Saint Luc de Crimée: La Translation des Reliques de Saint Nicolas.

agios-louka-st-lukaInnombrables sont les miracles accomplis par l’intercession du Saint Archevêque et Confesseur de la Foi Luc de Crimée. Saint Luc a illuminé la Terre de Russie et il illumine aujourd’hui le monde entier. Puisse-t-il nous accompagner dans la joie sur notre chemin vers le Christ et nous donner la force de porter notre croix. Afin de nous y aider le Saint homme a prononcé ses homélies et écrit ses textes. Ce site propose la traduction d’homélies et de textes de Saint Luc, à notre connaissance inédits en langue française. L’homélie ci-dessous a été prononcée le 22 mai 1949, à l’occasion de la fête de la translation à Bari des reliques du Saint Thaumaturge Nicolas, Evêque de Myre en Lycie. 

Pendant sept cents ans, le saint corps du grand Saint Évêque et Thaumaturge Nicolas reposa là où avait vécu ce grand et saint homme, à Myre, en Lycie. Mais il y a sept cents ans, le Seigneur permit que des calamités s’abattent sur les pays grecs : de différents horizons arrivèrent des peuples nomades, qui les envahirent, et les peuples musulmans saccagèrent et écrasèrent quasiment toutes les villes de l’Asie Mineure, massacrant les hommes et emmenant femmes et enfants en captivité. En Lycie, Myre, où l’on vénérait les reliques de Saint Nicolas, fut détruite et profanée. Le Seigneur ne permit pas que les reliques du grand saint évêque demeurèrent dans cet endroit souillé, sous le pouvoir des mécréants.
Saint Nicolas apparut dès lors en songe à un saint prêtre de la ville de Bari, dans le Sud de l’Italie, au bord de la Mer Adriatique. A ce prêtre, il ordonna, au Nom de Dieu, de transférer ses reliques de Myre en Lycie en la ville de Bari. Et il lui commanda d’en informer tous les citoyens et les prêtres de la ville. Le prêtre transmis la nouvelle à tout le clergé et au peuple de la ville de Bari. On choisit les plus dignes, ceux qui menaient la vie la plus pure parmi eux et on les envoya à Myre en Lycie afin qu’ils en ramènent les reliques du Saint Évêque Nicolas. On chargea des navires de céréales, ils hissèrent les voiles et naviguèrent vers Antioche, se faisant passer pour des marchands. Dès que le blé fut vendu et déchargé à Antioche, ils voguèrent en hâte vers Myre1.

