles forces de prière étaient insuffisantes. Il fallait une aide, un soutien spirituel. On me donna la bénédiction d’aller prier chez les startsy de l’Athos, là ou le ciel est plus près de la terre, et où s’élève sans cesse la prière pour le monde entier. Jadis, ceux qui faisaient monter leur prière vers Dieu prenaient un vœu, comme par exemple aller en pèlerinage dans un lieu saint ou dans un monastère connu. Ils y allaient, du moins en partie, à pied, afin d’offrir leurs efforts à Dieu. Il me sembla que je devais, pour mon monastère bien-aimé, offrir un effort, un sacrifice. Quand je demandai la bénédiction pour offrir ce genre d’effort, on me bénit pour aller marcher en priant sur le Mont Athos, et de vénérer les trésors sacrés de chaque monastère, d’y prier y demander de l’aide.
Les terribles Karoulias

Les Karoulias

Et au cours de mes pérégrinations sur la Sainte Montagne, je séjournai aux Karoulias. Une «karouli», c’est une poulie, un système de levage à l’aide duquel les moines-ermites, sans descendre au bas des falaises, pouvaient échanger avec les pêcheurs des poissons, du sucre, des olives, etc. contre les produits de leur artisanat. Les Karoulias se situaient à l’extrême Sud de la péninsule athonite, non-loin de Katounakia.
Les Karoulias sont d’inaccessibles falaises, des sentiers très étroits, des kelias désertes, anciens havres d’ermites. Accrochés aux falaises, des nids d’hirondelles et des maisonnettes d’ermites, celles-ci ressemblant à celles-la. Il y a les Karoulias extérieures et les Karoulias intérieures ou «terribles», appelées ainsi car les cellules des moines sont collées aux falaises et pour y parvenir, il faut se hisser, quasiment ramper le long de la falaise en se tirant à l’aide de chaînes et de cordes; c’est très dangereux et absolument effrayant.
Le vapeur de Daphni arriva à son arrêt terminus, les Karoulias, et je descendis sur le quai de béton, l’arsana. De l’arsana un sentier d’escaliers de pierres s’élevait dans la montagne. En montant je découvris les ruines d’une petite église, la paraklisis et la kelia incendiée du célèbre Archimandrite du grand schème Stéphane le Serbe, qui vécut là. A côté se trouvait une grotte, dans laquelle je savais que l’Archimandrite Sophrony (Sakharov), fils spirituel de Saint Silouane l’Athonite, avait mené son podvig. Des Russes vivaient non loin de la kelia qui avait brûlé : le Hiéromoine Elie et un moine. Nous fîmes connaissance. Ils vivaient là depuis deux ans, et ils avaient connu le Père Stéphane quand il vivait encore. J’avais lu à son sujet jadis et voilà que je rencontrais des gens qui me parlaient de lui l’ayant connu personnellement.
L’Archimandrite du grand schème Stéphane des Karoulias
D’origine serbe, il fut antifasciste pendant la seconde guerre mondiale, participant à la résistance. Il raconta comment il avait été arrêté, avec d’autres combattants de la résistance et comment on l’avait condamné à être fusillé. Il fit alors à la Très Sainte Mère de Dieu le vœu selon lequel s’il demeurait vivant, il partirait et deviendrait moine sur le Mont Athos. Quand ils ont commencé à tirer, on l’a poussé et il s’est encouru. Il sentit les balles lui mordre le dos, les bras, la joue, sans lui causer de dommage. Les Allemands ne le poursuivirent pas, ce qui fut également un miracle. Après la guerre, il reçut la tonsure monastique sur l’Athos et mena ici son podvig pendant une petite cinquantaine d’années. Il connaissait plusieurs langues étrangères, écrivit des articles sur la spiritualité, des instruction. Le Père Élie voyait le Starets travailler sur sa terrasse et pendant ce temps, des colombes blanches comme neige arrivaient et se posaient sur ses épaules. Quand il avait terminé d’écrire, soudain, les colombes s’envolaient.

