Saint Jean de Kronstadt à propos du Métropolite Isidore et de Saint Théophane le Reclus.

Les deux textes ci-dessous sont extraits du Tome 26, édité en 2019 à Moscou, du ‘Journal du Saint et Juste Jean de Kronstadt’ (Святой праведный Иоанн Кронштадтский. Дневник) . Le premier est la traduction des pages 59-60 de ce livre. Le Saint Batiouchka de toute la Russie dévoile devant le Seigneur son attitude envers son supérieur hiérarchique, le Métropolite Isidore. Le second extrait, traduction des pages 124-125 de ce volume, concerne un songe que fit Saint Jean de Kronstadt et qui renverse l’attitude intérieure qu’il avait adoptée envers le Saint Évêque Théophane, le Reclus de Vychensk.

1er octobre 1891
Le Saint Synode représente le pouvoir spirituel le plus élevé en Russie; il est le représentant de l’Église de Russie, la source de la sainteté orthodoxe russe, l’instance de jugement la plus élevée, le gardien des canons apostoliques, patrologiques et conciliaires, le représentant du sacerdoce orthodoxe russe et l’éducateur de nombreux millions d’ouailles de l’État russe, le dirigeant suprême de tous les hiérarques de l’Église russe, et du concile sacré de Russie. Quelles obligations élevées, vastes, très compliquées et diverses !
Nous avons en nous un ver qui nous ronge, celui de l’amour de soi, et nous ne supportons pas la moindre humiliation, la moindre remontrance, ni l’inattention ou l’offense de la part d’autrui, non seulement de ceux qui nous sont inférieurs ou égaux, mais aussi de nos supérieurs, de nos dirigeants. Ce ver est particulièrement sensible, rancunier, malveillant, et méchant envers autrui. Nous devons tuer, crucifier ce ver, qui est notre vieil homme. Comment pouvons-nous le tuer ? Nous devons faire tout le contraire de ce qu’il veut, et à l’inverse, supporter joyeusement tout ce qui le contrarie : l’humiliation, l’offense, l’inattention et la négligence, à notre égard, de la part de ceux qui nous sont inférieurs, égaux ou supérieurs. Il faut manifester de la bienveillance envers tous ceux qui s’adressent à nous avec sévérité ou mépris, ne pas les offenser, les accuser, prier pour eux sincèrement et régulièrement.
Le Métropolite Isidore est un starets de 93 ans. Pendant trente cinq ans, j’ai souffert d’indisposition à son égard, à cause de son austérité, de sa dureté, de sa fierté, de sa sévérité, de sa maussaderie, de son incommunication et de son formalisme mortel envers moi et envers les prêtres. J’éprouvai de l’aversion et parlai de lui âprement, impétueusement, à de tierces personnes, bien que depuis huit ou dix ans il ait changé, dit-on, en s’améliorant, envers moi et envers autrui. Jusqu’ici, je n’étais pas du tout disposé à le voir ou à lui parler, craignant son austérité, sa fierté et sa mortelle froideur.
Mais il m’a fait beaucoup de bien, fut-ce à la demande ou par l’intermédiaire d’autrui. Il m’a remis les décorations prévues, laissé sans suite l’affaire qui m’opposait à Mouratov, m’a accordé sans délai les congés me permettant de me rendre à Moscou et en ma terre natale. Il ne m’a pas pourchassé, ni poursuivi, il m’a protégé quand cela fut nécessaire, il a fait preuve de bienveillance envers mes bonnes actions et de ma renommée auprès des gens bons. Je remercie le Seigneur, Je remercie l’archipasteur.

pp. 14 janvier 1894
Au cours du voyage en train express de Moscou à Piter, j’ai fait un songe étonnant à propos du Saint Évêque Théophane, décédé voici peu en réclusion, occupé par la rédaction d’œuvres spirituelles. Récemment, il s’était impitoyablement et jalousement moqué, dans un de ses écrits, de certaines expressions utilisées dans ma brochure sur la Sainte Trinité, ce qu’aucun écrivain spirituel convenablement éduqué n’aurait jamais pensé faire. A cause de cela, je conservais une réelle froideur envers sa mémoire et me réjouissait secrètement de sa mort, considérant celle-ci comme celle d’un homme plutôt dédaigneux, hostile et envieux à mon égard.
Dans mon songe, j’étais occupé à lire la liste de ses œuvres, et elle était la preuve, sous mes yeux, de ce qu’il avait dit, c’est-à-dire qu’il vécut en permanence avec Dieu, et alimenta avec Dieu de très nombreux enfants spirituels répandus partout, qui le vénéraient et l’aimaient, et que personne ne devait dédaigner son rang épiscopal, conféré par Dieu. Je ne me souviens pas de ce qu’il y avait d’autre sur cette liste justifiant Théophane. Je m’éveillai soudain et pris note de cette vision. J’appris à son propos que le Métropolite le considérait comme saint. Que le Seigneur lui pardonne ses chicaneries. Il me fut intéressant d’apprendre des détails de la fin de la vie de ce saint évêque, de la bouche de l’Archimandrite Arkadia [Supérieur du ‘désert’ de Vychensk, où Saint Théophane passa les dernières années de sa vie. Note de l’éditeur]. Un bruit courrait selon lequel Son Éminence Théophane aurait refusé de m’accueillir car il me trouvait indigne de cela. Je ne pense pas que ce soit vrai. Mais bon, j’ai réellement été indigne de le voir. Seigneur! Dans Ton Royaume, donne la paix à l’âme de Ton serviteur, le Saint Évêque Théophane, car il œuvra beaucoup, par ses écrits, en faveur de Ton Église.
Traduit du russe.

