Vladimir Karpets. Ontologie de la Monarchie en Russie 1/3

karpec-00En cette période au cours de laquelle les événements du monde nous incitent à réfléchir au modèle de société dans laquelle nous vivons, il s’indique de se rappeler que d’aucuns s’efforcent, de nos jours, de penser un modèle de société construit autour de notre foi orthodoxe. Vladimir Igorievitch Karpets, juriste, historien, publiciste, traducteur, réalisateur, poète, Orthodoxe du Vieux Rite (edinoverets) à la foi très robuste,  père d’une famille de quatre enfants, a écrit entre autres un ouvrage intitulé Социал-Монархизм (Le Social-Monarchisme), publié en 2014 et dont certains extraits ont été traduits et proposés sur ce site. Vladimir Igorevitch, homme juste et bon, emporté par une subite aggravation de la maladie qui l’accablait, s’en est allé auprès du Père,  le 27 janvier 2017.  Le site Katehon.ru a publié le 13 janvier 2016 un chapitre de ce qui fut alors annoncé comme un nouveau livre  de V. Karpets, «La Monarchie Sociale», en russe, dont nous ne savons s’il sera finalement publié par les Éditions ‘Projet Académique’ (Академический проект). Voici la traduction française de la première des trois partie de ce chapitre. 

Ontologie de la Monarchie
Qu’est-ce que le «Projet Monarchique»? Il s’agit d’envisager la monarchie en Russie comme un projet, c’est-à-dire, quelque chose à inventer, à concevoir, probablement de façon incorrecte. La monarchie russe ne doit pas être tirée du néant ; elle n’a jamais disparu, elle demeure autour de nous et en nous. Dans l’évangile apocryphe de Thomas, on trouve ces paroles : «Le Règne de Dieu est autour de nous, mais nous ne le voyons pas». S’inspirant de ces paroles, comme d’un modèle artistique, nous pourrions les paraphraser ainsi : la monarchie existe en Russie, mais nous ne la voyons pas. La forme de gouvernement monarchique a toujours existé chez nous, soit ouvertement, soit de façon déformée, c’est-à-dire empreinte de connotations impropres à la véritable monarchie des points de vue métaphysique, ontologique et idéologique. Read more

L’Aspect religieux de la Guerre de Crimée (1853-1856)

vigilyanskii1_0L’Archimandrite Vladimir Vigilianski, ancien directeur du service de presse du Patriarcat de Moscou, a écrit le texte ci-dessous, publié le 29.03.2016, sous le titre Религиозный аспект Крымской войны (1853-1856) dans les pages en langue russe du site multilingue Katehon.ru
Depuis que j’aperçus à Londres, au croisement de Regent Street et Pall Mall, la statue érigée en la mémoire des soldats anglais tombés lors de la Guerre de Crimée (1852-1856), mon intérêt pour cette guerre ne fit que croître. J’ai beaucoup lu, à propos des causes géopolitiques de cette guerre, des motifs concrets, des opérations militaires, et de la défaite de la Russie. Voici quelques conclusions que j’ai tirées : Read more

Vladika Tikhon. L’amour du pasteur pour son troupeau.

L’Évêque Tikhon (Dorovskikh) dirige l’Éparchie de l’Extrême Orient depuis un peu moins de six ans (22/23 janvier 2011). Parmi les moyens de contact, sur le site de l’Éparchie, on trouve son email personnel. Une telle ouverture se justifie-t-elle de la part d’un hiérarque ? Quel en est le résultat ? L’entretien mené par le magazine Pravmir avec Vladika Tikhon, nous informe sur la vie des Orthodoxes à Sakhaline et dans les Kourilles, sur les problèmes qu’y rencontrent les prêtres, sur l’éducation chrétienne, et bien d’autres choses. Le texte russe de l’entretien a été publié le 26 décembre 2012 sur le site Pravmir.ru. Deuxième partie de l’entretien. La première se trouve ici.

La question de l’égoïsme
Souvent revient la question suivante : dans notre pays, on compte 80% d’Orthodoxes, on construit beaucoup d’églises, et malgré cela, nous avons des taux tellement élevés en matière de tabagie, de consommation de drogue, de divorces, d’avortement… Pourquoi ?
Nous trouvons dans l’héritage législatif que nous a laissé le pouvoir soviétique un oukaze de 1917 selon lequel la femme a le droit de décider si elle avortera ou non. Ce genre de stéréotype est déplorable. Read more

Vladika Tikhon : Tous connaissent mon numéro de téléphone.

L’Évêque Tikhon (Dorovskikh) dirige l’Éparchie de l’Extrême Orient depuis un peu moins de six ans (22/23 janvier 2011). Parmi les moyens de contact, sur le site de l’Éparchie, on trouve son email personnel. Une telle ouverture se justifie-t-elle de la part d’un hiérarque ? Quel en est le résultat ? L’entretien mené par le magazine Pravmir avec Vladika Tikhon, nous informe sur la vie des Orthodoxes à Sakhaline et dans les Kourilles, sur les problèmes qu’y rencontrent les prêtres, sur l’éducation chrétienne, et bien d’autres choses. Le texte russe de l’entretien a été publié le 26 décembre 2012 sur le site Pravmir.ru. Première partie de l’entretien.

