La traduction ci-dessous est celle d’un texte publié le mai 2020 sur le site russe «Chronique vivante» ( Живая Летопись), lié spirituellement au Monastère d’Optina Poustin’. Il s’agit de quatre extraits des oeuvres de Saint Ignace Briantchaninov. Le titre russe de l’article est : L’attention dans la prière est un don de Dieu. Le Saint Évêque Ignace, lié au Saint Starets Léonide d’Optina, fut pendant vingt-quatre ans higoumène du Désert Saint Serge, à une trentaine de kilomètres à l’Ouest de Saint-Pétersbourg, avant de devenir Évêque du Caucase et de la Mère Noire. Saint Ignace nous a laissé une somme phénoménale d’instructions spirituelles. La rare profondeur théologique et la dimension pratique de ce legs en font une véritable source spirituelle à laquelle on peut sans crainte aller puiser dans notre traversée des difficultés du monde contemporain.

La prière requiert une présence et une attention indissociables. Lorsqu’elle est attentive, la prière est la propriété inhérente de celui qui prie; si elle n’est pas attentive, elle est étrangère à celui qui prie. Avec attention, elle porte un fruit abondant: sans attention, elle apporte épines et chardons.

Le fruit de la prière est l’illumination de l’esprit et l’attendrissement du cœur, la vivification de l’âme par la vie de l’Esprit. Les épines et les chardons sont la mort de l’âme, l’estime pharisienne de soi, qui exsude de l’endurcissement du cœur que satisfont et exaltent la quantité de prières et de temps passé à leur récitation.

L’attention, qui observe parfaitement la prière et la tient à l’écart du divertissement ou des pensées et des rêves étrangers, est un don de la grâce de Dieu.
Nous prouvons notre désir sincère de recevoir un don de la grâce, le don de l’attention salvatrice de l’âme, lorsque nous nous forçons à l’attention lors de chacune de nos prières.

L’attention artificielle, nous appelons ainsi notre propre attention, encore non portée par la grâce, consiste, sur les conseils de Saint Jean Climaque, à enfermer l’esprit dans les mots de la prière.
Si l’esprit, parce qu’il est novice dans le podvig de la prière, sort de la réclusion dans les mots, alors il faut l’y faire rentrer à nouveau. Caractéristiques de l’esprit, dans son état de chute, l’instabilité et la dissipation planent partout. Mais Dieu peut lui accorder la fermeté, et l’accorder en temps voulu, suite à la constance et la patience dans le podvig.

La prononciation très lente des mots de la prière contribue fortement à la préservation de l’attention pendant la récitation. Prononcez les mots lentement, afin que l’esprit puisse reste à l’aise dans sa réclusion dans les mots de la prière, afin qu’il ne se dérobe à aucun des mots. Prononcez les mots plutôt à voix haute mais pas très fort, lorsque vous priez seul; cela contribuera à maintenir l’attention.
La prière attentive, dite récitée de façon très aisée peut et doit être apprise lors de l’accomplissement de la règle en cellule. Frère bien-aimé! Ne rejette pas le joug d’un certain ennui et d’une certaine contrainte, quand tu commence à pratiquer les labeurs en cellule, et en particulier la règle de prière en cellule. Approvisionne-toi de ces armes toutes-puissantes que sont les prières: apprends à y recourir en temps voulu. La prière est toute-puissante à cause du Dieu Tout-Puissant qui agit en elle. Elle est une épée spirituelle, elle est Verbe de Dieu.

Par sa qualité, la prière est séjour de l’homme auprès de Dieu et union de l’homme à Dieu; par son action elle est réconciliation de l’homme avec Dieu, elle est larme de la mère et de la fille , elle est pont sur lequel on enjambe la tentation, mur qui protège des douleurs, contrition face à l’agression, activité perpétuelle, source des vertus, raison des dons spirituels, prospérité invisible, nourriture de l’âme, éducation de l’esprit, écrêtage du désespoir, signe de l’espoir, dissipation de la tristesse, richesse des moines.

Il faut d’abord se forcer à la prière; bientôt, elle commencera à apporter la consolation, et par cette consolation, elle facilitera la contrainte de soi, l’encouragera. Mais il faudra se forcer à la prière pendant toute sa vie. Seuls de rares ascètes se sont débarrassés de cette contrainte, en raison de l’abondance de la grâce de la consolation.
La prière agit de façon meurtrière sur notre vieil homme tant qu’il vit en nous, tant qu’il résiste à la prière qui a pour lui le goût de la mort. Les esprits déchus, connaissant le pouvoir de la prière et son effet bénéfique, essaient de détourner l’ascète de toutes les manières possibles, en l’incitant à utiliser à d’autres activités le temps imparti à la prière , ou ils essaient de la détruire et de la profaner par la distraction vaine et pécheresse, en soufflant d’innombrables pensées et rêveries matérielles et pécheresses pendant la récitation.
Traduit du russe.
Source.