«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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Homélie prononcée par Saint Luc de Crimée, le lundi de la fête de l’Esprit-Saint en 1957. Le texte original a été publié dans le Tome II des Homélies de l’Archevêque Luc (Voïno-Iasenetski)

Nous reconnaissons les forces de la nature matérielle à travers leurs manifestations plus ou moins puissantes.
Une brise douce qui caresse nos joues et un terrible ouragan qui détruit des villes entières ne sont que le mouvement de l’air avec une force toute faible ou très élevée. Le scintillement à peine perceptible de la moindre étoile et la lumière éblouissante du soleil de midi ne sont que la manifestation de la même énergie lumineuse dans la mesure la plus faible ou la plus forte.En cette grande fête de la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres, nous voyons que l’énergie spirituelle, puissance de Dieu qui se montre à nous, peut se manifester non seulement calmement et de façon à peine perceptible, mais aussi avec une puissance et une gloire stupéfiantes.
Lors du Baptême de notre Seigneur Jésus-Christ dans le Jourdain, le Saint-Esprit S’est manifesté pour la première fois au monde sous la forme modeste d’une colombe descendue du ciel vers la tête de Jésus Baptisé.
Et dans la grande fête d’aujourd’hui, Il se révèle au monde avec grande puissance.
Les apôtres du Christ et les proches du Seigneur Jésus, rassemblés dans la grande chambre haute à Jérusalem attendaient la venue du Saint-Esprit, promise par leur Maître qui était monté au ciel. Ils entendirent soudain un fort bruit, comme un vent déchaîné, et le Saint-Esprit reposa sur leurs saintes têtes sous la forme de langues de feu.
L’Esprit-Saint, Troisième personne de la Sainte Trinité, ne s’était jamais manifesté au monde si clairement, avec une telle force incroyable. La Trinité hypostatique du Dieu unique n’avait jamais été révélée au monde si clairement, et c’est pourquoi nous associons aussi la fête de la descente du Saint-Esprit sur les Apôtres avec la grande fête de la Sainte Trinité.
Le Saint-Esprit, bien sûr, demeura dans le cœur des saints Apôtres pendant leur relation et communion constante avec la Deuxième Personne de la Sainte Trinité, le Seigneur Jésus-Christ, avant Son ascension au ciel. Mais maintenant que leur incombait la plus grande tâche de prêcher l’Évangile du Christ à toutes les nations païennes; maintenant qu’ils devaient disperser les ténèbres du paganisme et éclairer le monde entier par la seule vraie lumière du Christ; maintenant qu’ils devaient mener la lutte la plus dure contre le diable lui-même, père et source des ténèbres spirituelles, ils avaient certainement besoin de forces surhumaines dans l’esprit et le cœur. C’est pourquoi le Saint-Esprit descendit sur eux avec une force plus grande que jamais auparavant, et plus grande que jamais par la suite.
Les Apôtres reçurent la Lumière Divine qui illumina leurs esprits, sous forme de langues de feu. Ils reçurent le don merveilleux de la connaissance des langues et des parlers de tous les peuples, à qui ils allaient devoir donner un cœur nouveau et un esprit nouveau.
C’est donc avec une force semblable à celle d’un ouragan que le Saint-Esprit est descendu sur les Apôtres du Christ, car devant eux se trouvait la grande tâche de changer radicalement la vision du monde de toute l’humanité et tout le cours de l’histoire du monde.
Mais il viendra un temps où, avec une puissance incomparablement supérieure à celle du jour de la Pentecôte, la puissance sans mesure de Dieu et le pouvoir du Saint-Esprit seront révélés; quand les morts ressusciteront au son terrible de la trompette de l’Archange; quand la terre et toutes les œuvres qu’elle porte seront brûlées; quand selon la parole de Dieu, «Voici, je fais toutes chose nouvelles»(Apoc.21;5). Une nouvelle terre et un nouvel univers émergeront. Pour ce jour terrible, nous devons nous préparer tous les jours de notre vie, afin de le connaître non pas dans la peur et la crainte, mais dans une grande joie et la tête haute.
Que nous faut-il pour cela? Rappelez-vous les paroles étonnantes de l’Apôtre Paul dans la première épître aux Corinthiens: «Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous?»(1 Cor.3;16).
Nous devons vivre pour que le Saint-Esprit vienne dans nos cœurs. Si nous nous efforçons d’observer les commandements du Christ, le Saint-Esprit habitera en nous, bien sûr, pas avec la gloire et la puissance avec lesquelles Il est descendu sur les Apôtres du Christ, mais très progressivement et discrètement.
La grâce du Saint-Esprit changera lentement et discrètement, jour après jour, notre esprit, notre âme et même notre corps. Elle nous rendra humbles, paisibles et doux, lourdement affligés par les iniquités et les souillures du monde. De moins en moins nous penserons à nous-mêmes, les biens matériels de la vie perdront tout attrait pour nous. Nous penserons avec chagrin à ceux qui n’ont pas de pain quotidien et qui nous regardent avec supplication. Même notre posture et notre démarche changeront: la tête, d’abord haute, tombera, notre démarche deviendra calme; notre langue et notre bouche ne prononceront que ce qui est bien, bon et pur.
Ainsi mûriront en nous les précieux fruits de l’esprit, dont nous lisons dans l’épître du grand Apôtre Paul aux Galates: «le fruit de l’Esprit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bénignité, la fidélité, la douceur, la tempérance»(Gal.5;22-23).
Que l’Évangile du Christ vous aide à récolter ces précieux fruits, et que la grâce du Saint-esprit fasse de vous tous des temples de l’Esprit de Dieu. Amen.
Traduit du russe
Source 

  1. Pp. 105 et 106 du livre « Святой Врач » (Le Saint Médecin) écrit par l'Archidiacre Vassili Marouchak. (Moscou, Danilovskii Blagovestnik, 2013)