Saint Hilarion (Troïtski) L’Idée fondamentale du Christianisme.

Traduction du texte intitulé «Incarnation et humilité» (Воплощение и смирение), extrait des «Œuvres en trois volumes» du saint néomartyr, l’Archimandrite Hilarion (Troïtski) Archevêque de Vereya, (1886-1929) publiées en 2004 aux Éditions de la Sainte Rencontre à Moscou. Saint Hilarion utilise son analyse magistrale des événements et de la société du début du XXe siècle comme une porte qui ouvre sur la mise en lumière des fondements de l’Orthodoxie.

Le monde ecclésiastique contemporain éprouvant une froideur croissante envers l’Église de Dieu, il est peu probable que beaucoup de gens ressentent pleinement comment l’Église célèbre le souvenir de «L’Incarnation de notre Seigneur et Dieu, notre Sauveur Jésus Christ». Il est sans doute une particularité qui n’a pas encore été oubliée; on commence à chanter l’hirmos «Le Christ est né…» plus d’un mois avant la fête. L’Église consacre bel et bien des semaines entières à la préparation de la fête. Dans les églises de paroisse, c’est à peine si on remarque l’approche de la grande fête car le typikon y a perdu tout son charme, sa profondeur théologique; la fête survient presqu’immédiatement. Lire la Suite

Saint Tsar Nicolas II. «En Mémoire du Dernier Tsar» (3)

Le Saint Tsar Nicolas II
Le long texte «En mémoire du Dernier Tsar» fut publié en 1943 à Kharbine, dans le magazine «Pain céleste» ("Хлебе Небесном"). Il constitua par la suite un chapitre, aux pages 264-302, du livre Чудо русской истории. (Le Miracle de l'Histoire russe), écrit par l'Archimandrite Konstantin (Zaïtsev) (1887-1975) qui en 1949 rejoignit la communauté de Jordanville où il enseigna au Séminaire. Il dirigea les revues ««Православная Русь» (La Rus' Orthodoxe), «Православная жизнь» (La Vie Orthodoxe), «The Orthodox Life» , et Православный путь» (La Voie Orthodoxe). Il exerça une activité pastorale d'envergure et participa amplement à la contribution majeure de l’Église Russe hors Frontières en matière de théologie, d'histoire de la Russie et d'histoire de la culture russe. A notre connaissance, ce long texte de grande valeur, parfois ardu, n'a pas été traduit et publié en français à ce jour. Il sera proposé ici en entier, mais fractionné. Voici la troisième partie. Les précédentes se trouvent ici.

Cette question fut posée d’une manière plus globale encore, et sous un éclairage impitoyablement plus cru et pénétrant par Rosanov, un homme qui pécha beaucoup contre l’Église Orthodoxe, mais qui, à la différence de ses nombreux contemporains, était lié à l’Église de façon tellement organique, que, révolté contre elle, il n’eut pas la force de quitter son enceinte. Rosanov examine le concept même de «culture» dans l’acception que celui-ci revêtait dans la vie courante des «gens éduqués» de Russie. Et il arrive à une conclusion particulièrement défavorable à «l’élite» culturelle russe. Il oppose sans détour le soi-disant «simple peuple» à la «société cultivée», non pas pour souligner l’arriération du premier à l’égard de la seconde, mais au contraire, pour indiquer la supériorité du «simple peuple» sur la «société éduquée». Lire la Suite

Social-Monarchie. De la Théorie à la Pratique.

Social-monarchieFeu Vladimir I. Karpets a travaillé pendant de nombreuses années à l’élaboration et au développement du concept de Social-Monarchie. Ses travaux ont essentiellement porté sur la dimension historique, ainsi que les concepts juridiques, économiques et politiques qui sous-tendent son approche sur le plan théorique. Le texte ci-après est un texte risqué, d’Anton Brioukov. Risqué car il tente d’envisager la manière dont la Social-Monarchie pourrait être mise en œuvre en Russie. L’intérêt de ce texte ne réside pas dans des ‘recettes’ que l’on pourrait y puiser afin de les importer sans discernement, mais plutôt dans l’éclairage qu’il apporte sur un segment fertile de l’intense bouillonnement idéologique qui a lieu en Russie et qui n’est rapporté par personne, ou quasiment personne, en Occident où on aime se convaincre que «tout le monde pense comme nous».
De nombreux problèmes, intérieurs et internationaux, avec lesquels la Russie est confrontée sont des phénomènes qui découlent d’une origine située dans l’absence d’une idéologie d’État intelligible. Nos élites, dans le meilleur des cas, vivent des reliquats de l’idéologie soviétique et d’un simulacre d’idéologie pré-soviétique, et dans le pire des cas, elles vivent d’idéologies cuisinées en Occident. Lire la Suite

