Texte publié en russe le 14 juin 2021 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Saint Gabriel (Ourguebadzé) tel que s’en souvient sa sœur Juliette», et rédigé par Constantin Tertsevadzé, qui précise «J’ai rencontré Juliette Mikhaïlovna Varyan, la demi-soeur du Starets Gabriel, en 2014, alors que je travaillais à mon premier documentaire sur Saint Gabriel. Ses souvenirs ont été publiés dans divers articles, et inclus dans les films «Le Diadème du Starets» et «Je vous attends à Samtavro».

A quel âge remontent vos souvenirs du bien-aimé Starets Gabriel ?
Mes souvenirs remontent à mon plus jeune âge, je devais avoir deux ans, mais je me souviens clairement de Gabriel depuis que le vis voler dans la cour. C’est depuis cet événement que je me souviens de lui.
Voler dans la cour?
Oui, il est arrivé en volant, bras et jambes en extension, comme des ailes. J’avais environs cinq ans à ce moment-là, et lui, douze ans. Devant cette scène, mon père se mit à pleurer amèrement, pensant que Vassiko (Gabriel) avait un problème. Personne ne le comprenait. Je me rappelle ma réaction : j’étais stupéfaite devant ce que je voyais. Deux dame très pieuses, Nina et Maro, habitaient à côté de chez nous. Elles disaient, émerveillées, et pleines de la crainte de Dieu : «Vassiko est une serviteur de Dieu, un serviteur de Dieu…».
Juliette, le Starets Gabriel avait-il des copains d’enfance? Dans la cour, parmi les voisins?
Tout le monde se rassemblait dans la cour, mais lui, il ne jouait avec personne. Il construisait des églises avec des cailloux. Il prenait un bâton, y fixait une loque et se promenait comme en procession avec un croix. Les autres enfants racontaient que lorsque Vassiko prenait un bâton et courrait, les oiseaux volaient à sa suite, alors qu’eux, s’ils faisaient de même, les oiseaux ne venaient pas. Les farces et jeux d’enfants ne l’intéressaient pas. Dire qu’il avait des copains d’enfance ne serait pas correct, mais il était parmi eux, et aimable avec eux. Il avait seulement le Seigneur en tête, et il essayait de donner de l’amour à chacun. Il aimait tout le monde.Comment manifesta-t-il cet amour dès son enfance, ou plutôt, sa capacité de donner de l’amour à ceux qui l’entouraient?
Je me souviens d’un cas. Après la mort de mon père, la vie fut dure pour nous. Il arrivait que n’ayons pas de nourriture pendant plusieurs jours, mais je ne ressentais pas la faim. J’allais dans une l’école pour filles à Tbilissi. Notre maison était séparée de l’école par quatre arrêts de tram, éloignés les uns des autres, et puis encore un petit trajet. Un jour, Gabriel reçut un morceau de pain, tartiné de purée d’aubergine. Il le transporta dans la paume de la main tout au long de ce trajet pour venir me le donner. La cloche sonna la fin de la classe. Je sortis de l’école et le vis qui m’attendait, tenant le morceau de pain à l’aubergine dans sa main. Il était alors âgé de dix-neuf ans. Quel bon cœur il avait, quel cœur aimant ; non seulement, il n’avait pas mangé cette nourriture, mais il me l’avait apportée à pieds à l’école. Il fut ainsi toute sa vie.
Juliette, vous savez qu’initialement, votre mère était opposée au monachisme du Starets Gabriel. A quoi ressemblait leur relation?