L’Archimandrite du Grand Schème Stéphane des Karoulias

Un jour un ami du Père Élie arriva de Russie et il l’envoya auprès du Père Stéphane afin qu’il demande sa bénédiction. Le Starets était âgé de presque quatre-vingt ans, il avait les yeux bleus comme le ciel. Pendant des années, selon l’usage des moines athonites, il ne se lava pas, mais il ne dégageait aucune odeur. Il mangeait très peu, il préférait les aliments non cuits ; dans sa poche, il avait toujours des vermicelles secs, qu’il mangeait lui-même et dont il nourrissait les oiseaux. Lors de l’Annonciation, de la falaise il fit descendre un filet à la mer et demanda : «Mère de Dieu, envoie-moi un petit poisson». Il remonta le filet et il contenait un poisson, comme à chaque fois.
Quand il répara sa cellule délabrée, un ami lui apporta des matériaux de construction. Cet ami avait une fille de cinq ans, Despina. Et quand le Starets avait besoin de l’aide de son ami, il sortait devant la mer et criait haut et fort: «Despina, dis à papa qu’il vienne me voir, j’ai besoin de lui!» Et la fille accourait vers son père: «Papa, ton Père Stéphane t’appelle». Pourquoi n’adressait-il pas son appel directement à son ami? Peut-être l’enfant, par sa pureté, pouvait-il mieux entendre l’appel spirituel, qui sait… et quand l’ami arrivait, il demandait : «Père Stéphane, tu m’as vraiment appelé?» Et le Starets répondait: «Oui, j’ai demandé à Despina de te dire que je t’attendais».
Dans les derniers temps, il faisait le fol-en-Christ, afin de cacher ses dons spirituels. Quand des Russes approchaient, le Père Stéphane chantait «Les soirées à Moscou». Et quand ils étaient arrivés et qu’il avait fini sa chanson, il préparait du thé pour régaler ses visiteurs. Un ami du Père Élie regardait l’ermite avec méfiance : un vieillard qui chante pareilles chansons, est-ce cela un starets-intercesseur?!
La bouilloire était vieille, noire de fumée. Elle avait perdu sa poignée, restait le pot. Quand l’eau commençait à bouillir, le Père Stéphane prenait la bouilloire entre ses mains et versait l’eau dans les tasses. Les visiteurs étaient stupéfaits et regardaient le Père Stéphane avec effroi : la bouilloire était bouillante. Mais le Starets versait tranquillement l’eau et n’était aucunement brûlé.
Le Père Élie raconta que lorsque les États-Unis bombardèrent la Serbie, le Starets pria avec ardeur jetant toute sa force spirituelle dans la prière au secours de sa patrie. L’affliction s’abattit sur lui avec une force telle qu’il en ressentit de grandes souffrances spirituelles. C’est alors que sa kelia brûla. Y eut-il une cause spirituelle? On ne peut qu’émettre des suppositions. Quand il s’installa dans la grotte voisine pour prier de façon prolongée en faveur de ses compatriotes qui brûlaient dans les explosions des bombes que la grotte elle-même brûla. Père Stéphane mourut en Serbie. Il était rentré dans sa patrie avant de mourir, dans un monastère dont la supérieure était une parente à lui. Il s’endormit dans le Seigneur lors de la fête de l’Entrée au Temple de la Très Sainte Mère de Dieu. Et celle qu’il avait priée pendant tant d’années accueillit son âme.
Un accueil chaleureux
Le Père Élie me proposa de passer la nuit dans leur cellule. Ils aménagèrent de la place dans l’entrée et me donnèrent un vieille couverture et même un vieux coussin, déchiré. J’étais tellement fatigué que cet accueil me réjouit profondément. La nuit approchait et ayant prié, je me couchai, les jambes dans la grotte et la tête vers la sortie ; ainsi, je pouvais voir le ciel étoilé. Allongé là, je me dis que ce couchage nocturne me rappelais mes séjours d’enfance dans la forêt. Mais bien vite, il apparut clairement que les séjours d’enfance dans la forêt n’ont rien de commun avec les «nuitées athonites». J’avais beaucoup entendu parler des terreurs de l’Athos, et ici, aux Karoulias, j’en pu faire l’expérience personnelle.

