Métropolite Athanasios. La Grâce descend dans le cœur qui rend grâce. (3/3)

Les éditions du Monastère de la Présentation au Temple viennent de publier un nouveau livre de son Éminence le Métropolite Athanasios de Limassol, intitulé «Сохраним душу живой» (Gardons notre âme vivante), développant un enseignement de la pratique de l’essence de l’Orthodoxie dans la vie quotidienne et surtout dans la famille. Comme de coutume, le site Pravoslavie.ru, lié au Monastère a mis en ligne le 24 mai 2018 quelques extraits de ce nouveau livre. Voici la traduction de la troisième partie de l’un des chapitres de l’ouvrage.

Photo Diakonima

Nous rendons grâces à Dieu parce qu’Il S’est fait Homme, parce qu’Il nous a rendus dignes de nous tenir à Ses côtés, parce qu’Il nous a aimé, et nous Lui rendons grâces pour tout le reste. Savez-vous que ce qu’il y a de plus important, c’est de rendre grâces à Dieu pour les épreuves que nous devons endurer? Savez-vous combien c’est important? Il vient réellement un moment, et s’il vient, il vaut mieux qu’il intervienne pendant notre vie et non après notre mort, pour rendre grâces à Dieu pour tous les malheurs de notre vie. Savez-vous quand? Quand nous manifestons notre patience, quand nous prions et quand nous glorifions Dieu, alors la douleur dans notre cœur s’adoucit et devient agréable. Le poison se fait alors médecine, l’amer devient doux et ensuite se produit ce dont parle le Prophète David : «C’est un bien pour moi, que Tu m’aies humilié, pour que j’apprenne Tes jugements»1 . C’est un bien que Tu aies permis que je devienne malade afin que je sois affligé, vaincu, brisé, car c’est là un bien précieux pour moi. Mais quand faisons-nous cela? Uniquement lorsque nous sentons en notre vie la main bienfaisante de Dieu. Quand le médecin nous opère, nous ressentons la douleur et il est rare que nous disions merci! C’est après que l’on dit au médecin, merci de m’avoir opéré! Quand on a mal partout, on n’a pas l’esprit saturé de gratitude… Mais quand l’opération est terminée, quand nous nous rétablissons, lorsque le danger est passé, alors seulement, nous disons:
– Merci, docteur! Vous m’avez vraiment aidé et je vais retrouver la santé!
Nous remercions quand nous nous sentons mieux portants. Ce serait très bien si nous remerciions le médecin pendant nos souffrances, pendant l’opération. Rendre grâces à Dieu. Remercier pendant que nous nous trouvons plongés dans l’opération pédagogique de Dieu, pendant que nous ressentons la douleur, l’affliction, pendant que le sang coule. Vous savez combien il est important que l’homme dise alors «Gloire à Dieu!». L’Église souligne toujours l’exemple du Juste Job qui endura maintes souffrances, et Saint Jean Chrysostome dit: «Oh, bienheureuse voix de Job! Quand Job est-il devenu saint? Lorsque ses enfants moururent, lorsqu’il perdit toutes ses possessions, quand on le méprisa, quand son épouse le rejeta, quand il souffrit, et qu’il dit «Que le Nom de Dieu soit béni!» C’est vraiment alors qu’il devint saint et dit «Que le Nom de Dieu soit béni!», et non lorsque tout était parfait autour de lui. Quand tout va bien pour nous, c’est facile de dire «Gloire à Dieu». Et malheur à nous si nous ne le disons pas!
Imaginez que tout va bien pour vous, et vous ne dites pas «Gloire à Dieu!». Cela en dit long au sujet de votre ingratitude. Mais dans votre vie, tout s’effondre, vous ressentez la douleur, mais trouvez en vous la force de dire: «Gloire à Dieu!», alors, vous êtes réellement saint. Vous avez trouvé la clef, et malgré qu’elle soit petite, cette clef vous ouvrira une grande porte. Cette clef ouvre la porte du Règne de Dieu, où tout est saint.
Abba Isaac le Syrien dit: «Les lèvres qui remercient pour tout reçoivent la bénédiction de Dieu. Le cœur dans lequel vit la gratitude reçoit la grâce». Il ajoute également qu’aucun don de Dieu ne s’épanouira sinon celui pour lequel nous aurons exprimé notre gratitude.
Geronda Ephrem de Katounakia, un des piliers de l’Église, raconte qu’un jour, Geronda Joseph l’Hésychaste soupira et dit: «Ah, combien d’années m’a-t-il fallut pour découvrir le secret de la grâce!» Geronda Ephrem était encore jeune; il n’osa pas demander quel était ce secret. Le temps s’écoula et quelques années plus tard, il posa la question, et Geronda Joseph répondit: «La gratitude. Voilà le secret de la grâce». Vous voulez réussir dans la vie spirituelle? Apprenez à rendre grâces à Dieu pour tout.
