IEROTHEOS_MHT_NAYPAKTOYAu début du mois de juin 2016 s’est tenue une assemblée du Saint Synode de l’Église de Grèce, préparatoire au Saint et Grand Concile qui a été annoncé. Le Métropolite Hiérotheos de Naupacte y a prononcé un discours dense, dont voici un deuxième extrait. Le premier se trouve ici.             La question de la personne n’est pas une question oiseuse, c’est-à-dire scolastique. Elle revêt la plus haute importance. Dans notre terminologie s’est introduite une habitude fréquente; nous parlons de «la personne humaine» et de sa «sainteté», de la différence entre «personne et individu», et de beaucoup de choses qui sont la négation de la théologie de nos Pères.
J’ai lu le communiqué commun écrit à Mytilène par le Pape, le Patriarche et l’Archevêque d’Athènes. Il fait mention de la «protection de la vie humaine», de la «violation de la dignité humaine des libertés et droits humains fondamentaux», mais pas de la personne humaine.
On a malheureusement remplacé aujourd’hui le terme superbe et théologique ‘homme‘ par les mots personne, personne humaine, qui me rappellent la vieille expression «socialisme à visage humain» (N.d.T. Le grec  πρόσωπο peut traduire tant visage que personne.), et en ce sens, nous sommes passés de la théologie à la sociologie des droits de l’homme. Nous avons évidemment de la considération pour les droits de l’homme, mais la théologie orthodoxe ne peut se circonscrire à cela.
Les mots personne et individu pour désigner l’homme dans le contexte d’une «ontologie de la personne» ont parcouru un itinéraire qui part de Thomas d’Aquin vers Kant, l’idéalisme allemand (Fichte, Schelling, Hegel), la théologie russe et l’existentialisme, et sont utilisés notamment par certains Orthodoxes. Nous nous trouvons ici face à une forme de «virus théologique» qui affecte notre théologie orthodoxe.
Peut-être pouvons-nous recourir à ce terme dans notre langage quotidien, sans nous en rendre compte, mais le faire entrer dans les documents conciliaires et ecclésiastiques, cela équivaut à une déviance théologique. Les théologiens contemporains qui utilisent les notions de «personne humaine», de «besoins induits par la nature», et de «libre arbitre et liberté de la personne» violent nettement la théologie orthodoxe, affirmant que la nature est bonne et non contraignante, que la pulsion/volonté et un appétit de la nature et non de la personne, que personne et individu sont identifiables, etc. Lier volonté et personne revient à rejeter le Dieu trine au profit du ‘trithéisme’ et lier nature et besoins revient à adresser à Dieu une critique de Sa création de l’homme.
Il faut dès lors remplacer le terme personne par celui d’homme dans les documents. Qu’il est bon, ce mot, homme, avec son contenu orthodoxe d’image et de ressemblance. Naturellement, il faut respecter tout homme en sa qualité de créature de Dieu mais nous ne pouvons l’appeler personne afin de lui manifester notre respect. Dans la mesure où certains citent Geronda Sophrony, qui a parlé de la personne, je veux souligner que tout ce que Geronda a écrit n’a aucun rapport avec les analyses que théologisent les ‘personnalistes’ contemporains. Geronda identifie la personne/hypostase avec le mouvement de l’image vers la ressemblance, et concrètement, il «dépeignait» Saint Silouane.
Traduction.
Source.