Le texte ci-dessous est la deuxième partie de la traduction de l’original russe intitulé : Новый Завет в апостольское время. La première édition imprimée: de ce texte en russe fut  l’article Le Nouveau Testament à l’époque apostolique, dans la revue Le Chrétien, Sergiev Posad, 1916, N ° 1.  Il était signé: Archimandrite Hilarion. L’auteur se concentre sur les Saintes Écritures en tant que manifestation de la vie sainte de l’Église. Dans cet article, l’Archimandrite Hilarion affermit sa compréhension théologique de la place des Saintes Écritures dans l’Église du Christ par des témoignages historiques. S’appuyant sur les sources premières du siècle apostolique, l’Archimandrite Hilarion étudia ainsi la place des livres du Nouveau Testament dans l’Église chrétienne, inclus au IVe siècle par l’autorité ecclésiastique dans le Canon des Saintes Écritures.

Comme l’Apôtre Paul, d’autres écrivains du Nouveau Testament sont parfaitement conscients qu’ils écrivent quelque chose de très important et nécessaire pour l’Église chrétienne. Saint Luc écrit alors son Évangile pour qu’on «...reconnaisse la certitude des enseignements (…) reçus»(Lc1;4). L’Apôtre Jean écrit pour que les gens croient «...que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et qu’en croyant [ils aient] la vie en son nom»(J.20;31). Son témoignage est véridique, en tant que témoignage de disciple et de témoin. (J.21;24 & 1;1-3). Il est tout à fait naturel et compréhensible que les écritures apostoliques ne soient pas seulement une correspondance à la signification temporaire et éphémère. Non, il s’agissait de monuments de la foi et de trésors de vérité, que les chrétiens traitaient comme des trésors précieux. Non seulement ils furent acceptés avec amour, lus avec attention, conservés avec respect, mais ils furent aussi, ce qui est particulièrement important pour nous, reproduits et répandus. Il exista un échange mutuel de messages apostoliques entre les Églises chrétiennes. Cet échange fut légitimé par l’Apôtre Paul lui-même. Il écrit aux Colossiens : «Lorsque cette lettre aura été lue chez vous, faites qu’on la lise aussi dans l’Église de Laodicée, et que vous lisiez à votre tour celle qui vous arrivera de Laodicée.»(Col.4;16).
De nombreux livres du Nouveau Testament furent écrits soit à un certain nombre d’Églises (épîtres conciliaires, Apocalypse), soit à tous les chrétiens (Évangiles). Il n’y a rien d’incroyable en ce que dans le cadre de l’échange mutuel des Épîtres entre les Églises locales, elles en aient fait des copies, qu’elles gardèrent pour elles-mêmes, participant ainsi ensemble à leur conservation. Ainsi s’accomplit dans les Églises l’assemblage progressif des livres du Nouveau Testament. Ces paroles de l’Apôtre pierre sont très remarquables à cet égard: «Croyez que la longue patience de Notre-Seigneur est pour votre salut, ainsi que Paul, notre bien-aimé frère, vous l’a aussi écrit, selon la sagesse qui lui a été donnée. C’est ce qu’il fait dans toutes les lettres où il aborde ces sujets ; il s’y rencontre des passages difficiles à entendre, et que des personnes ignorantes et mal affermies détournent, comme elles font des autres Écritures, pour leur perdition… »(2P.3;15-16). Pierre écrit cela aux Chrétiens d’Asie Mineure, du Pont, de Galatie, de Cappadoce, d’Asie et de Bithynie. Dans certaines de ces provinces, l’Apôtre Paul n’avait envoyé aucune épître. Malgré cela, l’Apôtre Pierre trouve possible de parler de toutes les épîtres, en supposant qu’elles sont connues non pas des seules Églises auxquelles elles étaient adressées, mais dans l’ensemble de l’Assemblée des Chrétiens. La série des épîtres de Paul était connue de l’Apôtre Pierre, bien qu’aucune de ces lettres n’ait été écrite pour lui personnellement. En outre, les paroles de l’Apôtre Pierre montrent clairement quelle autorité exerçaient les recueils des épîtres de Paul sur les Églises chrétiennes. Elles faisaient autorité, et étaient lues attentivement. Elles firent l’objet d’explications. Elles furent réinterprétées par d’aucuns qui voulaient, selon les paroles de l’Apôtre, asseoir leurs fausses doctrines. En un mot, les Épîtres de Paul étaient considérées comme de Saintes Écritures. L’Apôtre Pierre lui-même place les Épîtres de Paul au même niveau que le reste des Saintes Écritures. L’«Écriture», Γραφή, c’est un concept au sens déterminé, dans le Nouveau Testament : c’est ainsi qu’on désigne la Saint Écriture de l’Ancien Testament, que l’Apôtre Paul qualifie d’inspirée par Dieu.(2Tim.3;16).

