Archimandrite Raphaël (Kareline) : La Tradition et le coq

L’Archimandrite Raphaël est un défenseur ardent de la Tradition de l’Église. Il a consacré une grande partie de sa vie longue de 90 ans ainsi que la majeure part de sa production littéraire foisonnante à la défense des dogmes et à la façon de les mettre en œuvre dans la vie de l’Église et du chrétien. Le texte ci-dessous est la traduction d’un original de l’Archimandrite Raphaël Kareline, paru le 3 septembre 2005 sur le site internet de l’Archimandrite. L’auteur y dépeint brièvement sa vision de la Tradition. Une courte biographie de l’Archimandrite Raphaël est disponible ici.

Qu’est-ce que la Tradition? Quels sont le sens et la signification de ce terme? Littéralement, tradition signifie «transfert», le transfert de valeurs durables acquises ou préservées par l’histoire. La tradition est un héritage spirituel qui se transmet de génération en génération. Nous vivons une époque où les traditions s’effondrent et disparaissent à une vitesse stupéfiante, comme si un rouleau compresseur en fonte roulait sur le globe, détruisant par son poids les valeurs culturelles et spirituelles des peuples et transformant les gens en une masse homogène. Lire la Suite

Saint Jean (Maximovitch) : La force morale du Saint Prince Vladimir

Le texte ci-dessous est la traduction d’un original russe publié le 27 juillet 2011 sur le site Pravoslavie.ru. Il s’agit d’un texte, très probablement d’une homélie, du Saint Archevêque Jean de Shangaï, Bruxelles et San Francisco, consacré au Saint Prince Vladimir égal-aux-apôtres, à l’occasion du jour où l’on fête la mémoire de celui-ci.
«Celui qui (…) aura pratiqués et enseignés [un de ces moindres commandements], sera grand dans le royaume des cieux» (Math.5,19). Pourquoi le grand-duc Vladimir est-il Saint et qualifié d’égal-aux apôtres? Il s’est converti des ténèbres païennes à la lumière du Christ, se faisant lui-même baptiser, baptisant Kiev et faisant baptiser les habitants des autres villes et régions de sa Principauté.
Il fut le premier des souverains de toute la Russie à devenir chrétien et marqua ainsi le début de l’organisation chrétienne de l’État russe. Avec lui, la puissance Russe devient orthodoxe et le christianisme pénètre dans tous les domaines de la vie publique et de la vie du peuple.
A-t-il agi uniquement en tant que souverain? Sa démarche se limita-t-elle à l’activité de l’État? Non, il fut lui-même un véritable chrétien et prêcha le Christ moins par ses paroles que par son exemple personnel. Lire la Suite

Sainte Nina et le baptême de la Géorgie

Icône de Sainte Nina, égale aux Apôtres, peinte par le Starets Lazare

Le texte ci-dessous est la traduction du chapitre intitulé «Prédication de Sainte Nina au IVe siècle, Baptême de la Géorgie, le Christianisme déclaré religion d’État au Karthli» (Проповедь св. Нины в IV в., Крещение Грузии, объявление христианства государственной религией в Картли), de la première partie du long article consacré à l’histoire de l’Église Orthodoxe de Géorgie dans «L’Encyclopédie Orthodoxe» (pravenc.ru). Il s’agit d’un texte rédigé par des historiens, qui vaut évidemment plus pour les informations historiques qu’il contient que pour son style peu littéraire.

Sainte Nina

Le baptême de la Géorgie et  l’affirmation du christianisme comme religion d’État sont liés à la prédication de Sainte Nina. Les informations sur ses activités dans le Karthli (Est de la Géorgie) nous sont parvenues tant à travers les tradition géorgiennes, que dans des sources écrites géorgiennes, grecques, latines, arméniennes et coptes. Dans les écrits des historiens byzantins Rufin d’Aquilée (Rufin. Hist eccl.X;10), Socrate le Scolastique, Sozomène et Saint Théodoret De Cyr (Théodoret. Hist.eccl.I;24) il est fait mention d’une «captive» prêchant le christianisme dans le Karthli (Ibérie), identifiée à Sainte Nina. Dans l’ouvrage de l’historien arménien Moïse de Khorène, on trouve mention de Nounea, l’amie des filles de Ripsimian, Saintes Ripsimia et Gaiania) (Moïse de Khorène : History. 1978. Cap. 86).
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Père Valerian : l’histoire de l’humanité a un sens spirituel (3/3)

Le Père Valerian Kretchetov

Le texte ci-dessous est la troisième partie de la traduction de l’entretien tenu le 17 juillet 2019 par Madame Olga Orlova avec le Père Valerian Kretchetov. Le texte original est précédé de l’introduction suivante. A l’occasion du jour lors duquel nous fêtons la mémoire des Saints Strastoterptsy impériaux, nous nous sommes entretenus de la fidélité au Christ et de la démarche par laquelle nous nous faisons héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, avec l’Archiprêtre mitré Valerian (Kretchetov), Recteur de l’église du Pokrov de la Très Sainte Mère de Dieu et de l’église des Néomartyrs et des Confesseurs de la Foi, à Akoulovo. Les deux premières parties de la traduction se trouvent ici.

