Geronda Arsenios, le Spiléote. Vie et enseignements (3)

Le texte ci-dessous est la suite de la traduction en français de la version russe du livre «Geronda Arsenios, le Spiléote, compagnon des exploits ascétiques de Geronda Joseph l’Hésychaste».
La version russe utilisée est «Старец Арсений Пещерник, сподвижник старца Иосифа Исихаста / Монах Иосиф Дионисиатис», éditée en 2002 à Moscou par le Podvorié de la Trinité-Saint Serge. L’original grec (Ο Γέρων Αρσένιος ο Σπηλαιώτης (1886-1983)) ne semble plus édité depuis 2008. Il en existe une version anglaise datée de 2005, sans mention de la maison d’édition. Une traduction officielle en français de ce remarquable petit livre n’existe pas à notre connaissance. Notre traduction sera poursuivie sur le présent blog jusqu’où Dieu le voudra.

Quelques mots au sujet de Parthena

Moniale Eupraxie

Parthena, la jeune sœur d’Arsenios ne manquait ni de zèle, ni de vertu. Parmi de nombreux incidents merveilleux, je n’en citerai qu’un, datant de ses premiers pas dans le monachisme. Ses parents, originaires du Pont, parlaient surtout le Turc, et un peu le Pontique. Lorsqu’ils émigrèrent en Russie, Parthena parlait convenablement seulement le Turc. Comme nous l’avons dit, elle ne mit guère de temps avant de suivre l’exemple de son frère. Elle se rendit donc au Monastère de la Protection de Dieu, dans le Pont. Mais là, elle était incapable de parler le Grec, ni donc de comprendre quoi que ce soit des offices liturgiques. Elle en fut profondément troublée. Une nuit, elle vit en rêve quelqu’un qui lui demanda :
– Pourquoi donc, mon enfant, es-tu si troublée?
– Vous voyez, Geronda, je suis incapable de parler, de lire, d’écrire et de chanter.
– Ne t’inquiète pas, mon enfant, je vais te donner un remède pour cela.
Il lui ouvrit la bouche et y introduisit une sorte de friandise. Elle la mangea et s’éveilla. Et son esprit fut illuminé et elle apprit à parler, à lire, à chanter et à comprendre très clairement la signification des textes des ouvrages liturgiques. Mon Geronda Charalampos de bienheureuse mémoire savait cela bien avant de devenir moine lui-même, et il nous le raconta souvent.

Rencontre avec Saint Jérôme d’Égine

A la même époque, un très pieux hiérodiacre de Cappadoce, nommé Basile, ayant réalisé son souhait de parcourir les lieux saints, s’installa au Monastère de Saint Jean le Précurseur, dont il fut l’économe pendant de nombreux mois. Ce clerc devint par la suite le célèbre grand héros de l’ascèse, Saint Jérôme d’Égine. Et c’est dans ce monastère Saint Jean le Précurseur que le hiérodiacre Basile fit la connaissance d’un autre jeune brûlant de zèle pour Dieu, le novice Anastasios. Leur rencontre fut pour tout deux un jalon dans leur vie. Finalement Anastasios avait trouvé ce qu’il cherchait, un guide capable de lui enseigner comment mener le combat ascétique. Le père Basile, surpris par la grande soif spirituelle du jeune novice, lui raconta tout ce qu’il avait vu lui-même, ce qu’il avait entendu et ce qu’il avait vécu dans sa patrie à côté des saints qui y vécurent en même temps que lui. Depuis lors, Arsenios instaura une organisation de sa vie autour de podvigs sévères. A peine eut-il découvert le trésor et goûté aux premiers fruits, qu’il appela sa sœur pour qui il fut un «maître». Dès les premiers pas, ils ne tardèrent pas à sentir la flamme de la prière et de l’eros divin.
Comme on l’a déjà dit, Anastasios avait été tonsuré et reçu le nom d’Anatole, sur le Mont de la Tentation. Après cela, il mena son podvig ardent pendant huit années en différents lieux saints de Palestine. Quand il entendit celui qui le guidait lui dire qu’il existait en Grèce un lieu entièrement consacré à la prière et au service de Dieu, la Sainte Montagne, il décida sans hésitation d’y déménager. Quand à son pieux guide, le Hiérodiacre Basile, ayant réalisé son souhait le plus cher, il repartit à Constantinople où il vécut longtemps. Après, la Divine Providence voulut qu’il aille sur l’Île d’Égine, après avoir été ordonné prêtre et confesseur. Ayant entendu parler de la grande gloire de l’higoumène Jérôme du Monastère athonite de Simonos Petras, qui s’installa par la suite à la procure du monastère à Athènes, consacrée à l’Ascension du Seigneur, le Père Basile devint spirituellement si proche de lui que lors de sa tonsure pour recevoir le schème monastique, il reçut le nom de Jérôme. La moniale Eupraxie, ayant entendu que son guide spirituel se trouvait à Égine, quitta les lieux saints où elle servait, pour le rejoindre. Elle trouva en Jérôme non seulement son guide spirituel, mais aussi un docteur et un enseignant. Comme la première martyre Thècle reconnut son vrai père spirituel en Saint Paul, Eupraxie reconnut le sien en Jérôme et quitta la Terre Sainte pour suivre celui-ci dans l’île de Saint Nectaire.
Il plut à la Providence Divine de me donner la joie de faire la connaissance de ce clerc lumineux et béni dans son ermitage. Je propose ici quelques propos qu’il me fut donné de l’entendre prononcer.

