La Russie, terre d’Orthodoxie, a alimenté une cohorte de saints innombrables, célèbres et moins célèbres. Mais toutes et tous furent d’exemplaires serviteurs de Dieu. Ils veillent sur la Russie et le peuple russe, mais aussi sur tous les Orthodoxes qui attachés à la vie en l’Église. Sur le présent blog, plusieurs traductions ont été proposées au sujet du saint Métropolite Ioann de Saint-Pétersbourg et Ladoga. Vladyka Ioann vécut la majeure partie de sa vie dans la région de Samara. Il connaissait, aimait et respectait la Bienheureuse clairvoyante et folle-en-Christ Matouchka Maria Ivanovna (1908-2000 ). Dans la région de Samara, la plupart des enfants spirituels de Vladyka Ioann étaient aussi en contact avec la Bienheureuse Maria Ivanovna, qui pendant des années porta sur le dos d’énormes sacs de pierres et de déchets, disant qu’elle portait ainsi les péchés des hommes. Un livre a été écrit à son sujet : «La Bienheureuse  moniale du grand schème Maria» La traduction ci-dessous est celle d’un texte paru sur le site russe «L’abécédaire spirituel».

La Bienheureuse et Folle-en-Christ Maria disposa d’un passeport deux ans seulement avant sa mort. Voici la photo du passeport.

Le 15/28 mars 1908, chez Ivan et Natalia Matoukassov, à Kouïbychev (Samara), naquit une fille. La jeunette fut nommée Maria. Peu de temps après, la famille déménagea à Aktioubinsk, où Ivan trouva un emploi de mécanicien. Natalia élevait leur fille et effectuait les tâches ménagères. Maria fréquentait l’école russo-kirgyze. En 1917, Ivan perdit son travail, et Natalia fut obligée de retourner à Kouïbychev avec Maria. La fillette fréquenta l’école pendant cinq années seulement. On lit dans l’autobiographie de la Staritsa Maria : «…Je demeurai seule avec maman. Mon papa ne revint pas. A l’école, j’ai étudié dans cinq classes, et à douze ans, je suis partie travailler,… sur les métiers à tricoter. Ensuite, j’ai suivi des cours de comptabilité et j’ai travaillé comme comptable. J’ai aussi travaillé cinq ans dans une école;j’apprenais aux petites filles à coudre et à broder (et à prier, aussi). J’ai toujours cru en Dieu, et je distribuais des icônes aux enfants, je leur lisais des prières. A 23 ans, je sentis que Dieu m’appelait vers Sa prière, et je commençai à prier avec force, et à comprendre se qui se dévoilait à moi».On sait qu’entre février 1944 et mars 1945, Matouchka Maria fut incarcérée. Pendant les années qui suivirent la guerre, Maria prit sur elle le podvig de folle-en-Christ. A partir du début des années soixante, la Staritsa vécut autour de l’église de l’Ascension à Kinel-Tcherkassy, un bourg-centre de district de l’Oblast de Samara.
Valentina Kadyrova, de Bougourousslane se souvient : «J’ai entendu parler de Maria Ivanovna pour la première fois en 1988 par le starets Grégoire, un homme très spirituel… Ce starets connaissait Matouchka depuis plusieurs dizaines d’années et toujours, il fut fasciné par son humilité, sa clairvoyance, sa sagesse, sa vie, dons du Christ… Son âme était sensible à la peine d’autrui. De plus, Maria Ivanovna était dotée d’une nature artistiquement talentueuse. Elle peignit une icône superbe de Saint Seraphim de Sarov. Mais les prédispositions artistiques de son âme ne constituèrent pas un obstacle sur la voie du podvig auquel elle se livra toute entière, la folie-en-Christ. Mais ce podvig si ardu ne fut pas une clôture infranchissable pour les gens, que du contraire ; c’est comme si elle se déployait au milieu du peuple, qui avait tellement besoin d’aide spirituelle… Je ne me considérais pas digne de rencontrer une telle héroïne de l’ascèse, alors que je le souhaitais intensément. Le Starets Grégoire me dit ceci : «Il faut solliciter cette rencontre avec Matouchka Maria, et par les prières de celle-ci, le Seigneur Lui-même accordera tout». Valentina obéit au conseil du Starets et