Le Saint Tsar Nicolas II. Lettres de la Sainte Impératrice Alexandra Feodorovna.

Le Saint Tsar Nicolas II
Les extraits ci-dessous de cinq lettres de la Sainte Impératrice Strastoterptsa Alexandra Feodorovna à son époux le Saint Tsar Nicolas II, sont empruntés directement au livre «Lettres de l'Impératrice Alexandra Feodorovna à l'Empereur Nicolas II» Payot, Paris, 1924, 560 pages. Le nom de celui ou celle qui a réalisé la traduction vers le français n'y est pas mentionné. On ne sait si cette traduction française a été effectuée à partir de la correspondance originale, rédigée par la Sainte Impératrice en Anglais, ou à partir de la version russe. Les extraits sont empruntés aux pages 43-44, 121-122, 430-431, 433, 450-451 de l'ouvrage précité. Cette correspondance n'a malheureusement fait l'objet d'aucune nouvelle édition en français.

Tsarskoïe-Selo, 20 novembre 1914.
Mon cher, mon adoré Nicky,

La Sainte Impératrice Alexandra,Infirmière- Sœur de la Charité

Un moucheron attardé vole autour de ma tête pendant que je t’écris. Donc, je suis allée au Grand Palais assister au pansement de ce pauvre garçon, et il me semble que les bords de la grande blessure sont plus fermes. La Princesse trouve que l’épiderme n’a pas l’air mort. Elle a examiné aussi sa jambe,et a dit qu’il fallait l’amputer tout de suite avant qu’il ne soit trop tard. (…) au grand hôpital, à 5 heures un quart, il y a eu une amputation (au lieu du cours). Ce matin, nous avons assisté (moi, j’aide toujours, je passe les instruments et Olga enfile les aiguilles) à notre première grande opération: on a amputé un bras. Ensuite on a fait des pansements dans notre petit hôpital, et d’autres pansements très sérieux dans le grand. J’ai vu des malheureux qui avaient des blessures épouvantables(…). C’est horrible à voir! J’ai lavé, nettoyé badigeonné d’iode et de vaseline. Je les ai pansés tous. Ça allait très bien et je me sens beaucoup mieux quand je travaille tranquillement, seule, sous la direction du docteur. J’en ai pansés trois dans le même état. (…) Le cœur saigne pour eux. Je ne t’écrirai pas d’autres détails; c’est si triste! Moi, comme épouse et comme mère, je souffre particulièrement pour eux (…) nous voudrions donner tout ce que nous pouvons à ces pauvres hommes, grands ou petits blessés, avec la même affection. Mon nez est plein des odeurs horribles de toutes ces blessures pourries.(…) Je t’embrasse tendrement et reste pour toujours ta vieille petite femme qui t’aime.

Tsarskoïe-Selo, 12 juin 1915.

Mon bien-aimé,
(…) Mais Dieu tout puissant nous aidera, et des jours meilleurs viendront, j’en suis sûre. Quelles épreuves il te faut supporter, mon soleil! Je voudrais tant être près de toi, savoir comment tu te sens moralement, – courageux, comme toujours, cachant tes souffrances comme toujours. Que Dieu t’aide, mon cher martyr, et te donne la force, la foi et le courage! Ton règne a été plein de terribles épreuves, mais la récompense viendra un jour; Dieu est juste. Les oiseaux chantent joyeusement; un vent doux entre par la fenêtre. Quand j’aurai terminé ma lettre, je me lèverai; ces jours de repos ont été salutaires pour mon cœur. Je te bénis sans fin, mon amour et couvre de baisers ton cher visage.

Tsarskoïe-Selo, 4 août 1916.

Mon cher ange,

Oratoire de la Sainte Impératrice Alexandra Feodorovna

(…) Dans mes veilles je vis avec tout ce que tu fais dans la journée, mon cher petit oiseau. Hier encore nous étions ensemble et maintenant il me semble qu’il y a si longtemps. N’as-tu pas oublié de donner l’ordre d’ajourner l’appel de la jeune classe jusqu’au 15 septembre si possible pour qu’ils puissent partout terminer les travaux des champs?
Je te remercie tendrement pour ta chère lettre. Oui, la joie d’être ensemble est immense et je vis maintenant de souvenirs. Pour toi c’est encore plus triste, pauvre cher ange. Mon chéri, pendant ces jours de jeûne, je désire communier, probablement lundi matin, car ce soir il y aura un service et également demain matin, demain soir et dimanche matin; ensuite je commanderai encore deux services; ce sera une grande consolation. Au revoir, mon soleil, ma joie; je te serre tendrement sur mon cœur (…)

Tsarskoïe-Selo, 6 août 1916.