Le Saint Hiéromartyr Hilarion (Troïtski) et l’affaire P-34970

Le texte ci-dessous a été publié le 10 mai 2018 sur le site Pravoslavie.ru. Il est dû au Père Viktor Lenok, et présente un épisode jusqu’ici inconnu de la vie du Saint Hiéromartyr, l’Archevêque Hilarion (Troïtski). Cet épisode illustre le poids douloureux de la vie quotidienne de tous ceux qui, en Russie à partir de 1917, luttèrent pour la survie de l’Orthodoxie au fil de circonstances épouvantables, et il dépeint aussi un saint portant cette pesante croix.
Lorsqu’au printemps 1917 s’abattit sur la Russie une vague sans précédent de critiques de ses structures sociales et religieuses, les homélies des clercs étaient très souvent interprétées à travers un prisme exagérément politisé. Il en advint ainsi d’un prêche du Saint Hiéromartyr Hilarion (Troïtski), qui était à l’époque archimandrite et professeur à l’Académie de Théologie de Moscou.

Saint Hilarion Troïtski

Au début de l’année 1919, l’Archimandrite Hilarion prêchait assez régulièrement dans les paroisses et les monastères moscovites. Dans l’une des églises du Monastère de l’Ascension, celle de l’atelier du monastère, dans son homélie, qui ne contenait aucun appel de type politique, l’Archimandrite Hilarion évoqua les anciens partis des sadducéens et des pharisiens, et rappela que «pour être bienheureux, l’homme devait vivre selon les lois divines et combattre le péché». Le rappel de ce contexte biblique, et l’appel à vivre selon les lois établies par Dieu incitèrent des ouvriers acquis à l’esprit révolutionnaire à écrire… une lettre dénonçant l’Archimandrite Hilarion. La dénonciation des ouvriers de cette usine entraîna une procédure pénale. Le 10 mars 1919, l’Archimandrite Hilarion (Troïtski) fut arrêté. Lire la Suite

Dans le Nord avec le Père Jean de Kronstadt. (2/2)

Le livre «Dans le Nord avec le Père Jean de Kronstadt, fut rédigé en 1903 par Sergueï Jivotoski, journaliste et illustrateur originaire de Kiev. Il vécut à Saint-Pétersbourg jusqu’en 1919. Il émigra alors , via la Finlande, aux États-Unis. Son livre offre un éclairage intéressant sur une activité concrète et récurrente de Saint Jean de Kronstadt. Originaire du village de Soura, dans le Gouvernorat d’Arkhangelsk, pendant de très nombreuses années, il retourna chaque été dans son pays natal, répandant ses prières et la bénédiction de Dieu sur tous les gens et les lieux qu’il rencontrait au cours de ce long pèlerinage. C’est au cours de ce voyage de 1903 que Saint Jean de Kronstadt posa la première pierre de l’église de la Sainte Trinité au Monastère de Leouchino, dont il fut le père spirituel. Le texte ci-dessous propose, en deux parties, l’introduction de l’auteur et les deux premiers chapitres du livre.Voici la seconde partie, la première se trouve ici.

Sviritsa est un hameau agglutiné pour l’essentiel autour du comptoir de navigation. Là, nous embarquâmes dans un navire de haute mer de type «Baïan», et remorquant le «Chestoviets» déserté, nous entrâmes dans l’embouchure de la rivière Svir. Le paysage changea immédiatement. Les ennuyeuses berges basses du canal étaient remplacées par les rives libres et vivantes de la superbe et rapide Svir. Nous nous trouvions déjà sur le territoire du Gouvernorat d’Olonets. Au plus nous remontions la rivière, au plus ses rives se faisaient escarpées. Lire la Suite

Métropolite Athanasios: miracle au Monastère de Zographou.