Saint Luc de Crimée. Le Mépris de la Patrie et la Vénération de l’Europe.

agios-louka-st-lukaInnombrables sont les miracles accomplis par l’intercession du Saint Archevêque et Confesseur de la Foi Luc de Crimée. Saint Luc a illuminé la Terre de Russie et il illumine aujourd’hui le monde entier. Puisse-t-il nous accompagner dans la joie sur notre chemin vers le Christ et nous donner la force de porter notre croix. Afin de nous y aider le Saint homme a prononcé ses homélies et écrit ses textes. Ce site propose la traduction d’homélies et de textes de Saint Luc, à notre connaissance inédits en langue française. L’homélie ci-dessous, intitulée : «Les sources de l’athéisme contemporain»,  a été prononcée le vendredi de la semaine du publicain et du pharisien, le 27 février 1948. Elle est intégrée dans le recueil intitulé «Hâtez-vous à la suite du Christ» (Спешите идти за Христом)

Vous savez ce que dirent les contemporains juifs du Christ : «Peut-il venir de Nazareth quelque chose de bon?» (Jean 1,46). Voilà ce qu’ils disaient de Lui. Quand le Seigneur entra à Nazareth, où Il avait grandi, où Il avait été élevé, les gens le considéraient avec mépris. Ils ne Le prenaient ni pour un saint, ni pour un prophète, disant «Nous savons bien qu’Il est le fils du charpentier Joseph». C’est avec pareil mépris qu’aujourd’hui encore, une partie significative du genre humain parle du Sauveur, cette partie du genre humain qui fut jadis largement chrétienne et qui a maintenant quitté Dieu. Pourquoi, à cause de quoi ? Précisément parce que l’enseignement du Christ est simple au plus haut degré, tellement simple qu’il est accessible à la compréhension de l’homme le plus simple, le moins éduqué. Mais les gens fiers n’ont que mépris pour les simples, les petits, alors qu’ils s’inclinent devant ceux qu’ils trouvent grands et de valeur. Conformément à leur fierté, à leur grandeur d’esprit, ils ne veulent rien savoir de notre Seigneur Jésus Christ ; ils se choisissent d’autres maîtres, d’autres guides.
Ils ont renoncé à notre Seigneur et Sauveur. Mais n’allez pas imaginer que ce rejet du Seigneur, le dénigrement de Son Nom, soient propre à notre époque. Dès les temps très anciens, aux premiers siècles du Christianisme, apparurent le refus du Seigneur, le dénigrement des enseignements du Christ. Dans tous les peuples, au cours de tous les siècles, il exista des gens qui rejetaient l’Évangile.
Mais, comme je vous l’ai dit à maintes reprises, jusqu’à la fin du XVIIe siècle, tous les gens étaient très pieux dans notre pays, tous étaient chrétiens. Le rejet des enseignements chrétiens et le mépris du Nom du Christ survinrent voici  plus de deux cents ans déjà, au cours de la première moitié du XVIIIe siècle. D’où vint ce dénigrement du Christianisme, ce rejet de l’Évangile dans notre pays ? Il vint de France avec l’apparition, là-bas, des philosophes matérialistes, ceux qu’on nomme ‘encyclopédistes’, quand commença le ‘siècle des lumières’, et plus particulièrement lorsque toute la haute société, les gens éduqués, adoptèrent Voltaire comme idole, ce philosophe français athée et calomniateur du Christ. Il jouissait d’une intelligence acérée et se moqua du Christ et Le bafoua en des termes extrêmement caustiques. Et ces railleries alimentèrent les tendances blasphématoires des gens, en tous lieux et à tout moment. Et je vous assure qu’il n’y eut nulle part autant d’admirateurs de Voltaire que chez nous, en Russie, dans la soi-disant haute société.

