L’Archimandrite Lazare (Abachidzé) : Ainsi eut lieu la proclamation aux enfers.

Le texte ci-dessous est la traduction d’un chapitre du livre intitulé «A l’Ombre de la Croix du Christ» (Под сенью Креста Христова), de l’Archimandrite Lazare (Abachidze), starets géorgien contemporain, décédé en 2018. Plus d’informations à son sujet sont disponibles ici. L’Archimandrite Lazare a écrit plusieurs ouvrages de théologie, concernant le péché et le salut, le plus connu est sans doute «Le péché d’Adam». La lecture de ses textes est relativement ardue, le Père Lazare s’appuyant sur un foisonnement de citations des Saints Pères de l’Église.

Le but de l’Apôtre [Paul], s’adressant aux Romains, (…) c’est, au moyen de réprimandes et de raisonnements, de faire prendre conscience aux juifs et aux païens du sentiment de culpabilité devant Dieu et du sentiment de désespoir total au sujet d’eux-mêmes et de leur soi-disant justice. Voici ce qu’il conclut à la fin de son discours accusateur envers les Juifs : «Mais quoi? Avons-nous quelque supériorité? Non, aucune; car nous venons de prouver que tous, Juifs et Grecs, sont sous le péché, selon qu’il est écrit : «Il n’y a point de juste, pas même un seul»(Rom.3;9). Et il continue en décrivant toute la profondeur de la chute de l’homme détaché de Dieu. Examinant cette accusation de l’Apôtre Paul, Saint Ephrem le Petit dit qu’ici il n’accuse pas seulement les Juifs, mais le monde entier «de sa participation au péché, afin de préparer pour tous, par avance, le chemin de la foi, par la compréhension que ni la Loi du Livre ni la loi de la conscience ne suffisent pour les perfectionner et les sauver, mais seulement la foi en Jésus-Christ (…)»1 . Lire la Suite

Saint Justin (Popovitch) : Saint Jean de Kronstadt et le Paradis de l’Âme russe. (2/2)

La traduction ci-dessous est celle d’un texte rédigé par Saint Justin (Popovitch) de Tchélié. La première version russe de ce texte, initialement écrit en serbe, fut intégrée dans un livre de Saint Justin intitulé “A propos du paradis de l’âme russe. Dostoïevski comme prophète et apôtre du réalisme orthodoxe”, (О рае русской души. Достоевский как пророк и апостол православного реализма) publié en 2001 à Minsk. Ce texte constitue le premier chapitre, pages 9 à 18, de l’Almanach ecclésiastico-historique “Le Pasteur de Kronstadt”, second volume, édité à Moscou en 2010 par les Éditions “Otchii Dom”. En voici la seconde partie. La première se trouve ici.

Par ses exploits ascétiques il instilla le Seigneur Christ en lui-même, et avec Lui, le paradis tout entier, ainsi que le charme paradisiaque. On sait que chaque vérité évangélique restaure petit à petit le paradis dans l’âme de l’homme. Et lorsqu’elle s’assemblent toutes dans l’homme, alors arrive le paradis tout entier, avec sa perfection éternelle. Où les vertus évangéliques seraient-elles aussi vivantes, aussi actives, aussi immortelle qu’en les christophores? Dès lors, ceux-ci sont le paradis du Christ sur terre.
Mais, une fois encore, qu’est-ce que le paradis? Rien d’autre que la concrétisation de l’Évangile, le Seigneur Christ vécu par l’homme dans toute Sa plénitude divino-humaine. Conformément à l’expérience apostolique, «ce n’est pas moi qui vit, mais c’est le Christ Qui vit en moi»(Gal.2,20). Et le Christ vit en l’homme à travers Ses vertus divino-humaines. Celles-ci pénètrent progressivement dans l’âme et en chassent les péchés, le mal, la mort et le diable. Alors règnent le bien, l’amour, la vérité, l’immortalité, et Dieu. Fiez-vous à mon affirmation : Saint Jean de Kronstadt est le paradis de l’âme russe. Emmenez vos pensées à travers sa sainte pensée. N’est-elle pas un paradis pour vos pensées? Plongez vos sentiments à travers ses saints sentiments. Ne sont-ils pas un paradis pour vos émotions? Que votre cœur touche son saint cœur. Celui-ci n’est-il pas le paradis pour votre cœur? Sa miséricorde évangélique, sa douceur évangélique, son amour évangélique, n’est-ce pas un paradis et une joie éternelle pour votre âme? Lire la Suite