Saint Jérôme d’Egine

«Dans ma patrie, dit le Père Jérôme, j’ai côtoyé de saints hommes grâce auxquels j’ai fait mes premiers pas. L’un d’eux était marié et avait des enfants. Il avait construit une petite kaliva à côté de sa maison et y menait ses exploits ascétiques. Il s’y enfermait sans pain, sans eau, commandant sévèrement que personne ne vienne le déranger si la porte n’était pas ouverte. Souvent il demeurait reclus sans nourriture et sans eau jusqu’à quinze jours. Imaginez quel devait être son état spirituel, malgré qu’il était un simple laïc!»
Pour notre édification, le Père Jérôme dit encore ceci : «Jusqu’à ce jour, jamais je n’ai tendu les mains vers un poêle pour me réchauffer. Et jamais de ma vie, je n’ai touché une femme». Il répétait cela très souvent pour mettre en garde ses enfants spirituels contre «les amours innocentes» que l’ennemi utilise dans la réalité et dans l’imagination. Ce geronda, qui était vraiment le premier homme rempli de grâce qu’il me fut donné de connaître, était doué d’un rare don de clairvoyance grâce auquel, dans mon insignifiance, il a pu m’annoncer de nombreux événements qui allaient se dérouler.
Geronda accordait beaucoup d’importance au pouvoir de la Sainte Croix et il recommandait d’en porter une en toutes circonstances. «Vous devez toujours porter une croix autour du cou. C’est une arme terrible contre l’ennemi, pas une amulette. Vous entendez? Une croix. Peu importe si elle est en bois ou en métal». Quant aux pierres, il les considérait toujours comme venant de l’ennemi. «N’approchez jamais des yeux d’agate, ces pierres viennent de l’ennemi!»
Il soulignait aussi souvent le pouvoir du signe de la Sainte Croix, «lorsqu’il est fait correctement, avec trois doigts, d’abord sur le front et puis sur l’estomac, après sur l’épaule droite, et enfin sur l’épaule gauche. Celui qui s’imprègne correctement de ce signe n’a rien à craindre de l’ennemi». ‘Tu nous a donné ta croix comme arme contre l’ennemi’, chante-t-on aux matines du dimanche dans le ton huit.
Dans ses enseignements, il accordait toujours une attention particulière à la prière, et à la communion fréquente, dans la mesure où elle est possible, aux Saint Dons. Voici ses paroles très caractéristiques : «Si lors de la prière, vous laissez couler ne serait-ce que deux gouttes de larmes, cela revêt une grande force».
En ce qui concerne la nourriture, malgré sa grande tolérance envers nous, il était très strict avec lui-même. Le repas habituel du Père Jérôme, comme le rappela sa fille spirituelle Eupraxie, de bienheureuse mémoire, consistait en une sorte de soupe orientale très liquide.
Je termine ce chapitre en ajoutant un extrait du livre «Geronda Jérôme d’Égine», du pieux auteur Sotiria Nousi (chapitre 3).
«Au Monastère Saint Jean le Précurseur (en Terre Sainte), Geronda Jérôme fit la connaissance et nourrit une fraternelle amitié avec le novice Anastasios, frère de la moniale Eupraxie. Et c’est là également qu’il rencontra Eupraxie pour la première fois…, elle qui par la suite serait trouvée digne de la servir avec tant de simplicité et de dévotion pendant quarante sept ans».
Traduit du russe

Source :

Geronda Arsenios, le Spiléote. Vie et enseignements (2)

Le texte ci-dessous est la suite de la traduction en français de la version russe du livre «Geronda Arsenios, le Spiléote, compagnon des exploits ascétiques de Geronda Joseph l’Hésychaste».
La version russe utilisée est «Старец Арсений Пещерник, сподвижник старца Иосифа Исихаста / Монах Иосиф Дионисиатис», éditée en 2002 à Moscou par le Podvorié de la Trinité-Saint Serge. L’original grec (Ο Γέρων Αρσένιος ο Σπηλαιώτης (1886-1983)) ne semble plus édité depuis 2008. Il en existe une version anglaise datée de 2005, sans mention de la maison d’édition. Une traduction officielle en français de ce remarquable petit livre n’existe pas à notre connaissance. Notre traduction sera poursuivie sur le présent blog jusqu’où Dieu le voudra.

Les Années d’enfance, l’appel de Dieu
Comme le raconte Geronda Arsenios lui-même (dans le monde, Anastasios Galanopoulos, fils de Dimitri et Sotiria), sa première patrie fut le Pont, béni et glorieux, qui malgré toute la pesanteur du joug turc, put demeurer inébranlable dans sa fidélité à la tradition orthodoxe grecque. Toutefois, la pression du côté turc se faisait tellement forte qu’il fallait choisir : soit renoncer à sa foi, soit s’installer ailleurs. C’est ce qui arriva à la famille du petit Anastasios. Quand il eut douze ans, les harcèlements incessant, le pillage, les attaques nocturnes et bien d’autres persécutions obligèrent sa grande famille, de même que beaucoup d’autres compatriotes à déménager dans le Sud de la Russie. Là, dans un environnement orthodoxe, l’hellénisme pontique conserva sans entrave ses traditions inimitables et bénies.
Je cite une partie de ce que j’ai entendu des lèvres saintes de Geronda, car je pense qu’il serait dommage d’oublier cela. Je crois que cela nous profitera et nous servira de bon exemple. Les pontiques avaient une très bonne coutume: dans la maison des familiale, tant que le grand-père vivait, tous les enfants de sexe masculin restaient ensemble même après leur mariage jusqu’à la mort du grand-père. On peut dire que les maisons pontiques étaient en quelque sorte des exemples de petites ou grandes cénobies, et dans celles-ci, comme une sorte de geronda, le grand-père occupait la première place, et on lui accordait un respect particulier. Chaque matin, tous les membres de la famille devaient, avant de partir gagner leur pain quotidien, se rendre auprès du grand-père, lui baiser la main et recevoir sa bénédiction. Quand au soir, les hommes rentraient du travail, la cadette des épouses était obligée de leur laver les pieds. Et des hommes, il y en avait beaucoup. Geronda nous a dit que sa maison avait grandi jusqu’à «cinquante deux cuillères». En ce qui concerne l’obéissance, le respect des aînés et la piété religieuse qui régnaient dans ces familles, sans exagération, ils seraient aujourd’hui enviés à cet égard par le monastère le plus harmonieux.
Et en matière de jeûne, ils auraient pu sans aucun doute rivaliser avec les monastères actuels. Les jeûnes stricts de toute l’année étaient respectés avec précision. Le jeûne de la première semaine du Grand Carême (lorsque pendant les trois premiers jours on s’abstient généralement de nourriture) se poursuivait, comme nous l’a dit Geronda, du lundi au samedi. Mercredi et vendredi, après avoir pris part à la liturgie des Dons présanctifiés, on affermissait ses forces avec de l’antidoron et un peu de pain, et ainsi, jusqu’au samedi même, quand on mangeait uniquement de la nourriture avec de l’huile végétale.
Quant aux vertus, comme l’a dit Geronda Arsenios, le grand-père occupait fermement sa place. Il était un modèle pour tout le monde, jamais en colère, il donnait des conseils remplis d’amour et fut toujours le premier à les mettre en pratique. Et de même, la grand-mère ne manquait aucune occasion d’éclairer les enfants par ses vertus.
Un jour, le grand-père revint fatigué du travail et s’assit à la table. La grand-mère avait expressément ajouté tellement de sel à la nourriture qu’elle en était devenue complètement immangeable. Le grand-père, portant une cuillerée à la bouche, la recracha aussitôt. Et, sans aucune indignation, sans aucune remarque, il cria: «Sou, sou, ketir sou», ce qui signifie «apportez de l’eau». Il versa suffisamment d’eau de la cruche pour que la nourriture devienne mangeable et continua le repas comme si rien ne s’était passé. Une autre fois, la nourriture avait été préparée, au contraire, complètement sans sel. Et de nouveau: «Touz, touz, ketir touz», c’est-à-dire «apportez du sel». Après avoir mangé cette nourriture insipide, il se leva, se signa et dit de tout son cœur: «Gloire à toi, ô Dieu, nous avons mangé aujourd’hui».
Je pense que ces exemples suffisent pour tirer profit de la vie dure de nos ancêtres. C’est dans pareil environnement béni qu’Anastasios vécut ses années d’enfance. Alors déjà il se distinguait, avec sa sœur Parthena, par leur piété. Il ne savait quasiment pas le Grec, mais il parlait bien le Pontique et le Turc. Ensuite, il apprit le Russe. Et il lut des livres religieux, avant tout les vies de saints, dans ces langues qu’il connaissait.
Saint Alexis, l’Homme de Dieu, occupait une place à part dans son cœur. Dès que le Père Arsenios nous parlait de lui, son cœur s’ouvrait. Pendant toute sa vie, ce saint accorda sa protection particulière à Geronda et l’aida souvent dans les situations difficiles. Geronda raconta un jour à un de ses enfants spirituels la vision qu’il eut de Saint Alexis, sous la forme d’un de ses propres amis nommé Alexis. Cet ami conduisit Geronda jusqu’à une route merveilleuse, où ils devaient se séparer, et il disparut. Geronda le chercha comme il put et soudain le retrouva devant lui.
– Mais où es-tu allé, mon ami, je te cherchais.
– Comme je voulais t’emmener chez moi, je suis allé acheter de quoi te régaler.
Ils arrivèrent soudain devant un palais magnifique, ressemblant à une église couverte de fresques. Geronda demanda :

