Le texte ci-dessous est la suite de la traduction en deux parties de l’original russe, rédigé par Stanislav Minakov et publié le 27 août 2021 sur le site Pravoslavie.ru, sous le titre «Неодержанная победа» История Порт-Артурской иконы Божией Матери.
On peut affirmer que l’icône «Triomphe de la Très Sainte Mère de Dieu» (de Port-Arthur) est moins connue que les autres icônes canoniques de la Très Sainte Mère de Dieu. Mais les faits montrent que la vénération de l’icône de Port-Arthur s’étend largement, dépasse le littoral pacifique, la région de l’Amour et s’étend à l’Europe et à une grande partie du monde Orthodoxe.

Dans l’acathiste à la Très Sainte Mère de Dieu représentée dans cette icône, nous lisons : «Par Ta Protection Tu couvres de bien les confins des terres de la Russie d’Extrême-Orient», et aussi «Nous protégeant des invasions des Hans», mais évidemment, le peuple russe croit que l’omophore protecteur de la Très Sainte Mère de Dieu couvre de sa protection toute la Rus’, de l’Extrême-Orient aux limites occidentales. L’histoire récente témoigne de ce que la Serbie se trouve sous cette Protection; on y vénère l’icône de Port-Arthur. Dans le calendrier de notre Église nous recensons plus de deux cent cinquante icônes vénérées de la Très Saine Mère de Dieu. Par la Divine Providence, l’icône de Port-Arthur revint vers le peuple russe un siècle après avoir été écrite. Par la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche de Moscou et de toute la Russie, Alexis II, le 16/29 août fut déclaré jour de la vénération de l’icône de Port-Arthur, depuis 2009. Il est symbolique que cette date soit aussi l’un des deux jours lors desquels on célèbre l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu Fiodorovskaia (1239), porteuse d’un sens crucial pour la puissance et la souveraineté de notre État, comme nous nous en souvenons.

Église de la Très Sainte Mère de Dieu de Port-Arthur à Kourgane

Qu’en est-il réellement? Il convient sans doute d’admettre la position du grand zélateur de ce type iconographique de la Très Sainte Mère de Dieu, Nicolas Pavlov, un habitant de Kourgane, qui a quitté cette vie voici peu de temps, et qui a rassemblé pendant des décennies toute les informations disponibles concernant l’histoire de cette icône et de ses copies connues. Nicolas Pavlov considérait l’icône de Port-Arthur comme métaphysiquement emblématique parmi les icônes de la Très Sainte Mère de Dieu les plus illustres de la série patriotique russe; comme la Très Sainte Mère de Dieu Souveraine (Derjavnaia), et celles associées à la Première Guerre Mondiale ou au coup d’État d’Octobre 1917, et la Très Sainte Mère de Dieu d’Avgustov, qui firent leur apparition sous le règne du Saint Tsar-Martyr Nicolas II. Ce chercheur a même répliqué au persécuteur de l’Orthodoxie russe, pour ne pas dire au principal démon russe, Oulianov-Lénine, qui, dans son article de 1905, «la Chute de Port Arthur», croyait que la capitulation de l’avant-poste russe en Extrême-Orient était un prologue de la chute de l’Empire russe. En fait, voici la clé avec laquelle il convient de réfléchir à ce point de l’histoire russe: la dimension providentielle de l’apparition des icônes russes de la Très Sainte Mère de Dieu est évidente pour nous tous. Il faut comprendre que les événements tragiques de l’histoire russe qui suivirent ces apparitions furent, notamment, ou surtout, la conséquence de l’inexécution des instructions directes de la Très Sainte Mère de Dieu. Nos minutieux chercheurs ont étudié cette icône. Notons tout d’abord le travail intitulé «Le Récit de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu “le Triomphe de la Très Sainte Mère de Dieu” de Port-Arthur» de l’Archiprêtre Guennadi Belovolov, qui fut recteur de l’église Saint-Jean-le Théologien du podvorié de Leouchino à Saint-Pétersbourg, publié par la Procure de Léouchino en 2004, à l’occasion du centième anniversaire de la guerre russo-japonaise. Et il y a une logique historique à ce travail, car plusieurs copies de cette icône ont été réalisées à Saint-Pétersbourg avant la révolution.

