Taras Sidash : Comment Prier pour le Monde?

Taras SidashTaras Sidash, naquit en 1972, il vit à Saint Saint-Pétersbourg. Diplômé de l’Institut de Philosophie et de Théologie de Saint-Pétersbourg, il est traducteur du grec ancien, écrivain, poète et philosophe. Une partie de ses écrits viennent récemment d’être publiés, en deux fascinants volumes de plus de mille pages chacun. Orthodoxe, il fait partie depuis 2009 des Vieux-Croyants Unis (единоверие) au sein de l’Église Orthodoxe Russe. Il a publié le texte ci-dessous sur sa page VK le 20 février 2015.
Jusqu’à ce que je fasse connaissance avec les pratiques des Vieux-Croyants, souvent je me demandais comment je pouvais prier pour le monde. Alors, habituellement, je m’imaginais un endroit retiré, un père spirituel sévère, une vie au recueillement intense… Mais comme je n’avais rien de tout cela, rien ne se passait (bien que je vivais alors dans un endroit relativement sauvage, et qu’il m’arrivait de rencontrer des gens très, très sévères), et je repoussais encore et encore la prière pour le monde entier.
Avec le temps, j’en vins à considérer ce projet comme une sorte de rêve romantique, dont la caractéristique inhérente est, comme on le sait, la fugacité. Et puis voilà, au cours des dernières années, j’ai intégré les pratiques qui furent jadis communes à nos ancêtres (donc, pas seulement les moines) et j’ai constaté avec stupéfaction que, sans même m’en rendre compte, j’avais commencé à réaliser cet idéal déjà à moitié oublié au milieu des choses de la vie. Lire la Suite

Regard orthodoxe sur l’Histoire de Russie et du Monde.1/3

МультатулиPravoslavie.ru a publié le 29 mars 2016 un long entretien avec Pëtr Multatuli, historien, directeur du département d’analyse et d’évaluation de l’Institut des Études Stratégiques de Russie (Российского института стратегических исследований), à propos du lien entre histoire et Providence divine. Le texte ci-dessous propose la traduction de la première partie de l’entretien.
Le savant italien Giambattista Vico formula une hypothèse intéressante : selon lui, l’histoire se meut dans un mouvement en spirale. Les événements historiques se répètent, mais chaque fois ils se répètent en s’étant approprié les éléments les plus utiles du cycle précédant. Pëtr Valentinovitch, les propos de ce savant sont-ils porteurs de graines de bon sens? Tout ce qui se passe aujourd’hui dans le monde, n’est-ce pas l’expérience du passé ?
L’hypothèse de Vico me paraît douteuse. En réalité, l’histoire n’est pas régie par les tsars, les rois, les empereurs, les présidents, les dictateurs ou les secrétaires généraux. L’histoire n’est ni un cercle ni une spirale, ni encore une quelconque autre figure géométrique. L’histoire est la Providence divine à l’œuvre dans chaque pays et chaque peuple. Lire la Suite

Ivan Tourgueniev : Alexandre III

Turgenev_by_RepinEn 1881, Ivan Tourgueniev a écrit le texte ci-dessous, avec la collaboration de Guy de Maupassant, à l’occasion de l’avènement de l’Empereur Alexandre III. Celui-ci fut appelé en Russie le Царь-Миротворец, le ‘Tsar Pacificateur‘; son règne étant caractérisé par l’absence de guerre. Ce texte fut publié dans la Revue Politique et Littéraire le 26 mars 1881 et réimprimé dans le n°20 / 1997 des Cahiers Ivan Tourgueniev.                                                              Non seulement en Russie, mais dans l’Europe entière on attend anxieusement les premiers actes du nouveau souverain, pour tâcher de préjuger quelles seront par la suite son attitude, ses tendances, toute sa manière de gouverner.
On espère beaucoup. On craint beaucoup. On commente tout ce qu’on sait de sa vie et on en tire des conclusions; puis on se dit: «L’horrible mort de son père ne changera-t-elle pas absolument ses opinions acquises et connues dès maintenant?»
Nous allons essayer de tracer aussi judicieusement que possible le caractère vrai de ce prince, de pénétrer en lui, de voir son cœur, qui n’est point double ou rusé; et, de cette connaissance de l’homme, nous tâcherons de déduire la conduite qu’il tiendra sur le trône, à moins que des événements imprévus ne le forcent à suivre une route contraire à sa nature. Lire la Suite

Taras Sidash : Aphorismes sur la Résurrection du Christ.

