Homélie prononcée par Saint Jean de Kronstadt en août 1907, vraisemblablement le 30 (ancien style), jour où l’on célébra la translation en 1724 des saintes reliques du Grand Prince Alexandre Nevski, par ordre de l’Empereur Pierre Premier, de Vladimir à Saint-Pétersbourg. (Saint Alexandre Nevski, qui prit reçut tonsure et schème avant de mourir, est fêté le 23 novembre/6 décembre)Le texte de cette homélie est repris aux pages 449 à 453 du recueil d’homélies et autres écrits de Saint Jean de Kronstadt intitulé «A propos de l’Église et du Jugement Dernier», et dont l’édition utilisée ici est celle publiée en 2018 à Moscou et Sébastopol. Cette homélie expose brièvement ce que Saint Jean de Kronstadt voyait comme étant les traits essentiels de la vie du grand Saint russe Alexandre Nevski. Les hauts-faits du Saint sont utilisés par le Saint Batiouchka pour commenter l’actualité militaire de l’époque.

Réjouis-toi en ce jour, peuple de Russie, jubilez d’allégresse, dirigeants et puissants :
Car la chair de votre chair, le pouvoir de votre pouvoir,
le pieux Prince Alexandre Nevski jubile avec les Anges dans les Cieux,
Et tous ses proches au pouvoir ou assujettis au pouvoir, sont appelés au spirituel triomphe, et à prier le Seigneur pour tous. (Gloire, après les stichères de la Litie)

Dans quelles circonstances, chers frères et sœurs, les reliques du saint et pieux Grand Prince Alexandre Nevski furent-elles transférées de Vladimir à Peterbourg?
Lorsque le Souverain Pierre le Grand conclut en en 1721 une paix à laquelle on aspirait depuis des années, et établit sa nouvelle capitale à Peterbourg, pour embellir celle-ci de manière sainte et grandiose, et pour glorifier les podvigs du saint prince, il voulut que soient transférées de Vladimir les reliques miraculeuses et incorrompues de celui-ci. Ce fut accompli avec la vénération qui convenait à cette occasion.
Le souverain lui-même, accompagné de tous les membres de sa maison, de tous les dignitaires des différents rangs de sa cour, et de l’assemblée du saint concile se portèrent à la rencontre des saintes reliques, arrivant par voie d’eau. Elles furent accueillies et transportées au saint Monastère de la Vivifiante Trinité- Alexandre Nevski, qui venait d’être fondé. Il fut collégialement ordonné de célébré la fête annuelle de cet événement chaque 30 août, jusqu’à la fin des temps. La mémoire du Saint est elle-même célébrée le 23 novembre.
Voici,à grands traits, un portrait de sa famille et de sa vie. Le pieux Prince Alexandre qui aimait le Christ naquit fils du Prince de Russie Iaroslav. Il était le petit-fils du Grand-Prince Vsevolod, fils du Saint Prince Vladimir égal-aux-apôtres, l’illuminateur de toute la Terre de Russie par son saint baptême. Alors que son père Iaroslav dirigeait la Principauté de Vladimir, et que Saint Alexandre vivait et dirigeait Novgorod, arrivèrent par la Mer Baltique et débarquèrent de leurs navires à l’embouchure de la Neva, nos voisins d’outre-mer, les Suédois et leur roi, forts d’une puissante armée. Leur intention était d’envahir et d’annexer notre pays d’Ingrie, le Ladoga, Novgorod la Grande, et toute la Russie de l’époque. Le roi, enorgueilli par la puissance de ses guerriers ancra ses navires à l’embouchure de la Neva et envoya à Novgorod, au Prince Alexandre, ses émissaires porteurs du message suivant : soumets-toi à moi, si tu le veux. Si tu ne le veux pas, sache que je me trouve déjà au seuil de tes terres et que bientôt je les aurai assujetties. Le Grand Prince n’avait pas eu le temps