– Ce palais est magnifique ! A qui appartient-il?
– C’est le mien.

– Alexis, mon ami, crois-moi, je suis jaloux!
– Non, ne sois pas jaloux, patiente encore un peu et plus tard, tu iras aussi dans un endroit pareil.

Aspiration à Dieu et décision courageuse.

Dès leur jeune âge, Anastasios et Parthena manifestèrent le souhait d’adopter la vie monastique. Finalement, la décision fut prise et bénie. Quand le jeune homme entendit parler d’un pèlerinage en Palestine, son cœur s’enflamma, et il décida de se mettre en chemin, avec le but de se mettre au service de Dieu en Terre Sainte, le lieu que le Seigneur Lui-même gratifia de Sa présence.
Il restait toutefois un dernier obstacle à franchir. Il existait une tradition pontique bénie selon laquelle à l’homme qui en ce monde n’a pas baptisé au moins un enfant, le Seigneur réserve une mauvaise surprise dans l’autre monde. Dans sa simplicité toute naturelle qui le distinguait en tout, Arsenios croyait en cette tradition. C’est pourquoi, dès qu’il apprit que l’épouse de son frère Léonidas était enceinte, il se hâta d’aller leur proposer d’âtre le parrain. Lors du baptême, le bébé fut nommé Charalampos. Laissons maintenant le petit Charalampos grandir. Nous reviendrons à lui plus tard.
Par la suite, Anastasios disait, parlant de lui-même : «Alors, plus rien ne me retenait. J’ai épargné un peu d’argent pour le billet du bateau, pris dans un sac une rechange de linge de corps, et un beau jour, je suis parti pour la Terre Sainte».
A pieds à Constantinople
Brûlant de zèle pour Dieu, après avoir parcouru à pieds un chemin long de nombreux jours de marche et jonché de maintes difficultés, Anastasios arriva, fatigué, à sa première étape. Il raconta: «Ma première étape, c’était Constantinople. Là, je cherchai un navire qui devait lever l’ancre pour voguer vers la Palestine. Quelque chose d’inattendu m’est arrivé là-bas. Un escroc s’approcha de moi et me proposa d’être mon guide. En conséquence, il me prit l’argent que j’avais pour mon billet. Alors même que je lui avais dit, sans malice, que je voulais devenir moine. Il me prit tout mon argent, prétendument pour m’acheter mon billet, et il m’emmena dormir dans une mauvaise maison. Là, il recommanda aux «gentilles» femmes de m’accorder des soins «spéciaux». À peine arrivé dans cette maison, comme j’étais fatigué de la route, j’ai demandé à être installé quelque part pour dormir. Une femme me montra un coin dans un couloir. Je me suis immédiatement allongé et je me suis endormi, mais je me suis souvent réveillé à cause du bruit, des chansons et des conversations inconvenantes. L’aube arriva. Je me suis levé, j’ai remercié pour la nuit et je suis parti. Quand je suis sorti, un inconnu m’a arrêté et m’a demandé:
– Que faisais-tu là-bas?
– On m’a amené là pour dormir.
– Ici, mon enfant, tu as été amené dans une mauvaise maison, mais ton ange t’a protégé. Eh bien, maintenant mets-toi en route, mais la prochaine fois, sois attentif».
Nous avons demandé à Geronda qui était l’inconnu. Et il dit, avec la simplicité qui lui est propre:
– Comment savoir! C’était peut-être mon Ange-Gardien, ou peut-être Saint Alexis!
L’escroc avait disparu et Geronda était sans un sou en poche. Mais il parvint cependant, avec l’aide de Dieu, à récolter de nouveaux fonds pour un billet pour la Palestine.
En Terre Sainte
Finalement, Anastasios arriva en Terre Sainte. Comme il le raconta, chaque pas qu’il faisait s’accompagnait de la pensée qu’il n’était pas digne de poser le pied là où marchèrent le Christ et Sa Toute Sainte Mère. Il arriva en Terre Sainte vers 1910 et y vécut pendant environ huit ans, servant dans divers lieux saints: au Saint-Sépulcre, au Monastère Saint Jean le Précurseur, à Bethléem. Partout où il était envoyé, il y allait volontiers. Enfin, il fut tonsuré comme rasophore avec le nom d’Anatole sur le Mont des Quarante Jours.
Sa sœur, Parthena, tonsurée à l’âge de seize ans déjà en tant que moniale au monastère de la Protection de Dieu, dans le Pont, et qui avait reçu le nom d’Eupraxie lors de sa tonsure monastique, arriva ensuite, brûlante elle aussi de zèle pour Dieu, dans les lieux salvateurs de Palestine. Ils s’y rencontrèrent et Anastasios fit entrer sa sœur dans l’un des monastères pour femmes. (A suivre)
Traduit du russe