Saint Isaac le Syrien dit que le cœur qui sans cesse rend grâces à Dieu fait descendre la grâce de Dieu sur l’homme. Et au contraire, ce qui attire la tentation dans l’âme de l’homme, ce sont les murmures, les ronchonnements, dans le cœur. Le Saint explique: «Dieu supporte toutes les faiblesses de l’homme, mais ne supporte pas l’homme qui murmure sans arrêt et le punit, le laissant tomber dans la tentation». Littéralement, il nous dit : «Écoutez, ne vous tourmentez pas, et si vous voulez mener à bien votre vie spirituelle et être béni, apprenez à remercier Dieu pour tout». Mais nous faisons le contraire. Immédiatement, nous commençons à murmurer :
– Pourquoi dois-je sans cesse affronter la tentation? Pourquoi suis-je chargé d’afflictions? Pourquoi tout se passe-t-il contrairement à ce que je souhaite?
Parce que nous murmurons sans cesse, et ces récriminations transforment le bien en mal. Lorsque Jésus a guéri une dizaine de lépreux, un seul a fait demi-tour pour venir remercier Dieu. Le Christ dit alors :
– J’en ai guéri dix! Et un seul est revenu?
Et qui était-il? Un étranger, un non-juif.
– Mais où sont les neuf autres? Où sont-ils partis?
Ils ne revinrent pas remercier Dieu.
Je ne veux pas vous assommer plus longtemps, mais j’insiste sur la nécessité de rendre grâces à Dieu. Car il s’agit de la clé importante dans notre vie spirituelle. Depuis toutes ces années que je vous parle, vous n’avez jamais entendu que je vous enseignait quand manger des aliments avec de l’huile végétale, quand manger sans huile, quand manger des fruits de mer, quand manger du poisson. Tout cela fait partie du cadre extérieur. Oui, nous respecterons tout cela, nous devons observer le jeûne; il s’agit d’une forme qui protège l’essence. Mais ce dont je veux vous parler, ce sont des clefs de la vie spirituelle. Pourquoi ? Parce que, malheureusement, nous avons appris à observer seulement la forme, et il est déplorable que nous soyons depuis tant d’années dans l’Église et que nous n’ayons pas encore acquis les traits et les caractéristiques de l’homme de Dieu, et nous ne sommes pas semblables à notre Père. Si nous sommes les enfants de notre Père Céleste, alors comment se fait-il que nous soyons si différents de Lui? Dieu est Lumière, et Il dit : «Je fais toutes choses nouvelles»(Apoc.21,5). Dieu vit dans l’inaccessible lumière, Il est lumière, amour, paix, Il donne la joie, la gratitude. «Rendez grâces pour tout» (1Thes.5,18), dit l’Apôtre.
L’essence de l’Église, c’est la Sainte Eucharistie, et elle nous appelle instamment à remercier le Seigneur, Qui nous donne pareille grâce, pareille liberté. Nous sommes les enfants libres de Dieu. Aujourd’hui, tout le monde parle de liberté, de joie. Mais où trouver tout cela sinon dans l’Église? Est-il possible que l’homme de Dieu n’ait pas la joie, ni la gratitude, ni la paix? Cela veut dire qu’il se passe quelque chose, cela signifie que sa vie spirituelle a été jusqu’ici insatisfaisante. On ne peut manger une nourriture trop salée. Il se passe la même chose avec nous. Nous sommes tous ici des gens relativement liés à l’Église. Que chacun s’observe soi-même, plutôt que de scruter les autres, pour trouver ce qui nous manque le plus et quelle image nous offrons aux autres. Quelle est cette image? L’image du Règne de Dieu venu sur terre et montrant que l’Église du Christ est l’espoir du monde. Les gens nous demandent:
– Mais où est cet espoir? Qui incarne cet espoir? Si nous sommes des gens tellement difficiles et ingrats, comment pourrions-nous donner espoir aux autres? Avec des paroles? Non.
Nous devrons répondre devant Dieu non seulement de ce qui nous a perdu, mais aussi de ce que nous avons piétiné devant les autres cette image de Dieu. Nous devons réellement être tels que la ville dont parle le Christ: «Une ville située sur une montagne ne peut être cachée …elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison»(Mat.5,14).
Permettons à Dieu d’agir en nous et reconnaissons ce secret de la gratitude. Rendons dignement et justement grâces au Christ. Pourquoi et quand? Quand notre cœur commencera à penser d’abord aux choses célestes et non aux choses terrestres. Nous devons rendre grâces à Dieu pour tous les grands dons spirituels qu’Il nous a donnés, et ensuite Le remercier pour tous les biens terrestres. Alors la gratitude transfigurera notre caractère.
Traduit du russe
Source.