C’est donc dès l’époque de l’Impératrice Catherine II que débuta le rejet généralisé du Christ au sein de cette haute société. Catherine elle-même fut une fervente admiratrice de Voltaire. Tout ce qui était russe était méprisé, on se moquait du patriotisme, on raillait l’amour de la patrie, on avait honte de se dire russe, honte de notre langue russe. Et tous les gens aisés, tous les nobles se mirent à éduquer leurs enfants dans l’esprit français athée. Ils faisaient appel à des éducateurs venus de France. Et ces éducateurs, libres-penseurs formés par la philosophie des ‘encyclopédistes’ propageaient ces sentiments et ces idées dans les jeunes cœurs et les éduquaient dans l’esprit de la France athée, dans l’esprit du voltairien, dans l’esprit du dédain envers le Christianisme. Ils instillaient en eux le mépris de la patrie et la vénération de l’Europe. Et ces choses en vinrent à ce que les nobles avaient quasiment oublié la langue russe. Les enfants étudiaient seulement en français, lisaient exclusivement des livres français. La langue russe devint la langue du petit peuple. La religion était tournée en dérision, le clergé était humilié. Il était devenu indigne de compter un prêtre dans sa maisonnée. Et on ne souffrait jamais, au grand jamais, aucune admonition, aucune remontrance.

Saint Tikhon de Zadonsk

Parviendrez-vous à croire qu’un jour, alors que le grand Saint Tikhon de Zadonsk se mit à admonester avec douceur un jeune aristocrate, invitant celui-ci à abandonner la libre-pensée et à revenir à la foi de ses ancêtres, ce jeune homme audacieux osa gifler le Saint au visage ? Celui-ci tomba alors aux pieds de l’aristocrate, implorant son pardon. Le jeune homme en éprouva un choc tel qu’il se sentit couvert de honte ; il renonça alors à la libre-pensée et devint un Chrétien exemplaire.
Tel était l’état d’esprit qui prévalut pendant la seconde moitié du XVIIIe siècle, jusqu’au début du XIXe. Au XIXe siècle apparut et se répandit largement une nouvelle tendance, remplaçant la libre-pensée voltairienne : les enseignements mystiques de la pensée protestante, loin de tout Christianisme authentique. La maçonnerie se manifesta, hostile au Christianisme. Sous Alexandre Ier le Bienheureux, une vague de sectes mystiques se développa au sein de la haute société. Et les Russes continuaient de la sorte à se tenir à l’écart de l’humble christianisme de l’Évangile. Voyez comme elles sont profondes, comme elles remontent loin, les racines de notre athéisme.
Pour quelles raisons les gens ont-ils été attirés par l’athéisme, pourquoi jadis succombèrent-ils à la vague de «voltairisme» ou à la vague des sectes mystiques? Uniquement parce que ces gens étaient et  orgueilleux, en eux il n’y avait aucune humilité, seulement parce qu’ils se tenaient infiniment loin de l’état d’esprit qui imprégnait entièrement le cœur de l’Apôtre Paul, qui disait ne rien vouloir connaître à l’exception du Christ. Il rejetait toute sagesse humaine, il ne voulait connaître que le Christ crucifié. Il nous avertit de ne pas nous laisser emporter «par tout vent de doctrine» (Eph.4,14), ou par la philosophie.
Depuis les années ’50 et même ’40, toute la société russe devint fascinée par la philosophie de Hegel, qui contredit le Christianisme, philosophie tenue de nos jours en haute estime. Les Russes ne veulent pas entendre l’avertissement de l’Apôtre Paul de ne pas se laisser entraîner par tous les vents des enseignements et des philosophies, mais de vivre dans une chrétienne simplicité.

Les gens ne comprennent pas que les paroles du Christ sont d’une force incomparable, qui surpasse tout, à cause justement de leur simplicité, cette simplicité grâce à laquelle elles pénètrent, avec une force que nul ne peut arrêter, au plus profond du cœur de l’homme, même le plus simple. C’est une telle simplicité qui nous est demandée, à chacun et chacune d’entre nous. Notre Seigneur Jésus Christ a dit que nous devions être pareils à des enfants, et que si nous ne devenons pas comme eux, nous ne pourrons entrer dans le Royaume des Cieux. Le Seigneur exige de nous cette simplicité d’enfant, cette crédulité. Le Seigneur nous demande d’ouvrir notre cœur, pour qu’Il y entre et y fasse la demeure de Son Père. C’est seulement lorsque notre cœur se fera simple, d’une simplicité d’enfant, quand il se détournera des audacieuses théories philosophiques, seulement quand il comprendra que les paroles du Christ sont supérieures à tout, que nous entrerons dans le Règne de Dieu. Que notre Dieu et Seigneur Jésus Christ nous l’accorde ! Amen.
Traduit du russe.

Archimandrite Georgios : Le Christ et la Mondialisation.

