Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.

(…) Batiouchka expliqua tout cela très bien, mais je n’ai pas la possibilité de transcrire tout sur papier. Je me souviens que Batiouchka a dit ceci :
– Oui, c’est important que vous ayez révélé cette pensée. Aujourd’hui c’est la 1910e année après la Nativité du Christ, le quatorzième jour de février …
J’ai demandé.:
– Et comment lutter contre cette pensée? Que doit-je lui répondre?
– Dites: on ne sait pas ce qui arrivera, «le Seigneur m’aidera à suivre cette voie», et encore: «Je ne pense pas que j’atteindrai les degrés supérieurs de la perfection, mais je serai sauvé ici.»
Il me semble que j’ai noté l’essentiel, le reste, je ne m’en souviens pas.
Vendredi 19 février
Aujourd’hui, on a célébré l’office de Saint Léon le Thaumaturge de Catane, déplacé à l’occasion du samedi des parents. Ces derniers jours, j’ai été très occupé, parfois il aurait été utile de noter certaines choses, mais je n’en avais pas le temps.
Aujourd’hui, j’ai reçu une lettre de l’évêque de Tryphon: il remercie pour les félicitations du 1er février (Son jour de l’Ange).
Hier, après les complies et après le souper, Batiouchka a parlé du sens secret des chiffres en slavon d’église, et avec une profondeur telle que je ne l’aurais jamais soupçonnée.
Quand je suis resté seul, puis pendant les vigiles, une pensée m’est venue: «Voici Batiouchka si vivant et rempli de sagesse spirituelle; parfois, je reçois des miettes de cette sagesse». Mais Batiouchka devra mettre fin à son existence terrestre et emporter avec lui dans le cercueil cette sagesse. Ainsi en sera-t-il, pensai-je, car, en fait, c’est avec tout ce que l’homme a, qu’il paraîtra devant le Trône de Dieu.» Et je me suis senti désolé de ce  qu’il ne sera plus possible de parler à Batiouchka et de recevoir des instructions de sa part. Donc, je pense écrire certaines des paroles et des instructions de Batiouchka.
– Il arrive parfois, dis-je à Batiouchka, qu’en lisant quelque chose, vous ne pouvez pas comprendre ce que vous lisez: je ne parle pas du sens intérieur, mais de l’extérieur. Il y a littéralement comme un brouillard: on lit et on relit et on ne parvient pas à comprendre quoique ce soit.
Batiouchka répondit :

Saint Barsanuphe d’Optina

– Alors il faut fermer le livre, s’asseoir et faire cent prières de Jésus. Vous pouvez vous lever, et même faire des métanies, et vous pouvez marcher dans la Skite en récitant la prière de Jésus. Parfois, dans la vieillesse, les personnes les plus sobres, qui n’ont jamais bu, sont attaquées par la passion du vin, et attirées par le vin…
Récemment, il m’est venu à l’esprit d’écrire que ce fut le Père Koukcha qui prépara une cellule pour nous, Ivanouchka et moi, alors que nous venions d’arriver à la Skite; il était tonsuré à la mantia, maintenant hiéromoine. Pourquoi Batiouchka lui a donné la bénédiction de faire cela, je ne sais pas.
Lundi 22 février
Hier, après le thé du matin avant le repas, j’ai lu «Sur les Monts du Caucase». Ensuite, je suis demeuré tout le temps avec Batiouchka jusqu’à trois heures. Après le repas seulement, j’ai couru jusqu’à ma cellule pour y prendre un livre que j’ai continué à lire chez Batiouchka. Quand je suis arrivé à la cellule à trois heures, mon voisin de cellule, le Père Isidore m’a appelé auprès de lui. Son apparence était affligeante, il se sentait très mal. À sa demande, je me suis assis à côté de lui dans la cellule. Et ainsi, quinze à vingt minutes passèrent, avant qu’il me demande d’aller chercher Batiouchka. Celui-ci est venu, l’a confessé, et il a été envoyé à l’infirmerie. Quand je l’eus installé dans un traîneau et qu’il est parti avec un ouvrier à l’infirmerie, je suis allé aux vêpres. Avant, je suis repassé voir Batiouchka pendant une minute. Après les vêpres et le repas, je suis resté tout le temps chez Batiouchka. Il m’a même laissé dormir chez lui. Avec Batiouchka, nous sommes allés aux matines. Après les matines, nous sommes revenus revenus, et nous nous sommes couchés pour nous reposer jusqu’à six heures trente. Nous nous sommes levés, avons regardé l’horloge, et le jour commença.
Mardi 23 février
Aujourd’hui, j’ai encore dormi chez Batiouchka, mais j’ai mangé au réfectoire, car le Père recevait le Père Théodose.
Hier, je suis allé au monastère pour régler des affaires de Batiouchka, mais je ne me suis pas arrêté près du Père Isidore.
28 février, dimanche du pardon
Tous ces derniers jours, j’ai dormi la nuit chez Batiouchka. Le vingt-cinq, entre autres choses, Batiouchka a dit:
-L’entrée au Paradis, dans la béatitude éternelle, ne s’ouvre pas suite à nos labeurs et nos bonnes actions, mais par les mérites et le Sacrifice Rédempteur du Christ Sauveur, notre Dieu. Tout d’abord, cela se fait par le Sacrement du Baptême, par lequel le péché originel d’Adam est lavé, et l’homme devient capable d’accueillir la grâce divine de notre Seigneur Jésus-Christ, par laquelle nous sommes introduits dans la vie éternelle, et nos bonnes actions, c’est-à-dire l’accomplissement des commandements de l’Évangile, ne sont nécessaires que comme preuves de notre amour pour le Seigneur, car il est dit dans l’Évangile : Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui-là qui m’aime [J.14;21]. Sans amour pour le Seigneur, la béatitude est impossible, vous ne pouvez pas entrer dans le Paradis. On demandera obligatoirement
«Et toi, as-tu aimé le Seigneur?»
«Je l’ai aimé»
«Comment vas-tu le prouver?
«Selon ma force, autant que je pouvais, j’ai accompli les commandements de Dieu, qui sont la preuve de l’amour.»
«Ça va, entre».
Et si l’entrée au Paradis n’était pas ouverte par les mérites du Sauveur, alors les païens, les mahométans, les Juifs et les autres pourraient y entrer.
Par conséquent, nous ne devons pas compter sur nos œuvres, mais sur la miséricorde de Dieu. (A suivre)
Traduit du russe
Source :

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.