Craignez trois choses : 
quand vous mourrez, 
comment vous mourrez, 
et où vous retrouverez-vous ensuite. 
(Archimandrite du Grand Schème Andronique)
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Le texte ci-dessus est la traduction en plusieurs parties d’un chapitre du livre «La vie des Startsy de Glinsk : l’Archimandrite du Grand Schème Seraphim (Romantsov), l’Archimandrite Andronique (Loukach) et le Métropolite du Grand Schème Seraphim (Majouga)» (Жизнеописание Глинских старцев: схиархимандрита Серафима (Романцова), схиархимандрита Андроника (Лукаша), схимитрополита Серафима (Мажуги)), Éditions du Désert de Glinsk, 2010. Ce chapitre rapporte la vie et les podvigs du Starets Archimandrite du Grand Schème Andronique (Loukach), que l’Église accueillit officiellement dans le chœur des saints en mars 2009; sa mémoire est célébrée le 9/22 septembre, lors de la Synaxe des Saints Startsy de Glinsk. Le début de la traduction se trouve ici.

Selon son obédience de responsable de la discipline, la nuit, le Père Andronique faisait le tour de ceux qui étaient de garde. Si l’un des novices se réveillait ou tombait malade ou si quelqu’un ne se trouvait pas à l’office de minuit, Batiouchka se rendait dans les cellules, découvrait la raison de l’absence du frère. Batiouchka ne refusait pas sa bénédiction pour la route, ni la prière pour les pèlerins qui avaient fait le déplacement. Il fixait un moment en dehors de l’office à l’église. Les pèlerins se rassemblaient et il célébrait lui-même un molieben pour les voyageurs. Il aimait beaucoup cela; Batiouchka priait toujours assidûment. Ainsi s’écoulait sa vie joyeuse dans le saint monastère. Mais en 1961, le Désert de Glinsk fut de nouveau fermé. Les voies de la Divine Providence emmenèrent Batiouchka dans le Caucase. Il y monta avec son confrère et concélébrant l’Higoumène du grand schème Seraphim (Romantsov), qu’il suivit jusqu’à Soukhoumi. L’Higoumène Seraphim proposa à Batiouchka de demeurer auprès de lui, mais il refusa et s’en alla chez son auxiliaire de cellule, le Hiéromoine Paulin, qui avait été placé à la disposition du Katholikos Patriarche Ephrem de Géorgie, et il exerça les fonctions de prêtre dans une communauté de moniales au village d’Akhkerpi. Ce village se trouvait à une distance de 90 km de la ville de Tbilissi en direction de l’Arménie. L’arrivée du Père Andronique réjouit par son fils spirituel le Hiéromoine Paulin, de même que l’Higoumène Marie et les moniales de la communauté. Batiouchka aimait vraiment beaucoup cet endroit désertique, d’une beauté particulière. La cabane accordée au Starets Andronique se trouvait sur les rives d’une rivière au cours tumultueux; à côté s’étendait une forêt d’une beauté étonnante, où le Père s’éloignait parfois pour la prière solitaire et contemplative. Et Batiouchka aimait aussi beaucoup le cimetière, où étaient enterrés l’Archimandrite Jessé et le Hiéromoine Théraponte, qui dans le passé officiaient au monastère. Les sœurs défuntes du monastère y étaient également enterrées. Le Starets venait souvent dans ce cimetière, y célébrait des lities. Il voulait lui-même y être enterré. Dans ce coin tranquille, éloigné des villes bruyantes, tout semblait si beau et convenable à la vie paisible du héros de l’ascèse. Ici, on n’était pas dérangé par les visiteurs, dont la venue pesait à Batiouchka qui disait que la conversation avec les gens interrompait la conversation avec Dieu. Ainsi, la vie tranquille de Batiouchka dans cet endroit se prolongea six mois. À la toute fin de l’année 1961, le Hiéromoine Paulin fut nommé dans une paroisse au Daghestan dans la ville de Khasaviourt. Le Starets Andronique ne voulut pas rester sans son auxiliaire de cellule au village d’Akhkerpi, bien que cela lui avait été demandé par l’Higoumène Marie et toutes les sœurs du monastère. Il déménagea donc le lieu de ses exploits ascétiques. À la paroisse, Batiouchka aidait son fils spirituel en toutes choses. De nombreux paroissiens de la ville venaient demander conseil au Starets. Batiouchka les accueillait tous avec joie, dispensait ses conseils, réconfortait les affligés. A l’église, il aidait en confessant, participait aux offices, en particulier lors des fêtes, parfois il célébrait des moliebens et des acathistes à la demande des fidèles qui le vénéraient beaucoup. Batiouchka était content de tout et, comme toujours, reconnaissant envers le Seigneur. Les circonstances ne permirent pas à cette vie de se prolonger longuement. Batiouchka bénit le Père Paulin pour aller