Texte d’une homélie prononcée par l’Archimandrite Georgios Kapsanis, cathigoumène du Monastère de Grigoriou sur la Sainte Montagne, à l’occasion de la fête de la Nativité de notre Seigneur, en 1998, et publié dans l’ouvrage en langue grecque portant le titre «Dieu s’est manifesté dans la chair» («Αρχιμανδρίτου Γεωργίου, Καθηγουμένου. Ιερά Μονή Οσίου Γρηγορίου. Θεός εφανερώθη εν σαρκί, Άγιον Όρος, 2004»). La version russe, qui a servi de base à la traduction ci-dessous, a été publiée sur le site «ПРАВОСЛАВНЫЙ АПОЛОГЕТ». Ce texte datant d’une vingtaine d’années s’avère prophétique à bien des égards.

Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui parlent de la mondialisation. Celle-ci est planifiée et préparée par un petit nombre de gens. Elle est mise en œuvre à travers l’économie, afin de créer un État mondial et une religion unique. La mondialisation fit son apparition à travers le mouvement du ‘Nouvel Âge’ et elle constitue l’objectif de ce mouvement. Elle vise à remplacer le Christ par l’antéchrist. Selon les prévisions du mouvement du ‘Nouvel Âge’, le règne de l’antéchrist commencera au troisième millénaire après la Nativité du Christ. Le signe du poisson (dont le monogramme, ΙΧΘΥΣ, est un antique symbole chrétien et se déchiffre de la façon suivante : Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur) sera remplacé par celui du verseau (symbole de l’antéchrist). Mais il sera impossible de réaliser cette mondialisation si tant est que les religions en ce monde conservent leur conviction selon laquelle elles détiennent la Vérité et refusent leur fusion dans une ‘religion supérieure’, une sorte de mélange des religions du monde. Lire la Suite

Geronda Gabriel l’Athonite et Geronda Ephrem.

Geronda Gabriel K recadréGeronda Gabriel est l’un des ‘anciens’ athonites contemporains les plus connus. Depuis de nombreuses années, il mène son exploit ascétique dans la kelia de Saint Christodoulos, près de la capitale de l’Athos, Kariès. Il est impossible de dénombrer les pèlerins qui s’efforcent de rencontrer Geronda. Le site Pravoslavie.ru a publié en novembre 2012 un entretien avec Geronda. En voici deux extraits.

Pour nous sauver, Dieu attend que nous nous repentions. Le Seigneur ne souhaite ni guerre, ni malheur, ni maladie. Dieu ne nous a pas créés pour que nous souffrions sur terre et ensuite pour que nous tombions en enfer. Mais Il ne peut nous sauver si nous ne le voulons pas.
Les Saints Pères disent que le repentir peut sauver non seulement notre pays, mais l’humanité entière. Mais si nous ne nous repentons pas, nous serons perdus! Il nous adviendra la même chose qu’à Sodome et Gomorrhe: elles brûlèrent intégralement, excepté Lot et ses deux filles. Ou la même chose qu’à l’humanité de l’époque de Noé : nous périrons noyés dans le déluge.
Dieu nous a donné Sa Loi afin que nous puissions être heureux sur terre et hériter la joie éternelle du Paradis. Si seulement l’humanité observait un seul commandement de l’Évangile, nous serions déjà, ici, en cette vie, au Paradis.
De quel commandement s’agit-il ?
«Aime ton prochain comme toi-même». Si les gens commençaient à le mettre en pratique, toute armée serait superflue et on pourrait cesser de produire du matériel militaire. Les prisons, les facultés de droit et les tribunaux n’auraient plus aucune utilité. Les policiers seraient forcés de trouver un nouvel emploi. Et on n’aurait plus besoin de signalisation, ni de serrures.
Pourquoi ?
Parce que j’aimerai mon prochain comme moi-même. Vais-je me tuer moi-même? Vais-je me détrousser? Vais-je me porter préjudice? Dieu est très affligé par le comportement des Orthodoxes contemporains. Car enfin, ne l’avons-nous pas renié? Nous avons rejeté sa loi et avons institué nos propres lois.
Un jour, pendant une bataille, Alexandre le Grand vit un soldat qui se dissimulait derrière le dos de ses camarades. Il accourut et lui demanda : «Comment t’appelles-tu?» Le jeune homme lui répondit Geronda Gabriel ombre«Alexandre». Alors, Alexandre le Macédonien lui répliqua «Alexandre? Dans ce cas, ou tu changes de nom ou tu changes de comportement. M’as-tu jamais vu me cachant pendant une bataille?» Ainsi, le Parlement de Grèce doit changer de comportement ou de nom. Avec tout ce qu’il fait, il ne mérite pas de s’appeler «Vouli» [Le grec ‘βουλή’ fait partie du champ lexical indo-européen se rapportant à la notion de ‘vouloir’ N.d.T.] Il serait beaucoup plus approprié de l’appeler «dépourvu de volonté, inconsistant et irréfléchi» car il a abrogé les Commandements de Dieu et adopté ses propres «lois». Un des dix commandements dit :  «Tu ne tueras point». Les députés grecs ont dit : «A bas le Commandement de Dieu. Tue!» Et ils ont légalisé l’avortement. Le Seigneur a dit : «Tu ne commettras point l’adultère». Et eux de répliquer : «A bas le Commandement de Dieu». Et ils ont légalisé la prostitution, l’homosexualité, la crémation et le mariage civil. Ils ont ôté les icônes des bâtiments publics ainsi que la croix du drapeau grec. Les députés grecs se préoccupent-ils du bien de leur patrie? Lui veulent-ils du bien? Sont-ils les pères et les sauveurs du peuple ou le détruisent-ils et lui arrachent-ils ses racines? Par leurs propos et leurs actes politiques, ils démontrent qu’ils ne croient pas en Dieu, en l’immortalité de l’âme, au Paradis et à l’enfer, au Jugement Dernier et à la rétribution des péchés. Tout cela, ils considèrent que ce sont de dangereuses erreurs, «l’opium du peuple». S’ils ne se repentent pas, on ne les prendra même pas en enfer. Dieu créera un lieu de tourment particulièrement pour eux. Et avec tous leurs titres, leurs honneurs, leurs «mérites politiques» ils iront décorer les fosses les plus profondes et effrayantes de la géhenne!» C’est à Eleftherios Venizelos [Premier Ministre de Grèce à plusieurs reprises entre 1910 et 1932] qu’appartiennent les paroles suivantes: le politicien pense à la prochaine élection, l’homme politique, aux générations futures. Nos acteurs politiques pensent-ils au destin de notre Patrie? Les hommes politiques du passé vivaient pour la Patrie, et non sur son compte. Les députés d’aujourd’hui vivent-ils pour la Grèce ?
(…)

