Le site internet du Saint Monastère d’Optina propose une bibliothèque en ligne fournie. On y trouve de nombreux ouvrages des startsy d’Optina et des recueils de leurs lettres et homélies. Parmi ces ouvrages on compte le recueil des lettres écrites par le Saint Starets et Confesseur de la foi Nikon d’Optina, dont le journal fait l’objet d’une traduction depuis des mois sur le présent blogue. Nous proposons ici la traduction du recueil de ces lettres de Saint Nikon. Il ne s’agit plus du Novice Nicolas, auteur du journal précité, mais déjà du Hiéromoine Nikon, qui a intégré et mis en pratique dans son podvig les enseignements de son starets Saint Barsanuphe d’Optina, héritier de la tradition du Désert d’Optina.

Au Père Joseph (Polevoï)
Cher Batiouchka Joseph, très vénérable dans le Seigneur !
Je vous souhaite de tout cœur paix et joie dans le Seigneur Jésus, et demande vos saintes prières. J’ai reçu votre lettre et remercie de tout cœur pour l’attention et le souvenir accordés à mon insignifiance. En ce que concerne les conversations au sujet de vos relations avec moi, je n’y attache pas d’importance. Le Seigneur voit le cœur des hommes, et les gens peuvent sans cesse se tromper dans leurs jugements. Ces jugements demeurent alors juste les fruits de paroles oiseuses. Bien que je ne vous aie pas écrit, j’ai sans cesse fait mémoire de vous dans ma prière jusque maintenant, et je vous adresse ma reconnaissance pour les bonnes intentions à mon égard que j’ai toujours constatées de votre part.
Je n’ai pas pu vous répondre avant aujourd’hui car j’ai reçu votre lettre la veille de mon départ d’Arkhangelsk pour Pinega, où je me trouve pour l’instant, mais je ne suis pas encore installé. A Arkhangelsk, tout était beaucoup plus confortable pour moi qu’ici, mais l’avenir révélera tout, car je crois que le Seigneur œuvre pour mon salut, et m’enverra l’une ou l’autre chose. Je crois en la Providence Divine qui veille avec attention sur moi, et je crains d’orienter ma vie en fonction de mes réflexions. J’observe combien la volonté propre occasionne peines et afflictions à l’homme. Que soit faite Sa volonté bonne et parfaite ! A Elle, je me confie, ainsi que toute ma vie, et tous ; l’acceptation de la volonté de Dieu apporte la paix à mon cœur. Je remercie le Seigneur Dieu, Qui dans la séparation avec ceux qui me sont proches et chers, et dans mes pérégrinations dans le désert de ce monde, m’envoie de temps à autre de bonnes gens, en union d’âme avec moi. Ma relation avec eux me console et m’affermit spirituellement. Gloire à Dieu pour tout. Je suis reconnaissant envers le Seigneur Dieu pour vous tous, pour les nouvelles que je reçois de vous. Bien que je sois moine et doive être un avec Dieu, ils me sont cher tous ceux dans le cœur desquels j’ai vécu tant d’années. J’aimerais vous revoir, de même que tous ceux qui me sont proches et chers en le Seigneur. Mais le Seigneur permettra-t-il cela, je n’en sais rien. Dans un cas comme dans l’autre, que le nom du Seigneur soit béni dans les siècles. Il est écrit : «Bienheureux serez-vous quand on vous séparera» (Lc.6;22). Remettez ma sincère gratitude à Matouchka Maria pour tout. Paix à elle, et bénédiction de Dieu. Je ne vois aucune possibilité de la rencontrer maintenant, et l’avenir, il est entre les mains de Dieu. Je crois que si cela plaît à Dieu, nous nous reverrons. Je lui ai adressé une lettre. Remettez mon bonjour, la paix et les bénédictions de Dieu à tous les autres : Matouchkas Sophia et Evphrosina, Evdokia Salomon et ses sœurs, et tous les autres. Que le Seigneur les garde sous la protection de Sa bonté. Je me souviens de tous dans ma prière. Mon bonjour à mes chers pères spirituels et au Père G. Je demande leurs saintes prières. J’en ai besoin. Je vous demande à tous avec insistance de ne pas m’oublier dans vos prières. Je ne sais pas si mon adresse actuelle sera permanente. Écrivez-moi comme cela : Bureau de Poste de Pinega Arkhang. Poste Restante. Mon nom. Ainsi ce sera accessible. J’écrirai encore, si Dieu le veut. Pardonnez-moi.
Le pécheur Hiéromoine Nikon
Village de Vonga, Raïon de Pinega
19 août / 1er septembre 1930