Traduction d’un texte mis en ligne le 26 septembre 2019 sur le site du Monastère de la Sainte Rencontre à Moscou. Il s’agit du texte d’un entretien avec son Éminence le Métropolite Athanasios de Limassol, à propos d’un miracle survenu en au Monastère de Zographou sur le Mont Athos.

Ce fut en 1985 que le pieux Cypriote, Stelos Hadjicharalampou apporta au Mont Athos une grande icône de la «Dormition de la Très Sainte Mère de Dieu», pour une chapelle du Monastère de Zographou. Il avait fait la promesse d’apporter semblable icône lorsqu’un an auparavant il se trouvait «tout à fait par hasard» dans ce monastère. Le chemin était tortueux. Non loin du monastère, vaincu par la fatigue, il tomba endormi. Soudain, il vit qu’un homme se tenait devant lui. Stelos crut qu’il s’agissait de Geronda Pachôme, du Monastère de Zographou. Lire la Suite

Dans le Nord avec le Père Jean de Kronstadt. (1/2)

Le livre «Dans le Nord avec le Père Jean de Kronstadt, fut rédigé en 1903 par Sergueï Jivotoski, journaliste et illustrateur originaire de Kiev. Il vécut à Saint-Pétersbourg jusqu’en 1919. Il émigra alors , via la Finlande, aux États-Unis. Son livre offre un éclairage intéressant sur une activité concrète et récurrente de Saint Jean de Kronstadt. Originaire du village de Soura, dans le Gouvernorat d’Arkhangelsk, pendant de très nombreuses années, il retourna chaque été dans son pays natal, répandant ses prières et la bénédiction de Dieu sur tous les gens et les lieux qu’il rencontrait au cours de ce long pèlerinage. C’est au cours de ce voyage de 1903 que Saint Jean de Kronstadt posa la première pierre de l’église de la Sainte Trinité au Monastère de Leouchino, dont il fut le père spirituel. Le texte ci-dessous propose, en deux parties, l’introduction de l’auteur et les deux premiers chapitres du livre.

Introduction de l’auteur.
L’auteur de ces lignes a eu l’occasion de passer, l’été dernier (1903), trente-quatre jours en l’inséparable compagnie du Père Jean. Pendant trente-quatre jours, j’ai eu devant mes yeux l’homme dont le nom est cher non seulement aux Orthodoxes russes, mais à tous les étrangers et gens d’autres confessions auxquels il est arrivé de rencontrer le Batiouchka de Kronstadt, ou de lui adresse une quelconque demande. Ces trente-quatre jours passèrent à la vitesse d’un songe merveilleux, imprimant sans conteste leur marque indélébile dans mon cœur, pour le reste de ma vie. En ce siècle matérialiste, dans lequel l’égoïsme personnel pousse l’individu à la méfiance extrême, et à s’occuper surtout de ses avantages personnels et de sa prospérité, alors que les enfants entendent souvent de la bouche de leurs parents des instructions telles que «la vérité t’empêchera de survivre», des phénomènes tels que la personne du Père Jean représentent en soi une oasis dans un désert aride dans lequel le voyageur fatigué peut se rafraîchir à l’eau fraîche et vive, et reconstituer des force pour la suite de l’éprouvant voyage. Lire la Suite

Geronda Porphyrios. «Ta maman est en bonne santé!»

Le texte ci-dessous a été publié dans sa version russe sur le site du Monastère de la Sainte Rencontre à Moscou, le 29 août 2019. Dans son livre «Voyages en ville», la moniale Porphyria, dans le monde, chauffeur de taxi, raconte les surprenantes histoires de ses rencontres. L’une d’entre elles concerne une apparition de Saint Porphyrios et la guérison miraculeuse d’une jeune femme. Ce récit confirme que la vie se prolonge après la mort, et nous ne devrions jamais perdre espoir, car notre Seigneur est le Tout-Puissant.

Il était deux heures du matin. Je me trouvais Place des Saints Anargyres, à Athènes, au milieu d’un océan de lumière artificielle. Un homme avança vers moi.
Vous pouvez me conduire à Menidi?
– Non. Répondis-je.
Je ne pouvais le faire car à trois heures, je devais aller au Pirée. L’homme se tenait e l’autre côté de la rue et attendait qu’apparaisse un autre taxi. Quelque chose me disait que je devais l’aider. J’agitai la main pour qu’il vienne. Lorsqu’il s’assit dans la voiture, l’homme cria :
– Ce n’est pas possible!
Il prit la photo de Saint Porphyrios qui était dans ma voiture et l’embrassa. A ce moment, l’éclairage changea, la voiture avançait en direction de Menidi. Je voulus reprendre la photo, mais voyant avec quel amour il la regardait, je me ravisai. Lire la Suite