Icône de Port-Arthur, dans l’église de Kourgane

L’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Port-Arthur est un, rare, nouveau type iconographique. Les critiques d’art y trouvent des similitudes avec la peinture occidentale nommée «Le Voile de Véronique». Les critiques d’art occidentaux rattachent ce style au type «iconographie romantique russe de la fin du XIXe siècle – début du XXe siècle». Souvenons-nous de ce que l’un des représentants de ce mouvement fut l’artiste V. M. Vasnetsov, qui a peint de nombreuses œuvres mémorables illustrant l’histoire russe, et qui a décoré de nombreuses églises russes. Il y eut également un signe qui me fut plus personnel. Après que N. Pavlov m’eût demandé d’étudier la question de l’activité intense dans ce mouvement de l’enthousiaste et énergique Dmitri Rostnikov, je me suis retrouvé en 2013, en tant que membre du jury, au Festival cinématographique international du «Vityaz d’Or» à Khabarovsk. Dès mon arrivée, je suis allé participer au molieben d’ouverture du Festival, à la Cathédrale de la Transfiguration. La célébration du molieben était présidée par le Métropolite Ignace de Khabarovsk et Amour, et la première icône vers laquelle je me suis approché dans la cathédrale était «la Très Sainte Mère de Dieu de Port-Arthur». Trois jours plus tard, mon ami, poète et théologien Youri Kabankov, de Vladivostok, est venu me voir à Khabarovsk. Et de façon assez surprenante, il m’a apporté une icône de la très Sainte Mère de Dieu de Port-Arthur, en cadeau.