«Où ça ? Mais dans l’église!»
Vladika, vous avez grandi dans une famille extraordinaire. Vos frères sont métropolite et higoumène! Comment furent éduqués les trois soldats du Christ? Quelle était l’atmosphère à la maison ? Quelle était la relation avec l’Église ? Il est devenu difficile, de nos jours, de faire des enfants des croyants et des hommes d’église. Comment cela s’est passé chez vous ?
C’est vrai, j’ai grandi dans une famille extraordinaire. Et cette dimension ne dépendit pas de nous, les enfants, mais bien des parents et des grand-mères. La guerre nous prit, à mes frères et moi, nos deux grands-pères. Mais les deux babouchkas élevèrent leurs enfants, nos parents, dans la tradition et la culture de l’Orthodoxie. Nous fûmes éduqués, vraisemblablement, comme tous le furent à l’époque soviétique. Je n’ai pas peur du mot «soviétique». Cette période fait partie de notre histoire et est liée à différents éléments. Nos parents travaillaient, comme tout le monde ; papa comme serrurier et maman dans une entreprise chimique, toute sa vie. C’était simple, le matin ils partaient travailler et le soir ils nous éduquaient comme ils pouvaient, essayant autant que l’époque le permettait de nous donner des occupations «de jeunes». Je me rappelle qu’alors la paie était répartie en une avance, et plus tard le solde. Avant de recevoir le solde, ils sortaient de l’avance dix ou quinze kopeks qu’ils plaçaient sur le téléviseur, pour le pain. Mais cela ne signifie pas qu’on vivait mal ou bien ; nous vivions normalement. L’atmosphère était toute ordinaire, je dirais une atmosphère chrétienne. Chaque action des aînés, surtout des grands-mères, était envisagée en fonction de l’éternité, c’est-à-dire en fonction de l’absence ou de la présence du péché. Au début du Grand Carême et avant l’entame de l’année scolaire, nous devions aller à l’église, nous confesser et recevoir la Communion. C’était obligatoire, sans compter les autres fêtes liturgiques auxquelles nos parents s’efforçaient de nous emmener. Je me souviens que le dimanche, tous ensemble, la famille au complet, nous quittions l’appartement. La voisine aussi était croyante, une femme très digne, mais comme tout le monde, elle avait ses faiblesses : elle était curieuse. Ainsi, elle se demandait où nous partions ainsi, et elle m’interrogea. Je lui répondis, comme toujours, honnêtement : «Où ça? Mais à l’église!», sans comprendre qu’il n’était pas toujours possible, ni utile, de répondre à de telles questions. Vous affirmez qu’aujourd’hui, il est malaisé d’amener les jeunes à l’église et d’en faire des croyants comme cela se produisit dans ma famille. Si cela se produisit chez nous, ce fut, comme je l’ai déjà mentionné, grâce à nos parents, pas de notre fait. Nos parents s’évertuaient à mener une vie chrétienne et cela nous a été transmis. Les enfants sont comme des éponges, ils absorbent tout, le bien comme le mauvais. Read more

Hiéromoine Arsène l’Athonite. La Prière 2 (Louange, Repentir et Demande)

ieromonah-arseniiLe hiéromoine russe Arsène (Minine) l’Athonite est l’auteur du texte ci-dessous et de ceux qui seront mis en ligne ultérieurement dans cette série. Les textes originaux en langue russe sont accessibles sur le site «Русский Афон». Il s’agit d’extraits d’un livre intitulé La Philocalie Athonite à propos du Silence et de la Prière (Афонское Добротолюбие о безмолвии и молитве), publié en 2015 par les éditions du Saint Monastère Athonite Saint Panteleïmon, et que l’on peut lire en ligne ici. Le premier extrait se trouve ici.

Dès que tu sors du sommeil, que ta première pensée soit pour rendre grâce à Dieu. Tu te coucheras avec les mêmes pensées, en gardant à l’esprit que ton lit pourrait bien être ton cercueil. Le pardon des insultes et vexations, même les plus lourdes, est nécessaire au succès de la prière, comme le rappelle le Saint Apôtre Paul : «Que le soleil ne se couche pas sur votre colère» (Eph.4,26).
Un ange de Dieu révéla un jour à un moine un mode de prière favorable : il faut d’abord rendre sincèrement grâce à Dieu. Ensuite, il convient de confesser ses péchés et de s’en repentir, l’âme contrite. Et enfin, on peut présenter à Dieu toutes nos demandes. Read more

Hiéromoine Arsène l’Athonite. La Prière 1 (La Préparation)

ieromonah-arseniiLe hiéromoine russe Arsène (Minine) l’Athonite est l’auteur du texte ci-dessous et de ceux qui seront mis en ligne ultérieurement dans cette série. Les textes originaux en langue russe sont accessibles sur le site «Русский Афон». Il s’agit d’extraits d’un livre intitulé «La Philocalie Athonite à propos du Silence et de la Prière» (Афонское Добротолюбие о безмолвии и молитве), publié en 2015 par les éditions du Saint Monastère Athonite Saint Panteleïmon, et que l’on peut lire en ligne ici.
La prière du Seigneur, le «Notre Père», est supérieure à toute prière car elle sort de la bouche toute pure du Sauveur Lui-même, et elle renferme l’exposé de tout ce pour quoi nous devons prier. Mais comment faut-il prier?
Saint Jean Climaque nous dit que «Lorsque nous nous tenons devant notre Roi et notre Dieu et que nous nous apprêtons à nous entretenir avec Lui dans la prière, il ne convient pas de commencer sans aucun préalable, afin de ne pas ressembler à celui qui comparaît devant le roi vêtu et équipé de façon indigente. Car autrement, Il commandera à Ses esclaves et serviteurs de nous éloigner de Sa présence et de nous expulser, déchirant notre supplique, et nous l’envoyant au visage. Pour cette raison, avant d’entamer une conversation avec Dieu, nous devons rejeter de nous-mêmes tout ce qui est du monde, et n’accorder aucune attention à toutes les pensées qui ne manqueront pas de surgir avec force pendant la prière». Read more