Il aimait notre mère de tout son cœur, bien sûr! Au début, maman voulait qu’il soit un enfant normal, et pas qu’il passe sa vie dans les monastères. Mais avec le temps, elle vit tout ce qui se passait et r-elle réalisa qu’il n’était pas de ce monde, même si, en tant que mère, elle le protégeait toujours et lui donnait des conseils. Maman n’aimait pas que les gens viennent voir Gabriel pour lui demander conseil, pour recevoir sa bénédiction ; elle craignait qu’il ne s’épuise. Parfois, elle disait : «Ils viennent encore et encore… Laissez mon enfant en paix». Elle se tenait près de la barrière. Et Gabriel acceptait tout avec patience et amour. Parfois il lui faisait un commentaire, mais ensuite, chaque fois il lui présentait ses excuses. Il venait près d’elle, je l’ai vu si souvent, et lui disait : «Maman, tu sais combien je t’aime. Pardonne-moi si je t’ai offensée».
Comment vous sentiez-vous par rapport à son comportement étrange, sa folie-en-Christ?
J’étais une jeune fille ‘comme-il-faut’ et mon frère était dans les poubelles… Souvent les voisins me disaient : «Julia, on l’a de nouveau aperçu dans les ordures…». J’avais mal au cœur pour lui, mais je ne répondais rien aux voisins. Que pouvais-je leur dire? Comment aurais-je pu expliquer pourquoi il parcourait les dépôts d’ordures de la ville? Ce que toujours je ressentis, c’est ‘il est pur et ne peut rien faire de mal’.Je n’ai jamais fait aucun commentaire à ce sujet, même si, comme je vous l’ai déjà dit, il y eut un événement. J’étais très inquiète car les gens imaginaient souvent qu’il était ivre. Et quand j’ai commencé à aller à l’église, je pensais qu’alors je savais tout. J’ai donc pris la Bible, plaçai un signet à Corinthien, et je suis allé le voir. Je lui ai dit : «Gabriel, je dois te parler». «Vas-y», répondit-il. J’ouvris la Bible et lui dis : «Il est écrit que les ivrognes n’hériteront pas du Royaume des Cieux…». Je ne parvins pas à terminer ce que je voulais dire. Il me regardais d’un tel regard que je refermai silencieusement le livre, incapable d’articuler un mot de plus… Je pense que ce jour-là, je n’ai plus prononcé un seul mot.

Saint Gabriel

Vous sentiez qu’il était un fol-en-Christ, qu’il n’était pas de ce monde?
Depuis son enfance, on sentait qu’il n’était pas de ce monde. Mais la folie-en-Christ est difficile à comprendre. Il y eut cette fois où je fus réellement surprise par le contraste entre son étrange comportement, l’avis des gens à son sujet, et l’essence elle-même de Gabriel. Un jour en 1986, je suis allée lui rendre visite ; il était à Senaki, au Monastère de Mendji. Pendant l’office du matin, il était dans le chœur et lisait les prières de l’office, et il s’illumina, tout simplement. Son visage se mit à resplendir, sa barbe, tout était resplendissant. Et je pensai, dans ma stupéfaction : «Mais pourquoi est-il tout illuminé? Mon frère serait-il un saint ?…». D’un côté, on le traitait d’ivrogne, et d’un autre, il donnait de sages conseils et resplendissait de lumière. J’étais stupéfaite.
Le Seigneur a guéri et guérit encore beaucoup de gens par ses prières. Avez-vous pu le remarquer pendant sa vie?
Des années plus tard, j’ai réalisé que le Seigneur m’avait sauvée par ses prières. Sa prière était très forte. Il avait une grande audace devant le Seigneur. Au début, je ne comprenais pas et je n’attribuais pas aux prières de Gabriel les miracles qui se produisaient sous nos yeux. Mais maintenant, bien sûr, je comprends.
Comment les prières du Starets Gabriel vous ont-elles sauvée de la mort ?