sollicita intérieurement une rencontre avec la bienheureuse. Et très rapidement, il lui fut donné de la rencontrer, et les prières de celle-ci transformèrent de fond en comble la vie de Valentina. Parmi les souvenirs de Valentina K., on lit également ces lignes : «… Une rencontre avec elle signifiait le contact palpitant avec une fidèles servante du Dieu Vivant, qui telle la lumière vive du Seigneur Lui-même, illumine tous les coins et recoins de l’âme pécheresse des gens… Voilà ce qu’elle était, une humble petite pauvresse au milieu du peuple. Mais son visage, à l’ovale superbe, était noble, beau, très russe, doté de grands yeux gris, et d’un superbe petit nez modèle. L’ensemble formait une miniature inspirante, aérée, lumineuse, céleste… Le passé, le présent et l’avenir se déployaient devant elle comme un seul ensemble. Le Seigneur Lui-même lui révélait tout… Quelle paix, quelle grâce portait Maria Ivanovna ! Combien de guérisons bénies par Dieu furent accordées à la suite de ses saintes prières. Mon amie Z. fit l’expérience de la grâce de l’intercession de Maria Ivanovna devant Dieu. Après avoir subi une lourde opération chirurgicale, elle peina à retrouver ses forces. Et cinq ans plus tard, soudain, le problème de santé se répéta… Un jour, après une des nombreuses consultations médicales, je l’accompagnai auprès de Maria Ivanovna. Nous la surprîmes occupée à lire l’acathiste à Sainte Ksénia … Tout en récitant l’acathiste, Maria Ivanovna transportait dans le sanctuaire tous les produits apportés par les fidèles… Je me mis à genoux dans l’église. Maria Ivanovna sortit du sanctuaire et me bénit… Je me levai rapidement, et en compagnie de Z., nous nous rendîmes chez Matouchka…
Maria Ivanovna, demain, je dois subir une opération chirurgicale. Priez pour moi ! Demanda timidement Z.
– Tu as des mains. Alors, prie…
Sur le chemin du retour, nous fîmes un détour par Pokhvistnevo, où nous avons vénéré l’icône miraculeuse de la Très Sainte Mère de Dieu de Tabynckoe. Z. pria Celle Qui intercède pour nous et Qui nous aide. Et tout se passa conformément aux paroles de la Staritsa. L’opération fut annulée. Les médecins furent surpris de constater que les résultats des analyses étaient très bons… ».
Selon les témoignages des enfants spirituelles de la Staritsa, il était donné à celle-ci de lire les pensées des gens qui venaient à elle. Elle nommait par leur prénom, leur patronyme et leur nom de famille ceux qui venaient la voir pour la première fois. La Staritsa clairvoyante prédisait l’avenir, avec précaution, elle démasquait, consolait et prenait sur elle les douleurs d’autrui. Le nombre de ceux et celles qui la vénéraient croissait d’année en année.
En 1996, la bienheureuse Staritsa Maria déménagea à Samara. Le Père Serguei Gousselnikov, de la paroisse des Saints Cyrille et Méthode, à Samara, se souvient : «La bienheureuse Maria Ivanovna communiait très souvent aux Saints Dons, quasiment chaque jour; elle vivait et respirait à travers Eux. Dès qu’elle en avait la moindre occasion, elle venait à l’église… Souvent elle demandait à recevoir la Sainte Communion chez elle, car elle se sentait très mal après avoir dû accueillir des dizaines d’hommes et femmes, parmi lesquels des athées et des gens spirituellement malades. Ils submergeaient littéralement Matouchka. Lorsque j’entrai dans la pièce, la Staritsa était allongée, comme inconsciente. Son auxiliaire de cellule lui demanda :
Matouchka, Batiouchka est arrivé. Veux-tu communier?
– Oui, oui, bien sûr! Dit-elle, revenue à elle-même.
Elle s’assit sur le lit au-dessus duquel pendait une icône de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan. Après avoir communié, la Staritsa reprit vie. Matouchka Evguenia lui demandait toujours :
– Tu as bien communié ?
Et elle répondait :
– Oui, c’était très beau, très beau! Ou encore : Comme il convient.
