Père J. Romanidès. Et Rome cessa d’être… romaine.

maxresdefaultL’ouvrage du Père Jean Romanidès Romanité, Romanie, Roumélie (ΡΩΜΗΟΣΥΝΗ ΡΩΜΑΝΙΑ ΡΟΥΜΕΛΗ) fut publié en grec en 1975, aux éditions Pournaras de Thessalonique. L’extrait ci-dessous est traduit des pages 48 et 49 du livre précité. Cette traduction française est due à Dimitri Kitsikis et est reprise aux pages 44 et 45 de son livre  La montée du national-bolchévisme dans les Balkans: le retour de la Serbie de 1830, paru en 2008 chez Avatar Éditions. Dans ce court extrait le P. Romanidès nous rapporte l’épisode de l’histoire au cours duquel la «Vieille Rome» cessa d’être… romaine.
Le schisme entre Francs et Romains se produisit au début du IXe siècle, lorsque Charles, appelé par les Européens, le Grand, condamna le 7e concile œcuménique et introduisit le dogme du filioque dans le Credo, en 809. Lire la Suite

Primats ou papes ?

Primats ou papesLe protopresbytre Anastasios Gotsopoulos, prêtre de la Paroisse Saint Nicolas à Patras, a écrit le texte ci-dessous le 10 juin 2016. Il a été publié, sur le site Impankratoros.gr.
Patras, le 10 juin 2016.
Finalement, les Églises orthodoxes ont-elles des primats ou des papes ? Peut-être d’aucuns voudraient-ils, à l’occasion du Saint et Grand Concile, conférer également aux primats des pouvoirs papaux ?
Ces questions émergèrent suite aux réactions de certains «défenseurs» du prochain Saint et Grand Concile, qui s’élevèrent contre les décisions unanimes des synodes des hiérarques des Églises de Serbie, de Bulgarie, de Géorgie et de Grèce au sujet des positions que ces Églises ont adoptées à propos du Concile Pan-orthodoxe. Sans fournir aucune réponse aux plaintes extrêmement sérieuses des Saints Synodes des Églises locales, ils se mirent dans tous leurs États et répètèrent de façon monotone : «Les primats avaient signé les textes et avaient décidé tant de la réunion que de la procédure et du règlement du fonctionnement du Concile. Par conséquent, les synodes locaux n’ont aucunement le droit d’émettre un avis à propos de la décision des primats». Le Saint Synode du Patriarcat Œcuménique lui-même s’est aligné sur cette même logique dans sa déclaration officielle du 06 juin 2016.
Excusez-moi?! Quand donc les primats des Églises Orthodoxes locales sont-ils devenus… des papes ? Depuis quand l’opinion ou la décision personnelle d’un primat lierait et obligerait-elle irrévocablement le synode de la hiérarchie à laquelle il appartient. Est-ce le primat ou est-ce le synode des hiérarques qui constitue la plus haute instance administrative des Églises Orthodoxes locales, conformément à la Tradition Orthodoxe ? Chacune des Églises se prononce-t-elle de façon synodique et s’exprime-t-elle à travers le synode ou est-elle liée par tout avis émis par le primat? (J’éviterai ici l’usage de l’expression ex-cathedra pour éviter que nos esprits ne s’envolent vers un autre horizon!).
C’est évident, les primats ont signé! Mais chaque primat, une fois revenu auprès de son Église locale, a soumis sa décision, et il était obligé de le faire, à son synode. Et chaque synode, souverain et responsable s’est prononcé, soir en accord avec la signature du primat, soit en désaccord, annulant ainsi la décision personnelle! D’aucun souhaiteraient peut-être dicter ce qu’un synode devrait décider? Il est louable que les Primats des Églises de Serbie, de Bulgarie, de Géorgie et de Grèce aient soumis leur décisions au jugement du collège hiérarchique, respectant par là même l’institution synodale. Mais plus encore, ils réunirent leur synode, ils parvinrent à un accord et co-signèrent une décision adoptée à l’unanimité par leur synode, se soumettant de la sorte à la lettre et à l’esprit du 34e Canon des Saints Apôtres : «Mais lui aussi, qu’il ne fasse rien sans l’avis de tous ; car la concorde régnera ainsi et sera glorifié le Père et le Fils et le saint Esprit». Voilà ce que signifie le respect de l’institution synodale ! Voilà ce que signifie le respect de l’unité de l’Église !
Malheureusement, d’aucuns se sont accoutumés au mode de fonctionnement des synodes de certains patriarcats (au Nord, au Sud et à l’Est… sans mentionner de noms, ni offenser de familles…), et ils ne peuvent digérer le fait qu’il existe des Églises locales dans lesquelles le système synodal soit pleinement mis en œuvre, avec des difficultés, sans aucun doute, mais pleinement en œuvre. Le primat ne donne pas d’ordre, comme dans le système papiste, les autres participants au synodes ayant à obéir que cela leur plaise ou non…
Le danger pour l’Orthodoxie elle-même consiste en ce que certains veulent imposer à toute l’Église ce mode de fonctionnement du «Synode» propre à quelques patriarcats et tentent à travers le Concile pan-orthodoxe d’élever les primats de «primus inter pares», premier d’entre les pairs, à «primus sine paribus», premier sans égaux (Elpidophoros de Prouse), en fait, revêtu d’une autorité papale ! Et ainsi, il sera plus aisé de reconnaître le Premier parmi les Premiers, qui sera à son tour «sine paribus». Ce sujet est fondamental et touche directement à l’essence de l’ecclésiologie orthodoxe.
Chambézy préconcileIl est évident que l’image que l’Église Orthodoxe offre d’elle-même avant le Concile Pan-Orthodoxe n’est guère idéale. Refusant d’admettre l’ampleur de leur responsabilité dans la situation, certains individus chargés de responsabilités tentent de reporter le blâme sur le fonctionnement synodal des Églises locales. Mais le problèmes a surtout été créé par la manière anti-traditionnelle de préparer jusqu’à présent le Saint et Grand Concile, et particulièrement dans les règles de fonctionnement qui au nom du Concile Pan-Orthodoxe, ont fait fi de l’institution synodale des Églises locales.
Pour des sujets aussi importants que l’approbation de documents pré-conciliaires, il n’est pas possible que la décision prise en l’absence des hiérarques, par un  représentant, revête un caractère irrévocable et lie les Églises. Il n’est pas possible que les hiérarques des Églises n’aient pas le dernier mot au sujet des règles de fonctionnement du Concile Pan-Orthodoxe. Il y eut, bien-sûr, une autorisation formelle, bureaucratique, mais comme on s’en est rendu compte, elle ne pouvait se substituer à la fonction essentielle du système synodal de chaque Église particulière, ni encore à celui de l’Église Orthodoxe Catholique, mondiale.
Une solution à ce problème émergeant peut exister, à condition de revoir la tactique appliquée jusqu’ici, et de se repentir, au niveau pan-orthodoxe. Puisse, en ces ultimes instants, un respect substantiel du système synodal, et particulièrement des décisions synodales que votèrent à l’unanimité les hiérarchies des Églises Locales, en être le commencement.
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Regard orthodoxe sur l’Histoire de Russie et du Monde.3/3