J’avais un problème à la thyroïde. Des nodules apparurent, rendant la respiration difficile. J’avais des crises de suffocation. Cela conduisit également à une maladie cardiaque. Sur le conseil d’amis, je suis allée en Ukraine, à Chernivtsi, pour me faire traiter. Il y avait là un centre d’endocrinologie renommé. Ils me traitèrent pendant un mois, sans résultat. Les médecins insistaient pour que je me fasse opérer, mais j’étais seule et j’avais peur, et je refusai. C’était en décembre ; il faisait doux. Je sortis de l’hôpital et allai me balader dans le parc, tout en réfléchissant à ce que je devais faire… Perdue dans mes pensées, je trébuchai contre quelque chose. Je n’y prêtai pas attention et poursuivis ma promenade, mais une voix me dit en moi : «Retourne voir ce que ton pied a heurté». Je retournai et regardant vers le sol, j’aperçus la chasuble d’un icône du sauveur. Je compris que le Seigneur me bénissait pour l’opération. Je donnai mon accord pour celle-ci, et avec l’aide de Dieu, tout se déroula parfaitement. Je rentrai à la maison quelques temps après. La douleur, les suffocations, les problèmes cardiaques, tout avait disparu. Quelques jours après l’opération ; les médecins m’envoyèrent un courrier m’informant de ce que pendant la biopsie, ils avaient extrait des cellules qui devenaient malignes sous leurs yeux. Quand je rentrai à la maison, la première choses que je fis fut d’aller voir mon frère. Je lui montrai la chasuble et lui expliqua comment je l’ai miraculeusement trouvée. Il souriait, aucunement surpris, comme si c’était normal. Il prit une icône du Sauveur, la plaça dans la chasuble et me la remit. J’ai toujours cette icône. J’ai été opérée le 4 décembre 1984, jour de la fête de l’Entrée au Temple de la Très Sainte Mère de Dieu. Des années plus tard, on construisit une église de l’Entrée au temple de la Très Sainte Mère de Dieu juste face ma maison… Ainsi, par les prières du Starets Gabriel, le Seigneur m’a sauvée. Voilà l’homme de prière qu’était le Starets Gabriel.
Aujourd’hui encore ils sont nombreux a être confortés, et sauvés par le Seigneur à travers les prières de notre bien-aimé Starets Gabriel.
C’est vrai. Je me souviens qu’il y a quelques années, j’étais à l’église à Kanda. Après l’office, une femme d’environ trente-cinq ans vers vers moi et dit : «Êtes-vous la sœur de Gabriel?» «Oui». Et elle me conta le récit suivant. «Mes jambes allaient très mal. Je ne pouvais plus marcher. Rien n’aidait. Un jour, je vis le Starets Gabriel, dans un rêve. Il me dit : «Julia, viens me voir, viens…». J’allai vénérer ses reliques. Et voyez comme je marche bien maintenant!», me dit-elle joyeusement. Elle marchait librement, sans plus aucune douleur. Elle était guérie.
Une autre femme expliqua qu’elle était sur un bateau en train de sombrer en mer. Il lui semblait qu’il n’y avait plus aucun espoir d’être sauvée. Mais soudain, l’icône de Saint Gabriel, qu’elle avait avec elle se mit à flotter alors que le bateau avait presque complètement sombré. Elle compris que Saint Gabriel était présent. Aucun des passagers de l’embarcation ne sait comment ils se retrouvèrent sur le rivage, mais c’est là qu’on les découvrit, tous sauvés.
Qu’est-ce que cela fait d’être la sœur d’un saint?
J’ai une approche très stable de cela. Il a été extraordinaire même pendant sa vie, et je sentais qu’il était saint. Mon problème, c’est que je suis embarrassée quand les gens m’accordent leur attention. Cela me dérange que certains pensent que parce que je suis la sœur de Gabriel, il doit y avoir en moi quelque chose de Gabriel en moi. Mais les gens savent que nous sommes pécheurs. Je prie pour tous. Beaucoup de gens me demandent de solliciter pour eux l’aide de mon frère. Alors je vais devant son icône et je dis «Gabriel, untel demande ceci… Untel demande cela… et un autre encore, ceci… Aide-les…». Et ce que je demande tout près de son oreille est bien souvent exaucé. Les saints entendent tout, et ils répondent aux requêtes qui plaisent à Dieu. C’est confirmé de tous temps ; les saints nous entendent et sont invisiblement avec nous.