Matouchka Maria Ivanovna était très humble, patiente, indulgente envers ceux qui l’entouraient ; elle avait l’air d’une bonne et simple babouchka. Elle faisait preuve de beaucoup de respect envers les prêtres»…
Le 23/5 janvier 1998, ayant reçu la bénédiction de Sa Sainteté le Patriarche Alexis II de Moscou et de toute la Russie, Maria Ivanovna Matoukassova reçut la tonsure et le grand schème, ainsi que le nom de Maria en l’honneur de Sainte Marie Madeleine, l’égale-aux-apôtres, dans l’église Saint Hilarion le Grand du Monastère de l’Entrée au Temple de la Très Sainte Mère de Dieu au Monastère d’Optino, des mains de l’Higoumène du grand schème Élie, confesseur de cette communauté monastique.
Dans les souvenirs de l’Higoumène Théodora, supérieure du Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan [Au tournant des 19e et 20e siècles, il fut le plus grand monastère pour femmes de l’Éparchie de Tver, comptant plus de 600 moniales. N.d.T.], nous lisons : «J’ai fait connaissance avec la Bienheureuse Staritsa Maria à Moscou, un an avant sa mort. Elle chantait les paroles de la pannychide, et je pensais que l’une ou l’autre sœur venait sans doute de mourir. Mais il s’avéra que la Staritsa me prévenait de la sorte de sa mort future dans notre monastère… Elle entra chez nous le 3 janvier 2000, avec la moniale Evguenia, son auxiliaire de cellule. Jusqu’alors, la Staritsa avait mené son podvig au Désert d’Optino. Et avant d’arriver chez nous, elle avait déjà séjourné à Divieevo. Lorsqu’elle est arrivée dans notre communauté, je lui ai demandé si elle allait demeurer avec nous. Elle répondit : «Je resterai avec vous… ici, c’est comme ma famille… Je suis venue auprès de Lioubouchka1»… Nous entourions Matouchka Maria de beaucoup de soin et d’amour. Je me rappelle un jour que nous lui enfilions ses vêtements, par trois fois, elle dit joyeusement : «Je suis l’épouse du Christ!». C’était une joie de regarder la Staritsa… Elle priait beaucoup, et quand nous l’emmenions sur son fauteuil roulant à l’église Saint Ephrem le Syrien, elle avait l’habitude de chanter les stichères de Pâques. Matouchka vécut chez nous douze jours, et pour elle comme pour nous, ces jours se déroulèrent, jusqu’à ce qu’elle devienne très malade, dans la joie et la consolation… Avant d’être assaillie par la maladie, elle demanda à ce qu’on la conduise à la chapelle où fut inhumée la Bienheureuse Lioubouchka. A la chapelle, elle pria en silence une demi-heure. Ensuite, elle demanda qu’on la ramenât dans sa cellule… Matouchka connaissait l’heure de sa fin, et prit congé par avance avec ses proches et les sœurs de la communauté… Le lendemain matin, la maladie la frappa ; un accident vasculaire cérébral affectant son côté droit. Un premier AVC l’avait déjà frappée à Optino… Avant sa mort, j’ai pu soutenir sa tête et entendre les derniers souffles de sa fin de juste. J’ai croisé ses mains sur sa poitrine… L’Higoumène Antoine (Gavrilov) d’Optino Poustin’ était avec nous. C’est lui qui célébra la première pannychide pour la Moniale du grand schème Maria, qui venait de décéder».

Avec la moniale Evguenia

C’est le 1/14 mars que la Moniale du grand schème Maria décéda au Monastère de la Très Sainte Mère de Dieu de Kazan, à Vychnevolotsk, sis dans le village de Seglino, dans l’Éparchie de Tver. C’est donc en janvier 2000 qu’une nouvelle sépulture fut ajoutée dans la chapelle des Sainte Foi, Espérance et Amour, et Sophie, leur mère, juste à côté de celle de la Staritsa Lioubouchka.
La Bienheureuse Staritsa continua à aider ses enfants spirituels, jusqu’à ce jour, écoutant tous ceux qui demandent avec foi l’intercession de sa prière devant le Seigneur. Voici quelques témoignages de l’aide miraculeuse de la Staritsa Maria.