A une personne inconnue
… Gloire à toi, mon Dieu, pour l’affliction que tu m’envoies ! Je reçois ce qui est digne de mes œuvres. Souviens-Toi de moi dans Ton Royaume. Que Ta sainte volonté soit faite en toutes choses !
Je conseille de répéter cette prière sans se hâter, en attachant l’esprit aux mots de la prière. Le mieux est de s’isoler et de réciter cette prière assis ou debout. C’est un merveilleux remède pour l’âme affligée. Elle aide également dans les moments de souffrances spirituelles ou physiques intenses. Même s’il n’est pas possible au début de s’imprégner des sentiments de gratitude et de soumission envers Dieu, d’humilité devant Lui, il est toutefois utile de réciter cette prière, fût-ce seulement oralement. Petit à petit arriveront les sentiments chargés de sens, et avec eux, la paix descendra dans le cœur de l’homme.
1/14 octobre 1923
Optina Poustin’

A une personne inconnue à Kalouga
Que les bénédictions de Dieu soient sur toi pour les siècles des siècles. J’ai reçu ta lettre voici longtemps déjà, suivie maintenant par ton petit pot avec ta question au sujet du confesseur. Je me réjouis de ce que tu souhaites te confesser, car c’est déjà le signe d’une vivification de l’âme. Oui mon enfant, ne garde pas les péchés sur ta conscience, mais purifie au plus vite ton âme par le repentir. Il m’est difficile de donner une réponse précise car je ne connais personnellement aucun prêtre à Kalouga, hormis ceux du consistoire. Mais je te conseille de choisir à ta discrétion et selon tes dispositions, un confesseur dans l’Orthodoxie évidemment, et de lui confesser tes péchés, c’est-à-dire de ne t’adresser à lui que pour le sacrement de la confession, surtout sans te rapprocher de lui, comme je l’ai écrit déjà. Considère la confession comme un mystère dans lequel la personne du confesseur n’a pas une importance primordiale ; les péchés peuvent être confessé auprès de n’importe quel prêtre orthodoxe. Les entretiens, la guidance, le soutien spirituel, c’est une toute autre chose. Pour cela, on ne peut s’adresser à n’importe qui. Et donc, mon enfant, prends-toi en mains et contrains-toi à te confesser. Moi, le pécheur, je me souviens de toi et prie selon mes forces et ne refuserai pas de te dire un mot selon mes forces, ni pour une confession auprès de moi. Si Dieu le veut, je répondrai à tes questions. Je réponds déjà à l’une d’entre elles maintenant. «Si tu es une laïque, vis parmi les laïcs et accomplis leurs tâches… » Il faut comprendre cela ainsi : chacune des formes de la vie chrétienne a ses vertus propres et ses tâches propres. Les tâches de ceux qui ont un mode de vie différent ne nous sont pas accessibles. Par exemple, la maman qui a des nourrissons ne peut aller quotidiennement à l’église pour tous les offices, ni prier longtemps à la maison. Non seulement il en résulterait du trouble, mais ce serait aussi pécher, si par exemple, en l’absence de la maman, un petit enfant sans surveillance se blesse, ou commet des bêtises s’il est un peu plus âgé. Elle ne peut se détourner complètement de sa maisonnée pour l’un ou l’autre podvig car elle est obligée de veiller sur les enfants et les nourrir. Elle est obligée de plaire à Dieu dans les tâches que lui sont propres : la patience dans les soins de la vie familiale, la prière selon ses forces, les aumônes selon ses possibilités, l’éducation des enfants, l’observation du jeûne, la présence à l’église lors des fêtes, la renonciation à tout murmure, calomnie, etc. De la même façon, s’éloignant de tout péché, tant le laïc que le moine et chaque chrétien peut aspirer en son âme à des dispositions et vertus chrétiennes, nécessaires à tous, par exemple, l’humilité, la patience, la soumission à la volonté de Dieu, un cœur dépourvu d’envie, une foi ferme, un amour désintéressé, etc. Le christianisme est un et le monachisme est seulement sa manifestation la plus élevée, mais non détachée de lui. Par conséquent, celui qui dans la position qu’il occupe n’est pas obligé par diverses tâches et responsabilités dans le monde, il peut presque être un moine dans le monde. Et il existe des exemple de vie chrétienne élevée hors du monachisme, par exemple, les authentiques fols-en-Christ, les errants, les reclus, etc. Lis les Ménées en slavon du 19 janvier ; dans la vie de Saint Macaire l’Égyptien on mentionne deux femmes qui plurent au Seigneur Dieu dans leur vie de famille. Contribue à ton salut, mon enfant. Que le Seigneur te vienne en aide. Je te souhaite les miséricordes de Dieu
14/27 juillet 1926
Kozelsk

Traduit du russe
Source

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.