Saint Aristocle naquit dans l’Oural en 1846, et fut baptisé sous le nom d’Alexis. Il rejoignit le Mont Athos, y mena son podvig, et puis il rentra en Russie et y entama un second podvig. Ce long texte, dont la traduction est publiée en plusieurs parties, est composé à partir de plusieurs textes originaux russes. La majeure partie du texte est extraite du livre «Paterikon Russe Athonite des XIXe et XXe siècles» (Русский Афонский Отечник XIX — XX веков) édité à la Sainte Montagne en 2012 par le Monastère Saint Panteleimon. Il sera question de la vie du Starets, de ses prophéties, des miracles qu’il accomplit. L’intérêt du texte provenant du site du monastère est double, car outre ce qu’il dit du saint moine, certains passages dévoilent une partie du travail minutieux préalable à l’établissement de la vie d’un saint de notre Église. La première partie du texte se trouve ici.

Le 20 décembre 1895, le Père Aristocle fut choisi par la grande assemblée du Monastère Saint-Panteleimon comme l’un des économes de la communauté. Le 15 avril de l’année suivante, il fit partie de la délégation envoyée à Moscou pour saluer le Tsar Nicolas II à l’occasion de son couronnement ainsi que pour procéder à la vérification des comptes de la Chapelle Saint-Panteleimon. Il revint ensuite sur l’Athos. Au début des années 1900, il fut désigné pour faire partie des confesseurs de la fraternité ainsi que pour remplir l’obédience de la réception des visiteurs les plus éminents. En février 1896, en mai 1905 et en mai 1909, il fut proposé par les higoumènes successifs, André, Niphonte et Missaïl, à l’Assemblée des Anciens comme candidat au rang de supérieur du monastère, mais à trois reprise, le tirage au sort en désigna chaque fois un autre. Par la volonté de la Très Sainte Mère de Dieu, un autre destin lui était réservé.

Le Podvorié Athonite à Moscou, de nos jours. (Photo tirée du site du Monastère Saint-Panteleimon)

Pendant quinze ans, les enfants spirituels du Starets envoyèrent des lettres au Synode et à la Sainte Montagne, implorant de leur rendre leur pasteur bien-aimé. Et finalement, l’Assemblée des Anciens de Saint-Panteleimon désigna de nouveau le Père Aristocle en qualité de Supérieur du Podvorié athonite du Monastère Saint-Panteleimon à Moscou. Âgé de 70 ans, le Starets dût donc retourner en Russie, et le 29 novembre 1909, il était de retour à Moscou. Dès ce jour, des milliers d’hommes et de femmes recommencèrent à affluer au Podvorié. Dès cette époque, il commença à souffrir de nombreuses maladies et sa santé requérait la présence d’un auxiliaire dévoué à ses côtés. Au cours de ses dernières années au Monastère, le Starets s’était rapproché du novice Hypace Starov. A la demande du Starets Aristocle, le novice Hypace avait reçu la tonsure monastique et le nom d’Isaïe. Il fut également ordonné et reçu la bénédiction d’accompagner le Père Aristocle à Moscou afin de l’aider. Le Père Isaïe, qui deviendra le célèbre Starets Isaïe, devint non seulement l’auxiliaire de cellule du Starets, mais aussi son secrétaire et son irremplaçable assistant dans toutes les affaires du podvorié.
Entre 1909 et 1918, les efforts déployés par le Père Aristocle au Podvorié du Monastère Saint-Panteleimon firent de celui-ci un bâtiment à trois niveaux au-dessus du demi-sous-sol. Il avait en effet fait entreprendre la construction d’un nouvel immeuble sur la parcelle adjacente au manoir de l’avenue de la Clairière, parcelle acquise et offerte au Monastère Saint-Panteleimon par le négociant de Toula I.I.Souchkine, frère de l’Archimandrite du grand schème Macaire. L’immeuble situé Première allée Pierre et Paul, n°3, comprenait, au demi-sous-sol, le réfectoire et les cellules des frères, au rez-de-chaussée, une librairie et la maison d’accueil Saint-Nicolas, au premier étage, des cellules, au deuxième étage, des cellules et l’église ‘domestique’ dédiée à l’icône de la Très Sainte Mère de Dieu «Qui écoute rapidement». Un second immeuble de trois niveaux fut également érigé, pour accueillir la réserve de livres édités par le Monastère, ainsi que d’autres bâtiments à vocation utilitaire.