Saint Pierre

Ainsi, à partir des paroles de l’Apôtre Pierre, nous pouvons voir que les épîtres de l’Apôtre Paul furent diffusées, rassemblées et vénérées en tant qu’Écriture Sainte. Il n’en fut pas autrement, bien sûr, avec les autres œuvres apostoliques. Mais, bien sûr, l’assemblage du Nouveau Testament ne pouvait pas être exactement le même dans toutes les Églises. Bien sûr, l’échange de livres saints fut particulièrement développé dans les Églises voisines les unes des autres. Les Églises éloignées ne reçurent pas ces documents immédiatement ou rapidement. Par conséquent, il faut penser que dans certaines Églises de l’époque apostolique, la série des livres du Nouveau Testament était plus complète, dans d’autres, moins complète et même incomplète.
Se trouvant dans des conditions particulièrement favorables pour l’assemblage d’une série complète des écritures du Nouveau Testament, l’Église d’Éphèse était à l’époque apostolique, celle dans laquelle Timothée, disciple et collaborateur de l’apôtre Paul, et Saint Jean l’Apôtre et Théologien vécurent et œuvrèrent pendant longtemps. Avec la collaboration et la supervision du disciple bien-aimé du Seigneur et du disciple bien-aimé de l’Apôtre Paul, le Nouveau Testament fut assemblé dans l’Église d’Éphèse.
Timothée n’était pas seulement le compagnon de voyage de l’Apôtre Paul, mais aussi son collaborateur dans la diffusion orale et écrite de la Bonne Nouvelle. Dans son deuxième voyage évangélique, l’apôtre Paul a rencontré Timothée, et «Ses frères de Lystres et d’Iconium rendaient de lui un bon témoignage»(Actes16;2). La grand-mère de Timothée, Loïde et sa mère, Eunique, se distinguaient par leur foi sans affectation (2Tim.1;5). Il est particulièrement important pour nous que, sous la direction de sa pieuse mère, Timothée ait pris connaissance des Écritures Saintes (Voir: 2Tim.3 15), qui ont ensuite toujours fait partie de ses intérêts immédiats. Dès le début de la coopération avec Timothée, nous voyons que l’Apôtre Paul le fait participer à son ministère évangélique. À Athènes, l’Apôtre Paul apprend les tribulations des Chrétiens de Thessalonique et envoie son frère, ministre de Dieu et collaborateur dans l’Évangile du Christ, Timothée, pour les affermir et les consoler (voir: 1Thes.3,1–2). Paul était déjà à Corinthe, quand Timothée l’y rejoignit (Actes.18;5) et lui apporta la bonne nouvelle de la foi et de l’amour des Thessaloniciens (1Thes.3,6). Sans tarder, l’Apôtre Paul écrit sa première Épître aux Thessaloniciens et il l’écrit non seulement en son nom, mais aussi en ceux de Sylvain et de Timothée (Voir: 1Thes.1,1). Après un certain temps, apprenant que les Thessaloniciens s’inquiètent de la question du moment de la Seconde Venue, l’Apôtre Paul leur écrit une autre épître, à ce sujet. Dans le premier verset de la deuxième Épître aux Thessaloniciens, nous rencontrons à nouveau les noms de Sylvain et Timothée (voir: 2Thes.1,1).