МультатулиPravoslavie.ru a publié le 29 mars 2016 un long entretien avec Pëtr Multatuli, historien, directeur du département d’analyse et d’évaluation de l’Institut des Études Stratégiques de Russie (Российского института стратегических исследований), à propos du lien entre histoire et Providence divine. Le texte ci-dessous propose la traduction de la dernière partie de l’entretien. Les deux premières se trouvent ici.

Pëtr Valentinovitch, quelle est la situation, aujourd’hui ?
Aujourd’hui, nous voyons à nouveau comment l’Occident qui s’est détaché de Dieu prépare une nouvelle invasion. Que certains l’admettent ou non, en janvier 2014, nous sommes entrés dans la Troisième Guerre Mondiale, avec la provocation du Maïdan de Kiev. Ses organisateurs sont un petit groupe extrêmement influent de personnes qui sévissent dans le Groupe Bilderberg, la Conférence Trilatérale, et qui utilisent les États-Unis d’Amérique comme puissance d’agression. C’est une guerre sans précédent en termes de cynisme et de cruauté. Un arc sanglant s’étend de la Syrie à Donetsk et Lougansk. Femmes enceintes, enfants innocents et vieillards sont tués. Des prêtres orthodoxes, des imams musulmans et des missionnaires catholiques sont tués. Comme sortis de l’enfer, apparaissent des escadrons de la mort parés de la symbolique nazie ou wahhabite, composés de sadiques, de maniaques et de pervers, semant la mort et la dévastation. Leurs maîtres secrets leur ont assigné un objectif simple : la domination mondiale et un nouvel ordre mondial. Hitler en avait rêvé, lui qui voulait instituer un «Neuordnung», un ordre nouveau. Notons qu’il s’agit de l’objectif proclamé sur les dollars des États-Unis: «Nouvel ordre séculaire». Ce siècle arrive et nous constatons ce qu’il amène avec lui: l’athéisme, la destruction de l’Église, de la famille, les tribunaux pour enfants, la propagande pour la pédophilie, la perte de l’identité nationale et culturelle des États, la transformation de la personne libre en esclave semblable à du bétail. Au sein de cet «ordre», il n’est pas de place pour l’État-nation, pour les cultures et religions nationales. Même la famille disparaît. Tout est transformé en camp de concentration électronique, dont le maître sera, comme dans Orwell, le «Grand Frère».
Tout cela ne constitue pas une ensemble d’effets spectaculaires dans un nouveau film d’horreur, mais bien une réalité qui devient chaque jour plus distincte. Lire la Suite

Saint Agapit de la Laure des Grottes de Kiev

Saint Agapit l’humble guérisseur anargyre de la Laure des Grottes de Kiev est fêté ce jour, 1/14 juin. Il vécut au XIe siècle. Guérisseur, il le fut pour ses frères moines, pour les innombrables laïcs qui venaient faire appel à lui, pour Vladimir Monomaque, futur Grand Prince de Kiev. Il l’est encore aujourd’hui pour les fidèles qui se tournent vers lui ou qui vont vénérer ses reliques incorrompues. Puissent les prières de Saint Agapit guérir nos âmes et nos corps. L’office en son honneur n’a à ce jour pas été traduit en français. Voici ci-dessous une traduction «libre» du tropaire et du kondakion, à partir du slavon.

