Le texte ci-dessous est tiré d’une page du site de la paroisse Saint Laurent de Tchernigov, au village de Novopole Krivoroisk, dans l’Oblast de Dniepropetrovsk. Cette page est consacrée au saint protecteur de cette paroisse, l’un des nombreux saints qui illuminèrent la terre de Russie au XXe siècle, Saint Laurent de Tchernigov, dont on célèbre la mémoire le 29 décembre / 11 janvier. Il fut glorifié le 9 / 22 août 1993, devenant l’un des trois grands saints qui illuminèrent la Terre de Tchernigov, avec Saint Théodose (XVIIe siècle et Saint Philarète (XIXe siècle).

L’Archimandrite du grand schème Laurent, dans le monde, Louka Evseevitch Proskoura, naquit en 1868, au village de Karylskoe, à proximité de Koropa, dans le Gouvernorat de Tchernigov. Ses parents, Eusèbe et Christine étaient de simple paysans, des gens croyants et pieux. La famille était grande; elle comptait sept enfants. Louka était l’avant-dernier de ceux-ci. Alors qu’il était petit enfant, une mésaventure le rendit infirme pour la reste de ses jours: il fit une chute, en jouant, et se blessa si sévèrement qu’il en devint boiteux et souffrit de douleurs aiguës aux jambes. Le père de Louka décéda prématurément. Sa mère était impotente et souvent malade, incapable de quitter le lit. Le petit garçon dut accomplir avec ses aînés les lourds travaux de la ferme. Il paissait le chevaux, gardait les vaches, nettoyait l’isba, cuisait le pain, faisait la lessive et il apprit même à coudre. En un mot, Louka fut un enfant courageux et obéissant, ne rechignant pas au labeur. D’un caractère tranquille et humble, il aimait par dessus tout la solitude et le calme. Le Seigneur lui octroya de nombreux dons, et les plus précieux étaient la foi et l’amour pour Dieu dès les premiers jour de sa vie.
Tout jeune encore, il apprit lui-même à jouer du violon et souvent le matin, ses mélodies réveillaient les habitants endormis de la maison. Louka apprenait mieux que ceux de son âge, et on lui fit confiance pour faire la leçon dans les petites classes. Il se consacra avec amour à cette tâche. A cette époque, les élèves apprenaient à chanter à l’église, et c’est à l’église que Louka ressentit toute la beauté de la création de Dieu. Le chant à l’église, les offices et la prière constante purifiaient son cœur et transformaient son âme.
Louka apprit avec célérité la théorie de la musique et, avec l’aide du prêtre, il étudia l’oustav réglant les offices, si bien qu’il enseigna les chants liturgiques à un petit chœur mixte d’enfants. A quatorze ans, il devint chef de chœur et organisait les répétitions chez lui. Pas loin du village de Karylskoe se trouve le Monastère pour hommes de Rykhla. Louka aimait beaucoup ce lieu paisible et isolé. Il s’y rendait souvent et souhaitait y demeurer, mais il n’entra au monastère seulement après le décès de sa maman, alors qu’il était âgé de vingt ans, respectant ainsi sa promesse de ne pas l’abandonner avant la fin de sa vie terrestre.
Et il devint novice avec un amour sincère et la crainte de Dieu. Le chant imprégné de prière, l’observance stricte de l’oustav, la pureté de la mélodie caractérisaient le chœur dirigé par Louka. La nouvelle de l’existence d’un talentueux maître de chœur arriva jusqu’au Monastère pour hommes de la Trinité de Tchernigov. Vladika Antoine adressa au Monastère de Rykhla un oukase transférant le novice Louka au Monastère de la Trinité de Tchernigov, en qualité de maître du chœur. Il fut pénible pour Louka de se séparer de l’endroit paisible et isolé où il voulait faire son salut, où se développait sa vie spirituelle, dans la prière et la communion bénie avec le Seigneur. Et voilà qu’il fit un songe. Il vit une église et sur le parvis de l’église, la Reine des Cieux Qui le bénissait.Il s’éveilla apaisé et sans tarder, partit pour le Monastère de la Trinité à Tchernigov. Arrivé en ville, il se rendit immédiatement chez Vladika Antoine :
– «Saint Vladika, je suis arrivé».
– «Bien, tu enseigneras aux jeunes séminaristes».
Quand Louka entra dans l’église du monastère, il reconnut sur une icône le visage de notre Très Sainte Mère de Dieu telle qu’Elle lui était apparue en songe. Il s’agenouilla devant Elle et Lui demanda de le couvrir de Son saint Omophore, et de le protéger de tout mal et de toute attaque d’ennemis visibles et invisibles. Louka reçut la tonsure monastique, et le nom de Laurent, au Monastère de la Trinité. En 1895, âgé de vingt-sept ans, il fut ordonné hiéromoine, et plus tard choisi comme higoumène. On se souvient qu’au cours de cette période de la vie de Saint Laurent, il se rendit trois fois au Mont Athos et en pèlerinage en Terre Sainte, à Jérusalem.
Batiouchka était un homme de belle apparence, rayonnant la grâce qui reposait sur lui. Ses cheveux grisonnèrent tôt et devinrent blancs comme la neige. Il avait les yeux bleus et était de taille moyenne. En raison de sa boiterie et des douleurs aux jambes, il marchait toujours avec une cane, claudiquant de la jambe droite, un peu plus courte que la gauche.

