Agionoros.rua mis en ligne une série de textes concernant des ascètes contemporains. Plusieurs de ces textes concernent Geronda Seraphim (Dimopoulos), dont une biographie fut publiée en 2011 : «Père Seraphim Dimopoulos (1937-2008). Un ascète dans le monde contemporain» («Πατήρ Σεραφείμ Δημόπουλος (1937-2008) Ένας ασκητής στον συγχρονό κόσμο»). Les textes publiés par Agionoros.ru ne sont pas extraits de ce livre, mais ont plutôt pour objet d’apporter un éclairage complémentaire. Voici la huitième partie de la série. Les premières parties se trouvent ici.

Un prêtre qui connaissait Geronda Seraphim alla lui demander de prier pour sa fille qui devait présenter l’examen national. Elle avait toujours obtenu de bonnes notes et avait coutume de bien se préparer pour les examens. Les enseignants étaient unanimes à promettre à la jeune fille l’accès aux plus prestigieux établissements d’enseignement supérieur. Mais, chose surprenante, Geronda Seraphim annonça : «Ta fille n’empruntera pas cette voie. Nous verrons ce qui se passera l’an prochain. Elle est très fragile, le service militaire, ce n’est pas pour elle. Ce qui lui convient, c’est d’enseigner. Elle n’est pas faite pour la voie que la presbytera et toi envisagez». La jeune fille atteignit la deuxième année d’université, en la Section des Ingénieurs des Mines, qu’elle abandonna pour devenir enseignante. Et elle est à ce jour professeur d’informatique.
Un jour, Geronda Seraphim demanda à un prêtre de ses connaissances :
Que raconte ton ami hiéromoine Untel? Il va devenir évêque?
Oui Geronda, c’est Despotis Seraphim qui va l’ordonner.
Non, il ne deviendra pas évêque.
Et effectivement, tout se passa comme Geronda l’avait annoncé. Quelques années plus tard, ce hiéromoine fut à nouveau candidat à un siège épiscopal. Son ordination était présentée comme un fait accompli. L’Archevêque Christodoulos lui avait remis du tissu afin qu’il se fasse coudre les ornements épiscopaux et avait proposé au hiéromoine de le rencontrer afin de discuter ensemble du futur de la métropole dont il allait prendre la tête. Mais Geronda Seraphim répéta implacablement :
Dis à cet homme que jamais il ne deviendra évêque. L’Église n’a pas besoin de scandale. Dis-lui que c’est le Père Seraphim Dimopoulos qui t’a ordonné de le lui faire savoir.
Et il en fut ainsi ; à quatre reprises ce hiéromoine fut candidat à l’épiscopat, et chaque fois sa candidature fut repoussée.
Un prêtre dit un jour à Geronda Seraphim : «Nous avons un excellent archevêque en la personne de Despotis Christodoulos». Et Geronda répondit : «C’est vrai, il est vraiment bon. Il parvient à s’opposer aux menées des politiciens. Mais sache qu’il ne vivra plus très longtemps». Et en effet, Despotis Christodoulos devint malade et mourut très rapidement.
En 1994, l’assemblée des prêtres de la Métropole débattit des difficultés engendrées par le fait que l’élection d’un nouveau métropolite se faisait attendre depuis longtemps déjà. Geronda Seraphim demanda la parole. En présence de plus de cent prêtres, il annonça qu’il ne fallait pas s’inquiéter dans la mesure où le Saint Synode élirait un nouveau métropolite dans les mois suivants. Et il en fut ainsi.