de rassembler une armée et n’avait pas la possibilité de prévenir rapidement son père Iaroslav du danger de la situation. Il plaça donc toute son espérance en Dieu, pria la Très Sainte Mère du Seigneur, et, accompagné de ses parents appelés à l’aide, les Strastoterptsy Boris et Gleb, qui n’avaient pas non plus de forces armées avec eux, il avança avec une troupe réduite à la rencontre des innombrables guerriers suédois. Arrivé à la Neva, il groupa ses forces non loin de l’ennemi. Le Grand-Prince était accompagné d’un vertueux voïvode, Philippe d’Ingrie, auquel il confia la garde nocturne ainsi qu’une mission de reconnaissance discrète destinée à évaluer le nombre et la puissance des ennemis. N’en croyant pas ses yeux devant l’importance écrasante de l’armée ennemie, et rempli de crainte , Philippe repartit auprès de Saint Alexandre afin de lui rapporter ce qu’il avait vu. Avançant le long de la berge du Golfe, aperçut , sous le soleil levant, une embarcation au milieu de laquelle se tenaient des hommes splendides revêtus de rouge et se tenant par l’épaule. Les rameurs étaient assis, comme noyés dans la brume. Un de ces hommes mystérieux dit : Frère Gleb! Allons sans tarder aider notre parent contre les ennemis. L’autre répondit:d’accord, Frère Boris! Suite à cela, Philippe, effrayé par cette vision et les paroles entendues, se hâta d’autant plus d’aller tout raconter au bon Prince. Quand celui-ci eut écouté le récit, il rendit gloire à Dieu, à Sa Très Sainte Mère et aux Saints Martyrs Boris et Gleb.
Quand la troupe d’Alexandre eût engagé le combat contre les ennemis, elle fut écrasée par le nombre impressionnant de ces derniers, mais Saint Alexandre parvint à blesser le roi suédois au visage, et dès lors, les Suédois défaits tournèrent les talons et prirent honteusement la fuite. C’est ainsi que le vertueux Prince, obtint par l’aide de Dieu et de Sa Très Sainte Mère, ainsi que des Saints Martyrs Boris et Gleb, une glorieuse victoire, débarrassant la Pays d’Ingrie et Novgorod la Grande de leurs ennemis. Il fut depuis cet événement appelé «Nevski». Nous ne parlerons pas ici des autres victoires qu’il remporta, car nous ne voulons pas prolonger démesurément cette homélie.
Gloire à Dieu, Qui donna à la Russie un Prince guerrier et vainqueur sans peur, merveilleux par sa foi, son courage, sa sagesse et sa piété!
Pourquoi, avec notre vaillante armée, ne pourrions-nous vaincre nous pas nos ennemis-païens? Nous l’affirmons sans hésitation:c’est à cause de l’incrédulité, de l’effondrement moral, des théories insensées comme celle de Tolstoï et parce que nous ne luttons pas contre le mal, que nous avons fini par capituler à Port-Arthur et permettre la capture honteuse de notre cuirassier, ses marins et tout son armement et son équipement.
Quel glorieux maître pour toute l’armée russe et pour les armées de tous les pays, que notre Saint et pieux Grand-Prince Alexandre Nevski! Mais qui, dans l’intelligentsia, lis encore aujourd’hui ses podvigs et croit dans le récit de ses miraculeux exploits?
A cause de notre incrédulité, de notre orgueil, de notre orgueilleuse raison, de la suffisance hautaine de nos forces armées, on nous inflige des défaites et on fait de nous la risée du monde entier!
Dieu vient de donner une terrible leçon à l’intelligentsia qui plutôt que croire pas en Lui se voue adoration à elle-même.
Apprends, Russie, à croire en Dieu Tout-Puissant qui règne sur le monde, fais tiens la foi, la sagesse et le courage de tes saints ancêtres! Amin.
Traduit du russe.