Source :

Geronda Arsenios, le Spiléote. Vie et enseignements (1)

Le texte ci-dessous est le début de la traduction en français de la version russe du livre «Geronda Arsenios, le Spiléote, compagnon des exploits ascétiques de Geronda Joseph l’Hésychaste». Geronda Joseph a rejoint officiellement il y a peu le Chœur des Saints. Ce n’est pas encore le cas de Geronda Arsenios, qui demeure un des nombreux saints glorifiés par Dieu et par les fidèles mais pas encore par l’Église.
La version russe utilisée est «Старец Арсений Пещерник, сподвижник старца Иосифа Исихаста / Монах Иосиф Дионисиатис», éditée en 2002 à Moscou par le Podvorié de la Trinité-Saint Serge. L’original grec (Ο Γέρων Αρσένιος ο Σπηλαιώτης (1886-1983)) ne semble plus édité depuis 2008. Il en existe une version anglaise datée de 2005, sans mention de la maison d’édition. Une traduction officielle en français de ce remarquable petit livre n’existe pas à notre connaissance. Notre traduction est entamée ici et sera poursuivie sur le présent blog jusqu’où Dieu le voudra.

Dédicace de l’auteur
Le présent ouvrage est dédié à mon Geronda de bienheureuse mémoire et vénérable higoumène du saint monastère de Dionysiou, Charalampos.
Il fut écrit par devoir envers mon Geronda, mais aussi parce qu’il le méritait, faisant partie physiquement et spirituellement de la lignée de Geronda Arsenios le Spiléote.
Accepte dès lors, Père à la mémoire bénie, cet ouvrage comme une épitaphe manuscrite exprimant ma gratitude sans bornes.

Salutation de Sa Béatitude l’Archevêque Chrysostome
C’est avec notre intérêt paternel que nous saluons l’édition du livre «Geronda Arsenios le Spiléote»
Son auteur, le Père Joseph Dionysatis, est cypriote d’origine, et moine. Il vécut plus de trente ans à la Sainte Montagne, et eut le bonheur de rencontrer de saints hommes qui vivaient les commandements de l’Évangile et étaient des modèles de vertu et de sainteté. L’un d’eux, nos contemporains, fut Geronda Arsène. Le présent livre contient le récit de sa vie et ses enseignements.
Convaincu de ce que les lecteurs du livre «Geronda Arsenios le Spiléote» en tireront grand profit, nous bénissons son édition et en recommandons la lecture aux fidèles chrétiens de la plénitude de notre Église.
Nous accordons nos paternelles bénédictions à l’auteur, Père Joseph. Et nous exprimons notre profonde satisfaction de ce que les profits de la vente de l’ouvrage seront consacrés à l’aide de jeunes gens captifs du vortex de la dépendance narcotique.
Avec nos prières au Seigneur.
Votre intercesseur auprès du Seigneur, Chrysostome, Archevêque de Chypre
Saint Archevêché de Chypre, le 20 juin 2001

Préface.
Un grand et doux pratiquant des vertus

Geronda Arsenios

A Geronda Arsenios s’appliquent les paroles de l’Évangile : «Voici un vrai Israélite, en qui il n’y a pas de fraude» (J.1;47). Il était d’une nature spontanée, simple, ingénue, humble, obéissant. Il fut un rare héros de l’ascèse, et du dépouillement. Les mots de l’Évangile : «Que ton oui soit oui et que ton non soit non»(Mat.5;37) pouvaient en permanence être appliqués à Geronda Arsenios. Jamais il ne fut rancunier, quoi qu’on lui ait fait, jamais il ne se mit en colère, jamais il ne fit tort à personne. Son obéissance était parfaite ; grâce à cette obéissance et à sa foi absolue en son geronda, il vécut quotidiennement au-dessus des lois de la nature.
Le soir, il commençait ses vigiles durant lesquelles son labeur ascétique consistait en des milliers de grandes métanies, et en prière en station debout, jusqu’au lever du soleil. Il se concentrait de la sorte dans la prière et s’y attachait tellement intimement, qu’il ne pensait pas à l’interrompre quand venait le moment des travaux quotidiens. Alors, nous devions aller l’appeler, et nous approchant jusqu’à sa petite fenêtre, nous pouvions le voir se tenant droit comme un cierge, dans un autre monde.
– Geronda, l’heure des travaux est arrivée.
Et Geronda, revenant à lui nous répondait, incrédule :
– Est-ce possible que le soleil soit déjà levé ?
Dans son immense simplicité, ce geronda atteignit l’essence même de la vie monastique. Il se donna tout entier à ses obédiences et à ses exploits ascétiques, c’est pourquoi il atteignit ce qu’il souhaitait. Il acquit en lui la prière, il acquit Dieu en lui. Le moine qui ne s’efforce pas d’atteindre ce but avant tout essuiera un échec
Geronda Arsène était un grand et doux pratiquant des vertus. Il fut un des saints athonites contemporains. Que sa bénédiction soit sur nous.

Geronda Joseph de Vatopedi.