Au cours de son troisième voyage de prédication, l’Apôtre Paul bénéficia également de la collaboration de Timothée. L’Apôtre Paul envoie Timothée en Macédoine (Actes.19,22) et à Corinthe. «Je vous ai envoyé, écrit l’Apôtre Paul aux Corinthiens, Timothée, qui est mon enfant bien-aimé et fidèle dans le Seigneur ; il vous rappellera quelles sont mes voies en Jésus-Christ, de quelle manière j’enseigne partout, dans toutes les Églises» (1Cor.4;17). «Si Timothée vient chez vous, faites en sorte qu’il soit sans crainte parmi vous, car il travaille comme moi à l’œuvre du Seigneur. Que personne donc ne le méprise. Reconduisez-le en paix,...» (1Cor.16;10–11). Après avoir quitté Éphèse après l’agitation des païens dirigée par Dimitri l’orfèvre, l’Apôtre Paul se rendit en Macédoine, où il rédigea La deuxième épître aux Corinthiens et, au début de celle-ci, il plaça le nom de Timothée à côté de son propre nom (Voir: 2Cor.1,1). Et, dans cette épître, l’Apôtre Paul se souvient de sa prédication à Corinthe et dit que le nom de Jésus-Christ avait été prêché à Corinthe non seulement par lui seul, mais aussi par Sylvain et Timothée (2Cor.1,19). C’est de la même époque que date l’Épître de l’Apôtre Paul aux Romains. Dans cette épître, l’Apôtre envoie également les salutations de la part de son collaborateur Timothée (voir: Rom.16;21). Plus tard, nous voyons Timothée aux côtés de l’Apôtre Paul lors de la captivité de celui-ci à Rome. De là, Paul envoie Timothée en Macédoine, à Philippe. Et il écrit aux Philippiens : «J’espère dans le Seigneur Jésus vous envoyer bientôt Timothée, afin de me sentir moi-même plein de courage en apprenant de vos nouvelles. Car je n’ai personne qui me soit tant uni de sentiments, pour prendre sincèrement à cœur ce qui vous concerne ; tous, en effet, ont en vue leurs propres intérêts, et non ceux de Jésus-Christ. Vous savez qu’il est d’une vertu éprouvée, qu’il s’est dévoué avec moi, comme un enfant avec son père, au service de l’Évangile. J’espère donc vous l’envoyer dès que j’apercevrai l’issue de ma situation.»(Phil.2;19-23). Nous voyons le nom de Timothée dans la suscription des épîtres composées lors de la captivité romaine, aux Philippiens (Voir: Phil.1,1), aux Colossiens (Voir Col.1,1) et à Philémon (voir Philm.1;1). En outre, le nom de Timothée est également mentionné dans l’Épître aux Hébreux (Héb. 13;23). Enfin, l’Apôtre Paul confia à Timothée la direction suprême de l’Église d’Éphèse (Voir: 1Tim.1;3) et lui transmit par action prophétique le don pastoral de la prêtrise, avec imposition des mains (Voir 1Tim.4;14). L’Apôtre lui écrit personnellement deux épîtres pastorales, très importantes pour l’organisation de l’Église et en matière de pieuse bienséance.

Saint Paul

Telle fut la participation de Timothée à la prédication de l’Apôtre Paul. De nombreuses épîtres de l’Apôtre Paul furent écrites avec la collaboration de Timothée; au début de ces épîtres se trouve le nom de Timothée : ce sont les première et seconde Épîtres aux Thessaloniciens, la seconde aux Corinthiens, celles aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon. Dans d’autres, l’Apôtre mentionne Timothée, lui attribue éloges cordiaux et louanges; il s’agit de la première Épître aux Corinthiens, et de celles aux Romains et aux Hébreux. Si Timothée était un disciple désintéressé et dévoué du grand Apôtre, bien sûr, il suivait avec amour et une attention parfaite tout ce que l’Apôtre faisait, et il ne pouvait ignorer l’une ou l’autre épître. Toutes les épîtres du grand Apôtre étaient pour Timothée de précieux monuments de la prédication apostolique. Les Épîtres de Paul à Timothée lui étaient particulièrement chères parce qu’elles reflétaient sa proximité personnelle avec Paul. (A suivre)
Traduit du russe
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