Le Père Savva

La nuit débuta par une tempête: bourrasques et vents forts. Les pierres, des bâtons et des copeaux commencèrent à dévaler du haut des falaises. En bas, la mer faisait rage. J’aspirais à dormir, mais je ne parvenais pas à m’endormir profondément et me retrouvai entre veille et sommeil. Je sentis sur mes épaules, sur ma tête, les éclaboussures des vagues, et dans ce demi-sommeil je me couvris la tête avec le coussin déchiré. Les cauchemars s’abattirent. Dans cette somnolence, il me sembla que les moines complotaient contre moi, qu’ils avaient l’intention de me tuer et de me jeter en bas de la falaise. De toutes mes forces je tentais de m’éveiller, et je compris alors qu’il ne s’agissait que d’un mauvais rêve. Et puis ma conscience s’éteignit à nouveau et les ennemis apparurent. Dans mon sommeil, j’entendais comment un des moines sortit de la grotte en passant à côté de moi, et il ne revint pas. L’effroi me saisit à nouveau : ils avaient comploté contre moi. Je tremblais d’effroi et je sentais que je claquais des dents. Le délire cauchemardesque me tortura toute la nuit; c’est le soleil du matin qui le dissipa. La tempête s’était calmée et toutes les terreurs avaient disparu. Il s’avéra que le moine qui était sorti de la grotte avait souffert d’un mal de dents pendant toute la nuit. Il ne pouvait dormir et erra autour de la grotte toute la nuit. Le matin, il partit à la clinique. Le second moine proposa de me montrer les alentours. En chemin, il raconta comment vinrent quatre pèlerins qui avaient décidé de se rendre aux Karoulias intérieures. Comme moi, il passèrent la nuit dans la grotte. Pendant toute la soirée, l’un d’eux raconta qu’il était alpiniste et considérait que le chemin ne l’effrayait pas du tout. Il guiderait les autres qui n’auraient qu’à suivre. Mais au petit matin, quand ils atteignirent le bord de la falaise d’où partait le sentier de la descente, menant aux Karoulias intérieures, la détermination quitta l’alpiniste, et il refusa catégoriquement de poursuivre le chemin. Et ses amis firent demi-tour avec lui. Manifestement, la cause de cette crainte était plus spirituelle que physique, mais la descente abrupte pouvait toutefois effrayer les plus braves.
Traduit du russe
Source

Archimandrite Méthode (Markovitch) : L’Athos est vivant

Le texte ci-dessous est la traduction d’un original russe publié sur le site Monastirski Vestnik, le 17 avril 2019, sous le titre : «Афон жив православной традицией и продолжает рождать святых» (L’Athos vit la tradition orthodoxe et continue à engendrer des saints). Il s’agit d’un entretien de Madame Olga Orlova avec l’Archimandrite Méthode (Markovitch), Higoumène du Monastère de Chilandar sur la Sainte Montagne, au sujet de la continuité vivante de la tradition athonite, de l’émulation positive entre les monastères de la Sainte Montagne, des règles de vie au Monastère de Chilandar et des traits distinctifs du monachisme serbe. Ce texte complète en outre celui qui fut dernièrement publié, relatif à l’Archimandrite Méthode.