Le Saint Mégalomartyr Georges

Entre 1917 et 1925, l’Archimandrite du grand schème Laurent fit creuser des grottes à Tchernigov sur le Mont Boldina près du Monastère de la Trinité-Saint-Élie. Par la suite, ces grottes portèrent son nom. Elles se distinguaient par leur profondeur et leur longueur importantes. Un peu plus loin se trouvaient les grottes d’Alipi, creusées par l’Higoumène Alipi, le compagnon de prière et de labeur du Saint Père Laurent. Sous la voûte des grottes on installa un monastère troglodyte. L’église y était consacrée à la mémoire du Saint Mégalomartyr George le Victorieux. L’église fut consacrée le 26 novembre par le Saint Hiéromartyr Pacôme, archevêque de Tchernigov, cette consécration a coïncida avec la fête onomastique de l’higoumène Alipi. Dans l’église dont les parois furent couvertes de fresques, on célébra quotidiennement la Divine Liturgie. Concrètement, ces grottes furent creusées par des chrétiens de Tchernigov et des villages environnants, sous la direction spirituelle de Saint Laurent et du Saint Hiéromartyr Alipi. Tout le monde se rassemblait au monastère, en l’église de la Trinité-Saint-Élie, pour célébrer les vigiles et ensuite, tous allaient creuser les grottes pendant la nuit. Le matin, on célébrait la Liturgie et ensuite, ceux qui le pouvaient continuaient à creuser.
Le Saint Hiéromartyr et confesseur de la Foi du Christ, l’Higoumène Alipi, fut emprisonné pour sa foi. Avec l’aide de Dieu, il put s’échapper. Pendant un temps, il se cacha chez des moniales, qui le cachèrent dans leur maison dans une pièce murée en apparence, car les perquisitions étaient constantes. L’espace était fort étroit, le mur semblait être intégré à la maçonnerie naturelle de la maison. Et, le Père Alipi y resta assez longtemps. Quand il en sortit, il n’avait plus que la peau sur les os. Le Starets Laurent révéla au Père Alipi la fin de martyr qui l’attendait. Il fut brutalement assassiné dans le village d’Oulianovka par des mécréants. Ils furent deux luminaires de la vie monastique, imitant en toutes choses Saint Antoine et Théodose de la Laure des Grottes de Kiev, même en creusant des grottes.
Pendant la révolution, Matouchka Glafira et d’autres sœurs partageant le même idéal décidèrent de se rendre en la ville de Kiev à pied, en pèlerinage. Lorsqu’elles voulurent y aller, elles rendirent d’abord visite à Batiouchka Laurent pour, lui demander sa bénédiction. «Il a prié devant les icônes et nous a bénies, disant “ Dieu bénira toujours une bonne action! Allez, sachez seulement qu’en chemin il y aura une fusillade, n’ayez pas peur. Tournez et entrez immédiatement dans le champ de seigle; vous verrez un chemin qui vous mènera à travers ce champ; quand vous sortirez du champ, la fusillade sera terminée. Reprenez alors la route principale et vous irez tranquillement à Kiev et en reviendrez, grâce à Dieu.” Tout cela est vrai. C’est ainsi que notre Batiouchka rempli d’amour nous protège avec ses prières». (A suivre)

Traduit du russe