Craignez trois choses : 
quand vous mourrez, 
comment vous mourrez, 
et où vous retrouverez-vous ensuite. 
(Archimandrite du Grand Schème Andronique)
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Le texte ci-dessus est la traduction en plusieurs parties d’un chapitre du livre «La vie des Startsy de Glinsk : l’Archimandrite du Grand Schème Seraphim (Romantsov), l’Archimandrite Andronique (Loukach) et le Métropolite du Grand Schème Seraphim (Majouga)» (Жизнеописание Глинских старцев: схиархимандрита Серафима (Романцова), схиархимандрита Андроника (Лукаша), схимитрополита Серафима (Мажуги)), Éditions du Désert de Glinsk, 2010. Ce chapitre rapporte la vie et les podvigs du Starets Archimandrite du Grand Schème Andronique (Loukach), que l’Église accueillit officiellement dans le chœur des saints en mars 2009; sa mémoire est célébrée le 9/22 septembre, lors de la Synaxe des Saints Startsy de Glinsk. Le début de la traduction se trouve ici.

Pendant les hostilités sur le front occidental, ils furent faits prisonniers, puis transportés en Autriche. Alexis y resta trois ans. Le Starets Andronique raconta plus tard comment, dans le camp, un groupe de baptistes sectaires voulut convertir Alexis à leur croyances. Les baptistes augmentaient chaque jour leur pression, essayant de faire entrer Alexia dans leur réseau, mais celui-ci refusa toutes les propositions. Batiouchka raconta qu’il leur dit dans l’ardeur de la colère: «Soyez maudits, vous et vos semblables qui salissez Dieu. Laissez-moi.» C’est ainsi qu’il se débarrassa de ce groupe de baptistes. Les prisonniers devaient travailler de manière organisée, creuser des fossés pour y placer des canalisations. Alexis, habitué au dur labeur, travailla très diligemment, attirant l’attention des gardiens eux-mêmes. Ils voulurent lui offrir des cigares. Surpris par son refus, ils lui donnèrent une ration supplémentaire de pain. En 1918, libéré de captivité, Alexis retourna au Désert de Glinsk. Le Starets Andronique se souvint par la suite qu’il avait été extrêmement éprouvé par la captivité et ne s’attendait pas à rester en vie, mais plaçant son espoir en Dieu Qui console dans toutes les tribulation, il survécut. Le Supérieur, l’Archimandrite Nectaire, attribua au Moine Alexis l’obédience de peseur au moulin monastique qui se trouvait dans la ville de Poutivl, située à 38 verstes du monastère. Le Moine Alexis fit de larges dons aux pauvres, aux mendiants, à tous ceux qui venaient à lui pour obtenir de l’aide. Par sa miséricorde, il brûlait constamment de compassion pour tous.

Le Saint Starets Andronique

Dans cette même année 1918, le bon Moine Alexis reçut, au Saint Monastère de Glinsk, la tonsure monastique et le nom d’Andronique. Il continua son obédience au moulin, sur la rivière Seïm. Là, ce furent les véritables début de sa vie de podvigs. Il commençait son travail au lever du soleil et le poursuivait avec beaucoup de zèle et de diligence, sans musarder, soigneusement et rapidement, car il était par nature très énergique. La nuit, le Père Andronique la passait dans la prière permanente. Il faisait preuve d’abstinence dans sa nourriture et sa boisson, se limitant au strict nécessaire. Il ne possédait rien de superflu, juste des vêtements et ornements d’église et une tenue de travail, un lit rugueux, sur lequel il se laissait tomber pour de courtes périodes. Mais le héros de l’ascèse ne demeura pas longtemps au moulin. D’autres podvigs l’attendaient.
En 1922, le monastère fut fermé et le Père Andronique dût vivre dans le monde, lui qui était si loin de la vie dans le monde, des gens de l’époque actuelle. Il demeura à Poutivl, où il trouva un logement. Sa mère demanda à son fils de la prendre chez lui. À cette époque, le père n’était plus en vie. Ioann, le fils aîné, la traitait grossièrement. Le Père Andronique accepta de l’accueillir chez lui. Sa mère âgée vécut seulement deux ans avec lui, car en 1925, l’Évêque Paulin de Koursk prit le Moine Andronique comme auxiliaire de cellule. Et le Moine Andronique, s’en remettant à la volonté de Dieu et à la Providence Divine, était prêt à toute bénédiction. Avec pitié et à contrecœur, il dût faire ses adieux à sa mère, qu’il ramena chez son frère Ioann. Ce fut avec tristesse, il laissa sa mère chez son frère, car il savait qu’elle ne serait pas en sécurité là-bas. Il demanda à son frère de traiter sa mère avec respect. Il se mit ensuite à l’entière disposition de l’Évêque Paulin à Koursk et commença son obédience d’auxiliaire de cellule.