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Tropaire Ton 5

Imitant avec humilité Antoine le Théophore,
Pour remède prenant quelque plante comestible,
Tu guérissais les malades, O Saint Père Agapit.
Convainquant de la sorte un médecin incroyant,
Tu le menas sur la voie du salut.
Guéris nos maladies,
Et prie le Seigneur
pour ceux qui chantent tes louanges.

Kondakion Ton 6

Étant un médecin hors pair, O Thaumaturge,
Tu manifestas ta foi pure de tout doute.
Tu dénonças la fausse foi de l’Arménien,
Et amenas celui-ci à la piété,
Quand étant toi-même au seuil de la mort,
Tu imploras du Seigneur une prolongation de ta vie,
Tu le convainquis par ce miracle,
Et l’amenas au Christ.
Maintenant que tu te tiens devant Lui,
Prie pour nous, Saint Père.

Saint Agapit Reliques

Métropolite Hiérotheos: Les Documents du Saint et Grand Concile doivent être dogmatiquement purs.

IEROTHEOS_MHT_NAYPAKTOYAu début du mois de juin 2016 s’est tenue une assemblée du Saint Synode de l’Église de Grèce, préparatoire au Saint et Grand Concile qui a été annoncé. Le Métropolite Hiérotheos de Naupacte y a prononcé un discours dense, dont voici un court extrait.
Dans le cadre de notre communication courante, et de façon occasionnelle dans nos documents, il est possible que nous recourions à certains termes susceptibles de soulever quelque préoccupation. Il pourrait nous arriver, par exemple, d’écrire ou de parler d’une «Église Catholique Romaine» ou d’une «Église Protestante», etc. Mais lorsqu’il s’agit d’élaborer des documents dans lesquels nous confessons notre foi, documents qui perdureront en qualité de décisions du Saint et Grand Concile, nous devons faire preuve de prudence. Au cours de sa lutte théologique en faveur de l’hésychasme, Saint Grégoire Palamas a établi un principe Saint Grégoire Palamasfondamental :«ἕτερον ἐστιν ἡ ὑπέρ τῆς εὐσεβείας ἀντιλογία καί ἕτερον ἡ τῆς πίστεως ὁµολογία» («La controverse pieuse est une chose, la confession de foi en est une autre»). Cela signifie qu’en matière «d’ ἀντιλογία», de controverse, de dispute, on peut utiliser toutes sortes d’arguments, mais lorsque nous rédigeons des documents par lesquels nous confessons notre foi, notre verbe doit être concis et dogmatiquement précis, comme les Saints Pères dogmatisèrent «une grande sagesse en peu de mots». Ainsi, il faut que les documents qui sont devant nous et qui doivent être signés par notre Église, soient purs du point de vue dogmatique, et ne se singularisent pas par le manque de clarté et la confusion car autrement, ce ne seront pas des documents orthodoxes.
Source
Traduit du grec.

Regard orthodoxe sur l’Histoire de Russie et du Monde.2/3

МультатулиPravoslavie.ru a publié le 29 mars 2016 un long entretien avec Pëtr Multatuli, historien, directeur du département d’analyse et d’évaluation de l’Institut des Études Stratégiques de Russie (Российского института стратегических исследований), à propos du lien entre histoire et Providence divine. Le texte ci-dessous propose la traduction de la deuxième partie de l’entretien. La première se trouve ici.

En ce qui concerne ses relations avec la Russie, pourquoi l’occident n’apprend-il pas des erreurs du passé?
Nous devons préciser de quel Occident nous parlons. L’Occident de Charles Martel, des saints Denis et Rustique de Paris, de Sainte Geneviève, Jeanne d’Arc, Shakespeare, Molière, Racine, Schiller, Dürer, Bach, du Roi Louis XVI et de la Reine Marie-Antoinette tué par les Jacobins, et du grand Pasteur, c’est une chose, mais l’Occident des Templiers, de Cromwell, Robespierre, Marat, Bonaparte, Karl Marx, Nietzsche, Freud, Alister Crowley, Hitler et les actuels néocons de Brzezinski et de Norman Podgoretz, c’en est une autre. Aujourd’hui, quand on évoque l’Occident, c’est tout d’abord à ce deuxième Occident, celui de l’apostasie, que nous faisons référence. Mais ceci est correct, car cela fait au moins trois siècles que nous avons affaire précisément à lui. Toutefois, nous n’avons pas le droit d’oublier qu’il existe un autre Occident, un Occident chrétien, d’autant plus qu’il demeure en Occident de nombreux croyants qui n’admettent pas les accomplissements des nouveaux nazis libéraux en Europe. C’est justement en Europe qu’a démarré l’offensive des forces mondialistes antichrétiennes. Lire la Suite