Le site internet du Saint Monastère d’Optina propose une bibliothèque en ligne fournie. On y trouve de nombreux ouvrages des startsy d’Optina et des recueils de leurs lettres et homélies. Parmi ces ouvrages on compte le recueil des lettres écrites par le Saint Starets et Confesseur de la foi Nikon d’Optina, dont le journal fait l’objet d’une traduction depuis des mois sur le présent blogue. Nous proposons ici la traduction du recueil de ces lettres de Saint Nikon. Il ne s’agit plus du Novice Nicolas, auteur du journal précité, mais déjà du Hiéromoine Nikon, qui a intégré et mis en pratique dans son podvig les enseignements de son starets Saint Barsanuphe d’Optina, héritier de la tradition du Désert d’Optina.
Au Père Gerontii
Cher Père Gerontii !
De tout cœur, je te souhaite paix et joie dans le Seigneur, et te demande tes saintes prières.
J’ai reçu votre colis je t’adresse de tout cœur, ainsi qu’à tous ceux qui y ont participé, notre maîtresse de maison Maria Ivanovna, les Matouchkas Domnika, Daria, Glikeria, Natalia et les autres, ma sincère reconnaissance, la paix et les bénédictions de Dieu. Je me souviens de tous et prie selon mes forces. De vos lettres, je vois que vous vous inquiétez pour moi, comment je vais, ce que je mange, etc. Je peux te dire, et je te demande de le communiquer à tous ceux qui me sont chers et proches, que je suis jusqu’à présent en bonne santé. Tout va bien. Je suis approvisionné deux fois par mois, et je cuisine moi-même. Je reçois deux livres de pain noir par jour, le blanc, je peux en acheter au magasin, sur mes fonds. Je reçois de l’huile de tournesol et si ce n’est pas assez, je peux aussi en acheter. Ne vous fatiguez donc pas à envoyer de l’huile. Il y a également du beurre au magasin. Avec de l’argent, on peut tout obtenir. En un mot, jusqu’à présent, la nourriture de base, c’est : pain, beurre et céréales; le sucre est disponible en quantité suffisante. Les conserves de poisson sont disponibles. Il serait bon d’avoir des petits éperlans ou du poisson séché, mais pas salé, pour la soupe; M. Irina m’a écrit à ce sujet. À ses deux lettres, si Dieu le veut, je répondrai. Il y a du caviar, du noir et du simple. Pour le reste, il y a peu de poisson.
Mes journées s’écoulent imperceptiblement: à huit heures, les rassemblements, à neuf heures je vais occuper ma position de gardien; c’est bénéfique pour moi, je suis à l’air frais, et l’occupation est à ma portée; je dors sept ou huit heures et huit heures passent imperceptiblement pour le thé, le déjeuner et d’autres choses de notre vie quotidienne. Gloire à Dieu pour tout! Je voudrais avoir un vêtement imperméable en toile, sous la forme d’une cape ou d’une mantia, sans manches et avec une capuche, pas trop court, c’est-à-dire un peu plus court que la soutane pour couvrir les genoux. Ce sera nécessaire à l’automne sous la pluie, mais maintenant par beau temps, je me contente de ce qui m’a été envoyé. Envoyez ensuite, si possible, deux ou trois plumes «eureka» et quelques feuilles de papier non lignées.
Je remercie Matouchka Ambrosia pour la taie d’oreiller et les pommes séchées. Que Dieu la bénisse. N’envoyez plus de linge de corps pour le moment. L’excédent de linge me pèse. Quand ce sera nécessaire, si Dieu le veut, j’écrirai.
Que le Seigneur vous garde tous sous la protection de Sa miséricorde. Dans ma prière, je me souviens de toi et de tous ceux qui me sont chers, et je vous souhaite que tout aille bien. Je n’écris pas beaucoup car je n’en ai pas la possibilité, mais je me souviens toujours d’eux et mon cœur est rempli de compassion pour eux, pour leurs besoins spirituels et corporels. Que le Seigneur les sauve.
Je demande avec insistance de transmettre ma gratitude à Matouchka Chionia, pour tout ce qu’elle m’a envoyé. Que le Seigneur la console et la bénisse. Je prie pour elle. De même je te demande de transmettre mes salutations, la paix et les bénédictions de Dieu à Matouchka Maria Savoutina. Je la remercie, je me souviens d’elle et prie pour elle. Aux gardiens et à Marie, paix et bénédictions de Dieu ; que le Seigneur les garde. J’ai reçu sa lettre. Je la remercie et je prie. Depuis longtemps, je n’ai plus de nouvelles de Valentina et Lydia. Je leur remets mon bonjour et les bénédictions de Dieu. Toujours, je me souviens et je prie pour elles, avec reconnaissance. Que le Seigneur les garde. Tous nous sommes proches et chers. Je demande leurs saintes prières et leur pardon et à mes pères, aussi leur bénédiction.
Il me semble que vous êtes plus à plaindre que moi. Jusqu’à présent, j’ai assez d’argent et n’ai pas besoin de plus. Que le Seigneur vous sauve, pour votre amour et votre attention. Que le Seigneur qui voit dans les cœurs voie en vos cœurs tous vos besoins et vos afflictions, et qu’Il donne à chacun selon sa nécessité. Recevez ces bons souhaits de ma part, en guise d’infime gratitude pour votre amour et vos soucis à mon sujet ; je ne puis rien faire de plus pour l’instant. Pardonne-moi.