Père Méthode, vous êtes actuellement le plus jeune higoumène de l’Athos. Quel fut sur la Sainte Montagne, la voie qui vous a mené à cette obédience lourde de responsabilités?
C’est en 1994 que je suis arrivé sur l’Athos ; j’avais vingt-quatre ans. J’ai accompli diverses obédiences et déjà en 1995, je devins rasophore. L’année suivante, je reçus le petit schème, la mantia, comme on dit en Russie, et en 2005, le grand schème. C’est l’Archimandrite Moïse (Jarkovitch), mon prédécesseur à l’higouménat de Chilandar, qui m’a tonsuré. En 2010, il s’endormit dans le Seigneur. C’était pendant le Grand Carême. Et après avoir célébré les jours de Pâques, les frères se sont réunis pour les élections, qui se sont déroulées en deux étapes. «Quand les frères du monastère ne trouvent pas entre eux un moine vertueux, ils choisissent quelqu’un parmi les frères malades, car il sera plus conscient de leurs points faibles et plus apte à porter les faiblesses des autres», ai-je dit quand je reçus la crosse de l’higoumène. Lire la Suite

Archimandrite Méthode (Markovitch) : L’homme est un être liturgique

Le texte ci-dessous est la traduction d’un original russe préparé par Madame Olga Orlova et publié sur Pravoslavie.ru le 6 mai 2019, sous le titre «Человек – существо литургическое. Беседа с архимандритом Мефодием (Марковичем), игуменом Хиландара» (L’homme est un être liturgique, entretien avec l’Archimandrite Méthode, Higoumène de Chilandar). Le texte est introduit par la phrase suivante : «Le plus jeune Supérieur du Mont Athos, l’Archimandrite Méthode (Markovitch), Higoumène du Monastère serbe de Chilandar, parle de la vie en tant que liturgie, qui transcende toutes les divisions imposées aujourd’hui aux peuples orthodoxes».

Père Méthode, comment êtes-vous arrivés au Mont Athos?
Un jour, pendant le Grand Carême, je vis une chose qui transforma toute ma vie, une tonsure monastique. C’était la première fois que j’en voyais une se dérouler sous mes yeux. Je compris que c’était pour moi. Je me suis incliné et je me suis vu m’élever moi aussi en rampant, vers Dieu. Je m’en suis rendu compte clairement: je serai moine. Pourtant, j’avais vécu jusque là une vie simple dans le monde. Je suis né dans la ville serbe de Čačak (à 140 km de Belgrade), Saint Nicolas (Velimirovitch) y a célébré une fois, et le Patriarche Irénée, actuel Primat de l’Église serbe, y est né aussi [ Pour rappel le texte a été écrit en 2019. Depuis le 19 février 2021, le Patriarche de Serbie est Sa Sainteté Porphyre (Peritch) N.d.T.], mais j’ai appris tout cela plus tard. Et puis j’étais juste un étudiant de la Faculté d’Ingénierie électrique de l’Université de Belgrade, communiquant avec mes amis, jouant au basket. Mais il y avait quelque chose qui n’allait pas… Lire la Suite

Archimandrite Agathon : Grandeur de l’Orthodoxie

La version russe du texte ci-dessous a été publiée le 23 mars 2021 sur le site Pravoslavie.ru. Il s’agissait d’une traduction de la version originale grecque, parue sur le site katanixi.gr, et datant de Pâques 2009. Ce sont les paroles prononcées par l’Archimandrite Agathon de bienheureuse mémoire († 2020), Higoumène du Monastère de Konstamonitou, sur la Sainte Montagne.

La Grandeur de l’Orthodoxie ne peut être exprimée par des mots. Elle doit être vécue dans l’expérience. L’Orthodoxie est ce de quoi nous vivons, ce que nous vivons, ce que nous approchons et touchons, ce grâce à quoi le chrétien orthodoxe communie à la vie éternelle: en ce moment même, en cette minute même, aujourd’hui et à tout moment de notre vie. La vie du siècle à venir c’est le Paradis, Le Royaume des Cieux. L’Orthodoxie n’est pas quelque chose d’abstrait, d’incertain. L’Orthodoxie c’est quand chacun de nous, que Dieu a honoré d’être baptisé dans la Sainte foi orthodoxe, vit cette foi, la ressent, communique avec le monde invisible dans la prière, tout en demeurant ici sur terre.Une personne qui vit la foi ne la considère pas comme une sorte d’abstraction, et n’essaie pas de la coincer dans le cadre de certaines définitions, des lois de la logique, de lui trouver une explication intellectuelle et rationnelle. Lire la Suite

Le chemin de l’Archimandrite Hippolyte (Khaline)

Le Starets Kirill (Pavlov)
 disait de lui 
qu'il était 
le Batiouchka qui, 
sur toute la terre, 
était doté de 
la plus grande bonté.

