Né en 1888, le Saint Hiéromartyr Nikon (Beliaev) fut hiéromoine à la Skite du Monastère d’Optina. Il en fut un des derniers startsy, ayant eu pour père spirituel Saint Barsanuphe, lui-même fils spirituel du Saint Starets Anatole (Zertsalov) d’Optina. Un récit de sa vie a été traduit en plusieurs parties sur le présent blogue et est accessible ici. Le Monastère a publié le journal tenu par le novice Nicolas pendant les trois premières années de sa vie monastique. (Дневник послушника Николая Беляева (преподобного Оптинского старца Никона). Le texte ci-dessous est la traduction (sur base de l’édition de 2016) des premières pages de cet ouvrage remarquable, inédit en français. Le début de la traduction se trouve ici.

11 Juin, jour du Saint Esprit.
Avant le repas Batiouchka me parla de la prière de Jésus. Cela commença par une question que me posa Batiouchka :
-Quel est le signe de la Providence de Dieu envers l’homme?
Je ne sus que répondre. Alors Batiouchka commença à parler:
– Les tribulations incessantes que Dieu envoie à l’homme sont les signes de la Providence particulière de Dieu envers l’homme. Le sens des afflictions est multiple: elles sont envoyées pour retrancher le mal, ou pour le discernement, ou pour une plus grande gloire. Par exemple, quelqu’un tombe malade et s’en afflige, mais pendant ce temps, par cette maladie, il est libéré d’un mal plus grand qu’il avait l’intention de commettre, et ainsi de suite.
De là, nous sommes passés à la prière.
«Son début, c’est la voie étroite… mais l’acquisition de la prière intérieure est nécessaire. Sans elle, impossible d’entrer dans le Royaume des Cieux. La prière mentale extérieure est insuffisante, car elle existe aussi chez l’homme qui a encore des passions. La prière mentale seule est insuffisante, mais beaucoup moins nombreux sont ceux qui acquièrent la prière intérieure. Certains disent : «Quel sens ça a de dire la prière ? Quelle utilité?». Une grande utilité ! Car le Seigneur donne la prière à ceux qui prient, soit avant leur mort, soit même après leur mort. Seulement, il ne faut pas l’abandonner. Il y avait chez nous à la Skite, un moine du grand schème, le Père Mikhaïl. Il disait la prière, ça je le sais. Je n’ai entretenu aucune relation avec lui. Quand vint le moment de sa mort, tous nous sortîmes de sa cellule. Avant, je m’adressai à lui en disant, Batiouchka, Batiouchka, prie pour moi ! Je le regardai et vis qu’il souriait ! Je fus effrayé, puis je m’apaisai. C’était un sourire tel que je ne l’oublierai jamais… Il lisait le Psautier. J’avançai vers l’analoï, pris le Psautier et l’ouvrit là où il avait été refermé, c’est-à-dire là où il s’était arrêté. C’est le psaume 117 qu’il avait lu en dernier lieu, de son vivant. Il y est dit :

Saint Nikon (Fragment de la Synaxe des Saints Startsy d’Optina. T.A. Mouchketov)

«Ouvrez-moi les portes de la justice ; j’y entrerai et je confesserai le Seigneur… » Ainsi pouvait parler l’âme qui avait acquis la prière intérieure.
J’ouvris le Psautier et commençai à lire ce psaume. Il m’avait toujours plu et alors, il me plut encore davantage. Batiouchka me dit que le Saint Prophète David avait eu connaissance du mystère de la personnalité trinitaire de Dieu, et qu’il connaissait la prière de Jésus. Ensuite, Batiouchka me donna un livre de Païssii Velitchkovski, m’indiquant ce que je devais lire.
Le huit juin, Batiouchka m’appela pour une promenade dans la forêt. Nous marchâmes une heure et demie et rentrâmes juste pour le repas.
Quelques jours auparavant, j’avais reçu une lettre d’Ivanouchka. Je lui écrivis une carte postale.
Dimanche 13 juin
Le dix juin, Batiouchka m’a fait remarquer qu’il faut lutter contre le sommeil : «Il faut avoir le souhait et la décision de vous lever, alors, vous vous lèverez à temps. Mais si vous n’avez ni le souhait, ni la décision de vous lever envers et contre tout, le bourdon pourrait sonner au-dessus de vous, vous dormirez au-delà de l’heure.
De plus, priez votre Ange-Gardien et Saint Barsanuphe de Tver et Kazan, auquel a été accordé le don d’aider ceux qui passent trop de temps à dormir».
Et le onze, Batiouchka m’a de nouveau parlé du même sujet :
«Je vous ai déjà dit auparavant qu’il convient d’arriver à l’office avant la sonnerie, afin que celle-ci résonne quand vous êtes déjà dans l’église. Parce que c’est à ce moment-là que la Très Sainte Mère de Dieu entre dans l’église. C’est une chose que j’ai lue voici longtemps. Ensuite j’ai lu au sujet du Père Païssii, un moine de Kiev, héros de l’ascèse et fol en Christ. Un soir, il est arrivé aux vêpres. On avait fini de sonner. Dans l’église, personne. Le sacristain ayant tout préparé, sortit de l’église.Le Père Païssii se retrouva seul. Soudain, il entendit un bruissement, comme si quelqu’un marchait. Il regarda et vit une dame majestueuse, de taille élevée, accompagnée du Saint Apôtre Pierre. Elle parcourut l’église de son regard et dit : «On a sonné pour les vêpres, et les moines ne sont pas là». Elle se tourna vers le Père Païssii et le bénit en traçant un large signe de croix, et sortit de l’église tout en s’élevant du sol. Le Père Païssii sortit à sa suite et L’observa depuis l’église : Elle s’éleva de plus en plus en haut, jusqu’à disparaître de la vue du Père Païssii.
Quand le grand Starets, le Père Anatole s’entretint avec le Père Macaire, celui-ci lui dit également qu’il était nécessaire d’arriver à l’office avant la sonnerie de la cloche, et que c’était très important.
– Pourquoi ?
Répondit le Père Anatole.
– Je te le dirai plus tard, répliqua-t-il. Et plusieurs années plus tard, il lui dit : «Parce qu’à ce moment, la Très Sainte Mère de Dieu entre dans l’église».
Le onze juin, Batiouchka m’a également remis une note me rappelant de lire les lettres du Père Macaire. Batiouchka officiait au monastère.
Gloire à notre Dieu
Skite d’Optina Poustin’
13 juin 1910
Le Novice Nicolas Beliaev.
(A suivre)
Source :

Saint Père Nikon, prie Dieu pour nous.