Métropolite Nikolaos: «La Foi, c’est l’affaire du cœur»

Митрополит Месогейский и Лавреотикийский Николай (Хаджиниколау). Фото: А. Поспелов / Православие.RuLa version russe du court texte ci-dessous a été mise en ligne le 07 novembre 2012 sur le site Pravoslavie.ru. Le Métropolite Nikolaos de Mésogée et Lauréotique y rapporte le récit dépouillé de la conversion d’un jeune homme. Le Geronda dont question dans le récit est très vraisemblablement Saint Païssios l’Athonite.

Un jour, voici quelques années déjà, un jeune étudiant vint me trouver. Il me déclara, avec une relative hésitation, mais aussi l’obstination de l’homme en recherche, qu’il ne croyait pas. Il déclara qu’il aimerait beaucoup croire, mais n’y parvenait pas. Depuis des années, il tentait d’arriver à Dieu, mais en vain. Les conversations qu’il avait tenues avec des professeurs et des gens lettrés n’avaient pu étancher sa soif de quelque chose de plus sérieux. Il avait entendu parler de moi et décidé de partager avec moi son problème existentiel. Il me demanda de lui donner des preuves scientifiques de l’existence de Dieu.
Tu te débrouilles avec les intégrales et les équations?
– Non, malheureusement; je suis étudiant à la Faculté des Sciences Humaines
– Dommage, car alors, j’aurais pu te donner la preuve, répondis-je en souriant.

Il se senti désarmé et s’interrompit brièvement. Je lui dis alors :

– Écoute, pardonne-moi de t’avoir quelque peu taquiné. Dieu n’a rien à voir avec les équations et les preuves mathématiques. Si c’était le cas, tous ceux qui ont fait des études croiraient en Lui. On connaît Dieu autrement. Es-tu déjà allé à la Sainte Montagne? As-tu au cours de ta vie déjà rencontré un héros de l’ascèse?
– Non, Père, mais j’ai l’intention d’aller au Mont Athos ; j’en ai souvent entendu parler. Si vous me le conseillez, j’y vais dès demain. Vous connaissez là-bas quelqu’un de cultivé que je puisse rencontrer?
– A toi de choisir : tu préfères rencontrer quelqu’un de cultivé qui t’en mette plein la vue ou un saint qui «t’éveille»?
– Mieux vaut quelqu’un de cultivé, les saints, je les crains un peu.
– La Foi, c’est l’affaire du cœur. Essaie de commencer par un saint. Comment t’appelles-tu?
– Gabriel.

Je l’envoyai alors auprès d’un héros de l’ascèse, lui expliquant comment parvenir jusqu’à celui-ci et lui communiquant quelques instructions. Et nous établîmes un plan d’action.

– Lorsque tu arriveras près de lui, demande-lui exactement ce que tu m’as demandé. Dis-lui : «Je ne crois pas, mais je souhaite croire. Mais pour cela, j’ai besoin de preuves de l’existence de Dieu».
– J’ai peur, je suis timide, me dit-il alors.
– Pourquoi serais-tu timide et craindrais-tu un saint alors que tu n’as pas été timide devant moi et tu n’as pas eu peur de moi ? Agis simplement, va jusqu’à lui et pose tes questions.

Quelques jours plus tard, Gabriel se mit en route. Il trouva l’ascète, qui conversait avec d’autres jeunes, assis sur des rondins dans la cour devant sa kelia. Gabriel se tenait timidement perché sur son billot. Au bout d’une petite dizaine de minutes, le geronda mit un terme à l’entretien avec les jeunes.

– Comment vous sentez-vous les enfants? Vous voulez un loukoum? Vous voulez boire un peu d’eau?
– Merci, Geronda! Répondirent-ils, avec la courtoisie que l’on apprend dans le monde.

Il appela alors Gabriel, l’invitant à s’écarter des autres et à le suivre :
Viens donc ici. Je vais apporter de l’eau, tu prendras la boîte de loukoums. Et viens plus près de moi, je vais te livrer un secret : il est vrai que beaucoup de gens ne croient pas, mais tout de même, ne pas croire et porter le nom d’un ange…!? C’est la première fois de ma vie que je rencontre un cas pareil!
C’est tout juste si notre ami ne fut pas foudroyé par un infarctus. Mais comment ce geronda pouvait-il connaître son prénom? Et qui lui avait parlé de son problème de foi? Et finalement, qu’est-ce que le geronda voulait lui dire? La seule réponse qu’il bredouilla fut :
Père, puis-je parler un peu avec vous?
– Tu vois, le crépuscule est proche, prends les loukoums et bois une tasse d’eau. Tu te mettras ensuite en route pour passer la nuit au monastère voisin.
Mais Père, j’aimerais parler avec vous, n’est-ce pas possible?
– Mais de quoi parlerions-nous, mon brave? Pourquoi es-tu venu ici?

Plus tard, Gabriel raconta : «Au moment où Geronda prononça ces paroles, c’était comme si je sentais soudain que je respirais à pleins poumons ; et mon cœur se remplissait de foi, mon monde intérieur se réchauffait, mes questions se résolvaient sans aucune argumentation rationnelle, sans examen particulier, sans réponse précise. Mes «si», «pourquoi» et «peut-être» disparurent en fumée. Seuls demeuraient «que» faire et «comment» faire, dans le moment présent et par la suite».
La réponse qu’il n’avait pu obtenir de la part des gens cultivés, il l’a reçue d’un saint homme qui avait terminé seulement ses premières classes primaires. Les saints sont très astucieux et efficaces ; ils t’opèrent sans que tu ne te rendes compte de rien ni n’éprouve la moindre douleur. Ils effectuent des transplantations sans pratiquer d’incision. Ils te conduisent à des hauteurs inaccessibles sans prendre appui sur les échelles de la logique de ce monde. Ils sèment la foi en toi sans fatiguer ton mental.
Traduit du russe
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