L’original russe du texte ci-dessous provient du site du Monastère de Rylsk, dans l’Eparchie de Koursk. Il présente brièvement l’Archimandrite Hippolyte (Khaline), qui en fut l’higoumène pendant les dernières années de sa vie. Plusieurs livres ont été écrits au sujet de ce grand et saint Starets qui, avec d’autres, illumina la Terre de Russie au cours du siècle dernier. Son chemin commença dans la région de Koursk, passa par le Désert de Glinsk, le Monastère des Grottes de Pskov, le Mont Athos, et il se termina dans sa région natale de Koursk.

Entre octobre 1991 et décembre 2002, c’est l’Archimandrite Hippolyte (Khaline) qui accomplit l’obédience de supérieur du Monastère Saint Nicolas de Rylsk. On l’appelait le Starets de l’Athos, et de tous les coins de Russie, on venait dans ce petit monastère de la Russie provinciale pour recevoir ses conseils spirituels. Il consolait et aidait tout le monde, tous ceux qui ployaient sous l’affliction, ceux qui souffraient de maladies physiques ou d’infirmités de l’âme. Le Père Hippolyte amena une multitude de gens à la foi. Il fut, pour ceux qui cherchaient une vie spirituelle, un guide sage et à la tolérante patience. Ses enfants spirituels garnirent les rangs des prêtres et des moines, dont avait tant besoin la Russie qui renaissait après la folie de l’athéisme. Lire la Suite

Le Starets Athonite Jérôme (Solomentsov) (15)

Le texte ci-dessous, propose la première traduction en français de la longue biographie du Saint Starets Jérôme (Solomentsov). En 2012, le Saint Monastère athonite de Saint Panteleimon a publié un épais «Paterikon des Athonites Russes des XIXe et XXe siècles». Ce texte en est extrait. Le 27/14 novembre 1885, le Starets et Père spirituel de tous les agiorites russes, Jérôme (Solomentsov) s’en est allé auprès du Seigneur. Ce puissant guide spirituel, élu par la bénédiction particulière de la Très Sainte Mère de Dieu, dirigea la communauté russe du Monastère Saint Panteleimon. Il devint par la suite le père spirituel de tous les moines russes de l’Athos. La Providence divine le chargea d’une obédience particulière et colossale: la restauration du monachisme russe sur le Mont Athos, non pas formellement, mais en profondeur, conformément aux meilleures traditions de la piété monastique. Le début du texte se trouve ici.

https://images.unian.net/photos/2018_10/thumb_files/1000_545_1540886705-6624.jpg?1Pour qu’ils se souviennent éternellement de ce testament rédigé avant sa mort imminente, le Père Jérôme offrit à la fraternité un cadeau remarquable, une icône de la Sainte et Vivifiante Trinité, que lui offrit jadis la fraternité elle-même. Sur le revers de cette icône de la propre main le Père de Jérôme avait écrit: «Par cette icône de la Sainte Trinité, moi l’indigne ancien, moine du grand schème Jérôme, malade et approchant de la fin de ma vie, je bénis ma communauté, choisie par Dieu, mes pères spirituels, mes frères et mon enfant en notre Seigneur, le Saint Starets Archimandrite du grand schème Macaire et tous ses concélébrants, frères et enfants spirituels, je les bénis de ma dernière requête, de mon dernier souhait de starets, avant de mourir : qu’ils soient pénétrés de la signification éternelle et du souvenir permanent de l’observance de la pureté du cénobitisme, accompagnée du respect de la lignée de la paternité spirituelle cénobitique selon la règles des saints pères de jadis, comme je l’ai écrit dans mon testament spirituel». Lire la Suite