Le texte ci-dessous est tiré pour sa plus grande partie d’une page du site de la paroisse Saint Laurent de Tchernigov, au village de Novopole Krivoroisk, dans l’Oblast de Dniepropetrovsk. Cette page est consacrée au saint protecteur de cette paroisse, l’un des nombreux saints qui illuminèrent la terre de Russie au XXe siècle, Saint Laurent de Tchernigov, dont on célèbre la mémoire le 29 décembre / 11 janvier. Il fut glorifié le 9 / 22 août 1993, devenant l’un des trois grands saints qui illuminèrent la Terre de Tchernigov, avec Saint Théodose (XVIIe siècle et Saint Philarète (XIXe siècle). Les propos qui rapportés dans ce texte le sont par les moniales du monastère dont Saint Laurent fut le Père Spirituel. La fin du texte complétée par un extrait d’un article du portail d’informations Ruskline.ru. La première partie de l’article traduit se trouve ici.

Avec la bénédiction et la participation du Père Laurent, on creusa une grotte de taille modeste située complètement sous la colline. C’est là que se déroulèrent les prières quand les églises furent fermées. Parfois, Batiouchka y célébrait la Divine Liturgie pendant la nuit. L’entrée de la grotte ouvrait sur un couloir, qui donnait dans une réserve, et de celle-ci on passait dans une cave, et de celle-ci, dans la grotte, dont l’entrée était dissimulée par une plaque. Un jour, une jeune fille oublia de replacer cette fermeture de l’entrée de la grotte, laissa également ouverte la porte du couloir, et s’en alla. Une vache paissait à proximité à ce moment-là. Elle pénétra dans le couloir, avança dans la réserve et y demeura, coincée, bouchant ainsi l’accès à la réserve. Des novices donnèrent l’alarme, effrayés par sa présence. La propriétaire de la vache appela des voisins, des hommes. Ils vinrent à la grotte, mais ils furent incapable d’aider. Il n’était pas possible d’attraper la vache coincée, dont seulement les deux pattes arrières et la queue étaient visibles. Et ils rentrèrent chez eux. On accourut auprès de Batiouchka. Il vivait à un kilomètre de la grotte. Levant la tête, il pria et dit: «Rentrez chez vous». La vache sortit d’elle-même de la grotte, comme si quelqu’un l’avait poussée, au moment où le Père Laurent priait. La propriétaire de la vache et les moniales présentes remercièrent Dieu et le Starets pour ses saintes prières.Instructions de Saint Laurent de Tchernigov
En 1930, on ferma les église partout. Les monastères furent vandalisés et les moines en furent expulsés. Le Monastère de la Trinité fut fermé, lui aussi. Batiouchka Laurent vécut quelques temps chez une veuve pieuse et craignant Dieu, nommée Elena, dans une petite maison enfouie dans un immense jardin. Selon le témoignage de la Moniale Eulampia, proche fille spirituelle du Starets, à cette époque, le saint homme renforça son jeûne et sa prière. Il priait pour le monde entier, pour l’âme des chrétiens et pour son troupeau dispersé. Il était alors quasiment impossible d’approcher le Starets. Il n’accueillait quasiment personne, excepté en cas de nécessité extrême. Et chaque fois, il savait par avance de qui était arrivé à celui ou celle qui approchait à l’extérieur de la petite fenêtre de sa cellule. Il savait ce dont il ou elle avait besoin.