étudier au séminaire, et lui demanda de l’emmener et de le laisser à Tbilissi à la disposition de l’Évêque Zénobe, qui provenait également du Désert de Glinsk. C’est avec peine que le Père Paulin se sépara de son Starets et père spirituel, mais c’était la volonté de Dieu; Batiouchka non plus ne le voulais pas, mais cela fut. Vladika Zénobe reçut avec amour le Père Andronique, lui trouva un logement dans une remise de sa propre cour. C’est là que Batiouchka vécut jusqu’à son passage vers l’éternité. Batiouchka se souvenait en permanence de la mort, demeurait constamment dans la crainte de Dieu par le souvenir des tourments éternels et des maladies qui n’ont pas de fin, c’est-à-dire le souvenir du feu inextinguible et du ver qui ne meurt jamais. Par ce moyen, Batiouchka se préservait de toutes les douces satisfactions de ce monde et se stimulait vers ce qu’il y a de meilleur.
En 1963, par la volonté de Vladika Zénobe, il fut décidé d’élever Batiouchka Andronique au rang d’archimandrite. Un jour, Batiouchka reçut la visite de son auxiliaire de cellule, le Hiéromoine Paulin (Au séminaire, c’était le temps des vacances) et de l’ancien Supérieur du Désert de Glinsk, l’Archimandrite Modeste. Vladika fit alors part au Père Paulin de son intention d’élever le Père Andronique au rang d’Archimandrite, mais lui demanda de n’en rien dire au Starets. À midi, le Vladika vint rendre visite à Batiouchka et lui demanda de célébré un office. Le Père Andronique, sans se douter de quoi que ce soit, revêtit le félone, et célébra. À ce moment-là, Vladika se présenta revêtu de la mantia et de l’épitrachilion, il ordonna à Batiouchka d’incliner la tête, et prononçant la prière d’élévation au rang d’archimandrite.
Plus tard, le Starets Andronique reçut la mitre, qu’il ne porta jamais, par humilité, pendant onze ans, jusqu’à sa mort. Avec tout beaucoup d’amour, le Batiouchka Andronique se rendait à l’église Saint Alexandre Nevski, dans laquelle célébrait Vladika Zénobe. Batiouchka accomplissait avec zèle tout ce que permettaient ses forces vieillissantes. Deux fois par semaine, le samedi et le dimanche, ainsi que les jours de fête, il communiait aux Saints Dons du Corps et du Sang du Seigneur. Il aidait à confesser les fidèles, extrayait les parcelles des prosphores, sortait lors des acathistes dans l’église et toujours, il se réjouissait. Le Saint Starets visita tous les lieux saints de l’ancienne Ibérie. Il était à Mtskheta, où est conservée la tunique du Sauveur, il visita Bodbe (Sighnakhi), lieu des exploits ascétiques de Sainte Nina. Batiouchka admirait les beautés pittoresques du Caucase. Rempli de joie, il s’exclama: «C’est la Palestine, c’est la Palestine!». Il aimait beaucoup la nature du Caucase.
Un jour, Batiouchka décida de demander la bénédiction du Métropolite Zénobe de lui permettre de vivre au monastère à Jirovitchi1. Il souhaitait que ses os reposent dans se monastère sacré. Mais Vladika ne lui accorda pas cette bénédiction. Batiouchka accepta cela comme une bénédiction d’En-Haut,de Dieu.
“Non pas ma volonté, mais la volonté de Dieu”, disait-il. Il ne fut pas du tout contrarié par cela, mais il disait souvent: «un autre te ceindra, et te mènera où tu ne voudras pas» (Jean21:18). Après cela, il continua à accomplir son obédience à l’église, extrayant les parcelles des prosphores, confessant les paroissiens, qui essayaient tous de se confesser auprès de lui. Il célébrait des molieben demandant une voyage paisible pour les pèlerins, il oignait ceux qui le souhaitaient, et participait activement et joyeusement à offices divins. Lors des offices à la cathédrale, il sortait toujours avec le Métropolite pour les acathistes, et sans cesse il se réjouissait et admirait l’essence de tous les offices. À la fin de la Liturgie et de toutes les moliebens et offices demandés, Batiouchka ne s’asseyait pas pour se reposer; il s’isolait et lisait le Saint Évangile, puis mangeait. Il mangeait toujours à table avec le Métropolite Zénobe, qui l’aimait beaucoup. Après le déjeuner, jusqu’au début de l’office du soir, Batiouchka était dans la chapelle, dans la cour de l’église.
Là, il se reposait un peu; pas plus d’une heure. Puis sa porte était ouverte aux visiteurs. Il écoutait tout le monde, réconfortait, prodiguait des conseils utiles, des instructions. Ainsi s’écoulait sa vie lumineuse, illuminant tous ceux qui lui rendaient visite. Il était vraiment un luminaire sur le chandelier de l’Église. (A suivre)

Traduit du russe

Source

  1. Source : Site du Désert de Glinsk.