Mon chéri,
(…) J’espère recevoir lundi la sainte Communion. De cœur et d’âme je te prie de me pardonner, mon unique, mon tout, pour chaque mot ou acte par lesquels, involontairement, j’aurais pu t’attrister. Je suis si heureuse de communier. J’ai hâte d’avoir ce réconfort moral. On vit tant et on dépense tant de forces. Confession dimanche soir à 10 heures.(…)

Tsarskoïe-Selo, 11 septembre 1916.

Mon ange adoré,
Il pleut, il fait gris, je te remercie tendrement de ta chère lettre, mon petit oiseau, et de ton télégramme. C’est bien, je prendrai les mesures pour que mon septième train-dépôt soit envoyé au Caucase dès qu’il sera prêt. Le train sanitaire de ta sœur Olga a été fortement bombardé; le wagon des officiers est complètement démoli et la pharmacie est toute détériorée; mais grâce à Dieu, il n’y a pas eu de victimes. Je ne suis pas allée à l’église, parce que j’étais trop fatiguée. Ensuite, Loman m’a priée de dire à notre pauvre prêtre que son fils aîné (le préféré) a été tué et qu’on a été forcé d’abandonner son corps. Je n’avais encore jamais accompli une pareille mission. Il a accepté cette nouvelle en chrétien courageux: de grosses larmes coulaient sur son visage. Je suis allée ensuite à l’hôpital où j’ai fait quatre pansements, puis j’ai tricoté et causé longtemps avec Taube.
Maintenant au revoir, mon tout, mon unique, mon trésor. Je te bénis. Que Dieu soit avec toi! Mille tendres baisers (…)

Métropolite Athanasios de Limassol: La Prière 2/4

Dans le texte mis en ligne le 15 janvier 2014 dans sa version russe sur le site Pravoslavie.ru, le Métropolite Athanasios de Limassol transmet, à travers des exemples tirés de sa vie, de son expérience, un long enseignement au sujet de l’importance de la prière, et surtout de la prière pour autrui. Compte tenu de la longueur de la version russe, la traduction française est proposée en quatre parties dont voici la deuxième.

Il est donc important de s’exercer à prier pour autrui. Consacrons fût-ce deux mots de notre prière à nos frères qui souffrent, même quand nous n’avons entendu mentionner aucun événement pénible, ceux-ci surviennent sans que nous le sachions, et nous ne devons pas l’oublier ou imaginer qu’il n’en survient aucun. Quand nous sommes en prière, le soir, pensons à ceux qui, à cet instant, se trouvent dans les hôpitaux, dans les salles d’opération, aux familles accablées par les problèmes, aux enfants et aux gens qui ont faim, à ceux qui sont affligés par le malheur, l’épreuve, la tentation. Et élevons notre prière remplie de douleur et d’amour. Alors, nous aiderons réellement, tout d’abord nous-mêmes, et ensuite nos frères et sœurs dans l’épreuve. N’allez pas penser que Dieu ne vous entend pas. Dieu entend nos prières, Dieu entend les prières que nous élevons pour nos frères et sœurs. Lire la Suite

Le Saint Tsar Nicolas II et les deux Starets reclus

Le Saint Tsar Nicolas II
Le texte ci-dessous est traduit du recueil intitulé «Miracles des Martyrs Impériaux» («Чудеса Царственных Мучеников»), de l'Archiprêtre A.I. Chargounov, (photo ci-contre) maître de conférences à l'Académie de Théologie de Moscou. Ce recueil, dont l'envoi fut rédigé par Sa Sainteté Alexis II, Patriarche de Moscou et de toute la Russie, fut publié en 1995.Le court récit ci-dessous est rapporté parle Comte Dimitri Sergueevitch Cheremetiev, officier d'ordonnance auprès du Tsar Nicolas II. Les interruptions, notées par (...) dans le texte, existent dans l'original russe du recueil de l'Archiprêtre Chargounov, qui a composé son document à partir des «Mémoires du Comte S.D. Cheremetieff» ("Мемуары графа С.Д.Шереметева")

Cette histoire se déroula à l’époque de la Grande Guerre, en l’année 1915. L’Empereur Souverain, accompagné de l’Impératrice Alexandra Feodorovna et de leurs Augustes enfants, séjournait alors à Sébastopol (…)
Le Souverain aimait, lorsqu’il avait terminé de prendre son petit-déjeuner, effectuer de longues randonnées en automobile dans les environs de Sébastopol (…). Un jour, sans l’avoir annoncé, il se rendit en compagnie de l’Impératrice au Monastère Saint Georges. Auparavant, année après année, il lui était arrivé d’y rendre de fréquentes visites, mais cette fois, personne au monastère n’escomptait sa venue. L’higoumène et les frères furent à la fois ébahis et enchantés de la visite des leurs Altesses (…) Lire la Suite

Métropolite Athanasios de Limassol: La Prière 1/4

Dans le texte mis en ligne le 15 janvier 2014 dans sa version russe sur le site Pravoslavie.ru, le Métropolite Athanasios de Limassol transmet, à travers des exemples tirés de sa vie, de son expérience, un long enseignement au sujet de l’importance de la prière, et surtout de la prière pour autrui. Compte tenu de la longueur de la version russe, la traduction française est proposée en quatre parties.