Introduction

«Souvenez-vous de ceux qui vous conduisent, qui vous ont annoncé la parole de Dieu ; et considérant quelle a été l’issue de leur vie, imitez, leur foi»(Heb.13;7).
Lorsque je décidai de visiter pour la première fois la Sainte Montagne de l’Athos, en la salutaire année 1964, la Divine Providence voulut que le monastère de Saint Denis l’Athonite fût le premier monastère de la Sainte Montagne à m’accueillir. J’y vécus une vingtaine de jours avec l’ami laïc qui m’accompagnait, aujourd’hui hiéromoine.
Là, on vénérait particulièrement, parmi d’autres pères, l’Higoumène Gabriel de bienheureuse mémoire. Par l’élévation, comme il disait, du niveau spirituel, ce merveilleux higoumène attira hors des ermitages athonites de vertueux porteurs de l’Esprit, pour l’aider dans ses saints labeurs. A cette époque, le monastère avait reçu une bénédiction particulière, s’enrichissant d’un de ces porteurs de l’Esprit, un des fils spirituels du grand hésychaste de notre temps, Geronda Joseph l’Ermite. Ce porteur de l’Esprit, ce père spirituel s’appelait Père Charalampos. Un des novices, originaire de notre région, proposa de nous emmener à la kaliva où ce père spirituel menait ses exploits ascétiques. Elle se trouvait à un peu plus d’une heure de marche du monastère, dans la direction de Nea Skiti.
Et un beau matin de printemps, mon ami, notre guide-novice et compatriote et moi, sommes sortis du monastère. Ma première impression, que je n’oublierai jamais, je la reçus de cette belle promenade le long d’un sentier étroit parmi la forêt et les buissons fleuris et parfumés à gauche, du côté du Mont Athos, et la pente raide et abrupte à droite, où l’on pouvait apercevoir l’immense Golfe Singitique au fond de la deuxième péninsule de Chalcidique. Plus loin, après l’une des descentes, surgit le monastère de Saint-Paul et juste au-dessus, une gorge enneigée et un Athos blanc éblouissant, comme un géant mythologique. Une vue panoramique s’ouvrit sur le saint sommet couvert de nuages blancs, comme d’un voile. Peu de temps après apparu la haute tour de Nea Skiti.Alors qu’on apercevait la première kaliva, notre guide nous dit :
– C’est le Père Ephrem, le frère spirituel de notre père spirituel. Vous voulez faire sa connaissance?
– Oui, évidemment !
Nous entrâmes. Geronda nous accueillit très chaleureusement et ses paroles éclairées produisirent sur nous une impression spirituelle extraordinaire. Une autre chose laissa sa marque dans mon âme; le comportement de trois ou quatre de ses novices, qui nous apportèrent la friandise habituellement servie dans de tels cas. Ils nous l’apportèrent en silence, seulement en murmurant continuellement la prière: «Seigneur Jésus–Christ, aie pitié de moi». J’eus l’impression qu’ils vivaient dans un autre monde.
De la fenêtre de la kelia, nous avions vue, vers le bas, sur deux autres petites kalivas.
– Quelles sont ces kalivas?
– C’est la kaliva de notre père spirituel.
– Et là-bas, la petite?
– C’est là que vit un saint vieillard, le Père Arsène… Mais ne vous pressez pas, nous verrons tout.
Après être sortis, nous descendîmes à la kelia du Père Charalampos, le père spirituel. Nous regardâmes. Quelqu’un travaillait dans le jardin. «Eh bien le voilà», nous dit notre guide. A peine nous eut-il vus que le Père Charalampos abandonna son labeur et nous accueillit avec beaucoup d’amour, nous invitant à entrer dans sa kaliva. Après les impressions merveilleuses reçues de notre contact avec le père spirituel, il nous restait à aller rendre visite au geronda qui vivait dans la kaliva non-loin.
Dès la première minute, nous vîmes sur son visage calme les traits du saint moine doté de nombreux dons, douceur, amour, humilité. Mais sa simplicité bienheureuse et sa gentillesse le démarquaient le plus. C’était Geronda Arsène.
C’est avec ce saint vieillard qu’il me fut donné de vivre les dix-huit années suivant de sa vie sur terre ; depuis le jour où la Très Sainte Mère de Dieu, notre Souveraine, m’enleva du monde et m’introduisit dans la jeune communauté du père spirituel, le Père Charalampos. Tout le monde considérait que le geronda de la communauté, c’était le Père Arsène, le plus âgé, mais la responsabilité administrative reposait entièrement sur mon geronda, le Père Charalampos.

Le Saint Geronda Charalampos

Beaucoup de livres ont été édités au cours des dernières années au sujet des gerondas du Mont Athos. Mais dans la mesure où jusqu’à ce jour, quasiment rien n’a été écrit au sujet de la vie miraculeuse vécue par le Père Arsène, particulièrement à propos de ces années qu’il vécut sous la direction de son grand compagnon d’exploits ascétiques, Geronda Joseph l’Ermite, mon indignité, malgré toute mon incapacité au travail littéraire, a estimé qu’il était obligatoire d’esquisser au moins quelques lignes sur ce saint geronda. En outre, tel était le souhait général de beaucoup de ses enfants spirituels.
Tout ce que j’écris ici est emprunté soit aux récit de geronda lui-même, soit aux récits de ceux qui composèrent son environnement le plus proche.
Cette édition peut être décrite comme une sorte de récit de synthèse sur la vie de deux grands compagnons, les Pères Joseph et Arsène, et avec eux, de leurs enfants spirituels. Cependant, le centre et le visage principal du récit demeure Geronda Arsène.
En ce qui concerne la langue, je transmets dans une certaine mesure librement et dans un style mélangé les expressions de geronda, parce que, comme on le sait, le Père parlait plutôt imparfaitement la langue Grecque moderne.
À tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à la rédaction de ce livre, j’exprime ma chaleureuse gratitude. (A suivre)
Traduit du russe

Source :

L’icône de la Très Sainte Mère de Dieu «Ciel d’Abondante Grâce ».

Le texte de la traduction ci-dessous a été composé à partir de trois sources référencés au bas de l’article, dont «l’Encyclopédie Orthodoxe». Il s’agit de la suite de la présentation d’une série d’icônes de la Très Sainte Mère de Dieu peut-être moins connues en Occident. L’icône De la Très Sainte Mère de Dieu «Ciel d’Abondante Grâce» fait partie du type des «icônes à Acathiste». Ce groupe est caractérisé par le but présidant à leur création : la glorification de la Très Sainte Mère de Dieu et Son exaltation en tant que Reine des Cieux.