Le pécheur Hiéromoine Nikon
20 juin / 3 juillet 1928
Au Père Gerontii
Cher Père Gerontii,
Je t’adresse mes félicitations à l’occasion de la grande et joyeuse fête de la Nativité du Christ et te souhaite sincèrement de vivre les saints jours de la fête dans la paix et la joie du Seigneur. Je te demande de transmettre mes félicitations, et de pardonner leur sécheresse. Notre séparation m’humilie et malgré tous mes souhaits, je ne puis rien dire, sinon écrire cette pauvre lettre. Que le Seigneur Christ vous console tous et remplisse vos coeurs de joie spirituelle. J’espère que vous tous, vous ne m’oubliez pas, le pécheur, dans vos prières. De même, ne doutez pas, je vous garde tous dans la mémoire de ma prière. Je n’écris maintenant à personne d’autre en particulier. Je salue tout le monde d’un seul bonjour. J’appelle sur tous la paix et les bénédictions de Dieu. Je souhaite à tous que s’accomplissent vos bons souhaits, la santé de l’âme et du corps, et le salut éternel. Me plaçant parmi vous en pensées, j’aimerais savoir comment vous vivez, mes bien chers. Notre séparation n’a évidemment pas détruit ce qui nous reliait, c’est-à-dire notre vie spirituelle, notre amour dans le Seigneur, qui est plus précieux que tout au monde. Car que peut être la vie sans vie spirituelle et sans amour ? De nouveau, à mon sujet, je ne peux qu’écrire que je vis comme avant ; il n’y a pas eu de changement dans ma situation ni mes occupations. La vie s’écoule, uniforme, de jour en jour. On n’a quasi aucune impression. Et de plus le temps file si vite. Le Seigneur m’a gardé, et me garde jusqu’à présent en bonne santé, sans problème. Je rends grâce à Dieu pour tout. Je m’afflige seulement quand je pense aux afflictions de ceux qui s’affligent pour moi… Mais que la volonté de Dieu soit faite. S’il vous est possible d’obtenir un calendrier, comme l’an dernier, envoyez-le à l’occasion. Pour le reste, je n’ai aucun besoin particulier. J’ai encore de l’argent. Maintenant, il n’est plus possible d’obtenir des cartes postales et donc, comme avant, je dois écrire moins. Je vous demande de me pardonner. Remettez mes salutations festives à Batiouchka Isaac et à Batiouchka Dosithée. Je demande leurs saintes prières et leur bénédiction. Et je demande ardemment les saintes prières et la bénédiction de Vladika. Comment va leur santé ? Remets mon bonjour et les bénédictions de Dieu à notre maîtresse de maison Maria Ivanovna et aux occupants actuels de notre logement. Je leur souhaite que tout aille bien. Je demande leurs saintes prières. Comme le dit le proverbe, l’hiver est passé au gel. Depuis une semaine déjà, on tient du moins vingt degrés, alors que jusqu’ici, il avait fait doux, on avait même eu deux réchauffements. Jusque maintenant, ces gelées ne sont pas insupportables ; j’ai suffisamment de vêtements, pour la suite, ce sera comme Dieu voudra. Je félicite pour la fête et aussi pour Son jour de l’Ange, qui approche, le Père Ioann Jirnov. A lui, paix et bénédiction de Dieu. Et aussi à Matouchka Anicia, malade. Je la félicite pour ses deux jours de l’Ange. Au Père Tikhon l’aveugle et aux gardiens, paix et bénédictions de Dieu. Que le Seigneur les garde sous la protection de Sa bonté, et affermisse leurs forces dans leurs épreuves, les garde de toute pusillanimité, du découragement et de tout mal. Remets mon bonjour, paix et bénédictions de Dieu à tous ceux de Kalouga, et aussi à Matouchka Evdokia Salomon et à Maria Savoutina, sa maisonnée et tous les autres. Je leur souhaite paix et joie dans le Seigneur et tous bienfaits. Et aussi au Père Jacob l’aveugle. Qu’ils ne doutent pas, je me souviens de tous, prie pour tous selon mes forces, mais je ne peux écrire à tous. Et je crois que Dieu est miséricordieux et accordera à chacun toute consolation, tout ce qui lui est bénéfique, et toute consolation spirituelle, Lui Qui voit dans les cœurs, Lui, Amour Tout Parfait. Mais je vois de plus en plus mon infirmité et ma petitesse spirituelle. Je demande pardon à tous. Je vous remercie de tout cœur pour tout votre amour. Je n’ai jamais éprouvé aucun besoin ici, grâce à vos soins. Que puis-je rendre, alors que je suis indigent ? Que le Seigneur vous donne Sa grâce, vous console et vous apaise, soigne vos afflictions et less maux de vos âme, préparant votre salut éternel, dont Lui connaît les voies. Pardonne-moi.
Kem
19 décembre 1928 / 1 janvier 1929
Traduit du russe
Source
Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.