Avant la fermeture du monastère, le Père Laurent avait prévenu: «Préservez les livres d’église, ils seront encore nécessaires. Il y aura de nouveau des monastères et des évêques, et tout sera nécessaire. Et il ajouta sévèrement: Parce que tout n’a pas été fait selon les commandements, même lors des fêtes de l’Église, tout va être ébranlé et brûlera. Ensuite, les monastères rouvriront, et les gens se repentiront et prieront, et le Seigneur, par sa grâce, accordera un peu de temps pour que soit reconstitué le nombre de témoins de Dieu qui œuvraient à leur salut mais furent perdus par la chute d’une partie des anges». Bien avant le début de la Seconde guerre mondiale, Batiouchka disait que de terribles calamités allaient arriver et que des épreuves terribles allaient survenir, pour tous les hommes, et il priait et pleurait pour tout le sang qui allait être versé. Quand surgit la guerre, les églises et les monastères furent rouverts. Au début, ils voulaient ouvrir le monastère pour hommes de Ielets, mais il n’y avait plus aucun frère. On s’adressa à Saint Laurent, lui demandant son aide et ses prières pour la renaissance de la vie monastique, mais Batiouchka répondit que la Souveraine, Reine des Cieux Elle-même lui avait indiqué un autre monastère, celui de la Trinité. Et en 1941, le Starets rassembla ses filles spirituelles moniales, et au lieu du monastère pour hommes, instaura un Monastère de la Trinité, pour femmes, à Tchernigov. Dès le début, la communauté compta 70 moniales. L’ancien Monastère de la Trinité de Tchernigov avait beaucoup souffert sous la main des sans-Dieu. Il fallut beaucoup reconstruire. La guerre arriva. Le Père Laurent veillait avec beaucoup d’amour à toutes les démarches concourant à la restauration du monastère. Il aidait partout, en toutes choses. Il donnait des instructions à ceux qui construisaient les poêles, et aux autres corps de métiers. Il dût travailler comme plâtrier pendant les périodes les plus froides, alors que tout le matériel et l’eau gelaient. Toutefois, les choses n’avançaient que péniblement: l’argile gelait tellement qu’il fallait la découper à la hache. On appela le grand travailleur à l’aide, annonçant qu’une force extraordinaire serait nécessaire, mais Batiouchka s’approcha avec amour, bénit l’argile d’un signe de la Croix, et elle devint tendre et apte à être travaillée. Après de pénibles travaux, en 1942 la Liturgie fut célébrée pour la première fois dans la grande église de la Trinité à l’occasion de la Lumineuse Résurrection du Christ. Saint Laurent, qui avait reçu du Seigneur le don de clairvoyance, révéla le moment de sa mort. Arrivant au monastère de la Trinité, Batiouchka dit, après avoir regardé autour de lui: «ici, qui vivra huit ans, qui plus longtemps». Le départ de Batiouchka eut lieu précisément huit ans plus tard, et beaucoup se sont souvenus des paroles qu’il avait prononcées. Six mois avant sa mort, il dit explicitement: «A partir de ce ce jour, je vivrai encore exactement six mois». Le Père Laurent instruisait sans cesse ses enfants dans la prière continuelle et était particulièrement strict dans les exigences envers les moniales. A un moment, les sœurs s’adonnaient avec un zèle excessif aux travaux de couture et d’iconographie. Batiouchka déplora : «Vous faites tout sans la prière de Jésus. En agissant de la sorte, les monastères ne tiennent pas longtemps». Le Saint Starets pratiquait lui-même en permanence la prière de Jésus, et l’œil de son esprit lui montrait qui priait et qui ne priait pas. Souvent il répétait que pour le moine, la prière est aussi nécessaire que l’air, et le moine n’était, sans la prière, qu’une «sale petite tête noire». Le Starets voulait voir en ses moniales l’authentique obéissance envers notre Mère l’Église. Il recommandait d’avoir une attitude pieuse lors des offices: «S’il est nécessaire que sorte pendant la Liturgie, alors sort seulement après le «Notre Père». Et si tu as déjà communié au Saints Corps et Sang du Christ, alors reste avec crainte de Dieu, car invisiblement, le Christ, les Archanges et les Anges sont présents».
La clairvoyance de Saint Laurent

Les cas connus de clairvoyance de Saint Laurent sont très nombreux. En voici quelques-uns.