Le Père Paul Tsouknidas raconta : «Le 24 septembre 1999, mon fils qui se déplaçait en vélomoteur fut renversé par un camion. Il fut emmené au service des urgences de l’hôpital central de Larissa. Mon fils était dans le coma. Il souffrait de traumatismes crâniens, de traumatismes aux organes du système digestif et à la colonne vertébrale. Les médecins lui enlevèrent la rate, qui avait explosé. Le neurochirurgien nous avertit de ce qu’il n’existait aucune chance que notre fils survive. Le médecin en chef commença également à nous préparer à la mort de notre fils qui avait à peine seize ans. Le médecin nous demanda de décider de la possibilité d’utiliser certains organes de notre fils dans le cadre du don d’organes. Particulièrement ému, je me précipitai vers ma voiture et allai auprès de Geronda Seraphim. Quand je le vis, je fus incapable de retenir mes larmes. A travers d’interminables sanglots, je lui répétai ce que les médecins nous avaient annoncé, que notre fils allait mourir d’une minute à l’autre. La réponse de Geronda tomba comme un éclair :
Elias ne mourra pas. Il vivra!
Mais les médecins disent qu’il va mourir au plus tard d’ici deux heures.
Non, non, non et non! Ce que disent les médecins n’est pas important. C’est ce que Dieu dit, qui est important. Votre fils vivra.
Geronda affirma cela avec une telle conviction que je repartis avec des ailes. Le matin du lendemain la pression au niveau du cerveau augmenta brusquement. Notre fils fut emmené en salle d’opération où on lui enleva un morceau d’os de la partie droite de la boîte crânienne. A l’issue de l’intervention, il fut transporté en réanimation. Les traumatismes et blessures étaient tels que quatorze cathéters étaient installés à différents endroits du corps. Après cette intervention, il allait un peu mieux, mais le lendemain matin, les médecins m’appelèrent et m’annoncèrent que la mort de notre fils interviendrait tout prochainement. Ils me montrèrent ses pupilles en disant que la mort interviendrait dans les deux heures tout au plus. Il se trouvait au seuil de la mort clinique. Je demandais aux médecins s’il était encore possible d’entreprendre quelque chose. Et un médecin qui avait travaillé dix-neuf ans à Athènes me dit :
Nous pourrions le réopérer et enlever un morceau d’os du côté gauche du crâne, mais c’est impossible car le garçon ne peut survivre au transfert du deuxième étage de l’hôpital vers la salle d’opération.
Un autre me demanda :
– Que voulez-vous que nous fassions, Père?
– Pourquoi me demandez-vous cela, Docteur? Nous plaçons notre espoir dans le Seigneur et dans la Panagia. Ne tardez pas, emmenez-le à la salle d’opération.
Et le miracle se produisit. Notre fils qui était mort cliniquement commença à se rétablir. Mais une dégradation de son état survint brusquement. Je me rendis chez Geronda Seraphim, entouré de mon épouse et de trois amis, qui restèrent dans la voiture. J’avais l’habitude d’y aller seul car je savais que si quelqu’un m’accompagnait, Geronda Seraphim ne me dévoilerait rien, par humilité. Je l’informais du cours des événements et répétai que les médecins ne donnaient aucune chance au rétablissement de notre fils. Geronda répondit :
N’accordez aucune attention aux paroles des médecins. Fais-tu confiance à ma prière de pécheur? T’ai-je trompé une seule fois en toutes ces années? Donc, sois convaincu de ce que votre fils vivra. Il vivra, obligatoirement! Ne sois pas pusillanime, aies foi en Dieu!».
Et de nouveau, Geronda affirma cela avec force et conviction, et en souriant. Il voulait vraiment me faire comprendre que tout finirait bien. Je communiquai immédiatement ces bonnes nouvelles à mes proches dans la voiture et nous retournâmes à l’hôpital le cœur plus léger. Grâce à nos prières, et tout particulièrement à celles de Geronda Seraphim, notre fils pu quitter rapidement le service de réanimation. Au début, il était comme un légume, mais petit à petit, il recommença à bouger, à parler et réapprit à marcher. Deux fois encore, il dût retourner en réanimation, et il subit neuf interventions chirurgicales, dont six à la tête.
En 2002, il quitta définitivement l’hôpital. Il entra à la Faculté de Théologie de l’Université de Thessalonique et y termina son parcours académique avec succès en 2008, porteur du titre de professeur de théologie. Et maintenant, il entreprend d’approfondir une spécialisation en ce domaine. (A suivre)
Traduit du russe
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