Partie du Podvorié dans les années 1930′

Comme mentionné plus haut, au deuxième étage de l’immeuble principal, dans une pièce d’angle, Batiouchka avait aménagé une église ‘domestique’, dédiée à l’une des icônes les plus vénérées et aimées de la Très Sainte Mère de Dieu : Celle qui « écoute rapidement ». L’église fut consacrée seulement après la mort du Starets; le 30 septembre 1918 le rite de consécration fut célébré par le Saint Patriarche et Confesseur de la Foi Tikhon (Belavine), qui vénérait particulièrement le Starets.
Assumant l’obédience de supérieur du Podvorié Athonite à Moscou, le Père Aristocle entretint une correspondance permanente avec les anciens de la Communauté Saint-Panteleimon sur l’Athos. Ces lettres sont conservées aujourd’hui encore dans les archives du monastère. Il est stupéfiant de constater le soin et le scrupule employés dans ses rapports sur les événements se déroulant au podvorié. Il avait même inventé une grille divisée en sept parties, correspondant aux jours de la semaine. Il y inscrivait tous les événements survenus chacun de ces jours, et à la fin de la semaine, il envoyait le formulaire à l’Athos. Ainsi, ses rapports finirent par constituer un volume de deux mille pages.
Saint Aristocle était un travailleur infatigable dans le domaine du conseil spirituel. Jusqu’en ses derniers jours, il servit l’œuvre du salut des souffrants, des infirmes et des chrétiens orthodoxes chargés du poids des diverses adversités de la vie. Il était alors un starets expérimenté, jouissant des dons de thaumaturge clairvoyant. Son amour évangélique et sacrificiel attirait à lui les âmes des pécheurs les plus endurcis. Une grâce émanait de lui, qui apaisait l’esprit de tous ceux qui avaient perdu le sens de la vie humaine. Il lui arrivait de recevoir plusieurs centaines d’hommes et de femmes sur la journée, et après une première rencontre et un premier entretien avec le starets pneumatophore, les fidèles ne perdaient plus le contact avec lui.
Pour son amour sacrificiel envers le prochain, pour la sainteté de sa vie, le Seigneur donna à Saint Aristocle une grande puissance thaumaturgique. Voici seulement quelques récits rapportés par des témoins visuels de la manifestation de ces dons.
Un jour, une fille spirituelle du Starets Aristocle tomba gravement malade ; ses jambes étaient paralysées. Le Starets vint chez elle lui rendre visite et la consoler. Après avoir passé quelques moments auprès d’elle et s’apprêtant à prendre congé, il la bénit et dit : «Tu sais, mon petit enfant bien-aimé, il est déjà l’heure de m’en aller. Mais ne désespère pas, prie et rends grâce au Seigneur. Maintenant je m’en vais, et quand je serai sorti, vas à la fenêtre et fais-moi un signe de la main, et je te répondrai». La fille spirituelle du Starets se troubla et lui dit : «Mais Batiouchka, je suis incapable de me lever, et vous me dites d’aller à la fenêtre et de vous dresser un signe!». Le Starets sourit et répondit : «Cela ne fait rien, ce n’est rien, fais-moi un signe». Et à peine le Starets avait-il passé la porte que cette servante de Dieu sentit venir la force dans ses jambes, et elle se leva. Ne parvenant pas à y croire, elle atteignit la fenêtre, et quand Batiouchka sortit de la maison en bois sur la rue, il se retourna et agita la main vers elle. Et elle lui répondit. Tous les parents de la malades étaient stupéfaits par cet évident miracle de Dieu à la prière du Starets. (A suivre)
Traduit du russe
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