Icône de Port-Arthur, dans l’église de Kabarovsk

N. Pavlov mentionne comme l’une des premières copies «l’immense tapisserie de Kharkov de 2,2 m x 3,8 m», qui se trouve dans l’église de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan dans le quartier de Lysaia Gora au Nord-Ouest de la ville. Cette église a été construit par les artisans de Sarov, et les offices n’ont pas cessé pendant l’occupation fasciste, ni pendant les «années de paix encore plus difficiles». A cause de ces artisans, peut-être, cette église était parfois appelée Serafimov. Elle fut construite en briques rouges, dans les années 1898-1912 sur les fonds d’un marchand de la première guilde, celle du mécène K. Outkine. Et sur le terrain qui lui avait été attribué selon le projet de l’architecte V. Nemkine la construction fut exécutée par l’architecte V. Pokrovski. Dans cette église, à l’époque de la persécution de l’Église, célébra l’Archevêque Alexandre (Petrovski. Mort en 1940) de Kharkov et Bogodukhov, désormais glorifié en qualité de hiéromartyr.
Certains parmi ceux qui vénèrent l’icône de Port-Arthur indiquent que la copie de Kharkov est connue depuis 1904, c’est-à-dire en fait depuis l’apparition de l’icône dans l’histoire spirituelle russe. Pour savoir si c’était le cas, nous, les Kharkoviens, D. Trostnikov et l’auteur de cet article, avons dû mener une petite enquête, pour laquelle nous avons discuté avec trois prêtres qui ont célébré à différentes époques dans cette église, et avec l’artiste qui a réalisé cette œuvre. Nous avons organisé une session de photographie dans le sanctuaire; et nous en remercions le recteur de l’église, l’Archiprêtre Mikhaïl Bogatchev, ainsi que G. Makarov de Kharkov personnage actif du mouvement russe local, ainsi que le photographe S. Kotchetov.
Nous nous sommes entretenus avec l’Archiprêtre Pëtr Vasilachki et avec le Père Recteur. L’archiprêtre Mikhaïl Kolodko a parlé plus en détail de la création de l’icône. C’est lui qui a eu l’idée de réaliser une icône de Port-Arthur dans l’église de Kharkov. Il est allé à Moscou, y a cherché des sources primaires auprès de ses collègues, a essayé d’analyser et d’étudier à la mesure de ses moyens l’iconographie, puis se procura les matériaux d’iconographe. Pourquoi «Port Arthur»? Batiouchka croit que c’est la Providence Divine qui l’a voulu. Au départ, il avait eu l’idée de peindre dans l’église plusieurs icônes canoniques de la Très Sainte Mère de Dieu. Et il a commencé avec celle de Port-Arthur. Mais dans l’église, il y a aussi une icône apportée du Mont Athos, de la Très Sainte Mère de Dieu «Skoroposlouchnitsa» (Qui entend rapidement).
Nous avons obtenu beaucoup de détails de la part de l’artiste Victor Verkhovod, diplômé en architecture de la faculté de la Construction et des Arts (aujourd’hui, l’Université nationale de Construction et d’Architecture de Kharkov ). L’icône de la Très Sainte Mère de Dieu de «Port-Arthur» fut peinte à Kharkov dans l’église de Kazan en juin-juillet 2000, sur toile, et collée sur le mur occidental intérieur de l’église à gauche de l’entrée. Ce travail n’est pas resté sans conséquence. Après avoir peint les icônes pour l’église de Kazan, la vie de ce artiste a changé. Il s’est consacré entièrement à la peinture du fresques dans les églises. Les artistes, S. S. Verkhovod, L. Y. Маrienko, V. A. Мouchik, L. M. Zolotarev, et E. N. Borisov réalisèrent entre 2003 à 2008 la mise à jour des fresques de la coupole dans l’église, célèbre dans la région de Kharkov, des Trois Saints Docteurs à Zaïkovka, (appelée communément église de Golbergov en l’honneur de la famille de commerçants qui en finança la construction). Dans une certaine mesure, le style des fresques de l’église des Trois Saints Docteurs rappelle les œuvres de Vasnetsov dans la célèbre église Saint Vladimir de Kiev, construite pour le 900e anniversaire du Baptême de la Russie. Rappelons que l’église Saint Vladimir à Kiev fut construit avec des dons recueillis de tout l’Empire de Russie. Aujourd’hui, hélas, elle est au mains des schismatiques.

Martyrs Impériaux dans l’église de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan Kharkov

Le Père Mikhaïl Kolodko, Kharkovien, est également célèbre pour le fait qu’il fut le premier à Kharkov, le 16 juillet 2001, à célébrer un office aux Saints Martyrs de la Famille Impériale, qui se prolongea par la divine liturgie, un acathiste et un molieben le 17 juillet. Les médias rapportèrent que «le père Mikhaïl avait répondu sans crainte à la demande des paroissiens, ce que n’ont pas fait d’autres prêtres, qui invoquèrent l’absence d’instruction de l’éparchie». Il est à noter que le texte de l’office a été repris sur le site «Rousskaia Linia». C’est à ce moment-là que les artistes précités peignirent dans l’église de Kazan l’icône susmentionnée des Saints Martyrs de la Famille Impériale, dans le même style et la même technique que l’icône de Port-Arthur, et de la même taille, mais placée sur le mur intérieur Sud de l’église à côté de la fresque de la Très Saine Mère de Dieu de Kazan.

Dans le douzième kondak de l’acathiste, on chante:
«Ton icône empreinte de grâce, Tu en fis don comme un trésor précieux à l’Église du Christ, Très Sainte Mère de Dieu;
En elle Tu as promis de rester avec nous jusqu’à la fin des siècles, disant de Ton icône quand elle fut écrite pour la première fois:
Ma grâce et Ma force sont en elle!
Nous croyons, Très Pure, qu’en Ton icône de «Port-Arthur» cette parole s’accomplira sans faillir;
Ici et en tous lieux Tu es avec nous, et chantes fidèlement à Ton Fils et Ton Dieu ce chant de louange: Alléluia!».

Traduit du russe
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