Tombe de Saint Nicolas à Myre en Lycie. Photo d’Anton Pospelov. Pravoslavie.ru

Arrivés à l’église où était vénéré le corps de Saint Nicolas, ils trouvèrent quatre moines et s’enquirent de l’endroit où reposaient les reliques. Ayant reçu l’information, ils brisèrent les dalles surplombant le cercueil du Saint, délogèrent le cercueil de la tombe et l’emmenèrent sur un de leurs vaisseaux. Deux moines suivirent les reliques qu’ils veillaient jour et nuit, à tour de rôle, les deux autres demeurèrent à Myre. Ils naviguèrent presqu’un mois sur la Méditerranée et rejoignirent le port de Bari dans la soirée du dimanche 9 mai.
La population entière, comme un seul homme, vint à la rencontre des saintes reliques ; tous tenaient un cierge à la main et chantaient des hymnes. Les saintes reliques furent déposées dans l’église de Saint Jean le Précurseur et y furent vénérées pendant trois ans, en attendant la construction d’une nouvelle église, consacrée à Saint Nicolas.
Quand celle-ci fut achevée, la population de Bari invita le Pape de Rome, Urbain, lui demandant de procéder à la translation des reliques de l’église du Saint Précurseur vers la nouvelle église Saint Nicolas. Cet événement, que nous fêtons aujourd’hui se déroula donc le jour béni du 9 mai. Depuis l’époque où les reliques du Saint furent installées, on vit les miracles commencer à se produire, auprès de sa tombe. En trois jours, cent onze guérisons furent recensées, d’hommes et de femmes souffrant de maladies de toutes sortes.
Saint Nicolas apparut alors en songe à un moine qui menait une vie sainte et pieuse et lui annonça : «Voilà que je suis venu chez vous. C’est par ordre de Dieu que je l’ai fait. Voici cent onze hommes et femmes guéris, et je continuerai à guérir».
Voilà le récit des événements. Depuis lors, l’Église célèbre ce saint jour. Et le célèbre dans la joie, en grande pompe, et cette gloire, cette joie, cette exultation est reflétée dans le tropaire de la fête que nous avons entendu aujourd’hui : «Le jour de la solennité lumineuse a commencé, la cité de Bari se réjouit et avec elle tout l’univers est en liesse avec des hymnes et des cantiques spirituels ; car c’est le jour de la sainte solennité du transfert des reliques précieuses et miraculeuses du hiérarque et thaumaturge Nicolas, comme le soleil sans couchant brillant par des rayons lumineux et dissipant les ténèbres des épreuves et des malheurs chez ceux qui s’exclament avec foi : sauve-nous, comme notre grand intercesseur, ô Nicolas».
Ce tropaire de la translation des reliques du Saint Évêque Nicolas reflète le grand, très grand événement que l’on célèbre dans tout le monde chrétien. Depuis lors, le monde entier, tout le monde chrétien vénère saintement ces reliques. Il les vénère car c’est sur un ordre de Dieu qu’elles furent transférées de Myre en Lycie, car, selon ses propres paroles, le Saint Évêque entra à Bari en son corps, en ses reliques. Le monde orthodoxe et le monde catholique romain vénère les saintes reliques. Non seulement celles de Saint Nicolas, mais celles de très nombreux saints évêques et saint martyrs. Il s’agit d’une caractéristique de la vraie Église.
Cette vénération n’est toutefois pas de mise dans toutes les communautés chrétiennes qui sortirent de l’unité avec l’Église Orthodoxe ou avec les Catholiques Romains. Toutes les communautés protestantes, luthériennes et autres sectes ne connaissent pas cette vénération. Celle-ci constitue une caractéristique de l’Orthodoxie et de la confession catholique. Les protestants et membres de sectes nous attaquent du fait de notre vénération des saintes reliques. Ils considèrent qu’il est inadmissible et pour eux, il s’agit même d’un péché, que d’honorer les restes de saints décédés. Que dit-on, en défense de la vénération des saintes reliques par les Orthodoxes et les Catholiques romains ? Nous affirmons ce que ne comprennent pas tous ces sectaires, tout ce que ne veulent pas comprendre les Protestants.
Pas plus tard que dimanche dernier je vous ai parlé de l’immortalité et de la résurrection des corps humains. Je vous ai dit et expliqué la triple dimension de la nature humaine. Cette nature est corps, âme et esprit. J’ai développé ce qu’est l’âme, ce qu’est l’esprit et je vous ai expliqué les relations unissant l’âme et l’esprit au corps. Si vous avez bien écouté ce que je vous ai dit, si vous avez intégré l’image sous-jacente, aujourd’hui, vous comprenez pourquoi nous vénérons les reliques des saints. Si l’essence humaine a trois dimensions, s’il existe un lien intime entre corps, âme et esprit, conditionnant leur interaction, interaction entre le corps, l’âme et l’esprit, si la vie de l’esprit, de l’âme et du corps est une et indivisible, si l’esprit saint, et l’âme juste vivifient le corps, la conséquence de ce lien indestructible entre l’esprit, l’âme et le corps, est que le corps lui-même est saint. Il participe de la sainteté de l’esprit. Si même un récipient de verre qui a longtemps contenu un liquide parfumé peut conserver longtemps, très longtemps ce parfum, même lorsqu’il a été vidé de son contenu, il est facile de comprendre que le corps des saints martyrs qui ont vécu dans l’intimité de l’esprit, de leur esprit, et de leur sainte âme, corps devenu, selon les paroles du Saint Apôtre Paul, le temple de l’Esprit Saint, ce corps donc est lui-même saint, car saint est le temple de l’Esprit Saint. C’est aisé à comprendre.