Cette icône miraculeuse se trouve dans la Cathédrale du Saint Archange Mikhaïl au Kremlin de Moscou. Elle est nommée Ciel d’Abondante Grâce ou encore «Comment Te nommer?» 1 . Cette deuxième appellation fut écartée lors des réformes du Patriarche Nikon. Une des anciennes copies de l’icône, porte le texte du bogorodichen/theotokion de ton 1 : «Comment te nommerons-nous, Pleine de grâce? Ciel, car Tu as fait resplendir le Soleil de Justice; Paradis, car Tu as produit la fleur inflétrissable; Vierge, car Tu es demeurée sans corruption; Mère très pure, car Tu as porté dans Tes bras, le Fils, le Dieu de l’univers. Supplie-Le de sauver nos âmes».
La vénération de cette icône est liée à partir du XIXe siècle à l’activité du Métropolite Philarète (Drozdov), qui en 1853, lorsque fut rénovée la Cathédrale du Saint Archange Mikhaïl, commanda de collationner toutes les informations historiques relatives à l’icône. Dans un inventaire du XVIIe siècle, il est rapporté que l’icône était une copie exécutée par oukase du Tsar Fiodor Alekseevitch par les maîtres du Palais des Armures à partir d’une icône plus ancienne qui se trouvait dans la cathédrale. L’Archiprêtre A. Tiajelov a mentionné le récit avancé par un expert en antiquités, A. F. Malinovski, d’une tradition selon laquelle l’icône fut amenée à Moscou par Sofia Vitovtovna, fille du Grand Prince de Lituanie, lorsqu’elle devint l’épouse du Grand Prince Vassili Dimitrievitch. Cette tradition apparut comme l’interprétation d’une inscription dans les annales de la Trinité-Saint Serge pour l’année 1398 au sujet de l’expédition à Moscou par Sofia Vitovtovna, à partir de Smolensk, de nombreuses icônes anciennes envoyées de Constantinople, et cette tradition entra dans toutes les publications imprimées du XIXe et début du XXe siècle concernant les icônes miraculeuses de la Très Sainte Mère de Dieu. Dans le podlinnik de Klintsovski, manuel reprenant les canons de l’iconographie selon les thèmes, on trouve une indication selon laquelle cette icône fut envoyée par Sophie Thominitchna Paléologue, épouse de Ioann III, Grand Prince de Moscou et de Toute la Russie, depuis la Lituanie. L’indication souligne l’«adaptation occidentale» de l’icône.
L’icône «Ciel d’Abondante Grâce» (242×181 cm) se trouve aujourd’hui dans l’iconostase de la Cathédrale de l’Archange Mikhaïl, à gauche des portes royales. Elle fut écrite par les iconographes du Tsar lorsque l’iconostase fut restaurée, 1678-1680. Un an plus tard, elle reçut une chasuble d’argent martelé, portant la même inscription que celle se trouvant sur l’icône : le bogorodichen de ton 1. Cette chasuble fut volée en 1812, lors de l’invasion napoléonienne. Une nouvelle chasuble fut fabriquée en 1815. Elle fut remplacée en 1916 par une riza d’argent revêtue de chérubins d’argents.
Dans l’icône, la Très Sainte Mère de Dieu est représentée se tenant debout, tenant en Ses bras l’Enfant Christ. Elle est entourée d’une mandorle rouge vif faite d’une ondulation de rayons de gloire qui émanent d’Elle. Initialement, un croissant de lune était représenté sous Ses pieds. L’icône remonte aux illustrations des paroles de l’Apocalypse de Saint Jean le Théologien: «Et un grand signe apparut dans le ciel : une femme revêtue du soleil, et la lune sous ses pieds, … Et Elle enfanta un fils mâle qui doit paître toutes les nations avec une verge de fer…» (Apoc.12;1,5). Le prototype iconographique apparut en Allemagne au XVe siècle et se répandit dans l’art occidental. Au XVIIe siècle ce type de représentation arriva en Russie, par la Pologne, l’Ukraine, la Biélorussie et la Lituanie.
Une copie de petite taille de la Très Sainte Mère de Dieu «Ciel d’Abondante Grâce» fut placée dans un cadre en bois sculpté doré sur la colonne de gauche de l’iconostase. Proche de l’icône de la Cathédrale de l’Archange, cette petite icône fut réalisée en 1682 par l’isographe du Tsar Vassili Poznanski pour l’église de la Crucifixion du Christ au Grand Palais du Kremlin. Elle s’y trouve encore aujourd’hui. (…)
Pendant la seconde moitié du XIXe et au début du XXe siècle, l’icône était fêtée à deux reprises : le 6/19 mars et pendant la semaine de Tous les Saints. Les vendredis, après la liturgie, on célébrait un moleben devant elle, on chantait son acathiste, et on la bénissait d’eau sainte. De nombreux pèlerins offraient des lampades, des cierges et de l’huile.

On prie devant l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu “Ciel d’Abondante Grâce”, pour être guidés sur le chemin qui conduit au salut et à hériter du Royaume des Cieux, ainsi que pour la guérison de diverses maladies spirituelles et physiques, pour un voyage en toute sécurité, pour se protéger des hérésies et schismes, pour être conforté dans les dogmes de la foi orthodoxe.

Une protestante souffrit très longtemps d’une maladie grave. Un jour, elle fit un rêve prophétique. Elle vit l’icône «Ciel d’Abondante Grâce» en rêve et quand elle se réveilla, elle envoya sa gouvernante commander une prière pour sa santé devant cette icône. La jeune fille obéit et répéta sa démarche pendant 6 semaines. Après cela, sa maîtresse malade se rétablit complètement et elle-même put venir à l’église et commander un moleben d’action de grâce.

En 1885, l’artiste Vasnetsov fut invité à l’église de Vladimir pour en peindre les fresques. Mais l’artiste refusa à cause de la grave maladie de son fils. En arrivant à la datcha avec sa famille, l’artiste remarqua soudain sa femme tenant son fils dans ses bras, devant les rayons du soleil. Ce tableau le frappé tellement et s’imprima si profondément en lui, qu’il a compris : c’est ainsi que la Très Sainte Mère de Dieu devait être représentée. Après cela, Vasnetsov alla peindre les fresque de l’église.

Pendant la préparation pour la peinture des fresques, les murs de l’église de Vladimir furent enduits de plâtre à plusieurs reprises mais la masse appliquée séchait de manière inégale. Les ouvriers et les dirigeants qui observèrent cela remarqué un jours sur le mur l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu avec le Christ dans ses bras, exactement comme Vasnetsov l’avait vu dans sa datcha. On en fit le dessin, et quelques heures plus tard, le mur a finalement séché complètement.
Vasnetsov montra ensuite ses croquis aux responsables de l’église, qui les comparèrent au croquis du mur : les dessins étaient presque identiques dans leurs paramètres de composition. L’artiste fut stupéfait et dit: «C’est un commandement de Dieu

Maria Andreevna, aujourd’hui décédée était la plus ancienne gardienne de l’église de Moscou, la Trinité Vivifiante. Elle déclara un jour que la copie de l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu «Ciel d’Abondante Grâce» qui se trouve dans cette église avait été découverte dans une décharge près de l’auberge de l’Université d’État de Moscou par des étudiants qui l’utilisèrent comme lit, en plaçant un matelas dessus. Quelque temps après son arrivée à l’église, l’icône se renouvela miraculeusement à un point tel que le restaurateur ne put qu’ajouter un petit fragment dans un coin.

Très Sainte Mère de Dieu, sauve-nous!

Traduit du russe

Sources: 1, 2, 3

 

 

 

Le Moine Théraponte. Pâques a resplendi.