Sentez-vous sa présence?
Bien sûr. Il m’est apparu et m’a aidée plusieurs fois. Ses paroles étaient très puissantes car il devint un frère de Jésus Christ et ne disait seulement ce que le Seigneur lui mettait à l’esprit. Tout le monde a vu la présence et la puissance des paroles de Batiouchka quand nous avons enterré notre maman. Elle est décédée cinq ans après Gabriel. Pendant sa vie, le Père Gabriel disait qu’on ne peut inhumer un croyant sans placer la prière d’absolution dans le cercueil. Ils n’avaient pas imprimé la prière, au monastère, et nous avons envoyé quelqu’un au Patriarcat. Mais nous n’avions pas le temps d’attendre; nous avons lu la prière à haute voix et nous avons décidé de l’enterrer sans la prière imprimée. De façon inattendue, la fosse s’avéra extrêmement étroite, et on ne parvint pas à y descendre le cercueil. Tout le monde était surpris : cette tombe était suffisamment large pour contenir non pas un mais deux cercueils, mais le cercueil de maman n’y entrait tout simplement pas. Entre-temps, l’envoyé revint du Patriarcat muni de la prière d’absolution imprimée. Nous la plaçâmes dans la main de maman, et à la surprise générale, le cercueil descendit sans problème au fond de la tombe, alors qu’elle n’avait pas été élargie.
Partout, le Starets Gabriel est aimé, surtout dans la Rus’. Comment expliquez-vous cela?
Cela s’explique par le fait que tous les Orthodoxes sont un dans le Christ. Je sais combien ils aiment le Starets Gabriel, et j’aime beaucoup tous ces gens, Russes, Ukrainiens, Biélorusses. J’étais à Samtavro le 22 mai. Alors que je quittais le monastère après l’office, je décidai de passer à la chapelle de Sainte Nina à Makvlovani. Approchant la chapelle, j’aperçus une délégation ukrainienne d’environ cinquante pèlerins. Ils me virent de loin et commencèrent à crier avec joie : «Le film! Le Diadème du Starets! C’est la sœur de Gabriel!». Mon Dieu, je me sentis bien embarrassée, mais j’étais heureuse de voir combien ils aiment le Starets. Ils chantèrent ‘mnogaïa leta’ pour moi. Et ils le firent par amour pour le Starets Gabriel. Et cet amour pour notre Gabriel est tellement répandu dans la Sainte Rus’! Je n’ai vu cela nulle part ailleurs. Ils le vénèrent beaucoup.
Oui, ils sont nombreux, ceux qui aiment le Starets Gabriel. Que leur diriez-vous à ceux qui l’aiment si sincèrement?
Puissent leurs cœurs demeurer aussi aimants que maintenant. Ne craignez pas et ne perdez pas la foi, quelle que soit la dureté des épreuves. Honorez le Seigneur sincèrement, adorez-Le en esprit et en vérité.
Appel aux lecteurs de Pravoslavie.ru
Chers amis !
Nous travaillons maintenant à un troisième documentaire au sujet de Saint Gabriel, intitulé «Mama Gabrieli». Un gros travail nous attend, et après une brève interruption, le tournage a repris.
Nous faisons appel à votre générosité, pour ce film. Dans pareille entreprise, même la moindre obole constitue une aide importante.
Les Donations peuvent être envoyée via Paypal à diademas@yahoo.com. Bénéficiaire : David Kobaevitch Tchikadzé.
Lorsque vous procédez à la donation, indiquez vos noms de baptême ainsi que les noms de vos défunts parents. Tous ces noms seront commémorés par un moleben devant les reliques de Saint Gabriel au Monastère de Samtavro, et aussi devant l’icône miraculeuse des Saints Gabriel et Seraphim de Sarov. Les noms peuvent être envoyés par mail à diademas@yahoo.com.

Traduit du russe

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