Je vais vous conter deux histoires.
ST EphremSur la Sainte Montagne de l’Athos, dans les Katounakia, vivait Geronda Ephrem. Un de ses voisins vint à construire une église près de sa kelia. Et il décida d’y ériger une iconostase. Il se rendit auprès d’un moine et lui demanda :
-Tu me demanderais combien de pièces pour me faire une iconostase ?
-Quinze pièces.
Il alla en voir un autre et demanda combien coûterait le travail.
-Douze pièces.
Ensuite, il se rendit auprès du Père Ephrem et lui dit: «Construis-moi une iconostase.» Geronda Ephrem, sans poser la moindre question, se lança à l’ouvrage. Quand tout fut terminé, le voisin proposa à Geronda deux pièces en échange de son pénible labeur de plusieurs jours et lui demanda :
-Est-ce suffisant, Père ?
-Cela suffit. Répondit Geronda Ephrem.
Après le départ du voisin, un novice vint auprès du Père Ephrem et dit :
-Mais Geronda, il t’a floué! Tu as travaillé si longtemps et tu n’as reçu que deux pièces?
Geronda Ephrem lui répondit :

-Fils, il nous faut garder quelque chose pour la vie à venir. Si ici sur terre, nous recevons tout «notre dû», quelle récompense aurons-nous quand nous arriverons dans l’éternité?
Les années passèrent. Geronda Ephrem mourut. Et voilà que le novice le vit en songe. Geronda se trouvait dans un vallon merveilleux et autour de lui étaient dispersées quelques jolies maisonnettes. L’une d’entre elles était particulièrement belle et le novice demanda:
-Père, elle vaut combien cette maison?
-Elle a été construite avec l’argent de l’iconostase. Ce que nous ne recevons pas sur terre, Dieu nous le donne plus tard.
Voici la seconde histoire.
Deux hommes se querellèrent à propos d’une parcelle de terrain. Ils ne parvenaient pas à résoudre le litige de façon paisible et décidèrent d’aller s’adresser à un sage geronda. Les ayant entendus, celui-ci proposa d’aller jusque la parcelle contestée, ce qu’ils firent. «Cette terre est à moi!», cria l’un. «Non, à moi!», répliqua l’autre. Alors, le geronda se mit à genoux et commença à prier. Ensuite, il se leva et dit :
-J’ai demandé à la terre.
-Que t’a-t-elle répondu ? S’enquirent les querelleurs.
-Elle a dit que c’est vous qui lui appartenez, et non le contraire.
Source