Les trois néomartyrs d’Optino

Dans plusieurs textes concernant le Hiéromoine Vassili et les Moines Théraponte et Trophime, les trois frères d’Optino Poustin’ assassinés dans l’enceinte du monastère la nuit de Pâques 1993, on lit qu’ils sont devenus extrêmement familier des fidèles qui les prient, aujourd’hui encore. Ces fidèles ont simplement lu et relu le livre «Pâques rouge», et les trois frères sont devenus comme des membres de leur famille. L’Église ne les a pas encore glorifiés, mais il est devenu impossible de tenir le compte des miracles attribués à leurs prières. Ce livre, «Pâques rouge», n’a pas été traduit en français. Il est bien sûr moins évident pour les fidèles francophones de considérer les trois frères d’Optino comme des membres de la famille et demander ainsi leur prière. En vue de faire mieux connaître chacun de ces trois merveilleux moines et afin donc d’aider les lecteurs de ce blog à adresser plus volontiers leurs prières à ces trois néomartyrs, nous poursuivons la traductions de plusieurs extraits de deux livres.

Au monastère, les obédiences changent souvent, pour que les frères ne s’engluent pas dans de vaines occupations et se souviennent toujours que la vie sur terre est brève. De plus, la pratique prolongée d’une obédience peut devenir prétexte à vanité ou à une forme de sécularisation.
Ainsi, Théraponte dut assurer la fabrication des planches à icônes et des croix de bois remises lors des tonsures monastiques. Un jour, un moine fit son éloge :
– Formidable, quelles superbes croix tu sculptes!
– Oui mais pour quel bénéfice? Un homme qui sculptait lui aussi des croix pensa un jour : c’est tout de même bien que je procure un tel bénéfice au gens. Très peu de temps après, il tomba gravement malade et il eut l’impression d’être dans son cercueil, couvert par le tas de croix qu’il avait sculptées. Et soudain, ces croix tombèrent en poussière sous ses yeux. Et il lui fut révélé que Dieu n’a pas autant besoin de nos œuvres que de la pureté de notre âme et de notre humilité. Sans humilité, toutes les œuvres sont vaines.
Théraponte était un taiseux. Il était capable de se taire très longtemps. Il avait appris cela dans la taïga quand il travaillait comme garde-chasse. Il lui arrivait alors de rester des mois sans rencontrer personne et sans parler. C’est dans les écrits des Saints Pères que Théraponte a lu que le début de l’humilité, c’est le silence. C’est ainsi que l’homme ne peut acquérir l’humilité avant d’avoir appris à se taire. Et le silence lui-même est la langue du siècle à venir car c’est la langue des Anges. Et il pensa également : l’homme étudie vraiment beaucoup de langues, mais on n’enseigne pas le silence.
Le futur martyr connaissait par sa propre expérience l’utilité du silence : celui qui parvient à le garder acquiert la lumière de l’âme, et cette lumière incite l’homme à se taire, car tout comme la chaleur sort de la pièce à travers la porte fermée, la chaleur du monde du cœur disparaît suite à la verbosité.
Un jour les frères tinrent la conversation suivante :
– Pour s’habituer au silence, il faut à peu près deux ou trois semaines, dit Théraponte. Mais j’ai lu que Abba Agathon garda des cailloux en bouche tant qu’il n’eut pas appris le silence. Visiblement, cela dépend beaucoup des prédispositions de chacun. Si auparavant on parlait peu, il ne faut pas longtemps pour savoir tenir sa langue, mais si on avait l’habitude de parler beaucoup, il faut travailler dur pour y parvenir. S’étant observé lui-même, Théraponte ajouta : le silence dévoile des passions qu’on ignorait, la curiosité, le murmure, le souhait de s’occuper de tout et de faire la leçon. C’est pourquoi il est très important d’apprendre le silence aussi bien de l’esprit que du cœur.
– «C’est quoi le silence de l’esprit et du cœur?», lui demanda-t-on.
– C’est ne pas permettre aux pensées et aux sentiments pécheurs de parler à l’intérieur de soi. Le silence est un médicament qui guérit l’âme.
– Et s’il est nécessaire de parler pour se défendre? Car enfin, si on te calomnie, tu dois pouvoir rétablir la vérité.
– Le Seigneur garde ton âme tant que tu tiens ta langue.Il faut savoir que, quelle que soit la situation dans laquelle tu te trouves, la victoire revient au silence. Et si tu te souviens toujours des paroles de l’Évangile, «…tu seras justifié par tes paroles, et tu seras condamné par tes paroles?»(Mat.12;37), tu verras bientôt qu’il vaut mieux te taire que parler.
Pour Théraponte, le Carême de 1993 se déroula dans les prières et les podvigs assidus. Chaque jour, il se rendait à l’église pour tous les offices. Il fut désigné pour lire les cathismes des heures, pour être sacristain et surveiller l’église. Peu de temps avant Pâques, Théraponte décida de sculpter pour lui-même une croix de tonsure, mais il y avait toujours quelque chose qui allait de travers et il dit à un frère :
– Écoute, frère, quelque chose de bizarre a lieu en moi. Je voudrais me sculpter une croix de tonsure, et je n’y parviens pas. J’en ai faites tellement pour les autres, mais pour moi, je n’y arrive pas. Sculpte-moi une croix.
Le frère acquiesça, mais le Seigneur préparait pour Théraponte non pas une croix de bois, mais la croix la plus précieuse de toutes, celle de martyr. Peu de temps plus tard, c’est précisément à ce frère que fut confiée la tâche de fabriquer les croix pour les tombes des néomartyrs les moines Trophime et Théraponte, et le hiéromoine Vassili.
… Juste avant Pâques, Théraponte commença à distribuer ses propres affaires. C’était étonnant ; il donna ses outils avec lesquels il sculptait les croix. Et il dit à un des frères :
– Comme c’est bien ici, en terre d’Optino! J’aimerais, je ne sais pourquoi, que cette Pâques soit éternelle, qu’elle ne finisse jamais, pour que sa joie demeure toujours dans mon cœur.
Théraponte soupira, regarda le ciel et, en souriant légèrement, ajouta :
– Le Christ est ressuscité !
Le frère se souvint : «Suite à ses paroles, je ressentis dans mon cœur une telle légèreté, une telle joie, qu’on aurait dit non ps les paroles d’un homme, mais celles d’un Ange».
Pendant l’office Pascal, Théraponte se tenait, tête baissée, près du porte-cierge pour les âmes des défunts. Quelqu’un lui donna un cierge. Il l’alluma mais, on ne sait pourquoi, il ne le plaça pas immédiatement, il le garda un temps en main. Ensuite il le plaça, se signa et partit se confesser.
«Le corps est endormi…» chantait le chœur des frères. Le canon des matines se termina et les prêtres en ornement rouge vif entrèrent lentement dans l’autel. On aurait dit des guerriers fatigués rentrant à la maison après une dure bataille. Ils portaient en eux la joyeuse nouvelle de la victoire, et en même temps, le souvenir de ceux qui ne reviendraient pas du champ de bataille. Nombreux sont ceux qui se souviennent que cet office Pascal fut assez inhabituel. On avait le sentiment que quelque chose d’important allait se produire.
Théraponte communia mais n’alla pas à l’autel, il se dirigea humblement vers le bout de l’église où il prit l’antidoron et la zapivka. Après, il alla devant l’icône des Startsy d’Optino, inclina la tête et plongea dans la prière. Une moniale âgée se souvient : «Son visage était imprégné de tendresse, et il avait l’air tellement rempli de grâce, mais d’une grâce…!». L’office Pascal prit fin. Tous se dirigèrent vers le réfectoire pour rompre le jeûne, mais Théraponte demeura pour surveiller l’église. Il voulait encore rester encore un peu, pour prolonger ce merveilleux triomphe comparable à nul autre, cette indescriptible joie Pascale dans l’âme.
Soudain, Trophime entra dans l’église. Il fit un signe et Théraponte se hâta à sa suite vers le clocher. …Les premiers rayons du soleil levant, se frayant un chemin à travers les sommets des pins centenaires, dissipèrent les ténèbres nocturnes qui pendaient au-dessus de la terre. Les merveilleuses modulations du chant des oiseaux rappelaient les demeures paradisiaques, où l’on chante constamment la louange Angélique à Dieu. Le son des cloches réveilla le silence de l’aube. C’étaient les moines Théraponte et Trophime qui annonçaient au monde une grande joie: le Christ Ressuscité des morts!
«Le moine Théraponte était un sonneur virtuose», se souvinrent les frères. «Il était très sensible au rythme et sonnait avec légèreté, sans aucune tension.»
– Seigneur, Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de nous pécheurs, s’écria-t-il d’un cœur rempli de tendresse, alors que le carillon sonnait Pâques.
À ce moment-là, le couteau du sataniste, long de soixante centimètres, portant la gravure du chiffre 666, perçait le cœur du pieux moine. Théraponte tomba. Son visage, tourné vers l’Est, se figea dans un calme silencieux. Il a toujours cherché à garder dans son âme la paix qui venait du Doux Jésus, avec elle, il entra dans la joie éternelle du Christ Ressuscité. Avant Pâques, Théraponte avait distribué tout ce qu’il avait. Maintenant, il avait donné avec joie la dernière chose, sa vie terrestre, transitoire.
À la suite de Théraponte, le moine Trophime fut tué, et non loin de la tour de l’Ermitage, le Hiéromoine Vassili. Le cœur des fidèles fut écrasé par le chagrin. Et comment ne pas pleurer ici, alors que les enfants du Christ ont eu en partage le sang (Hébr.2;14). Mais la Résurrection du Christ est la preuve que les frères ne sont pas morts. Ils sont seulement appelés par Christ à un autre ministère, céleste.
Leur vie terrestre, remplie du podvig de l’amour, s’était terminée et était devenue la prédication de la Résurrection du Christ.
… Le jour de l’enterrement, il tomba soudain de la neige mouillée. Les flocons blancs tombaient au sol et fondaient immédiatement. Il y avait beaucoup de gens, comme à Pâques. L’office funéraire, accompli selon l’oustav de Pâques, prit fin. Lorsque les cercueils des martyrs furent transportés au cimetière du monastère, surgi de derrière les nuages, le soleil printanier brillant parut soudainement et illumina la terre de ses rayons de vie, comme pour rappeler que le sang versé par les martyrs d’Optino n’est pas du simple sang, mais un sang digne du Ciel, un sang Saint, abreuvant la terre des âmes des hommes de la foi et de l’amour pour le Christ. Et ce sang ne crée pas dans le cœur des fidèles la peur du martyre, mais le regret que le Seigneur ne nous ait pas aussi accordé une récompense aussi précieuse.
Rien n’est plus fort que l’amour pour Dieu. Celui qui l’a acquis n’a pas peur des privations, des tortures, ni de la mort la plus violente, mais, plongé dans l’amour du Christ, il ne remarque plus rien du monde visible, car, ayant déménagé dans le ciel, il est semblable aux Anges.
Traduit du russe
Source :
Небесные ратники. Жизнеописания и чудеса Оптинских новомучеников (Les soldats célestes. Vie et miracles des néomartyrs d’Optino) Alexandre Ivanovitch Iakovlev. Éditions : Святитель Киприан, Moscou 2013. Pages 261 à 268.

