«... en 38 années de sacerdoce presbytéral et épiscopal, j'ai prononcé environ 1250 homélies, dont 750 furent mises par écrit et constituent douze épais volumes dactylographiés...»
(Le Saint Archevêque Confesseur et chirurgien Luc de Crimée)
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L’homélie ci-dessous, prononcée le 28 juin 1947, est intégrée dans le recueil intitulé «Hâtez-vous à la suite du Christ, Recueil d’Homélies» («Спешите идти за Христом» Simferopol; 1946-1948).

Le Fils de l’Homme, lorsqu’il demeura sur terre, n’avait pas une place où reposer Sa tête, et au scribe qui voulut le suivre, Il dit que les oiseaux eux-mêmes avaient des nids et les renards, des tanières mais que le Fils de l’Homme n’avait pas de place où reposer Sa tête. Pourquoi le Seigneur a-t-Il dit cela?
Il l’a dit afin que nous comprenions et sachions tous que si nous Le suivons, nous serons dans la même position que Lui: nous n’aurons pas de place où reposer la tête, nous passerons d’un endroit à l’autre, nous endurerons les privations, les afflictions, nous endurerons la persécution, le froid et la faim. Il indique ce qu’il a déjà dit auparavant: le chemin vers le Royaume des Cieux est un chemin douloureux et étroit, un chemin de souffrance et de privation. C’est ce que chaque chrétien doit savoir s’il veut suivre le Christ: il faut se préparer à toutes les privations, à toutes les afflictions, à toutes les persécutions.
Jésus, fils de Sirakh nous dit à ce propos des paroles remarquables : «Mon fils, si tu prétends servir le Seigneur, prépare-toi à l’épreuve. Fais-toi un cœur droit, arme-toi de courage, ne te laisse pas entraîner, au temps de l’adversité. Attache-toi à Lui, ne t’éloigne pas, afin d’être exalté à ton dernier jour. Tout ce qui t’advient, accepte-le et, dans les vicissitudes de ta pauvre condition, montre-toi patient, car l’or est éprouvé dans le feu, et les élus dans la fournaise de l’humiliation»(Sagesse de Sirach.2;1-5).
Souvenez-vous de ces saintes paroles : les gens qui plaisent à Dieu sont éprouvés dans le creuset de l’humiliation. Ils sont comme des déchets dans le monde, ils ne ressemblent pas à tous les gens du monde, ils ne suivent pas le chemin emprunté par la grande, la très grande majorité des gens.
Ils ne cherchent pas leur propre gloire, ils cherchent la gloire de Dieu, ils Le servent de tout leur cœur, ils veulent Le suivre, et comme Il a enduré dans le monde la persécution, la privation, ils doivent être prêts à tout endurer pour Son saint Nom.
Voilà pourquoi le Seigneur répondit au scribe : «Les renards ont leur tanière et les oiseaux du ciel leur nid, mais le Fils de l’Homme n’a pas une place où reposer Sa tête»(Mat.8;20 & Lc.9;58). A quelqu’un d’autre qui voulait aussi marcher à Sa suite, Il adressa des paroles qui semblent étonnantes, sinon franchement dures : «Laisse les morts enterrer leurs morts».
Il semble pourtant tout naturel, ce souhait d’enterrer son père? Mais le Seigneur Jésus-Christ répondit ce que personne ne pourrait jamais répondre en disant: «Laisse les morts enterrer leurs morts». Qu’est-ce que cela veut dire? Cela signifie que toutes les œuvres mortes, le soucis des morts, qui ont terminé leur chemin et se sont présentés aux yeux de Dieu, ne doivent pas alourdir nos cœurs. Le soucis des morts, de toutes les choses mortes, doit être étranger à notre cœur. Nous devons aspirer à la vie, à la Vie Éternelle, à la Vie lumineuse et joyeuse. La mort et tout ce qui y est associé doivent nous être étrangers, car nous avons devant nous l’espérance de la Vie Éternelle et de la gloire éternelle .
Ceux qui ont rejeté la voie du Christ, ceux qui se soucient de toutes les choses mortes, de tout ce qui concerne la mort, seront condamnés à la mort éternelle; nous ne devons penser qu’à la Vie éternelle.
Nous devons penser à la mort: la mort inévitable doit être le rappel qu’après elle, nous serons jugés par Dieu. La mort du corps doit rappeler que seul le corps meurt et que l’âme vivra éternellement. La mort du corps ne doit pas effrayer ceux qui suivent la voie du Christ: tous les saints attendaient la mort calmement, même joyeusement.
C’est parce que nous devons avoir une telle attitude à l’égard de la mort, parce que nous ne devons pas nous préoccuper de la mort et des affaires des morts, que le Seigneur a dit à celui qui voulait être son disciple: «Laisse les morts enterrer leurs morts». Il y en aura d’autres qui enterreront ton père, des gens qui ne sont occupés que par les affaires terrestres, et toi, suis-Moi. Voyez-vous, ces paroles qui semblent si dures ne le sont pas : ce sont des paroles saintes qui nous rappellent la Vie Éternelle, car nous sommes tous destinés à cette Vie. Abandonnons donc les soucis des morts et aspirons de tout notre cœur à nous préoccuper de la Vie Éternelle, et que notre Seigneur et Dieu Jésus-Christ vous bénisse tous. Amen.
Traduit du russe

  1. Pp. 105 et 106 du livre « Святой Врач » (Le Saint Médecin) écrit par l'Archidiacre Vassili Marouchak. (Moscou, Danilovskii Blagovestnik, 2013)