Le Saint Starets Andronique

Le Starets raconta qu’au début, il ne voulait pas être près de l’évêque; il craignait les grands hommes, il avait peur du luxe. Mais, heureusement, Vladika Paulin était très modeste et se distinguait par sa vie ascétique, ce qui fut très agréable au Père Andronique. L’Évêque Paulin vit en la personne d’Andronique le fils le plus sincère, le plus honnête et le plus dévoué, qui le servit non seulement par ses labeurs domestiques, mais aussi dans le ministère épiscopal. L’Évêque Paulin jugea nécessaire d’ordonner le Père Andronique au rang de hiérodiacre, mais ce dernier se dit extrêmement indigne de ce rang sacré et demanda à son archipasteur de ne pas le faire, mais le sage Évêque lui répondit : «Ce n’est pas pour les offices que je veux t’ordonner. Tu seras mon auxiliaire de cellule et mon concélébrant en qualité d’hypodiacre. Quand je célèbre, à l’autel il faut, par exemple, déposer sur la Sainte Table la mitre ou la panagie, ou me les donner; c’est pour cela que je t’ordonne». Et en 1926, le Moine Andronique devint hiérodiacre.
Bientôt, en 1927, l’Évêque Paulin fut déplacé à Perm, où il déménagea avec le Père Andronique. Là, le travailleur et héros de l’ascèse portà diligemment son obédience d’auxiliaire de cellule et accorda tout son zèle ascétique à ses labeurs.
L’Évêque Paulin emmenait toujours avec lui le Père Andronique quand il devait célébrer. Ainsi, un jour, Vladika fut convoqué à Moscou; il se fit accompagner par le Père Andronique. C’était en 1928, et à Moscou, son Éminence l’Archevêque Paulin (qui décéda en 1939) conféra la prêtrise au Père Andronique, qui, dans son extrême humilité, se considérait indigne d’un tel honneur. Peu de temps plus tard, de retour à Perm, en raison d’une maladie, le Père Andronique reçut le grand schème, conservant son nom. A cette époque, les clercs subissaient de lourdes persécutions. Les arrestations et les emprisonnements étaient monnaie courante. Le Père Andronique fut envoyé en Sibérie. Un jour, on amena dans le camp l’Archevêque Nazaire, à peine vivant, et qui mourut peu après. Le Père Andronique était de service à l’hôpital du camp et avait une certaine capacité à aider les autres. Grâce à cela, il assuma l’organisation de l’inhumation, conformément au rituel prévu, du défunt Archevêque Nazaire, et il en avertit Vladika Paulin, qui à son tour en informa le Métropolite et locum tenens Serge. En réponse, le chef de l’Église Russe décerna la croix pectorale au Hiéromoine Andronique.
En 1940, le chef du camp prit le Père Andronique chez lui pour qu’il y travaille. Le Père Andronique y vécut comme un membre de la famille. Il jouissait d’un grand respect et d’un grand amour. Le Père Andronique préparait les repas, surveillait le jardin et les animaux. Le maître de lieux proposa au Père Andronique une chambre privée dans la maison, mais celui-ci refusa, malgré l’insistance appuyant la proposition. Comme lieu de résidence, il choisit un petit hangar. Là, il isola du bétail un coin exigu pour ses brefs repos et ses nombreux labeurs ascétiques. Dieu seul fut témoin des podvigs que le Starets accomplit dans sa grange.

Les startsy et moines du Désert de Glinsk, en 1950

Le Père Andronique jouissait du droit d’assister librement aux offices à l’église de Novossibirsk. Un jour, dans cette église, il apprit des religieuses qui y vivaient que le Désert de Glinsk était rouvert. On lui montra une photo de l’higoumène du monastère, l’Archimandrite Seraphim (Ameline). (L’Archimandrite Séraphin fut higoumène de 1944 jusqu’à sa mort en 1958). Le Père Andronique demanda au maître de maison de l’autoriser à retourner au Monastère de Glinsk. L’homme ne voulut pas se séparer de lui; il lui était fort attaché. Après des demandes répétées et insistantes, il fut contraint de le laisser partir. Et il demanda même au Père Andronique de le prévenir s’il avait besoin de quoi que ce soit. «Si ça va mal, venez me voir comme un fils», lui dit-t-il.
En 1948, le Hiéromoine du grand schème Andronique, pieux héros de l’ascèse, était de retour dans son cher saint monastère, sa patrie spirituelle, qui le raviva dans ses exploits spirituels, dans les multiples expériences spirituelles de sa vie. À sa plus grande joie, il fut accueilli très chaleureusement. L’Higoumène et Archimandrite Seraphim manifesta au Père Andronique ses sentiments les plus chaleureux d’amour fraternel. Bientôt, le Père Andronique fut nommé responsable de la discipline au Saint Désert de Glinsk. Et comme dans le passé, le hiéromoine du grand schème Andronique s’appliqua avec élan spirituel et joie à l’accomplissement de ses obédiences.
Il traitait les frères avec beaucoup d’amour, et toute la fraternité voyait en lui non seulement son maître en matière d’obéissance, mais un guide spirituel sage et expérimenté. On s’adressait à lui avec les questions les plus variées, pour obtenir des instructions, et on essayait aussi d’avoir la possibilité de se tourner vers lui pour la confession.
Dans son obédience de responsable de la discipline, il réunissait toujours lui-même la fraternité pour les obédiences communes, telles que la récolte, dans la forêt, du bois de chauffage pour le monastère, les travaux au jardin potager, la récolte du foin de la prairie du monastère. Les pèlerins de passage participaient également volontiers aux obédiences monastiques communes, toujours dirigées par le Starets Andronique lui-même. Avec lui, c’était toujours facile, joyeux et agréable.
En plus de la responsabilité de la discipline, le Père exerça la fonction de sacristain. Il préparait l’ensemble des vêtements des célébrants, et il nettoyait et pliait les vêtements après les offices. Avant les grandes fêtes, le Père Andronique disposait lui-même les ornements et linges de la sainte table et de l’autel de la proscomidie. C’était son activité préférée. Tout ce qu’il faisait était très soigné, net et beau.
(A suivre)

Traduit du russe

Source

  1. Source : Site du Désert de Glinsk.