Traduction d’un texte mis en ligne le 26 septembre 2019 sur le site du Monastère de la Sainte Rencontre à Moscou. Il s’agit du texte d’un entretien avec son Éminence le Métropolite Athanasios de Limassol, à propos d’un miracle survenu en au Monastère de Zographou sur le Mont Athos.

Ce fut en 1985 que le pieux Cypriote, Stelos Hadjicharalampou apporta au Mont Athos une grande icône de la «Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu», pour une chapelle du Monastère de Zographou. Il avait fait la promesse d’apporter semblable icône lorsqu’un an auparavant il se trouvait «tout à fait par hasard» dans ce monastère. Le chemin était tortueux. Non loin du monastère, vaincu par la fatigue, il tomba endormi. Soudain, il vit qu’un homme se tenait devant lui. Stelos crut qu’il s’agissait de Geronda Pachôme, du Monastère de Zographou. Il lui demanda : «Bénissez Geronda Pachôme. J’ai tenu ma promesse, voici l’icône pour votre chapelle». Voici la réponse qu’il entendit : «Je ne suis pas Pachôme. Tu ne me reconnais donc pas? Je suis Saint Georges. Veux-tu que je t’aide à amener l’icône au monastère?». Il prit l’icône et disparut. Stelos s’éveilla et constata qu’il n’avait plus l’icône. Contrarié et attristé, il atteignit Zographou. Il raconta à l’higoumène qu’il n’avait plus l’icône, et comment elle avait disparu. Ils se rendirent à la chapelle pour laquelle avait été peinte cette icône de la Panagia. La porte de la chapelle était fermée à clef. L’higoumène trouva la clef et ouvrit la porte. Ils entrèrent et, ô miracle, l’icône était arrivée, sans Stelos, exactement à l’endroit du mur où on avait l’intention de la suspendre. Voici ce que le Métropolite Athanasios de Limassol dit de ce miracle, comment il en explique le sens.

Ce déplacement hors du commun constitue sans aucun doute un grand miracle. Mais il fut admis par la communauté athonite avec une certaine retenue. Personne ne se précipita pour voir l’icône. Nous entendîmes simplement qu’un miracle s’était produit par l’entremise de Saint Georges, et cela nous suffisait.
Je ne sais pas comment aujourd’hui les gens accueillent de telles situations, mais à cette époque, sur le Mont Athos, les miracles étaient choses courantes. Quant à nous, nous disions : «Saint Georges a accompli un miracle, et il n’y a rien d’étonnant à cela». On peut dire que des miracles se produisent là-bas chaque jour.
Je ne suis pas digne d’expliquer ce miracle, mais je pense qu’à cette époque, deux groupes communautaires monastiques avaient besoin de pareil miracle. Il fut montré ainsi aux Grecs que Saint Georges prenait soin du Monastère bulgare. En ces années-là, on s’inquiétait beaucoup du sort de Zographou, constatant que seulement quatre ou cinq moines y vivaient et menaient leurs podvigs. Et on se demandait :
Que va-t-il advenir du monastère? Quelle est la volonté de Saint Georges?
Je pense aussi que pour les moines de Zographou, ce miracle fut la preuve évidente de ce que Saint Georges vivait en ce monastère. Et s’ils étaient couverts par sa grâce, il ne permettrait pas que leur communauté disparût.
Avant 1987, je n’étais jamais allé à Zographou. Souvent j’avais entendu les pèlerins qui en revenaient dire que ce monastère se vidait. Et tous, unanimement, se demandaient :
Serait-il donc possible que Saint Georges permette que le monastère devint désert?
Je pense que c’est précisément pour cette raison que ce miracle eût lieu. Ce n’était pas pour aider Stelos à transporter son icône, mais pour montrer que la grâce de Saint Georges vivait à Zographou. Et il est significatif que le miracle ne se produisit pas au profit d’un Bulgare, car alors, les Grecs auraient dit :
Les Bulgares ont inventé cette histoire de miracle.
Le miracle se produisit à travers un tiers, ni grec, ni bulgare, et qui n’avait aucun lien avec ce monastère. Il lui arriva de le visiter un jour, comme n’importe quel pèlerin normal, rien de plus. On peut d ès lors considérer que son témoignage est une preuve sérieuse et authentique du miracle, de même que le témoignage de l’higoumène, qui en fut le témoin.
Stelos pourrait-il avoir inventé pareil miracle ? Dans quel but ? Pour que son nom soit connu ? Pour faire un peu de bruit autour de lui-même ? Mais il parla de ce miracle à quelques-uns seulement. Et ce sont ceux-ci qui l’ébruitèrent et en répandirent l’information. Quand il entendit parler du miracle, notre Geronda Joseph, et les autres, l’expliquèrent de la façon suivante : Saint Georges vit dans ce monastère, il n’a pas abandonné la communauté. Voilà ce que j’entendis. Aucun d’entre nous ne dit alors :
Ah! Cela montre que le Saint voulait une nouvelle icône ou que la Panagia voulait avoir Son icône dans la chapelle.
On dit seulement :
De cette façon, Saint Georges a témoigné de sa présence dans ce monastère.
On avait déjà levé les bras en l’air à propos de Zographou. On pensait que la fin de cette sainte demeure était arrivée. Il s’agissait d’un monastère bulgare, et à cette époque, la Bulgarie vivait de nombreux problèmes, le systèmes communiste, d’énormes difficultés. Nous n’apercevions pas la lumière de l’espoir, nous n’envisagions pas de futur pour lui car plus personne n’arrivait dans cette sainte communauté, désirant devenir moine. Et il y demeurait peu de moines, la plupart d’entre eux étaient âgés, et l’un après l’autre, ils quittaient ce monde terrestre. Ce fut une période très pénible, tant pour le peuple bulgare que pour le monastère bulgare. Ensuite, petit à petit, il commença à se remplir de nouveaux moines. Les choses commencèrent à s’arranger à Zographou, et cela continue de nos jours;aujourd’hui, sa situation est nettement meilleure.
Traduit du russe.
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