Taras SidashTaras Sidash, naquit en 1972; il vit à Saint-Pétersbourg. Diplômé de l’Institut de Philosophie et de Théologie de Saint-Pétersbourg, il est traducteur du grec ancien, écrivain, poète et philosophe. Une partie de ses écrits viennent récemment d’être publiés, en deux fascinants volumes de plus de mille pages chacun. Orthodoxe, il fait partie depuis 2009 des Vieux-croyants (единоверие) au sein de l’Église Orthodoxe Russe. Il a publié le texte ci-dessous sur sa page VKontakte le 29 avril et 02 mai

La Descente aux enfers
La mort est la séparation de l’âme et du corps. Dans la mesure où les âmes humaines sont faibles et peu évoluées, n’ayant pas appris à vivre des formes désincarnées de vie, pour la plupart d’entre elles, la mort, apparemment, signifie un repos dépourvu de songes. Mais pour Dieu, la mort signifiait le passage à l’existence «normale» et c’est pourquoi Son activité ne fit qu’augmenter, après l’abandon du corps: la Descente aux Enfers, quoi que cela puisse signifier, fut exactement ce que vécut  l’Homme-Dieu, pendant que Ses disciples voyaient un cadavre. Notons que la Descente aux Enfers, n’a rien à voir avec la problématique du corps. Autour de cette image, je construirais plutôt une théologie de la mort du Sauveur.Anastasis

La Résurrection
La Résurrection du Christ est incomparablement plus qu’un fait historique. Si vous réduisez cela à  une sorte de bagatelle selon laquelle voici deux mille ans, un défunt s’est levé du tombeau et, tout en bavardant avec une douzaine d’autres personnes, s’est volatilisé dans le ciel de Jérusalem, et si c’était bien le cas, alors cela ne me serait pas plus profitable que l’envol d’Élie sur un chariot de feu vers le sein d’Abraham. Si la Résurrection n’est pas un fait cosmique, s’accomplissant maintenant, en tout temps, et en chaque chose, s’il ne se déroule pas en moi de telle sorte que je puisse le ressentir et le comprendre, alors, «Christ est ressuscité!», c’est juste une anecdote, et merci,  j’en suis au courant.

Traduit du russe.

Sources 1, 2

Père J. Romanidès. L’Orthodoxie n’est pas une religion. 3

maxresdefaultLe texte ci-dessous est un extrait du livre Orthodoxie et Hellénisme: Voyage vers le troisième Millénaire, publié par le Saint Monastère de Koutloumousiou, au Mont Athos. Ce texte du Père Jean Romanidès est intégré à un ensemble intitulé : La Maladie de la Religion et sa Guérison par l’Orthodoxie. L’approche théologique du Père Romanidès a inspiré de nombreux membres et serviteurs de l’Église, dont le Métropolite Hiérotheos de Naupacte, dont les écrits nourrissent les âmes de dizaines de milliers de fidèles de par le monde et particulièrement en Grèce. La traduction française des deux premières partie du texte se trouve ici.  

La Religion est une maladie neuro-biologique. L’Orthodoxie en est le Traitement.

Les patriarches et les prophètes de l’Ancien Testament, les apôtres et les prophètes du Nouveau Testament, ainsi que leurs successeurs, connaissaient parfaitement la maladie de la religion, et le Médecin qui la guérit, le Seigneur (Yahvé) de Gloire. C’est Lui le médecin de nos âmes et de nos corps. Cette maladie, Il l’a guérie chez Ses amis et Ses fidèles, avant Son incarnation, et, Il continue, en tant que Dieu-Homme à la guérir. Lire la Suite

Père J. Romanidès. L’Orthodoxie n’est pas une religion. 2

maxresdefaultLe texte ci-dessous parut sous le titre : La maladie de la religion et sa guérison par l’Orthodoxie. Il fut composé d’extraits du livre du Père J. Romanidès Théologie Patristique, lui même rédigé à partir de cours et conférences universitaires qu’il donna en 1983. L’approche théologique du Père Romanidès a inspiré de nombreux membres et serviteurs de l’Église, dont le Métropolite Hiérotheos de Naupacte, dont les écrits nourrissent les âmes de dizaines de milliers de fidèles de par le monde et particulièrement en Grèce. La première partie du texte se trouve ici.                                                                           

La conception métaphysique de la religion.
L’Orthodoxie s’occupe avant tout de cette vie, ici. Les Pères insistent sur le fait qu’il «n’y a pas de repentir après la mort». Toutefois, les théologiens grecs modernes ont, à la suite de leur maître, Adamantios Koraes, une conception métaphysique du sujet, copiant la méthodologie des catholiques romains et des protestants en matière de religion. Quand ces gens sont partis étudier la théologie en Europe et en Russie, mais aussi en Amérique, après la guerre, le grand conflit avait commencé depuis des années entre les empiristes, d’une part, héritiers des Lumières de la révolution française, et les métaphysiciens d’autre part. La différence fondamentale entre empiristes et métaphysiciens consiste en ce que l’essence de l’approche empirique est l’observation, et celle de la métaphysique, la spéculation philosophique. Lire la Suite