Saint Justin (Popovitch) : Saint Jean de Kronstadt et le Paradis de l’Âme russe. (1/2)

La traduction ci-dessous est celle d’un texte rédigé par Saint Justin (Popovitch) de Tchélié. La première version russe de ce texte, initialement écrit en serbe, fut intégrée dans un livre de Saint Justin intitulé “A propos du paradis de l’âme russe. Dostoïevski comme prophète et apôtre du réalisme orthodoxe”, (О рае русской души. Достоевский как пророк и апостол православного реализма) publié en 2001 à Minsk. Ce texte constitue le premier chapitre, pages 9 à 18, de l’Almanach ecclésiastico-historique “Le Pasteur de Kronstadt”, second volume, édité à Moscou en 2010 par les Éditions “Otchii Dom”. En voici la première partie.

L’homme est le seul être dans le monde entier, qui s’étende de l’enfer au paradis. Suivez l’homme dans toutes ses voies, et vous verrez que tous ses chemins conduisent soit au paradis, soit en enfer. Il n’est rien en l’homme qui ne s’achève ou au paradis, ou en enfer. L’éventail des pensées, des dispositions et des sentiments humains est plus vaste que les éventails angélique et diabolique. Plus que l’angélique car l’homme peut tomber jusqu’au niveau diabolique et plus que le diabolique car il peut s’élever même jusque Dieu. Cela signifie que tant le mal que le bien humains sont infinis, éternels, car le bien le conduira dans le royaume éternel du bien, le paradis, et le mal, dans le royaume éternel du mal, l’enfer. Qu’il le veuille ou non, l’homme est toujours un être éternel. A travers tout ce qui lui est propre jaillit une énigmatique éternité.Quand il accomplit le bien, quel que soit ce bien, l’homme est éternel car tout bien quel qu’il soit est lié par son nerf intérieur au Bien Divin éternel. Et quand il fait le mal, quel que soit ce mal, l’homme est aussi éternel, car tout mal est lié par son essence secrète au mal diabolique éternel.
Jamais l’homme ne peut se faire être fini, éphémère, mortel. Même s’il le voulait, il ne pourrait accomplir un suicide total, car l’acte suicidaire est en lui-même un mal, et en tant que tel, il mène l’âme du suicidé au royaume éternel du mal. Par sa nature même, la perception, la conscience qu’a l’homme de lui-même est immortelle, permanente, éternelle. Par son essence elle-même, l’homme est condamné à l’immortalité et à l’éternité. Seulement, cette immortalité, cette éternité, peut être double : bonne ou mauvaise, divine ou diabolique. La liberté est laissée à l’homme de choisir entre ces deux immortalités, entre ces deux éternités. Il ne peut renoncer à l’éternité et à l’immortalité, car son essence l’y destine. Il ne dispose ni d’un organe interne, ni de moyens externes à l’aide des quels il pourrait extirper de lui-même ou détruire en lui-même ce qui y est immortel, éternel. Pour s’adonner à une lubie pareille, il devrait avoir quelque chose de plus immortel que l’immortalité et de plus éternel que l’éternité, mais il ne dispose pas d’un tel élément.
Quand l’immortalité humaine commence-t-elle? Elle commence dès la conception dans le sein maternel. Et quand commence pour l’homme le paradis ou l’enfer ? Il commence dès que l’homme opère un choix entre le bien divin ou le mal diabolique. Entre Dieu ou le diable. Tant le paradis que l’enfer commencent pour l’homme ici, sur terre, afin qu’après la mort se prolonge une autre vie, dans un autre monde. C’est la raison pour laquelle le Sauveur a dit parlé précisément et clairement de la vie éternelle du juste et du pécheur : le juste au paradis et le pécheur en enfer.
La puissance créatrice immortelle est donnée à l’homme, puissance permettant de se créer pour soi une éternité telle qu’il la veut. En cela réside l’effrayante grandeur de l’essence humaine. Elle contient malédiction et bénédiction. C’est à la fois divin et effroyable que d’être un être humain, car celui-ci est éternel en tout et pour tous. Il est éternel par son corps, car celui-ci ressuscitera au jour du Jugement Dernier.
