vigilyanskii1_0L’Archimandrite Vladimir Vigilianski, ancien directeur du service de presse du Patriarcat de Moscou, a écrit le texte ci-dessous, publié le 29.03.2016, sous le titre Религиозный аспект Крымской войны (1853-1856) dans les pages en langue russe du site multilingue Katehon.ru
Depuis que j’aperçus à Londres, au croisement de Regent Street et Pall Mall, la statue érigée en la mémoire des soldats anglais tombés lors de la Guerre de Crimée (1852-1856), mon intérêt pour cette guerre ne fit que croître. J’ai beaucoup lu, à propos des causes géopolitiques de cette guerre, des motifs concrets, des opérations militaires, et de la défaite de la Russie. Voici quelques conclusions que j’ai tirées :
1. Il s’avère que les travaux scientifiques des historiens étrangers furent très semblables à ceux des soviétiques. Pour eux, ils était essentiel de masquer les faits réels et de les déformer, afin de produire une évaluation politique. A titre d’exemple, on peut se référer à la recension convaincante et dévastatrice  de la monographie de l’historien britannique Orlando Figes : «La Crimée. Dernière Croisade» (‘Crimea. The Last Crusade. Penguin Books. Londres 2011)
2. Nonobstant les affirmations de l’historiographie occidentale et soviétique, la Russie ne menaçait pas de prendre Constantinople et n’a pas déclaré la guerre à l’Empire Ottoman, ni à la France, ni à l’Angleterre, ni, encore moins, à la Sardaigne. Au contraire, la Russie, un ultimatum avait été adressé à la Russie ; elle devait retirer ses troupes de Moldavie et de Valachie, qui se trouvaient sous protectorat russe, selon les termes du Traité d’Andrinople, à défaut de quoi la guerre lui serait déclarée. Elle retira ses troupes. Et on lui déclara la guerre. (Ceci offre des similitudes avec la situation actuelle en matière de ‘sanctions’)
3. La Navy britannique ne combattit ni dans le Nord ni en Extrême Orient avec des vaisseaux de guerre, mais bien avec des navires de commerce. Les marchandises des négociants étaient pillées et envoyées en Angleterre. Les Anglais pillèrent, par exemple, le Saint Monastère du Lac Onega et tentèrent de détruire le Monastère de Solovki.
4. Selon l’académicien et historien Vitali Sheremetiev, l’orientaliste Mikhaïl Yakouchev et d’autres historiens, appuyant leurs travaux sur des documents secrets uniques, récemment rendus publics, documents russe, occidentaux, arabes, turcs et kurdes, mais également sur le témoignage de prisonniers, et sur des données des services de renseignement, c’est le Vatican qui se trouva à la source du conflit. Le renforcement du monde chrétien oriental dans les Balkans et Terre Sainte et dans les anciens territoires byzantins lui paraissait inacceptable. Le Vatican, et en particulier Pie IX, exerça des pressions politiques sur l’Empereur français Napoléon III, qui avait accédé au trône avec le soutien du Vatican, et souhaitait prendre une revanche suite à la débâcle française lors de la guerre de 1812.
5. On pourrait raconter bien des choses à propos de la guerre de l’information menée par l’Occident contre la Russie à la veille du conflit et au cours de celui-ci. Les historiens considèrent que le facteur médiatique joua un rôle important dans l’issue du conflit et soulignent l’impréparation totale de la Russie dans ce domaine.
Conclusion fondamentale : il s’agissait d’une intervention européenne de conquête, impitoyable et sanglante. Elle visait à affaiblir la Russie et anéantir ses citoyens.guerre de crimée
Traduit du russe.
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