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Le Métropolite Hiérotheos de Naupacte a rédigé le prologue du livre «Romanité ou barbarie? L’Origine historique du conflit séculaire entre Hellénisme et Occident», écrit par Anastasios Philippidis et publié en 1994 sous le titre «Ρωμηοσύνη ή βαρβαρότητα». Il semble que le livre précité n’ait pas été traduit en français à ce jour. Voici la traduction du prologue, à partir de la version anglaise du texte. Celle d’extraits du livre suivra.

Prologue
Bien souvent au cours de conversations variées, il m’est arrivé de remarquer que le terme «byzantinisme» était utilisé avec une connotation négative. On utilise le terme byzantologie quand quelqu’un parle pour ne rien dire. On recourt à ces termes sans y penser, alors que la raison de leur utilisation et de leur prévalence dans ces contextes est tout à fait tombée dans l’oubli.
Voici quelques années, tout ce qui avait trait à l’art byzantin ou à la civilisation byzantine ne recueillait que des railleries. Il semble que cette attitude soit réexaminée, aujourd’hui. Le dédain, le mépris et les sarcasmes envers tout ce qui relève de Byzance, ou le recours à certains termes chargés d’une connotation négative ne sont pas sans rapports avec les tentatives des Européens de l’Ouest de marginaliser l’Empire Romain, sur lequel est collée l’étiquette ‘Byzance’, ainsi qu’avec leurs efforts de se conférer un surplus de dignité en se considérant comme les véritables successeurs du grand et illustre Empire Romain.
En réalité, le nom ‘Byzance’ (Βυζάντιο) fut fabriqué au début de la seconde moitié du seizième siècle (1562 A.D.) par l’historien d’Europe de l’Ouest Hieronymus Wolf, et il fut répété depuis lors par les écrivains d’Europe occidentale dont le but était de dénigrer la Conscience Romaine. Tout ce qui est associé à Byzance était considéré honteux et méprisable. En fait, ‘Byzance’ fut toujours liée aux ténèbres moyenâgeuses.
BYZANTOSQuant aux sources historiques elles ne disent mot de ‘Byzance’, qui est le nom original de l’ancienne cité hellénique fondée par Byzas de Mégare ; elles parlent de l’Empire Romain. Quand la capitale de l’Empire Romain fut transférée de Rome à Byzance, celle-ci fut renommée «Nouvelle Rome», par comparaison à l’ancienne, la Rome originale. En termes de religion et de foi, l’Empire était essentiellement orthodoxe, et sa civilisation, hellénique (car l’Hellénisme a une dimension universelle), alors que le système juridique était fondé sur la législation de la Rome ancienne. Dans la Conscience Romaine dominaient deux langues: l’Hellénique et le Latin. Après tout, leur foi et leurs traditions culturelles étaient communes. Quiconque intégrait ces deux éléments était considéré comme un ‘Romain’.
La conquête tardive de la partie occidentale de l’Empire Romain par les Francs amena de nombreux problèmes. Dans leur tentative de convaincre de ce qu’ils étaient les véritables successeurs de l’Empire Romain, les Francs désignaient les habitants de la ‘Nouvelle Rome’ par les appellations d’«hérétiques», d’«imposteurs» et de «trompeurs».
Voilà comment furent justifiés les termes dénigrants envers les Romains. Et nous, successeurs dans la Romanité, avons fait montre de tolérance, sans aucune suspicion, et sans accorder à ces propos l’attention qu’ils méritent. La Romanité est sans conteste liée à la gloire et l’ascension de l’esprit humain. Ce que certains nomment péjorativement ‘byzantinisme’ et ‘byzantologie’ est en réalité associé aux plus grandes réalisations de l’humanité. Lorsque les néo-Romains parlaient de théologie, c’était dans le but de sauver l’humanité, c’était la voie qui permet à l’homme d’atteindre la déification. Ils ne s’enfermaient pas dans d’interminables conversations sociales, politiques ou philosophiques ; leurs discussions portaient sur des sujets existentiels. Pour cette raison, les néo-Romains furent et continuent d’être pertinents et modernes. Au contraire, pendant l’occupation franque de la partie occidentale de l’Empire Romain, la barbarie et l’esprit provincial y prévalaient. Quand la Romanité connut l’apogée de sa gloire, l’Occident tomba dans un Moyen-âge barbare car à la théologie orthodoxe se substitua la théologie scolastique qui confine l’expérience de l’homme dans les limites de l’intelligence rationnelle humaine. En outre, la chute contemporaine de la théologie scolastique, ainsi que l’exaltation de la théologie orthodoxe et de sa dimension révélatrice, sont deux échantillons de la différence qui séparent deux civilisations et leurs modes de vie respectifs.

Romiosini i Varvarotita«Romanité ou barbarie?», telle est la question qui surgit alors. L’auteur du livre éponyme s’est penché sur cette question. Le résultat est tout à fait édifiant et révélateur. Le lecteur y apprendra maints faits permettant d’analyser, d’interpréter et de simplifier l’histoire romaine telle que l’ont récemment décrite de nombreux chercheurs et en particulier le Père Jean Romanidès. Il verra confirmée la dignité d’être un Romain. Anastasios Philippidis, l’auteur du livre «Romanité ou Barbarie?» est un homme que je connais depuis longtemps. (…) Il a intégré le département financier de l’Université de Yale, aux États-Unis, et a entrepris des études de post-graduat et un doctorat en finances. (…) Il a donc connu de très près le mode de vie occidental, et pour ce que j’en sais, il en fut déçu. Il s’est mis alors à étudier avec grand intérêt le mode de vie romain, et il en fut profondément impressionné. C’est la raison pour laquelle il a entrepris de travailler sur ce sujet de façon plus scientifique, et il est vrai, avec un très grand enthousiasme, comme tout lecteur objectif pourra le constater. Ce livre n’est pas ‘anti-européen’ comme un lecteur superficiel pourrait le croire ; il expose le mode de vie de la vraie Europe, qui était imprégnée de l’esprit de la Romanité, de l’Europe, celle d’avant Charlemagne. Car l’Europe moderne a pour centre Charlemagne, et se présente comme la continuatrice du «Saint Empire Romain de la Nation Germanique» qu’il fonda. Mais où que vous creusiez en Europe, dans la terre, dans la mémoire des peuples, les chansons, les coutumes et traditions, vous y distinguerez le véritable mode de vie romain. C’est pourquoi, quand nous mentionnons la Romanité, nous englobons toute l’Europe elle-même ainsi que le mode de vie inspiré de l’Empire Romain, qui prévalait avant l’occupation franque.
Je suis convaincu de ce que le livre «Romanité ou barbarie?» sera un bon guide permettant de franchir l’océan de la vie moderne, où règnent les vagues de Charlemagne, et d’aller au port de la Romanité où est exposé ce que l’humanité a de meilleur.
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