Un jour, le Métropolite Ioann (Sokolov) de Kiev, vint en visite auprès de Batiouchka. Ils s’entretinrent, prirent le thé, et le Métropolite s’apprêtait à repartir chez lui, demandant la bénédiction de Batiouchka. Celui-ci lui suggéra alors de repartir le lendemain seulement. Mais Son Éminence insista et quitta les lieux. Au bout de quelques moments, le Starets ordonna que l’on s’avance à la rencontre du Métropolite. Mais les matouchkas lui répondirent que le Métropolite était «parti depuis longtemps». Mais il répliqua «Et moi, je vous dis d’aller lui ouvrir le portail». Elles allèrent ouvrirent et découvrirent le Métropolite, confus. Il leur dit : «La route est inondée. Impossible de circuler avant demain».
Le Starets disait que là où l’on péchait, le lieu devenait désert. Les sœurs lui demandèrent comment il pouvait tout savoir. Et il leur répondit : «Les pensées des autres me sont visibles comme les grains de blé le sont dans une cruche de verre».
Un jour, après avoir séjourné au Monastère de la Trinité de Tchernigov, et avoir apprécié la conversation avec le Saint Starets, la Mère Higoumène de Kiev Flavia retourna à son monastère et, inspirée, elle parla à ses sœurs du grand Starets Laurent. Et la moniale Antonia, la trésorière, blessée à l’envie envoyée par l’ennemi, marmonna sous son nez: «On trouve n’importe quel grand-père et on l’admire. Mais que sait-il au juste?» La Mère Higoumène remarquant le mécontentement de la sœur, lui dit: «Bon, d’accord, je vous emmène chez lui, mais au moins, confessez-vous une bonne fois». Et il en fut ainsi. L’Higoumène emmena plusieurs moniales, dont la Antonia, trésorière. Lorsqu’elle furent assises autour de la table avec Batiouchka, l’Higoumène demanda : «Batiouchka, racontez-nous quelque chose». Et le Starets dit : «Qu’est-ce qu’un grand-père peut donc savoir?». La matouchka trésorière compris immédiatement que le Starets dénonçait ainsi ses propos et elle demanda pardon, traitant par la suite avec amour le Saint de Dieu.
Un jour, une servante de Dieu vint lui demander sa bénédiction pour se rendre auprès de son fils. Mais Batiouchka ordonna qu’on l’installe à table et lui serve le déjeuner. Toutefois, la femme voulut filer, prétextant qu’elle allait manquer son train. Le Starets lui dit de ne pas se presser, et qu’il valait mieux ne pas y aller ce jour-là. Le femme finit par s’incliner. Le soir, on apprit qu’un accident de train était survenu. On loua Dieu et son fidèle serviteur, le Père Laurent, qui ajouta : «C’est l’Ange-Gardien qui m’a prévenu».
Une moniale raconta que sa famille compta quatre filles qui s’étaient mises sous la protection de Batiouchka. Elle étaient novices, en secret, et chantres. L’aînée des quatre était de santé fragile. Étant clairvoyant, Batiouchka se rendit, un peu avant la port de la jeune fille, dans leur cellule, la tonsura et la fit communier aux Saints Mystères du Christ. Et sans tarder, elle s’en alla vers le Christ.
Afin de faire régner l’ordre dans le monastère, Batiouchka nomma une supérieure, une économe et une trésorière. I dit alors : «Obéissez-leur en toutes choses, et je vous aiderai». On eut besoin de chaux pour les travaux de restauration de l’église, mais nulle part on ne parvenait à en trouver. Un matin, Batiouchka dit à l’économe : «Cours au bazar, prie et attends». Matouchka courut au bazar, se mit à part pour prier et attendit. Soudain, un représentant d’un village voisin se dirigea vers elle et lui demanda pourquoi elle restait là à attendre. Matouchka lui conta les difficultés rencontrées par le monastère dans le cadre de la restauration de l’église. Il lui proposa alors de monter dans sa voiture et de la conduire ainsi jusqu’à la gare. Là il fit remplir sa voiture de plâtre et l’apporta gratuitement au monastère. On le remercia et rendit grâce à au Seigneur et au Starets pour ses saintes prières.