Qu’est-ce que le paradis? Le paradis, c’est ressentir Dieu. Si l’être humain sent Dieu en lui, il est déjà au paradis. Là où se trouve Dieu, se trouve aussi le Royaume de Dieu, le paradis. Dès le moment où Dieu le Verbe est descendu sur terre et est devenu homme, le paradis est devenu la réalité terrestre et humaine la plus directe.Car là où se trouve le Seigneur Christ, là est le paradis. Si l’être humain veut sentir et apprendre ce qu’est le paradis, que son âme accomplisse le bien évangélique, l’amour évangélique, la justice évangélique, la vérité évangélique, la prière évangélique et toutes les autres vertus évangéliques. En pratiquant les vertus évangéliques, l’être humain élève dans son être la vérité divine, le bien divin, et de la sorte, il fait l’expérience du paradis ici-même sur terre.
Qu’est-ce que l’enfer? C’est ressentir le diable. Si l’être humain sent le diable en lui, il est déjà en enfer. Car là où est le diable, là est l’enfer. Le diable est toujours précédé par le péché, et suivi par l’enfer. Chaque péché exsude un peu de mal dans l’âme humaine, et ce mal forme ensuite son petit enfer. Si l’être humain multiplie les péchés, s’il s’y habitue, son petit enfer se transforme et devient de plus en plus grand tant qu’il n’a pas saisi l’âme toute entière. Qu’est-ce que l’enfer, sinon le règne du péché, du mal, du diable? Là où règne le péché, commence l’enfer. Le péché vient du diable et dès lors, il mène l’être humain dans le royaume éternel du péché et du mal, l’enfer.
Paradis et enfer sont essentiellement tout d’abord des réalité psychiques, des expériences psychiques, subjectives et individuelles, et ensuite seulement des réalités transcendantes d’un autre monde. On pourrait dire que le paradis est sur terre, l’enfer aussi, mais relativement plus limité, mais l’un comme l’autre conduisent l’être humain après sa mort dans son royaume éternel : le Royaume de Dieu et le royaume du diable. Le bien humain et le mal humain sur terre ne sont que l’introduction et la préparation de l’être humain à la vie éternelle, soit dans le Royaume divin du Bien, le paradis, soit dans le royaume éternel du mal diabolique, l’enfer.
L’âme russe a son paradis et son enfer. Nulle part il n’existe d’enfer plus terrifiant, et nulle part n’existe de paradis plus divin que dans l’âme russe. Aucun être humain ne chute aussi profondément, jusqu’au tréfonds du mal, que le Russe. Mais de même aucun autre être humain n’atteint des hauteurs aussi vertigineuses que le Russe. L’histoire témoigne de ce que l’âme russe balance entre l’enfer le plus noir et le paradis le plus lumineux. Il me semble que parmi toutes les âmes sur terre, c’est en l’âme russe qu’on trouve l’enfer le plus épouvantable et le paradis le plus fascinant. Tous les anges des cieux, mais aussi tous les diables de l’enfer participent au drame de l’âme russe. L’âme russe est l’enceinte la plus dramatique dans laquelle anges et diables luttent impitoyablement. Des mondes combattent avec l’âme russe pour enjeu. Dieu Lui-même et satan lui-même luttent pour elle. En quoi consiste, à quoi ressemble le paradis de l’âme russe? Les saints russes, les théophores et les christophores de la terre de Russie composent et représentent le paradis de l’âme russe : de Saint Vladimir au Patriarche Tikhon, le confesseur de la foi. Immense, merveilleux, infini, est le paradis de l’âme russe, car énorme, car merveilleuse, car infinie, la sainteté des glorieux saints de la Terre de Russie. Chaque saint n’est rien d’autre que le paradis retrouvé. Et cela signifie que l’âme a été soustraite au péché, à la mort, au diable, et unie à Dieu, par sa sainteté et son éternité.
Où se trouve le paradis de l’âme russe? Le voici, en Saint Serge de Radonège et Mitrophane de Voronège, en Saint Philippe de Moscou et Saint Vladimir de Kiev, en Saint Seraphim de Sarov et en Saint Jean de Kronstadt, en chaque héros de l’ascèse, en chaque martyr, en chaque confesseur de la foi, en chaque juste de la Terre de Russie. Dieu est divin en ses saints russes. Voyez comme Il est miraculeusement divin en Saint Jean de Kronstadt! Tellement divin que le Père Jean est en vérité un saint de la Terre de Russie. En notre époque récente l’âme russe a reçu son paradis le plus parfait en la personne de Saint Jean de Kronstadt. Il ne fait aucun doute qu’il devint le paradis de l’âme russe martyrisée. Comment? (A suivre)

Traduit du russe