Le Moine Théraponte. Secret monastique.

Les trois néomartyrs d’Optino

Dans plusieurs textes concernant le Hiéromoine Vassili et les Moines Théraponte et Trophime, les trois frères d’Optino Poustin’ assassinés dans l’enceinte du monastère la nuit de Pâques 1993, on lit qu’ils sont devenus extrêmement familier des fidèles qui les prient, aujourd’hui encore. Ces fidèles ont simplement lu et relu le livre «Pâques rouge», et les trois frères sont devenus comme des membres de leur famille. L’Église ne les a pas encore glorifiés, mais il est devenu impossible de tenir le compte des miracles attribués à leurs prières. Ce livre, «Pâques rouge», n’a pas été traduit en français. Il est bien sûr moins évident pour les fidèles francophones de considérer les trois frères d’Optino comme des membres de la famille et demander ainsi leur prière. En vue de faire mieux connaître chacun de ces trois merveilleux moines et afin donc d’aider les lecteurs de ce blog à adresser plus volontiers leurs prières à ces trois néomartyrs, nous poursuivons la traductions de plusieurs extraits de deux livres.

Malgré son dur labeur au réfectoire, d’où le futur martyr rentrait à sa cellule de la skite vers minuit, il priait la nuit et participait chaque jour à l’office du milieu de la nuit. Théraponte se couchait en même temps que les autres, mais ensuite, il se levait en douce et se retirait dans un endroit isolé pour prier. Un de ses voisins de cellule subit une tentation à cause de ce comportement. Voyant que le moine zélé travaillait tous les jours aux cuisines et participait à tous les offices, sans exception, il soupçonna que l’autre partait chaque nuit dormir ailleurs pour ne pas être dérangé par les ronflements des frères exténués. Et une nuit, il se leva discrètement et suivit Théraponte, qui entra dans une chambre vide et se mit à faire des grandes métanies. Lire la Suite