Personne ne peut imaginer pouvoir vivre sa vie sans devoir traverser des difficultés. Qui que nous soyons, saints ou pécheurs, nous allons au devant d’épreuves. Telle est la nature de notre vie, telle est notre vie. L’affliction en fait partie. Et Dieu n’en est bien entendu pas coupable; Il ne nous envoie pas l’affliction pour nous tenter, comme l’imaginent beaucoup de gens dans leur simplicité. «Dieu nous a envoyé le malheur et les difficultés pour nous tenter!». Comme si Dieu ne savait pas si notre foi est forte ou faible, et qu’Il voulait nous «cuisiner» un peu afin de comprendre qui nous sommes réellement. Dieu ne nous tente pas en ce sens. Et lorsque nous disons, «Je suis en pleine tentation», cela signifie «Je m’améliore». La tentation me rend meilleur; «éprouvé par la tentation» signifie «expérimenté». Lire la Suite

Le Saint Tsar Nicolas II et les boules de foudre

Le Saint Tsar Nicolas II
Le texte ci-dessous est extrait des pages 34 et 35 du livre de Pëtr Multatuli «L'Empereur Nicolas II, l'Homme et le Monarque» («Император Николай II. Человек и монарх», Éditions Veche, Moscou, 2016) premier des deux tomes de l'imposante biographie que cet auteur a consacrée au Saint Tsar Nicolas II. Pëtr Multatuli est historien spécialiste du Saint Tsar Nicolas II et de son époque, et directeur du département d’analyse et d’évaluation de l’Institut des Études Stratégiques de Russie (Российского института стратегических исследований). La similitude des événements rapportés dans le texte ci-dessous devient plus étonnante encore, lorsqu'elle est couplée à la similitude de la fin tragique des Empereurs Alexandre II et Nicolas II, tous deux assassinés par des «révolutionnaires».
Le Saint Tsar Nicolas II et la Grande Duchesse Olga, sa sœur

La Grande Duchesse Olga Alexandrovna1 se souvenait d’un événement étrange qui survint lorsqu’elle était en compagnie de son frère Nicolas: «A cette époque, j’étais âgée de dix ou onze ans. Je me souviens d’une chaude journée d’été, au cours de laquelle mon frère me proposa de l’accompagner à l’église de la Cour au Grand Palais de Peterhof. Lire la Suite

Souvenirs et Réflexions de Geronda Anastasios, Disciple de Saint Païssios 2/2

Deuxième partie du texte rapportant une rencontre organisée à Moscou le 1er juin 2016 avec Geronda Anastasios, disciple de Saint Païssios l’Athonite. Geronda Anastasios (Topozious) est un moine du Saint Monastère de Koutloumousiou, iconographe, peintre, écrivain ; il côtoya Saint Païssios pendant 20 ans. Le texte original russe a été mis en ligne le 7 juin 2016 sur le site Pravmir.ru. La première partie du texte se trouve ici.

Questions de la Salle
L’Orthodoxie grecque compte de lumineux héros de l’ascèse, prédicateurs de l’Orthodoxie. En Russie et dans d’autres pays, on en connaît de nombreux exemples. Ne pensez-vous pas qu’il y a beaucoup de travail pour les moines athonites en dehors de la Sainte Montagne, et qu’il faudrait alterner, pour le salut des gens du monde, les périodes régulières de réclusion sur la Sainte Montagne avec des périodes de prédication parmi le peuple ?
Il n’existe pas d’Orthodoxie grecque. Il existe des Pères grecs, des Pères russes, mais l’Orthodoxie est une. L’Orthodoxie est la connaissance juste de ce que croit notre Église. Saint Païssios disait : «Quand nous faisons ce que nous dit l’Église, jamais nous ne commettons d’erreur. Mais lorsque nous commençons à dire : ‘Je crois que ceci est juste et que cela est faux’, c’est alors que commence l’hérésie». Ils étaient orthodoxes, les pères vénérés de Russie, de Géorgie, de Grèce, de Serbie ; tous obéirent à l’Église. Vous savez tous fort bien ce que vous avez à faire, en fonction des conseils que vous prodigue l’Église, et en fonction de l’exemple de vos pères spirituels. Dès lors, de nombreuses prédications et une catéchèse intense ne sont pas nécessaires, même si elles sont parfois fort utiles pour nous rapprocher et nous procurer la joie et la beauté des rencontres. Approfondissant les notions de beauté physique et de beauté spirituelle, Geronda Païssios disait que la beauté physique tombe et finit au tombeau alors que la beauté spirituelle monte et parvient au ciel et devient ce qui embellit le monde. Et c’est Dostoïevski qui a dit que c’est la beauté qui sauvera le monde. Lire la Suite