Galina Kiseleva, de Samara, se souvient : «Je devins membre du chœur de l’église des Saints Pierre et Paul, grâce à la bénédiction de la Staritsa moniale du grand schème Maria. J’avais le bonheur de voir Matouchka quasiment chaque jour, quand elle vivait près de l’église. Elle m’aida énormément dans ma vie, et depuis sa mort, elle continue à me dispenser son aide. Mes péchés m’ont valu «tout un bouquet» de maladies: mes jambes et mes articulations me font souffrir. L’ostéochondrite s’y est ajoutée, et une déviation de la colonne vertébrale. Chaque jour je languissait dans la douleur. En septembre de l’an dernier, avant la fête de la mémoire de la Bienheureuse Staritsa, la Moniale du grand schème Maria, l’ostéochondrite aiguë s’installa dans les vertèbres cervicales et la douleur ne cessait plus une seconde. Toutefois, je suis allée à la fête. Une distribution de cadeaux était organisée au foyer de la Maison des Officiers du District. Il s’y trouvait un peu de terre de la tombe de Matouchka Maria, et de l’huile de la lampe de son tombeau. Dans la salle, pendant la projection du film, je priai et demandai à Matouchka de me libérer, un tant soit peu, de mes douleurs. Avec de l’huile de Matouchka, je traçai le signe de croix sur mes vertèbres cervicales, et immédiatement, la douleur s’atténua progressivement. Quand je rentrai à la maison, elle avait disparu, définitivement. Un peu plus tard, j’oignis mes vertèbres lombaires et dorsales, et toutes guérirent ! Depuis un an et demi déjà, je ne souffre plus du tout des vertèbres. Le Seigneur m’a guérie par les prières de notre Matouchka du grand schème,Maria. Bienheureuse Staritsa du grand schème Maria, prie Dieu pour nous, pécheurs!»
L’archiprêtre Alexandre Téléguine raconte : «J’étais sérieusement malade depuis trois ans. On m’avait transporté à l’hôpital sur une civière. Les choses étaient arrivées au point où je demandai à ma matouchka de se «préparer». Mais elle m’apporta à l’hôpital une photographie de Maria Ivanovna. J’embrassai la photo et la posai sur mon cœur. Le lendemain, je pus sortir de l’hôpital».
La servante de Dieu Marguerite raconte : «J’ai grandi à Bougourousslane, dans l’oblast d’Orenbourg. J’entendis qu’à Kinel-Tcherkassy vivait la Staritsa du grand schème Maria. Tant de légende circulaient à son propos au sein du peuple. Et moi qui vivait tout à côté d’elle, je l’ignorais ! C’est si triste maintenant… On a écrit, dans le journal orthodoxe de Samara, beaucoup de choses à son sujet. Par la grâce de Dieu, je pris connaissance de sa force de guérison miraculeuse, et je crois que c’est elle qui un jour m’aida. J’avais souvent des crises, avec de très fortes douleurs… Je sentais l’approche de la crise suivante… Ainsi, un jour, je m’y préparai, je m’allongeai de la manière qui m’avait été recommandée, me demandant si cette fois cela allait passer ou pas. D’habitude, cela dure d’habitude 2h, 2h30. Couchée, je priais du mieux que je pouvais, je sombrai quelque peu dans la somnolence et soudain quelqu’un apparu! C’était comme si une petite vieille était passée à la nage. Le long du divan. Elle regardait tout le temps dans ma direction. La douleur disparut instantanément. Je me souviens de ce que ma respiration se fit plus légère et je m’endormis. Après, je compris que cela avait duré quinze minutes. Je place toujours un horloge devant moi dans ces circonstances, je ne sais trop pourquoi… Je crois que c’est la Staritsa du grand schème, Maria, qui m’a aidée. Depuis lors, les crises ont disparu. Il est vrai que seulement deux ou trois mois se sont écoulés, mais c’est déjà bien. Dieu est miséricordieux, je Le prie de me donner la force nécessaire pour le Carême… La situation est dure et amère pour la Russie. Souvent je pense que je dois devenir un contrepoids vis-à-vis des forces du mal et contrecarrer l’avidité. Seigneur, sauve et protège notre peuple!»
                                               Bienheureuse Staritsa Maria, prie Dieu pour nous!
Traduit du russe
Source

  1. Lioubouchka (Lioubov Nazareva, 1912–1997 ) fut une autre bienheureuse folle-en-Christ, qui vécut à la même époque que la Bienheureuse Maria Ivanovna, mais dans le Nord du pays, à proximité de Saint-Pétersbourg.