«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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L’homélie ci-dessous, prononcée le 11 février 1947, est intégrée dans le recueil intitulé «Hâtez-vous à la suite du Christ, Recueil d’Homélies» («Спешите идти за Христом» Simferopol; 1946-1948).

(Jean 15;5) Le Seigneur Jésus Christ dit à Ses disciples que celui qui allait Le trahir s’approchait et que le Fils de l’Homme allait être livré entre les mains des pécheurs, pour être mis à mort, et que Ses apôtres allaient Le renier. Que répondirent Ses disciples? «Jamais! Jamais nous ne Te renierons!» Et le plus ardent de tous dans sa réponse fut l’Apôtre Pierre. Il aimait le Seigneur Jésus Christ passionnément, de tout son cœur. Voyez donc ce que répondit le Seigneur : «Je te le dis, en vérité, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq ait chanté deux fois, trois fois tu Me renieras» (Mc.14;30). Et il en fut ainsi, le Saint Apôtre Pierre renia le Seigneur Jésus Christ.
Comment une chose pareille put-elle se passer, d’où provient une telle chute de cet apôtre, pourquoi le Seigneur prononça-t-Il ces paroles? Afin d’éradiquer la vanité chez les apôtres, et ensuite en tous les hommes. Car les apôtres comptaient entièrement sur leur propre amour pour le Christ, sur leur propre foi ardente en Lui. Et ils se sont tous enfuis quand on est venu appréhender le Seigneur Jésus-Christ. Le Seigneur confondit leur vanité et, à travers eux, Il nous apprit à ne jamais avoir de vanité. Le Seigneur avait auparavant dit aux apôtres, et à travers eux, à nous tous: «Vous ne pouvez rien faire sans Moi»(Jean 15;5). Dans ces paroles, Il encapsula Son grand enseignement. On ne peut rien faire sans le Seigneur.
Comme ça, rien? N’y eut-il pas d’œuvres grandes et glorieuses réalisées sans le Seigneur Jésus? N’y eut-il pas des hommes et des nations qui ne confessaient pas le nom du Seigneur Jésus-Christ, et qui pourtant firent beaucoup d’œuvres grandes et glorieuses? Oui, ils firent de grandes et glorieuses œuvres, ils les firent sans le Seigneur Jésus. Quel fut le destin de ces entreprises? Elles se sont effondrées. Il y eut un grand Royaume Assyro-Babylonien qui régna sur l’univers. Où est ce Royaume? Il y a longtemps, longtemps, qu’il s’est effondré, et sa gloire a disparu, ses grandes œuvres sont oubliées.
Il y eut le grand et glorieux Empire Romain, qui régnait sur tout le monde de l’époque, qui avait conquis toute la terre, et la gloire de Rome était immense. Où est l’Empire Romain? Rome s’est effondrée, comme le Royaume d’Assyro-Babylone s’était effondré auparavant.
Et voilà qu’ici, sous nos yeux, un autre grand Empire s’est effondré, qui avait construit le grand édifice de son État sans Dieu, et fut dirigé par avec une cruauté immense, et traita avec mépris tous les autres peuples, voulant dominer le monde. La grande création du peuple germanique s’est effondrée avec fracas et s’est noyée dans les fleuves de sang. Vous voyez comment les œuvres des hommes s’effondrent, quand elles ne sont pas construites sur la pierre angulaire, celles qui sont construites sans foi en le Seigneur Jésus-Christ, sans Son aide bienfaisante? Ces choses s’effondrent, elles s’effondrent les unes après les autres.
Cela a été le cas, il en sera toujours ainsi dans les affaires des individus. Beaucoup de mécréants, ne connaissant même pas le Seigneur Jésus-Christ, beaucoup de païens, de musulmans, de juifs atteignent le prospérité pour un temps, seulement pour un temps, puis tout s’effondre. Sans le Seigneur Jésus-Christ, par Sa Sainte Parole, nous ne pouvons rien faire. Mais ces paroles du Christ se rapportent, dans une bien plus grande mesure qu’aux affaires du monde et de l’État, aux affaires de la foi, à l’homme, aux choses du bien. Nous devons toujours nous rappeler qu’aucune bonne action n’est accomplie par nos propres forces, que tout ce qui est bon est reçu de Dieu, que tout ce qui est bon est accompli par le pouvoir du Seigneur. Souvenez-vous de Lui, bénissez-Le, remerciez-Le. Voilà ce dont il faut d’abord se souvenir.
Les bonnes actions, nous ne devons pas les considérer comme nôtres, nous ne devons pas en être fiers, nous ne devons même pas nous en souvenir, nous devons les oublier. Nous devons immédiatement oublier les bonnes actions que nous avons faites, car nous devons nous sentir comme des serviteurs qui doivent faire la volonté de leur maître, et notre Maître est le Seigneur Jésus-Christ. Si on a fait quelque chose de bien, on a fait Sa volonté, on doit l’oublier en disant: «je suis un serviteur; j’ai fait ce que j’avais à faire» (Lc.17;10). Nous ne devrions jamais compter et nous souvenir de nos bonnes actions. Nous devons penser que nous n’avons pas fait ce que nous aurions dû faire.
Hier, je vous ai lu les paroles de Saint Ephrem le Syrien: «Vous avez entendu que nous devrions toujours inviter les malheureux qui n’ont pas de pain, nous devrions dîner en compagnie des pauvres». Nous ne le faisons jamais. Très rarement, nous déjeunons avec quelqu’un qui est venu de façon impromptue et que nous accepterons par devoir d’hospitalité. Quand nous accueillons et nourrissons un pèlerin, alors nous nous en souvenons longtemps.
Nous devons nous rappeler que nous ne faisons pas ce que dit Saint Ephrem. Nous pourrions faire infiniment plus de bien, et alors, après l’avoir accompli, nous devrions nous dire que nous sommes des serviteurs inutiles, qui n’ont fait que ce qu’ils devaient faire. Que le Seigneur nous préserve de toute vanité, de penser que le bien, nous l’avons fait nous-mêmes.
Tout le bien que nous faisons, nous le faisons seulement par la puissance du Seigneur Jésus-Christ, à Lui la gloire et la puissance pour les siècles des siècles! Amen.
Traduit du russe

  1. Pp. 105 et 106 du livre « Святой Врач » (Le Saint Médecin) écrit par l'Archidiacre Vassili Marouchak. (Moscou, Danilovskii Blagovestnik, 2013)