«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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L’homélie ci-dessous, prononcée en 1958, est intégrée dans le recueil intitulé «Tome 2» des Homélies de Saint Luc de Crimée, édité par l’Éparchie de Simferopol et de Crimée.

La tâche de la prédication de l’Église ne doit certainement pas se limiter à des enseignements moraux. Dans les Saintes Écritures, on rencontre beaucoup de passages difficiles à comprendre, dont l’explication nécessite l’aide d’un prédicateur. Telle est la lecture de l’Évangile d’aujourd’hui, que je veux vous expliquer.
Écoutez: «Il n’est personne qui, après avoir allumé une lampe, la couvre d’un vase, ou la mette sous un lit ; mais on la met sur un chandelier, afin que ceux qui entrent voient la lumière. Car il n’y a rien de caché qui ne se découvre, rien de secret qui ne finisse par être connu et ne vienne au grand jour»(Lc.8;16-17).
Au sens propre on ne peut comprendre ces paroles du Seigneur Jésus-Christ, car nous savons que souvent les pécheurs et même les malfaiteurs parviennent à cacher leurs affaires ténébreuses et criminelles. Personne ne couvre le récipient contenant un cierge allumé, obstruant ainsi sa lumière, mais chacun d’entre vous a déjà rencontré des gens qui, par feinte et par ruse, cachent aux autres le contenu ténébreux de leur âme et sa lumière mauvaise, et c’est précisément à eux que le Christ Dieu fait référence dans sa parabole.
Mais avant de parler d’eux, mentionnons ceux qui sont désespérément ignorants de la religion, et qui croient qu’ils peuvent cacher leurs péchés graves, leurs crimes et leurs fornications même à Dieu Lui-même sous le couvert des ténèbres nocturnes. Le psalmiste David, le Prophète, parle d’eux avec une grande force dans son Psaume 93: «Jusques à quand les méchants, Yahweh, jusques à quand les méchants triompheront-ils? Ils se répandent en discours arrogants, ils se glorifient, tous ces artisans d’iniquité»(Ps.93;3-4). Et plus loin encore : «Et ils disent : «Yahweh ne regarde pas, le Dieu de Jacob ne fait pas attention». Comprenez-donc, stupides enfants du peuple! Insensés, quand aurez-vous l’intelligence? Celui qui a planté l’oreille n’entendrait-il pas? Celui qui a formé l’œil ne verrait-il pas? Celui qui châtie les nations ne punirait-il pas? Celui qui donne à l’homme l’intelligence ne reconnaîtrait-il pas?» (Ps.93;7-10). Laissons ces gens, cause perdue pour la vérité et parlons à nouveau de ceux qui, par la feinte et la ruse, essaient de cacher aux autres le contenu impur de leur âme. Je pense que vous avez tous déjà rencontré ces gens dont le sourire ne quitte pas les lèvres quand ils parlent, alors que le contenu de la conversation ne devrait pas faire sourire. Et non seulement ce sourire factice, mais aussi le ton de la parole, et tous les mouvements de leur corps sont les marques de la frivolité et de l’hypocrisie. Ils n’ont pas le regard calme, profond et pur, et leurs yeux plissés et leur regard fuyant dénoncent clairement leur hypocrisie et leur malice. On trouve un portrait brillant d’un tel hypocrite dans les paraboles du sage Salomon: «Un homme mauvais, un homme impur marche avec une bouche menteuse, cligne des yeux, parle avec ses pieds, fait des signes avec ses doigts; la ruse est dans son cœur…» (Prov.6;12-14). Voilà les gens mauvais et hypocrites auxquels s’appliquent les paroles du Christ : «Il n’y a rien de caché qui ne doive être révélé».
Le contenu sombre de l’âme se reflète clairement dans toute l’apparence d’une personne hypocrite et devient tout évident.
Il ne paraît pas à son avantage sous la lumière vive d’un cierge placé sur un chandelier, et il préférerait placer ce cierge sous son lit si ce n’était pas risible. Notre Seigneur Jésus-Christ ne tolère rien de sombre dans notre âme et nous pose le plus grand défi quand Il dit: «Qu’ainsi votre lumière brille devant les hommes, afin que, voyant vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est dans les cieux» (Mat.5;16).
A mon explication du passage de l’Évangile lu aujourd’hui, je voudrais ajouter que la phrase: «Il n’y a rien de caché qui ne doive être révélé» fait pleinement référence à Son terrible Jugement Dernier. Son propos au sujet de ce qui est caché et qui sera révélé, notre Seigneur Jésus le termine par la phrase suivante : «Prenez donc garde à la manière dont vous écoutez ; car on donnera à celui qui a ; et à celui qui n’a pas, on ôtera même ce qu’il croit avoir» (Lc.8;18). Observez vos cœurs: comment ils perçoivent les paroles du Christ, s’ils acceptent avec enthousiasme les mots: «Qu’ainsi brille votre lumière devant les hommes...», et sachez que si vous êtes dignes de la grâce de Dieu, elle se multipliera avec vous à mesure que vous accomplirez les commandements du Christ. Et si vos cœurs restent de pierre, la grâce que vous pensez avoir vous sera ôtée.
Amen
Traduit du russe

 

  1. Pp. 105 et 106 du livre « Святой Врач » (Le Saint Médecin) écrit par l'Archidiacre Vassili Marouchak. (Moscou, Danilovskii Blagovestnik, 2013)