Ainsi, les corps de chaque saint homme ou sainte femme, non seulement au cours de leur vie mais également après la mort, même le moindre reste du corps des saints, leurs os, sont porteurs de l’essence de la sainteté des saints décédés : ils sont des corps saints, ils sont consacrés par l’esprit saint. Et s’il en va ainsi, ne devrions nous pas traiter avec grande vénération, piété, et même crainte, tous les restes des Saints ?
Oserions-nous oublier les innombrables miracles et guérisons qui se sont produits auprès des tombes et des reliques des saints martyrs, des saints moines, des saints prophètes, des saints apôtres et des saints évêques ?
Oserions-nous oublier tous les miracles dont nous savons qu’ils se sont produits auprès des reliques de Saint Nicolas ?
Oserions-nous oublier ce qui s’est produit très récemment : la manière dont les reliques de notre Saint Seraphim de Sarov se rendirent célèbres ? Oserions-nous oublier les nombreux miracles divins qui se sont produits lors de la translation des reliques de Saint Seraphim ? Nous savons que le cercueil de Saint Nicolas, contenant ses saintes reliques, était rempli de myron parfumé lorsque l’ouvrirent les envoyés chargés de le transférer à Bari. Nous savons que les reliques de nombreux saints exsudent encore et toujours du myron, c’est le cas des reliques de Saint Dimitri de Thessalonique, et c’est pourquoi on l’appelle «le myroblite». Est-il possible d’ignorer tout cela, est-il possible d’ignorer tous ces grands miracles qui se sont accomplis auprès des reliques des saints ?
Connaissez-vous ce grand miracle qui se produisit pendant le quatrième Concile Œcuménique, qui porta sur l’hérésie monophysite ? Le Concile était divisé en deux tendances : l’une considérait comme hérétiques les enseignements d’Eutychès et l’autre inclinait à les admettre comme justes. Ce concile se tint à Chalcédoine, dans l’église où reposaient les reliques de la Sainte et Grande Martyre Euphémie. Ils décidèrent de résoudre le différend entre les deux tendances en le remettant entre les mains de Dieu à travers la Sainte Martyre. Sur un parchemin on consigna les enseignements orthodoxes, sur un second, ceux des monophysites. La tombe de la Grande Martyre fut ouverte et on déposa sur son corps, à hauteur de sa poitrine les deux parchemins, après quoi la tombe fut refermée et scellée. Pendant trois jours, tous les Pères du Concile prièrent avec ferveur, afin que Dieu dévoilât son jugement, à travers la Grande Martyre. Le troisième jour, on fit sauter les scellés placés sur la tombe, on ôta le couvercle et on constata le divin miracle : le parchemin sur lequel étaient couchés les principes monophysites se trouvait sur les jambes de la Sainte Martyre, alors que le second parchemin, elle le tenait en main. Elle souleva celle-ci, comme si elle vivait encore, et le remit au Patriarche de Constantinople.
Quand pareils divins miracles sont accomplis par les reliques des saints, comment pourrions-nous ne pas vénérer les reliques, comment ne pas vénérer en ces reliques les saints eux-mêmes, qui vivent et vivront dans leur corps jusqu’à la fin ? Comment ne pas les vénérer, comment ne pas nous prosterner devant ces reliques, devant ces restes, puisqu’ils sont saints, puisqu’ils sont consacrés par l’Esprit de Dieu qui habite ces corps des morts? Comment ne pas leur rendre hommage, comment ne pas se réjouir de tout cœur de la glorification des reliques ?
Vous savez que les gens du monde, tout à fait étrangers à notre Église, vénèrent non seulement la mémoire mais aussi les restes de personnages qui ont accompli de grandes choses dans la vie du monde, dans le cadre des activités humaines. Vous savez qu’ils rassemblent et conservent tout ce qui a appartenu à de tels hommes, ils installent des musées dans lesquels ils rassemblent tout ce qui a trait à la mémoire des grands de ce monde, les choses qui leur ont appartenu, les documents liés à leurs activités.
Et nous ne devrions pas conserver les restes des vêtements de Seraphim de Sarov ? Et nous ne devrions pas les préserver ici avec vénération, dans ce reliquaire ? Et nous ne devrions pas conserver tout ce qui lui a appartenu ? Et nous ne devrions pas conserver les choses qui appartenaient aux Saints de Dieu ? Et nous ne devrions pas vénérer et chanter les louanges de leurs saintes reliques ? Il ne faudrait pas vénérer et louer les saints ?
Bien sûr, notre vénération diffère fort de l’hommage rendu dans les musées dédiés aux grands de ce monde. Nous encensons les reliques, nous nous agenouillons devant elles, nous les embrassons. Devant elles nous prions celui ou celle qui vécut jadis dans ce corps. ET nous recevons, souvent nous recevons ce que nous avons demandé.
Et nous ne vénérerions pas les reliques d’un saint tel que le Grand Nicolas, le thaumaturge de Myre en Lycie ?

Fresque restaurée  dans l’église à Myre en Lycie. Photo : Anton Pospelov, Pravoslavie.ru.

Restons humbles, ne nous troublons pas des attaques de la part des mécréants, de la part des Protestants et autres sectateurs qui se moquent de nous parce que nous vénérons les saintes reliques.
Occupons-nous plutôt de ce que notre corps devienne à son tour une relique, une sainte relique. Vous devez savoir que dans les hymnes funéraires, la dépouille mortelle de tout Chrétien est appelée relique. C’est le même terme qui désigne le corps des saints décédés, car tous les Chrétiens sont sanctifiés par l’Esprit Saint, car en eux habite l’Esprit Saint, car ils doivent être les temples de l’Esprit Saint.
Souvenez-vous-en et avancez avec crainte sur le chemin de votre vie : craignez de souiller votre temple corporel qui doit être le temple de l’Esprit Saint…
Vivez de façon à ce que après votre mort ont nomme ‘relique’ votre dépouille mortelle, et même ‘sainte relique’. Amin.
Traduit du russe