Une sœur vint un jour trouver Batiouchka afin de recevoir sa bénédiction pour aller à prier à Kiev. Il approuva cette bonne action et donna également sa bénédiction à la moniale pour qu’elle aille rendre visite au Starets Archimandrite Jonas. La moniale raconta par la suite : Je me rendis en ce lieu saint et arrivai chez le Père Jonas. La cellule de celui-ci était fermée. Je frappai, et frappai encore. Personne ne répondit. Les sœurs qui voyageaient avec moi me dirent : «Quand tu frappes, il faut que tu ajoutes la bénédiction». Je frappai et prononçai le début de la bénédiction. Et le Starets ouvrit. Il nous bénit, et nous demanda d’attendre pendant qu’il écrivait une lettre pour le Père Laurent. Il me remit la lettre et fit une grande métanie. «Ce n’est pas devant toi que je m’incline, mais devant votre saint Starets. Il est mon grand intercesseur. Transmets-lui cela de ma part». Je pris congé et me hâtai de rentrer, laissant mes consoeurs continuer le pèlerinage. J’accourus auprès de Batiouchka et lui fit une grande métanie, lui disant que c’était de la part du Père Jonas. Et je lui remis la lettre. Batiouchka rayonnait de joie. Jetant un coup d’œil autour de lui afin de vérifier qu’il n’y ait personne, il me dit : «Je ne l’ai jamais rencontré; je ne connais que spirituellement».
Sa fin bienheureuse

À la fin de 1949, la santé du Starets commença à se détériorer. Il était déjà dans sa neuvième décennie et les derniers temps, il fallut l’emmener à l’église sur un cheval. La veille de la fête de Saint Nicolas, il se sentit très mal, mais il demanda à aller à l’église. ce furent ses dernières vigiles. Lors de l’hymne «Maintenant Maître, laisse aller Ton serviteur…», il pleura beaucoup. A la fin de la liturgie, il fut ramené chez dans sa cellule. «Maintenant, soit nous allons nous rétablir avant la Théophanie, soit nous partirons», trouva-t-il en lui la force de plaisanter. Il ne quitta plus le lit. Il avait donc prédit le jour de sa mort avec précision en six mois auparavant. Pendant ces six mois, il ne mangea plus de pain, juste un peu de légumes. Pendant la maladie de Batiouchka Laurent, tous les jours, il reçut les Saints Dons. Sentant l’approche de la mort, le Starets bénit l’une des religieuses pour qu’elle récite la prière d’action de grâce et, bénissant tous ceux qui étaient présents, s’en alla tranquillement vers le Seigneur… Au bout d’un petit temps, les moniales entendirent dans la cellule où se trouvait le cercueil contenant le corps de l’Archimandrite du Grand Schème Laurent, le chant d’un grand chœur. Qu’était-ce? Sans doute, les anges accueillirent-ils ainsi l’âme du Juste dans le ciel. Le troisième jour au matin, le cercueil fut amené à l’église. Au cours de sa vie, Batiouchka aimait nourrir les oiseaux, et à ce moment-là, des volées toutes entières affluèrent vers le cercueil, escortant et pleurant le Starets. Pendant quelques jours, des milliers de fidèles de Tchernigov, Kiev et les villes et villages environnants étaient venus prendre congé de Saint Laurent. Le jour de l’enterrement, l’Evêque Jacques de Tchernigov célébra la liturgie entouré d’un nombreux clergé venu de la ville et des paroisses. Non seulement l’église était remplie, mais aussi la grande cour et toutes les rues les avoisinantes…
                                                            Saint Père Laurent, prie Dieu pour nous.
Traduit du russe
Sources 1, 2.