Vladika Alexis (Frolov) disait que dans chaque situation qui nous est envoyée, nous devons justifier Dieu, c’est-à-dire les gens qui nous font du mal, jusqu’à la mort, même la mort sur la croix, comme dans le cas du Tsar et de sa famille, et de tous les nouveaux martyrs. Se condamner soi-même et justifier autrui. Concrètement, cela veut dire tout le monde, depuis le monstre révolutionnaire jusqu’à Dieu?
Que signifie «justifier»? Le mot «jugement» doit être analysé, approfondi. «Enseigne-moi Tes jugements». La justice De Dieu. Comment la comprendre, envers soi-même? Ce qui se passe avec chacun est lié à la personnalité de chacun. Ceux qui souffrent, pour une raison quelconque, ont chacun une souffrance différente. Mais tout ne se résume pas simplement à cela. Il est dit, rappelez-vous: l’arbre de la Croix pousse dans le terreau du cœur. «L’arbre près des eaux courantes», ces passions qui bouillonnent dans notre cœur. Aussi lourde soit notre croix, le bois dont elle est faite, nous l’avons fait croître nous-mêmes. À celui qui s’adonne le plus au labeur, on envoie en conséquence. Lire la Suite

Cent vingt quatre ans.

17 juillet 1917 – 17 juillet 2021. 124 ans

«Aujourd’hui, nous nous souvenons, dans notre prière, de l’un des événements les plus tragiques, non seulement du vingtième siècle, mais de toute l’histoire de la Russie. Voici 93 ans, la nuit du 16 au 17 juillet, l’okhrana, qui avait gardé la Famille Impériale en détention dans la maison du coin de la Perspective de l’Ascension et de la Ruelle de l’Ascension, éveilla chacun des membres de la famille. Ordre leur fut donné de descendre, dans la cave, un endroit très confiné. Et là, les sept membres de la famille et les quatre serviteurs qui par amour chrétien les avaient courageusement suivis, furent cruellement fusillés par onze meurtriers.»

Archimandrite Job (Goumerov)

Source 

Photo : tsarnicholas.org
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Photo : tsarnikolay.blogspot.com/

Père Valerian : l’histoire de l’humanité a un sens spirituel (2/3)

Le texte ci-dessous est la deuxième partie de la traduction de l’entretien tenu le 17 juillet 2019 par Madame Olga Orlova avec le Père Valerian Kretchetov. Le texte original est précédé de l’introduction suivante. A l’occasion du jour lors duquel nous fêtons la mémoire des Saints Strastoterptsy impériaux, nous nous sommes entretenus de la fidélité au Christ et de la démarche par laquelle nous nous faisons héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ, avec l’Archiprêtre mitré Valerian (Kretchetov), Recteur de l’église du Pokrov de la Très Sainte Mère de Dieu et de l’église des Néomartyrs et des Confesseurs de la Foi, à Akoulovo. La première partie de la traduction se trouve ici.

Le Père Dimitri Smirnov a raconté comment un agent du Nkvd, réalisant ce qui se passait dans le système, est simplement entré et a remis sa carte du parti sur la table. Et on ne lui a rien fait. Donc, peut-être que si tout le monde agissait toujours ainsi, on ne ferait rien à personne? Peut-être, a-t-on juste besoin de ceci: dans la société, une position citoyenne et dans l’Église, une position conciliaire?
Peut-être. Le Père Euphrosin (Danilov) passa dix ans à la kolyma, s’enfuit et se réfugia dans la taïga. En vain, à cause du gel, de l’absence de nourriture, et aucun endroit pour se cacher. Il fut capturé et gardé en cellule d’isolement pendant trois semaines, dans le froid glacial. Le Père Arseni, ils l’y ont gardé pendant deux ou trois jours, et le Père Euphrosin vingt-deux jours, et il y avait été jeté pour qu’il y meure. Mais il resta en vie! Le chef du camp s’exclama: «Ce n’est pas possible qu’il soit encore vivant!» Il le lui montrèrent, puis ils le transférèrent de la cellule carcérale vers une grande cellule : qu’il y meure. On ne lui donna rien à manger, il ne gagnait rien parce qu’il ne pouvait pas travailler. Des criminels de droit commun le prirent sous leur protection, respectant ses règles, et ils l’ont nourri. Ils lui disaient: «Vasilli Adrianovitch (il s’appelait ainsi dans le monde), si tout le monde était comme toi, nous ne serions pas assis ici!» Lire la Suite