Né en avril 1937, Valerian Kretchetov, prêtre de village, est le prédicateur le plus âgé de l’Éparchie de Moscou. Fils d’un prêtre, frère d’un prêtre, l’Archimandrite Valerian est père de sept enfants, dont un prêtre, et grand-père de trente quatre petits enfants. Il fut ordonné diacre en novembre 1968, et prêtre en janvier 1969. En 1974, il succéda au Père Sergueï Orlov, comme recteur de l’église du Pokrov, au village d’Akoulovo, dans la région de Moscou. Il fréquenta les plus grands starets pendant des dizaines d’années et accomplit dix-huit séjours sur l’Athos. Une quinzaine de livres ont été édités, reprenant prédications, entretiens multiples et interventions devant des groupes très divers. Celles et ceux qui apprécient les «Paroles de Batiouchka» pourront également se tourner vers le livre paru aux éditions Sofia en 2015 : «Le plus important. Toutes les façons de croire se valent-elles ?». Madame Laurence Guillon y a traduit en français une série d’entretiens et d’enseignements, toujours remarquables, du Père Valerian.

«Réflexions avant la Confession», pages 87, 88, 89.

Le livre dont a été tiré l’extrait.

C’est en oubliant Dieu que l’humanité en est arrivée à faire de l’homme le législateur de sa propre moralité. Dès le XIXe siècle, nous avions été prévenus que cela allait arriver, par Dostoïevski, notre écrivain orthodoxe. Sur le Mont Athos, j’ai été très surpris d’entendre avec quelle vénération des gens de haute spiritualité, des Grecs, y parlent de lui. Quand notre groupe y est allé en pèlerinage, le Père Vassilios, Supérieur du Monastère d’Iviron, très respecté sur la Sainte Montagne, nous a donné tout un cours sur Dostoïevski. Nous ne nous attendions pas à ce qu’un représentant d’un peuple étranger connaisse aussi profondément notre littérature. Et donc, Dostoïevski a dit au monde entier (parce que malgré tout, on lit encore de la littérature profane) que l’homme s’était, malheureusement, choisi lui-même comme mesure morale : «Je suis mon propre législateur!». A notre époque, au XXe siècle, on appelle cela la morale autonome. Autonome signifie ici ‘indépendante’, celle que l’homme érige pour lui-même, osant décider ce qui est moral et ce qui est amoral. Et à quoi donc a conduit l’établissement d’une pareille morale ? A ce que tous ces ‘maîtres’ de leur propre moralité affirment que dès que quelque chose existe, cela signifie qu’elle a le droit d’exister. C’est-à-dire, que si on veut quelque chose, on peut y accéder ! Mais alors qu’on tenta de renverser la morale chrétienne et de la remplacer par cette nouvelle tendance, un des représentants de celle-ci (…) posa la question «Qu’est-ce qui est bon et qu’est-ce qui est mauvais?» (…) Et il se fait que ce n’est pas si simple de distinguer ce qui est bon de ce qui est mauvais. (…) Qu’est-ce que le bien, qu’est-ce que le mal ? Dans la Bible, il est écrit que quand Dieu eut créé le monde, «Il vit que cela était bon». Et quand arriva le péché, ce fut mauvais. S’écarter des commandements de Dieu, s’écarter de Dieu, voilà ce qui est mauvais. Cette question de la distinction entre le bien et le mal, les gens ne peuvent la résoudre, lorsqu’ils essaient de le faire sans Dieu.

Traduit du russe