«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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L’homélie ci-dessous, prononcée en 1948, est intégrée dans le recueil intitulé «Saint Luc de Crimée, Oeuvres Choisies» («Избранные творения» page 243. Éditeur :Sibirskaia Blagozvonnitsa; Moscou; 2010..

«’En vérité, en vérité, je vous le dis, si quelqu’un garde Ma parole, il ne verra jamais la mort.’ Les Juifs lui dirent : Nous voyons maintenant qu’un démon est en Toi. Abraham est mort, les prophètes aussi, et Toi, Tu dis que Tu es plus grand que notre père Abraham, qui est mort? Les Prophètes aussi sont morts ; qui prétends-Tu être?» (Jean 8;51-53).
Ils ne comprenaient pas, vraiment pas, de quelle vie, de quelle immortalité parlait le Christ. Et jusque aujourd’hui encore, beaucoup ne comprennent pas cela. Mais nous devons comprendre. Il existe deux morts, la première et la seconde.
La première est celle à laquelle est inévitablement soumis chaque homme, la mort naturelle. Mais la seconde mort est immensément plus effroyable que la première; c’est la mort spirituelle, à laquelle le Seigneur Jésus-Christ condamnera les pécheurs, quand Il jugera lors de Son Jugement Dernier le monde entier, c’est-à-dire ceux qui ne se tiennent pas devant l’entrée du Royaume de Dieu.
La seconde mort est le tourment éternel des pécheurs, la communion éternelle avec le malin et ses anges, avec tous les pécheurs, avec tous les démons. Que notre Seigneur et Dieu Jésus-Christ vous délivre tous de cette seconde mort!
Ces paroles du Christ soulèvent pour nous le lourd voile qui cache ce qui arrive aux âmes des morts. C’est à tort qu’on dit qu’il n’y a pas de vie éternelle, qu’il n’y a pas de résurrection: que l’homme mourra, et c’est fini. Non, non, ce n’est pas fini: l’esprit immortel continue de vivre pour toujours. Nous le savons par les paroles du Sauveur Lui-même: «Dieu n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants»(Mc.12;27). Nous savons que le jour de la Transfiguration du Seigneur, deux prophètes apparurent : Moïse et Élie. Et ils conversèrent avec Jésus au sujet des derniers événements de Sa vie terrestre. S’ils apparurent et s’ils conversèrent avec Lui, cela signifie qu’ils savaient comment se terminerait la vie de notre Sauveur, cela signifie que leur esprit vivait, cela signifie que leur âme ne séjournait pas dans les ténèbres mais vivait une vie spirituelle intense. Ceci est confirmé dans les paroles de notre Seigneur Jésus Christ à propos d’Abraham, notre père, ces paroles selon lesquelles Abraham serait heureux de voir «Son jour», c’est-à-dire l’époque à laquelle Il vécut sur terre parmi nous, quand par Sa mort, Jésus expia les péchés du genre humain.
Abraham aurait été heureux de voir cela, Abraham connaissait cette époque, il connaissait les prophéties et les révélations au sujet du Christ. Et il vit le jour du Christ, il vit ce qui se passa à Jérusalem et dans toute la Palestine au temps de la vie terrestre du Seigneur, il vit et se réjouit. Et s’il en est ainsi, cela signifie que son esprit continua à vivre sans cesse; il ne mourut pas de la mort éternelle. Il était, si on peut s’exprimer ainsi, au courant de tous les événements.
Il est très important que nous sachions cela.
Si tel est le cas, si Abraham a vécu une vie aussi profondément consciente, comment pouvons-nous nier que tous les justes, et peut-être tous les non-justes, continuent de vivre après la mort, continuent d’être au courant des événements de la vie terrestre, de la vie du genre humain?
Cela est également confirmé par les faits incontestables de la manifestation de défunts à des vivants, faits très fréquents, tout à fait fiables. Nos morts, nos proches, nous apparaissent, nous parlent de notre vie, ils guident notre vie, parfois nous morigènent, nous empêchent d’avancer dans une mauvaise voie dans la vie, parfois ils indiquent comment corriger nos vices; et s’il en est ainsi, alors ils savent tout de notre vie, c’est-à-dire que leurs âmes immortelles continuent à vivre une vie intense et très active.
Ils sont vivants, et l’esprit des hommes justes vit déjà maintenant dans la lumière. La joie dans laquelle vivent les justes, leur béatitude est éclipsée par ce qu’ils voient et connaissent de notre vie terrestre : toutes les terribles guerres entre les peuples chrétiens, les crimes inhumains et les iniquités qu’ils voient dans nos actes. Nous les faisons souffrir, en particulier nos proches: ils souffrent, ils souffrent de nos œuvres ténébreuses, de nos péchés. Cessons de les faire souffrir, cessons d’affliger le Seigneur Dieu, qui donne la Vie éternelle à tous les amis du Christ. Craignons la seconde mort, la mort éternelle, et ne craignons pas la première mort: la première mort n’est terrible que pour les iniques, pour les blasphémateurs, pour les grands pécheurs. Vivons une vie telle que la mort ne soit pas effroyable pour nous. Amen.

Traduit du russe

  1. Pp. 105 et 106 du livre « Святой Врач » (Le Saint Médecin) écrit par l'Archidiacre Vassili Marouchak. (Moscou, Danilovskii Blagovestnik, 2013)